JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
VPiiES, iliuianche
IVeuvième année. i\° 52.
24 Décembre 1871
I
Pit IX II'ABO.IKEMGKT
POUR LA BELG [QUE
8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre.
Pour PEtranger, le port en sus.
Un Ncméro 25 Centimes
Paraissant le dimanche.
On s'abonne a Ypres,
au bureau du Journal, rue de Dixmude, 59.
On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toules lettres
ou envois d'aryent doivenl dire adressés franco au bureau du journal.
YPItEsi, *3 ïlécembre «sai.
L'usage veut que le condamné ait vingt-quatre
heures pour maudire ses juges. Ce temps ne suffit
pas au Progrès. Voila bientót deux ans que le
corps electoral a précipité ses amis des sieges
capitonnés du pouvoir sur lesquels se prélassaient
tous ces repus, et leurs fiiembres endoloris, leur
cerveau troublé se ressentent encore de leur ter
rible chute. Us ne pardonnent pas, ils ne pardon-
neront jamais au corps électoral la condamnation
qui les frappe. Ils jettent autour d'eux des cris de
paon effaré. Seulement, comme tous les infirmes,
ils cherchent partout la cause du mal qui les
afflige et se refusent a la voir la ou elle est réelle-
ment.
De ce que nous disons, le Progrès vient de
fournir une nouvelle preuve. Dans un article sur
le mouvement qui s'est produit a Bruxelles a la fin
de novembre, ce journal reproche aux jeunes libé-
raux, aux progressistes, aux radicaux, de ne
s'être point montrés parmi les manifestants.
Le reproche est au moins singulier dans la bouche
de eet apötre de la modération.
Comment! vous, qui vous posez en organe du
parti honnête et modéré, vous qui ne cessez de
qualifier vos adversaires de républicains rouges,
de communeux, rêvant le bouleversement de la
société pour satisfaire leur ambition, vous venez
aujourd'hui leur reprocher leur prudente réserve
Paree qu'ils ne se sont pas mêlés a vos manifesta
tions, nous ne dirons pas illégales, mais tout au
moins imprudentes, paree qu'ils ont été observa-
teurs plus scrupuleux que vous de la stricte léga-
lité, vous leur faites un grief de leur sagesse,
vous, organe du parti de l'ordre
Vos protestations en faveur de eet ordre seraient-
elles done un leurre, une hypocrisie, un mensonge
comme tout ce qui sort de votre bouche? Serait-il
vrai que, pareils aux disciples de Loyola, tous les
moyens sont bons pour atteindre votre but et qu'au
besoin vous ne reculeriez pas devant l'émeute pour
filouter le pouvoir
Oui, quoique vous en disiez, c'est l'élément dé-
mocratique, c'est le peuple, c'est l'ouvrier qui,
pendant les récents événements, vous a donné des
lemons de sagesse politique. L'inanité, la fausseté
des accusations calomnieuses qui trainent depuis
si longtemps dans vos journaux n'a jamais été
plus manifeste.
Les révolutionnaires, c'est vous... Révolution-
naires... Que disons-nous? Non, vous ne méritez
pas ce titre. II y eut de grands, de sublimes révo
lutionnaires. Ceux de 89 et de 92 fondèrent la
société moderne. Vous... vous n'êtes que de vul-
gaires ambitieux.
A en croire 1'organe de notre coterie, aux pro
gressistes incombe toute la responsabilité de
notre situation actuelle. C'est ce parti qui, nou
veau bouc d'Israël, est chargé de tous les péchés
du gouvernement clérical. En effet, les progres
sistes n'ont-ils pas refusé leur concours aux doc
trinaires qui gouvernaient cléricalement la Bel-
gique sous un masque liberal?
Les radicaux, s'écrie le Progrès, ont été
trompés par les promesses cléricaJesils s'en
apergoivent aujourd'hui qu'il est trop tard. Er-
reur. Les radicaux n'ont pu être trompés par les
cléricaux en qui ils n'ont jamais eu foi, ils l'ont
été par leurs anciens alliés, les doctrinaires et
nous espérons que l'expérience de 1846 leur ser-
vira de legon.
Qui done promettait au Congres libéral la sépa-
ration de l'Eglise et de l'Etat et qui, arrivé au
pouvoir, renforgait l'infiuence du clergéqui lais-
sait le curé, maitre du cimetière, parquer a son
gré les cadavres dans le trou aux chiens; qui,
après avoir fait grand bruit d'une prétendue ré-
forme de la législation sur les fabriques d'église,
aboutit a un ridicule replatrage, abandonnant aux
'évêques la haute direction de ces administrations?
Les doctrinaires.
Qui done, en 1846, proclama la nécessité de
l'enseignement laïque, l'exclusion du prêtre de
l'école et qui renforga l'abominable loi de 1842
par la création des écoles d'adultesqui frappa de
peines disciplinaires l'instituteur de Nimy-Mai-
sières paree qu'il refusait d'ohtempérer aux in-
jonctions du curé?
Les doctrinaires.
Qui rendit a l'archevêque de Malines, le jour de
son installation, et contrairement aux principes
constitutionnels qui nous régissent, les honneurs
d'un autre age?
Les doctrinaires, toujours<Jes doctrinaires.
Les Petits-Frères ont le haut du pavé,
dites-vous. Ne voyez-vous pas que eet aveu vous
condamne? Vous les avez introduits dans votre
enseignement, vous avez adopté leurs écoles?
Après vingt années de gouvernement doctrinaire,
la Belgique-est plus cléricale quejamais. Et vous
prétendez rendre responsable de cette triste situa
tion les radicaux qui n'ont cessé de protester
contre vos agissements?
Ehdepuis quand le coupable n'est-il plus le
voleur, mais celui qui le dénonce?
Oui, vous avez trompé la confiance que le pays
a eu trop longtemps en vous et vous guettez le
moment favorable pour recommencer vos intrigues
Vous espériez que les progressistes allaient, naïfs
comme autrefois, vous tirer les marrons du feu.
Vous avez été cruellement détrompés. De la, votre
colère.
Nous l'avons dit et nousle répétons Plutöt les
cléricaux dix ans que les doctrinaires. La pilule
que vous cherchez a redorer, Diafoirus, nous ne
l'avalerons plus.
Et demandez-vous après cela tant qu'il vous
plaira ce que sont devenus les progressistes? Nous
ajournons notre réponse aux prochaines élections.
Ait moment de mettre sous presse, nous
apprerions que de typhus contagieux vient
d ëclater dans deux étables a Poperinghe.
La peste bovine.
Dans notre dernier bulletin, nous avons
annoncé que le typhus contagieux avait éclaté, le
ler décembre, sur deux points de notre territoire,
a Elverdinghe, prés d'Ypres, et a Oycke, prés
d'Audenarde,
A Elverdinghe, trois animaux sont morts chez
le sieur Beek et treize animaux ont été abattus. II
n'y a pas eu jusqu'a présent de nouveaux cas dans
cette localité.
A Oycke, chez le sieur Vandenboogaerde, une
béte bovine est morte et quinze ont été abattues.
Mais le mal ne s'est pas borné la un nouveau cas
de peste bovine s'est déclaré, le 4 décembre, a
Audenarde, chez M. Vandenbossche, distillateur,
trois bêtes y ont été abattues le 5 décembre, un
troisième cas a été constaté a Leupeghem, chez le
sieur Delcoigne, ou le sacrifice de sept bêtes
bovines a eu lieu, et, enfin, un quatrième cas,
chez le sieur Holvoet, ou une béte a été abattue.
Les mesures les plus énergiques ont été prises
immédiatement par MM. les gouverneurs de la
Flandre occidentale et de la Flandre oriëntale, qui
se sont ren dus sur les lieux.
Le bétail d'un grand nombre de communes des
arrondissements d'Ypres et d'Audenarde a été
soumis au recensement la circulation des ani
maux domestiques et le transport des matières qui
peuvent propager la contagion ont été interdits
dans les lieux d'infection. Enfin, les foires et
marchés ont été fermés dans les deux Flandres
par un arrêté ministériel du 2 décembre.
On ne connait pas les causes de l'introduction de
l'épizootie (1) mais elle paraït s'être répandue
dans les environs d'Audenarde, par le fait d'un
cultivateur, le sieur V..., de Mooreghem, chez
lequel plusieurs bêtes a cornes sont mortes et ont
été enterrées dans la première quinzaine de no
vembre sans que l'autorité ait été prévenue ni
mise a même de rechercher les causes de cette
mortalité, que l'on attribue aujourd'hui a la peste
bovine. Une enquête est ouverte sur ce fait.
L'épizootie vient aussi de faire sa réapparition
dans la province de Luxembourg, a Corbion, oü
neuf bêtes bovines ont été abattues le 8 de ce mois.
Nos craintes ne sont done que trop justifiées.
En France, l'épizootie continue a exercer ses
ravages. D'après les relevés officiels, elle a infecté
123 communes dans quinze départements, du 11
au 20 novembre. C'est dans les départements des
Ardennes, de l'Eure, de la Marne, de la Meuse, du
Nord, du Pas-de-Calais, de la Seine Inférieure et
de la Somme qu'elle règne avec le plus de violence.
Dans le département du Nord, la peste bovine a
été constatée dans 66 communes, depuis le ler
novembre jusqu'a ce jour, a savoir 8 dans l'ar-
rondissement de Valenciennes 27 id. de Lille12
L'OFIIION
PBSIX OGK AAXOXCE»
ET DES RECL AMES
10 Centimes It petite ligne.
Corps du Journal, 30 centimes*
Le tout payable d'ayance.
Laissez dire, laissez-vous bldmer, mais publiez votre pensfee
(1) On dit que .le défunt ministère a détruit le cordon
sanitaire qui gardait nos frontières du cöté de la France,
pour déployer des troupes Bruxelles pendant les derniers
événements. (N. de la R.)