imposait au monde payen sa volonté absolue, in-
discutable. Le monde moderne, au contraire,
veut faire ses lois lui-même et n'entend obéir qu'è
ces lois. Entre sa théorie et celle du césarisme
payen, il y a toute la difference de la liberté
l'eselavage.
Quelle est la mission doctrinale de l'Eglise,
sinon d'enseigner, d'expliquer, de rappeler la
loi divine ceux qui la méconnaissent
Si c'est lè Ia mission de l'Eglise, disons-nous,
qu'elle l'accomplisse Personne ne songe h em-
pêcher l'Eglise d'enseigner la loi divine et de la
rappeler aux pécheurs qui la transgressent.
Mais de mème que l'Eglise doit ètre libre d'en
seigner la loi divine comme elle l'entend, de
même ceux qui l'entendent différemment doivcnt
jouir de la même liberté pour contester sa doc
trine et combattre ses enseignements. Si le Bien
'public veut que l'Eglise puisse parler seule et
que nous empêchions ceux qui ne pensent pas
comme elle de lui répondre, ah! mais non. Nous
retournerions tout droit au moyen-ège, ce dont
nous ne nous soucions pas du tout, mais pas du
tout.
II y a non-seulement des hommes, mais tout
un parti qui fait la guerre a Dieu. C'est bien
possible, mais qu'y pouvons-nous faire? Le Bten
public demande-t-il que ce parti soit abatlu par
la force? Au fond, il le désire, mais il n'oserait
pas l'avouer.
A défaut de la force, il ne reste qu'un moyen,
la liberté de la discussion, dont l'Èglise jouit en
Belgique sans que nul songe y apporter la
moindre entrave. Mais l'Èglise n'a jamais eu
grande confiance dans ce moyen-lè. Un peu de
contrainte lui conviendrait mieux.
Seulement, elle ne doit pas compter sur le
monde moderne pour lui venir en aide, et c'est
sans doute pour cela qu'elle lui lance chaque jour
de si furieux anathèmes,
Pauvre Eglise! Infortuné Uien public! Mal-
heureux Journal d'Ypres!
Similia similibus.
Anerie, monstrueuse ênerie I Décidément ce voca
ble de la politesse quintesseociée devient orthodoxe
bientót il sera couché?dans l'Ecriture sainte comme
recueilli par les pieux rédacteurs des journaux clé-
ricaux de la bouche même du Saint-Esprit.|Deji le
Journal d'Ypres qui donne le ton de toutes les heu-
reuses innovations, enémaille ses colonnes nous le
trouvons, sans ex3gérer, répèlé une vingtaine de fois
dans son avant-dernier numéro.
Ex abundantia cordis loquitur os.
Pour se connaitre si bien en aneries, il faut que
notre pieux confrère ait mangé souvent au ratelier.
Et pourtant ils sont évantuis les jours de gloire de
Langrand-Dumonceau, corn te du Saint-Empire re
main, banquier du pape, christianisateur des épar-
gnes du peuple, etc., etc.,.etc.
Fails et gestes de la Société d'Exploitation
générale.
Le 24, Ie train de 9 h. 05 m. du matin part d'Ypres
pour Poperinghe a 9 h. 25 m. en retard de 20 mi
nutes. Conséquemment celui de Poperinghe, qui ne
quitte cette localité que lorsque le précédent est par
venu, est aussi en retard il arrive a Ypres a 9 h. 55
m. au lieu de 9 h. 39 m.
Le train de 6 h. 32 m. du soir part d'Ypres pour
Poperinghe a 6 h. 45 m.
Le 25, le train venant de Poperinghe 7 h. 30 m.
du matin entre en gare d'Ypres a vee un retard d'un
quart d'hcure, tnalgrè la courte distance parcourue.
Quoi d'ètonnant? Une grande quantité de marchan-
dises, énlre autres des balles de houblon, a été char-
gee a Vlamerlinghe. Malgré toute la célérité qu'y mi-
rent les ouvriers, un quart d'heure s'écoula. Encore
ceux ei furent heureusement secondés par quelques
personnes étrangères, sinon ils ne seraient jamais
venus bout de charger tous ces colis si pesants.
On ne saurait trop le répéter. Si le service se fait
mal sur la ligne de la Flandre occidentale, la faute en
est a 1'administration supérieure qui, malgré l'ac-
croisseinent continu du trafic, s'obsiine ne pas vou-
loir créer plus de trains de merchandises et préfère
occasionuer, par le chargement et le déchargement
de celles-ci, des retards journaliers aux trains de
voyageurs. Une seconde faute, c'est de vouloir faire
rouler des locomotives défectueuses.
Enfin, le personnel est insuffisant.
Ceci dit, nous continuons notre revue.
Le 25 encore, Ie train de 8 h. 50 m. du soir part
d'Ypres a 9 h. 10 m.; celui de 9 h. 36 m., a 10 h.
05 m.
Nous ne parions pas des trains, et ils sont nom-
breux, qui arrivent en retard de peu de minutes.
Mais nous allions oublier de mentionner un fait im
portant, un véritable evénement qui plongera le
monde dans la stupeur le train de 6 h. 32 m. du
soir est parti le 25 d'Ypres a son heure! Notre oubli
en cette circonstance aurait été d'autant plus impar-
donnable que ce fait miraculeux est sans conteste un
signe précurseur de Ia fin du moude.
Tout est bien qui finit bien.
C'est ce qu'auraient pu dire les visiteurs de la
kerinesse Saint-Luc de Menindimauche dernier,
n'etait la Société d'exploitation qui tenait encore a de
nouveaux exploits.
Rien n'était plus facile, nous parait-il, au chef de
station de Menin que de se fixer, par les billets d'arri-
vée des trains du jour, sur Ie nombre approximatif
de voyageurs pour le départ du soir et de demander
des voitures de supplément. Mais rien de cela ne fut
fait; et la gare regorgeait de voyageurs quand arriva
le train du soir a vee son nombre ordinaire de voi
tures. Tout ce qui se passa alors ne fut pas chose
gaiec'est inutile dele raconter, nous n'y gagnerons
rien d'autant plus que M. le chef de gare fut loin
d'étre gentil et qu'on croyait avoir affaire plutót a un
portefaix qu'a un agent-dandy préposé au service pu
blic. Grand nombre de voyageurs durent coucher a
Menin grace aux bons services de la Société d'exploi
tation.
A triste exploiteur, malheureux exploités.
Peste bovine.
L'apparition de Ia peste bovine sur lesconfinsde
notre territoire a fait prendre par M. le gouverneur
Vramboul un arrêté interdisant l'entrée et la sortie
de tous les animaux domestiques, des territoires des
communes de PloegsteertWarnéton et Neuve-
Eglise.
Font parlie de la classe des animaux domestiques
non-seulement le boeuf commun, la chévre, le mou-
lon de i'ordre des ruminants, et le chien et le chat
de I'ordre des carnassiers, mais encore le cochon, le
cheval et l'ane de I'ordre des pachydermes, le pigeon,
le faisan, la poule, le dindon parmi les gallinacés,
l'oie et le canard parmi les palmipèdes, et même le
poisson rouge de nos aquariums.
L'arrêté de M. le gouverneur, pris la lettre, in-
terdit l'entrée et la sortie de Neuve-Eglise au cheval
de la malle-poste d'Ypres vers celle localité. II est
applicable aux chiens du chasseur comme a tous au
tres et les troupes d'observation seraient en droit
d'abattre les poules et les canards franchissant la sé-
paration de Ploegsteert, Warnéton et Neuve-Eglise.
M. Vrambout a été trop loin. Que l'honorable gou
verneur se rappelle que dépasser le but c'est man-
quer Ia chose.
Chroniqne judicialres.
Cette semaine le nommé Merlevede, l'auteur d'une
série de vols commis dans plusieurs localités de notre
arrondissement, le facétieux évadé qui fit a la police
de Menin un pied de-nez auprès duquel celui de
M. Wasseige n'est que de la saint Jean, Merlevede a
été condamné par la cour d'assises de Bruges pour
vol avec effraction commis, il y a deux ans, dans
l'église de Vlamertinghe. Singuliere coincidence t
Pendant qu'on pronon§ait le jugement de ce dange-
reux malfaiteur, un vol était commis a Neuve-Eglise,
dans des circonstances.analogues a celui de Vlamer
linghe. Escalade au moyen d'une échelle enlevée dans
une maison en construction, bris d'une fenétre, en-
lèvement des troncs. Chaque fois le vol est commis
dans l'église, sans doute par un émule ou peut-être
par un élève de Merlevede. Allons, tant mieux! les
traditions du grand artne périront point.
Fidèles nos habitudes d'impartialité et dési—
rant, autant que possible, ouvrir nos colonnes
tous les éléments de discussion, nous commenfons
aujourd'hui, sous le titre ci-dessous, la publication
de quelques articles traitant de l'instruction au
point de vue de l'électeur. II est bien entendu que
nous laissons a notre honorable correspondent la
responsabilité entière de ses opinions dans quel-
ques-uries peuvent être même en désaccord avec
celles défendues par Ie journal.
Cette réserve faite, nous lui laissons la parole.
Les ïdéos de fSiioviu
sur les qualités nécessaires aux électeurs.
Bien des gens, el des plus éclairés, croient ferme-
ment que l'instruction donnée telle qu'elle l'est ac-
tuellement, mais obligatoire et gratuite pour chacun,
suffira pour donner. a tous, les qualités nécessaires
aux hommes appelés a devenir des électeurs intelli
gents et indépendants. Au gréde ces gens, il ne faut
même, pour acquérir ces qualités, qu'une instruction
a dose infinitésimale. Tout citoyen, réunissant les qua
lités requises par la législation actuelle, abstraction
faite du eens, qui saurait lire et écrire, serail de
droit électeur a tous les degrés. Ce svstème, comme
vous le voyez, a un mérite c'est celui de ne pas
pécher par la complication, mais il n'a que celui-Ia.
D'aulres, et ce sont les plus exigeants, demandent
que le législateur stipule, outre la lecture et l'écri-
ture, la connaissance des quatre premières régies de
l'arithmétique.
Voila done, en quelques mots, le programme le
plus complet tracé par nos réformateurs, et trouvé
par eux plus que suffisant pour former des électeurs
qui ne laisseraient plus rien a désirer.
Eh bien 1 ne leur en déplaise, nous ne sommes pas
de leur avis. 11 faut, avant d'ètre électeur, savoir
autre chose que lire, écrire el calculer.
Voici une anecdote qui, pour n'avoir rien a démê-
ler avec la politique, n'en est pas moins instructive
II existe, a Bruxelles, une vaste société de crédit
étendant ses ramifications sur toutes les branches du
commerce et de l'industrie de cette ville. Dans cette
société, dont le principe fondamental est la solidarité
de tous ses membres, il y a un comité d'admission,
choisi annuellement en assemblée générale. C'est ce
comité, composé de vingt membres, qui doit peser
scrupuleusement toutes les garanties, morales et au-
tres, possédées par tous ceux qui désirent faire partie
de Ia société. Chaque membre de ce comité s'engage
formellement prendre les renseignements les plus
précis sur la valeur morale et financière de ceux qui
demandent a participer aux opérations de la société
jusqu'è concurrence de la somme indiquée dans leur
demande. Au bout d'un temps déterminé, pendant le-
quel les membres du comité se sont livrés isolément
a leurs investigations, ces messieurs se réunissent
pour délibérer et prendre une décision définilive et
sans appel. Or, a l'une de ces réunions, on discutait
vivement les tilres a l'admission de M. X., libraire
bien connu a Bruxelles. Celui-ci fut chaudement ap-
puyé; quand lout coup M. Z., un des vingt, se leva
en s'écriant avec conviction Je ne puis donner
un vote favorable a l'admission de M. X.; car je
ne comprends pas que l'on soutienne sèrieusement
ici que ce monsieur fait de bonnes affaires. Voiia
un an a peine qu'il est établi et il ne se gêne nulle-
s ment pour mettre sur son enseigne LIBRAIRIE
ANCIENNE. d
Jugez de l'ahurissement des collègues de ce mon
sieur si fort en thème, confondant le genre avec l'an-
cienneté du commerce. Inutile de vous dire que l'ad
mission du postulant ne souffrit nullement de cette
sortie saugrenue. II n'en est pas moins vrai que voilé
un corps électoral composé en grande partie d'hom-
mes qui, en leur qualité de commercants ou d'indus-
triels, sont censés savoir au moins lire, écrire et cal
culer.
Pour le commercant et l'industriel, le bon résultat
des élections et conséquemment la bonne composi-