JOURNAL D'YPEES DE L'AMOMSSEMENT
l'PRES,* Diiiiauche
ixièine année. - j\° 6.
11 Février 1872.
PRIX DmOSIEIIEMT
POUR LA BELGIQUE
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Illusions et réalités.
On a peine a com prendre les illusions du
parti doctrinaire. Tombé honteusement du
pouvoir, battu partout oü il s'est présenté
dans l'arène electorale sans l'appui des pro
gressistes, le voila qu'il en est arrivé a croire
qu'un revirement universel s'est produit en
sa faveur et que les électeurs repentants
n'attendent plus qu'une occasion pour le
reporter a la tête des affaires.
La dernière correspondance adressée de
Bruxelles au Progrès dépasse, sous ce rap
port, tout ce que l'on peut rêver. II y est dit
tout au long, et avec un accent de bonne
foi qui stupéfie, que les électeurs de Bruxel
les ont retire toute coufiance aux progres-
sistes et qu'ils n'espèrent plus que dans la
partie modérée de 1'Association libérale,
c'est-a-dire dans les doctrinaires.
Sur quels faits, ou simplement sur quels
indices le correspondant du Progrès base
cette appreciation, c'est ce qu'il serait assu-
rément fort embarrassé de dire. Mais on
croit si facilement ce que l'on desireNotre
confrère est si désireux de voir l'élément
progressiste exclus de la Chambre qu'il se
fait une arme formidable du moindre brin
de paille que le liasard jette sur son che-
min.
C'est, dit-il, pour arrêter le glaive sus-
pendu sim sa tête que le comité de l'Asso-
ciation libérale de Bruxelles a adressé aux
autres associations du pays une circulaire
qui constitue une reculade, comparée aux
resolutions proclamées dans le courant de
1870. Faut-il done apprendre au correspon
dant du Progrès que, contrairement a ce
qu'il avance, cette circulaire a été vivement
combattue, au sein de ce comité, précisé-
ment par cette même minorité progressiste
qu'il nous représente comme étant disposée
a sacrifier ses plus chères convictions pour
garder ses positions acquises?
Le même correspondant prévoit qu'aux
élections prochaines, l'élément progressiste,
ce pelé, ce galeux, auteur de tout le mal,
sera impitoyablemeut balayé. Le pauvrc
homme, qui ne voit pas que le libéralisme
progressiste n'a jamais été plus puissant
qu'a l'heure actuelle, uon - seulement h
Bruxelles, mais dans les centres oü le doc-
trinarisme avait jusqu'a présent régné en
souverain absolu!
Sans aller plus loin que les journaux,
que le Progrès ou son correspondant bruxel-
lois nous cite done les organes de l'opinion
libérale qui ont donné leur plein assenti-
ment a la circulaire de l'Association de
Bruxelles. Les journaux les plus modérés,
le Précurseur d'Anvers, le Journal de Gand
lui-même ont déploré que cette Association
n'ait pas donné a son langage un caractère
plus accentué et pris une attitude plus ré-
solue.
Et c'est en présence de cette protestation
unanime de la presse libérale que le corres
pondant du Progrès estime que les progres-
sistes ont perdu du terrain dans l'opinion
publique Vraic'est presque de la dé-
mence.
Si l'idée du Congrès libéral, ajoute le
même correspondant, a été abaudonnée,
c'est a cause de l'opposition que cette idéé a
rencontrée parmi le plus grand nombre des
associations du pays.
II y a comme on dit un cheveu dans
cette appreciation, c'est que 1'Echo du Par
lement, qui doit en savoir plus long que le
correspondant du Progrès, repousse le Con
grès, justement a cause de la crainte que
cette assemblee, donnant raison aux pro
gressistes, ne formule un programme dont
la couleur trop marquee soit de nature a
effaroucher les susceptibilités du parti li
béral modéré.
Quand le Progrès sera parvenu a se met-
tre d'accord avec son chef de fde, uous en
reparlerons. Jusque-la, il nous permettra
de lui dire qu'il a fait choix d'un correspon
dant tres bien intentionné, mais porté jus
qu'a l'aberration a prendre ses désirs pour
la réalité.
ATTENDONS.
Le nouveau règlement de l'Association
libérale a été adopté a l'unanimité des
membres présents a la reunion du 27 jan
vier.
C'est ce que le Journal d'Ypres, trés bien
placé pour être exactement informé, nous
apprend dans sou numéro de dimanche
dernier.
Le susdit journal nous informe que l'as-
semblée a notablement élargi l'ancien pro-
gramme de l'Association et qu'entre autres
réformes nouvelles, elle y a inscrit le prin
cipe de l'enseignement obligatoire.
Nous attendrons la publication de ce nou
veau programme pour le juger en ample
connaissance de cause. Nous nous borne-
rons, pour le moment, a prendre acte du
vote unanime par lequel l'Association a re-
poussé le princiDe de la séparation com-
plète du pouvoir temporel et du pouvoir
spirituel.
D'oü nous pouvons déja conclure que
notre Association libérale entend que l'un
des deux pouvoirs domine l'autre ce qui
est contraire a l'essence même du libéra
lisme ou bien que les deux pouvoirs con-
courent a une action commune une
vieille plaisanterie qui fait sourire les plus
naïfs, chacun sachant trés bien que toute
transaction avec les cléricaux tourne inva-
riablement au profit de ces derniers.
On connait le dernier mot de YEcho du Parle
ment
Soyons vaincus, mais restons doctrinaires.
Vaincus,ils le seront, quelle que soit leur outre-
cuidance actuelle.
Mais puisqu'ils déclarent qu'ils l'ont voulu et le
veulent encore, qu'ils cessent au moins d'accuser
les progressistes.
Les progressistes sont allés a eux et ils les ont
repoussés dédaigneusement.
II n'est pas nécessaire, dit la Discussiond'être
adepte de M. Frère pour comprendre les dangers
que font courir a l'Etat les pretentions ultramon-
tainesmais les progressistes ne se contentent
pas d'un cri de guerre, ils veulent un programme
et un butils sont venus a leurs alliés forcés et ils
leur ont dit Notre programme est plus large,
notre but plus élevé que le vötre, mais pour ren-
verser l'ennemi commun nous comprenous la né-
cessité des concessions voulons-nous nous unir
sur la révision de la loi de 1842? c'est uu des
principes fondamen taux du pacte de 1846. Et
YEcho du Parlement répond La révision de la loi
de 1842 n'est pas l'élément essentiel du pro-
gramme de 1846.Les progressistes reprennent
Voulons-nous nous unir sur la question de l'in-
struction obligatoire? Ce n'est pas seulement un
principe libéral et fécond, c'est presque un prin
cipe de moralec'est l'instrument le plus puissant
de civilisation et de progrès qu'un grand part]
puisse faire agir; ce serait pour les Lbéraux
beiges un éternel honneur de pouvoir inscrire sur
Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensee-]