JOURNAL D'YPRES DE L'ARRÖNDISSEMENÏ
YPRES, Bimancbe
Neuvième année. i\° 47,
19 Novembre 1871.
PltlX U'ABOMXEIKGHT
POUR LA BELGIQUE
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Les petits-frères.
Nous n'avons pas espéré cpie le Journal
d'Ypres allait prendre la peine de discuter
gravement la grave question de la demora
lisation des écoles de la Doctrine Chrétienne;
mais jamais, au grand jamais, nous n'au-
rions voulu lui faire l'iiijure de supposer que
les infamies dont ces écoles oflrent a tout
instant le dégoutan t spectacle deviendraient,
sous sa plume, un tcxte a calembredaines
de paillasses. La conliance des parents indi-
gnement trahie, des centaines d'enfants li-
vrés a la plus infame lubricité, la conscience
publique sou levee par une longue suite de
crimes sans oom, tout cela, parait-il, n'est
pas fait pour émouvoir notre pieux confrère.
Bien loin de s'en émouvoir, il s'en amuse
énormément. Le eynique a trouvé le mot
C'est a mourir de rire
Soit, riez, messieurs les petits vicaires.
Aussi bien, avez-vous grand sujet de vous
égayer. La bêtise publique, que vous ex-
ploitez avcc une babileté qui tient du génie,
vous a portés au pinacle. Yous êtes large-
ment attablés au festin de la vie, grace a la
superstition qui remplit votre escarcelle au
for et a mesure qu'elle se vide. Vous avez
bonne cave, bon gite et tout le reste a l'ave-
nant. En vérité, la nature vous aurait dote
d'un bien mauvais caractère si, dans de telles
conditions d'existence, vous éticz poussés a
voir les choses humaines sous un triste
aspect.
Ricz done et riez a plein ventre. Yos sales
petits-frères scandalisent le monde par leur
ignominie. Qu'est-ce que cela vous fait, après
tout? Yous en serez toujours quittes pour
prétendre que ce sont la des cas isolés
qui ne prouvent rien.
Et les imbeciles dont vous vivez le croiront,
Parbleu! n'êtës-vous pas infaillibles? II vous
est arrive un jour de parler du soleil qui
tourne autour de la terre, et bien certaine-
ment, aucun de ceux qui font leurs délices
de votre prose ne s'est jamais permis
d'émettre le plus léger doute sur l'exactitude
de vos connaissances astronomiques. Ainsi
font-ils pour tout le reste. Hé! vous leur en
faites avaler tous les jours bien d'autres,
qu'ils gobent avec une sérénité parfaite!
Riez, riez, chers petits vicaires. L'imbécillité
humaine est un inépuisable trésor oü vous
pouvez plonger vos mains sacrées jusqu'a
l'aisselle sans avoir a craindre d'en trouver
le fond.
Que cependant cette bonne gaieté ne vous
aveugle pas sur les perils qui vous enton-
rent. Nous sommes bêtes, extrêmement
bêtes, mais il règne, de par le monde, voyez-
vous, un mauvais esprit qui pourrait, tot ou
tard, vous être fatal, si vous n'y preniez
garde. Get esprit, c'est l'esprit de liberie,
autrement dit le libéralisme, qui chcrche a
faire le jour dans votre sainte boutique et
qui pourrait bien un jour arriver a ses fins,
pour peu que vous vous relachiez de votre
surveillance.
Voyez, chers petits vicairesquels
affreux ravages eet esprit-la a fait dans les
gran des villes, que vous appelez si juste-
ment des foyers de corruption. II n'y a pas a
dire, les grandes villes vous out échappé et
les petites suivent la inême pen te. Prenez
garde, redoublez de vigilance et, au besoin
même, usez d'un peu de violence. La vio
lence vous a faits, au moyen-age, une posi
tion admirable. Ne l'oubliez pas et profitez
des lecons du passé.
Quant a discuter avec vous la question
des petits-frères, nous y renoncons. Vous
êtes trop gais pour nous.
Fnifs ct gestes de la Soeiélé (TlAploifation
générale.
Cette société a sans doute des remords quand
elle mérite les éloges du publiccar a peine y a-t-
il eu pendant peu de jours plus de regularity dans
le service. Aujourd'hui tout est reinis sur l'ancien
piedde nouveau les trains qui arrivent a l'lieure
font l'exception.
Ainsi le 10 le train venant de Poperinghe a 7 h.
40 m. du matin arrive a Ypres avec un retard de
plus d'un quart d'heure.
II en est de même le 11
Les trains du soir a 9 h. et a 9 h. 30 m. ne sont
pas plus exactsOn peut s'estimer heureux lors-
qu'ils ne sont en retard que de dix ou quinze mi
nutes.
C'est bien pis encore pour les marchandises.
lei aucune régularité. Impossible aux expediteurs
de prévoir ni quand ni comment leurs colis arri-
veront a destination.
Le 11 au soir, vers 7 heures, une locomotive
asthmatique poussait des soupirs a fendre les
coeurs les plus endurcis. Peine inutile, -vains ef
forts, le train était arrêté prés du passage a ni
veau, entre Ypres et Vlamertinghe, et ne bougeait
pas d'une semelle.
Du reste, le mauvais état du matérie! de la So
ciété d'exploitation ne fait plus de doute pour
personne.
Voici ce que disait a ce sujet, il y a quelques
jours, aux délégués dés diamines de commerce,
M. Wasseige, ministre des travaux publics, qu'on
n'accusera'certainement pas d'hostilité a l'égard
de la Société d'ex2iloitation
A l'arsenal de Malines, disait le ministre, il
existe encore actuellement une quantité de wa
gons en reparation. On a cependant exagéré le
chiffreil n'y en a que 1,400 seulement, provenant
de la reprise par le ministère précédent des li-
gnes de la Société générale d'exploitation; ce ma
teriel était dans un état de délabrement tel, qu'il y a
eu en réparation d M alines deux wagons de la Société
d''exploitation contre un de I'Etat.
Si le matériel de la Société d'exploitation repris
par le gouvernement était, de l'aveu du ministre,
dans un tel état de délabrement, on peut ju-
ger de celui qui est aujourd'hui encore la propriété
de la Société.
Les idéés de IBkoum
sur les qualilcs nécessaires «ux électeurs.
Nous sommes persuade que, pour les raisons qui
précédent, vous avez admis, avec nous, que l'élec-
teur, avautd'être digne de sa mission, doit connaitre
ses droits et devoirs de citoyen. Vous avez également
admis, nous n'en doutons point, que seule, cette con-
naissance le rendra libre et indépendant.
Or, comme nous voulons lous des électeurs intelli
gents, qui ne courbent point la tête, mais qui soient
fiers de leur mission, nous devons également tous
vouloir recliercher le moyen par lequel ils acquerrout
cette connaissance aussi indispensable. Inutile de
chercher bien longU mps. Ce moyen, nous l'avoiis
c'est ('instruction ce levier autrement puissant que
celui d'Architnède, bien appuye et dirige par l'intel-
ligence, relèvera le sens moral, le sens politique des
masses-, malgré loutes les forces de résistance opposées
par l'ignorantisuie et l'obscurautisme. Mais, qu'on ne
s'y méprenne pas, quand nous parions de ('instruc
tion, nous la voulons donoée tout autrement qu'elle
ne l'est actuellement. Car, il faut bien le constater
par une coupable nègligence, ou plutöt par un calcul
tout machiavélique, on a toujours écarté de ['instruc
tion des enfants, même de celle des adultes, l'ensei-
gnemenl des droits et des devoirs du citoyen.
Par suite de i'éternelle contradiction existant entre
la logique et l'esprit de routine, nous voyons perdre
un teinps infiniment précieux a fatiguer inutilement
l'esprit des jeunes élèves.
On leur fait apprendre des sciences aussi futiles
que la mythologie, et plus tard, quand ces jeunes in
telligences se sont développées, on leur enseigne la
géologie el d'autres sciences tuutes aussi inuliles i) la
plupart d'entr'cux. Cortes, si la mythologie est utile
V