On s'est beaucoup occupé en ville d'une difficulté
qui aurait surgi enlre M. Ie major commandant la
garde-civique el la demi batterie d'arlilferie, a pro
pos de la distribution des nouveaux fusils Gomblain
envoyés par Ie gouvernement. Un journal special, le
Franc- Tireur a móme publié a ce sujet un article
dans lequel le chef de la garde n'est guère ménagé.
Les renseignemenls que nous avons obtenus jusqu'ici
ne nous permettent pas de nous prononcer d'une ma-
nière sure. Mais les faits rapportés par noire confrère
bruxellois sont tellement exorbitants que nous avons
peine a croire a leur compléte exactitude.
Nous nous absliendrons done de reproduire son
article jusqu'a plus ample information, bien persua
des que des explications ulterieures demontreront
que la religion du Franc-Tireur a élé surprise.
iFaits et gestes de Ia Société d'ffxpleitation
générale.
Les retards, les accidents, les abus de toules sortes,
loin de dimiuuer, ne font que croitre et ernbellir sur
la ligne de la Flandre occidentale. Aux réclamations,
aux plain les qui s'élèvent de toutes parts, messieurs
les administrateurs font la sourde oreille. Que des
marchandises séjournent un temps illimité dans les
magasins on s'avarient dans les gares, que les négo-
ciants manquent les correspondances, arrivent trop
tard a lours affaires et éprouvent par suite de ces
retards imputables a la Sociétó, un préjudice consi-
dérable, ces messieurs s'en soucient comme do Colin
Tampon. C'est a croire vraimenl qu'au lieu d'être
chargés d'un service public dans l'intérêt de tous, !e
public, au contraire, est a leur merci, qu'il est leur
propriété, leur chose dont ils disposent au gré de
leurs caprices, de leur incurie ou de leur mauvais
vouloir. Société d'exploitation veut dire sans doute
exploitation des lignes ferrées et non exploitation des
voyageurs et des commercants.
On pretend que toutes ces négligences, qui depuis
quelque temps sont devenues la régie, ont un but,
qu'elles ne sont que le résultat d'un calcul machiavé-
lique et on raconte que des propos auraient été tenus
dans ce sens par le haut personnel. On voudrail, a
force d'abus, susciter un tolle général et forcer ainsi
Ie gouvernement, pour satisfaire aux réclamations
s'élevaut de toutes parts, a passer par les conditions
exorbitantes de la Société d'exploitation.Les Four-
ches caudines appliquées aux chemins de ferl C'est
n'y pas croire I
Mais si ce calcul existe réellement, le gouverne
ment y prêtera-t-il la main? En presence des abus
journaliers, des retards, des accidents qu'on signale
de toutes parts, ne croira-t-il devoir prendre aucune
mesure? Nesaurait-il contraindre la société a posse-
der un meilleur materiel, a arriver aux heures régle-
mentaires?Un coinmissaire-surveillant réside aCour-
trai, dit on. Ce fonctionnaire voit sans doute ce qui se
passe et en fait rapport au ministre des travaux pu
blics. Celui-ci ne saurait done pretexter 1'ignorance.
Commentn'est-ce pas assez du désavantage d'étre
au bout du pays, éloignés des grands centres, n'est-ce
pas assez que nous soyons privés du railway de
1'Etat sans autres moyens de communication qu'une
ligne concédée, que nous nous trouvions a la merci
des pretentions avides d'une société particulière qui,
suivant I'exemplo de I'Etat, va majorer ses tarifs
pour les voyageurs après avoir déja augmentó consi-
dérablement celui des marchandises, au point que le
prix d'un wagon de 10,000 kilogrammes de charbon
entr'autres un objet de première nécessité coü-
tera désormais enlre 19 et 20 fr. de plus pour frais
de transport
Faut-il encore qu'au lieu de trouver une compen
sation de l'accroissement des charges dans un service
plus régulier, nous soyons victimes d'une désorgani-
sation dont il y a peu d'exemples jusqu'ici Nous rie
trouvons qu'un mot pour qualifier la situation faite
la Flandre occidentale c'est scandalenx.
Réclamations inutilesl
Nuus n'attendons rien de la Société d'exploitation.
Mais nous avons encore l'espoir que le ministre des
travaux publics saura remplir son devoir. Nous en-
gageons au surplus le pub ic a soigner lui-méme ses
intéréts. Qu'il se rappel'e le jugementdu tribunal dé
Namur qui a coadamné l'Etat a des dommages-inté
réts en vers un négociant pour retard dans l'arrivée
d'un train. L'exemple donné par ce négociant est bon
suivre. II n'est pas permis a la bourse de chacun
d'intenter une action a une puissante sociétó. Mais ce
qu'un seul ne peut, tous le peuvent. Ayons recours b
l'association, réunissons par souscriplion un capital
qui permetle de poursuivre la Société d'exploitation
toules les fois qu'un des associés aura été lésé par
el le. Que MM. les avocats prêtent a cctte association
le concours de leur science el de leurs talents'. Ce
sera la Ligue ties exploilés. Tous nous avons intérêt
a nous insurger contre la situation qui nous est
faite.
Nous continuous Ie relevé des retards parvenus h
noire connaissance, bien persuadés qu'il en est plus
d'un que nous ignorons.
Le 30 septembre, le train partant d'Ypres pour
Poperinghe a 9 h. 05 m. du matin était en retard de
plus d'un quart-d'heure. Par suite celui venant d'Ha-
zebrouck est arrive a Ypres a 9 h. 50 m. au lieu de
9 h. 39 m. Les voyagfeurs auront probablement man-
qué la correspondance a Courtrai.
t e raême jour, celui de 8 h. 40 m. du soir est parti
a 9 h. 10 m.
Le l" octobre, celui de 9 h. 05 du matin part pour
Poperinghe a 9 h. 45 m. Ratard 40 minutes. Celui de
8 h. 50 m. du soir part a 9 h. 05. Nouveau retard
de 15 minutes et ce n'est pas tout!
Le même jour, le train de marchandises, toujours
en retard, se trouvait arrêté en has de la rampe, au-
dela de la halte de Vlamertingheil fallut une loco
motive de secours. Pendant ce temps, le convoi de
voyageurs parti d'Ypres a 11 h. 45 m., trouvant la
voie encombrée par celui des marchandises, éprouva
d'abord un premier retard au bas de cette rampe,
puis un second dans la gare de Poperinghe oü des
wagons de marchandises avaient dérailló. Les voya
geurs arrivèrenta I'Abeele a 2 h. 04 m. en place de
12 h. 20 m., heure réglementaire.
Pas de chance tout de même les trains a I'Abeele!
II n'y a pas quinze jours qu'un déraillement eut lieu
en cet endroit.
Nous allions oublier que la semaiue avant celle qui
finit un train venant de Courtrai s'est trouvé arrêté
sur la chaussée de Lille. Une des bielles de la locomo
tive était brisée.
Le 2 octobre, le train de 9 h. 86 m. du soir part
d'Ypres a 10 h. 10 m. Le lendemain, ce même train
arrive a Poperinghe ün peu avant minuit.2 heures
de retard !!1
Nous n'en finirions pas si nous voulions tout re-
lever.
Voila pour le service du malériel.
Celui du personnel marche a l'unisson. Ainsi l'on
voit chaque jour les voyageurs obligés d'ouvrir eux-
mêmes les portieres s'ils ne veulent pas rester indéfl-
niment en voitule ou même risquer d'être transpor-
tés au-dela de leur destination, flêtons-nous de dire
que la cause de ce fait ne saurait être imputée chaque
fois aux gardes. Les trains ne sont accompagnés que
par un chef et un seul garde. Le premier a son ser
vice d'adminislration a faire et le second ne saurait
sufiire a la besegne lorsqu'il y a beaucoup de voi-
tures.
Qu'on se garde pourtant de conclure de nos pa
roles qu'il n'y a pas que des épines dans le métier de
garde convoi. Quelques-uns d'entr'eux savent fort
bien satisfaire les occasions de se rendre la vie
agréable. Nous en savons notamment qui poussent la
galanterie jusqu'a tenir compagnie aux dames qui se
trouvent seules dans un compartiment réservé et qui
Ié, emportés par une ardeur qui n'a rien d'adminis-
tratif, réclament des privautès a faire rougir
rougir un grenadier. Nous soumettons ce cas beau
coup trop fréquent a l'orlhodoxie des chefs catholi-
ques de la Société d'exploitation, les priant de vou
loir mettre leurs compartiments réservés a l'abri des
assauts éroliques de MM. les gardes.
Co!*res|toiidancc particuliere «le
Bruxelles, 6 octobre 187).
WEcho du Parlement a réédité la semaine dernière,
pour la dixième fois au moins depuis un an, le bruit
de la retraite prochaine de MM. Kervyn et Wasseige,
et pour la dixième fois aussi le Journal de Bruxelles
s'est empressé de le démentir.
Je ne crois pas que les affirmations de l'un ren-
contrent plus de confiance que les dénégations de
1'autre. L'Echo nous a fait trop souvent cette plai-
santerie pour que nous y croyions encore, et si, par
hasard, il nous arrivait d'y croire une fois de plus,
ce ne seraient pas les démentis du Journal de Bruxel
les qui nous feraient changer d'opinion.
Ce n'est pas qu'il n'y ait eu quelque chose de vrai
au fond de tous ces bruits de modifications ministé-
riel les qui ont couru depuis la clóture de la session.
En ce qui concerne spécialement le noble sire de
Lcttenhove, on sait ici, a n'en pas douter, qu'il a eu
un moment l'intention trés arrêtée de céder son por
tefeuille de ministre pour aller prendre a Gand la
place de M. de Jaegher.
Qu'est-ce qui i'a relenu de donner suite a cette in
tention? Les uns disent les instances pressantes de
Mra0 la baronne Kervyn, qui ne quitlerait qu'avec un
trés vif déplaisir les superbes appartements de l'hötel
du ministère de ('intérieur pour aller s'enterrer dans
un in pace de province.
Mais je suis plus porté a penser que M. Kervyu
aura été détourné de cette pensée par l'épiscopat,
dont les avis exercent sur son esprit une influence
considerable et qui, prêcisémenta cause de cela,tient
beaucoup le conserver la tête du département de
l'intérieur.
Quoiqu'il en soit, le noble sire de Lettenhove ne fait
plus du tout mine de se relirer, ce dont Pétrus, qui
craignait de perdre un de ses meilleurs grotesques,
se réjouit fort.
Quant au délicieux Wasseige, dont Ie ridicule ot
les balourdises pèsent si lourdemenl sur le cabinet,
tenez pourassuré qu'il ne s'en ira pas, a moins qu'on
ne le mette dehors par les deux épaules. Encore es-
saiera-t-il de rentrer par la fenölre. M. Wasseige se
trouve trés bien a la place oü il est. Pourquoi songe-
rnit-il a s'en aller? Jamais, a sa connaissance, le dé-
parlement des travaux publics n'a été administré
d'une facon plus habile et plus intelligente. Se reli
rer quand on fait si excellemment les affaires du pays,
ce serail presque, disons tout a fait, mauquer de
patriolisme.
D'ailleurs, ce n'est pas le tout de renvoyer des mi-
nistres il faut encore trouver a les remplacer, et la
meilleure preuve que la chose n'est pas aisée, c'est
précisément que l'épiscopat n'y parvient pas, bien
qu'il ne se fasse aucune illusion sur le mérite de
MM.'Kervyn, Wasseige et Cornesse.
On commence trouver singulier que Vindépen
dance tarde tant publier les révélations qu'elle a
promises concernant le dossier Lessines. En défini-
tive, ce dossier oü est.-il Des personnes trés bien in-
formées affirment qu'il est entre les mains du direc
teur de Vindépendance. S'il en est ainsi, pourquoi
n'est-il pas livré a la publicile? On se rappelle que
M. de Laguéronnière, que ccdle publicite parait de
voir gravement compromettre, vivait dans des rela
tions de presqu'intimité avec le directeur de ce jour
nal, et ce souvenir fait craindre que certaines pièces
par trop comprometlantes pour Al. le diplomate ne
disparaissent.
Une des pièces du dossier,qui ne sera pas la moins
curieuse, c'est le devis de toutes les consciences a
acheter, consciences de généraux, de colonels, de
mngistrats, de représentants, de journalistes, etc. Le
nombre, parait-il, en est trés respectable. On cite des
consciences cotées trés haut, d'autres vil prix.
Ainsi, parlant d'un représentant de Bruxelles qui
collabore a la rédaction d'un grand journal de la ca-
pitale, le susdit devis porte en marge de son nom
M. X. est un hommo trés loyal et tres honnête,
mais une place desénateur triompherait facilement
de sa résistance.
Plus loin, un journaliste tres connu est taxé 3,000
francs. Trois mille francs! s'est-il écrié. Encore si
c'était 500 mille francs, comme le général XMais
3,000 francs pour vendre son pays! Ce monsieur
ne me prend pas seulement pour une canaille, mais
pour un imbecile c'est trop des deux.
A propos de journalistes, on se demande si Ie