ayant Alplionse a sa tête, 11e traversera pas la rue
des Chiens pour donner le baiser Lamaurette aux
cléricaux de Saint-Laurent Toute une existence
de grimaces est bien digne de pareille fin.
UNE PIROUETTE DE M. ALPPIONSE.
Le 6 mars, la Chambre des représentants,
après une longue joute entre blancs et noirs, a
admis, par 63 oui contre 32 non, Part. 18 du
budget des affaires étrangères allouant 26,000 fr.
pour une ambassade pres du pape.
Si les libéraux l'avaient emporté, la Belgique
n'aurait plus eu qu'un ambassadeur a Romepar
contre, elle aurait 26,000 francs de plus en caisse.
Le vote de mercredi place dans la capitale du
royaume d'Italie deux ambassadeurs beiges dont
la besogne réunie de toute une année saurait être
faite en cinq jours par le plus simple commis de
bureau.
Le représentant yprois, M. Alplionse Vanden-
peereboom, a voté avec les cléricaux. Nous n'en
sommes pas surpris"
On sent venir les électionsles clowns commen-
cent leurs pirouettes.
TESTE BOVINE.
La peste bovine a éclató a Oostkerke, prés
Bruges.
On nous assure l'apparition de la runderpest a
Hollebeke, arrondissement d'Ypres, dans l'étable
du fermier Dumortier.
A Monsieur l'éditeur de ^Opinion.
Si des écrivains, des peintres, des poëtes, se
sont éventués a décrire la campagne romaine avec
le prisme attaché au souvenir du passé non sans
gloire de l'ancienne Rome si les Chateaubriand,
les Byron s'inspirant des solitudes et des ruines
qui les peuplent, leur ont donné Ie charme indé-
lébile que le génie imprime a tout ce qu'il touche
l'économiste, l'agronome, 1'humanitaire ne peuvent
eux, se payer exclusivement de jouissances litté-
raires et artistiques, avant de rêver il faut vivre,
et pour cela il faut du pain.
Pour l'homme pratique, la grandeur d'un
peuple se mesure, avant tout, a la somme de
bien-être dóvolue a chaque habitant d'une contrée.
L'étude qui a paru dans le numéro de la Revue
des Deux-Mondes du 15 janvier dernier etintitulée
L'Agro Romanola vie agricole et pastorale dans
les anciens États de l'Eglise, par M. Th. Roller,
est une étude curieuse, pleine d'utiles enseigne-
ments, notamment a l'heure présente ou nos clé
ricaux vantent le régime théocratique qu'ils con-
sidérent comme VEldorado sur cette terre, et seul
apte a réaliser le vceu d'Henri IV la poule au
pot le dimanche pour chaque citoyen.
II suffira, monsieur l'Éditeur, de faire passer
sans préambule, sous les yeux de vos lecteurs
habituels, les faits saillants de ce travail, pour
réduire a leur juste valeur les assertions trop
souvent controuvées (et cela pour cause) des pères
Loriquet et au tres.
Après avoir lu les extraits que je donne de
l'Agro Romanoils pourront en conclure que c'est
le gouvernement des Tapes qui est responsable de
la misère et du dénuement sans exemple dans
lequel ils ont laissé tomber le patrimoine de Saint-
Pierreet que ce sera l'Italie unifiée et libre qui
l'a fait entrer dans la grande familie italienne,
qui lui rendra aussi un jour, par la liberte' et le
travail, son ancienne splendeur.
Appauvris de sang et d'or les Etats de l'Eglise
étaient-ils viables sous la Papauté temporelle
Protégés par une armée étrangère, ne devaicnt-
ils pas mourir d'inanition
Dans un pays oh le gouvernement avait en
horreur la lumière en tout, et pour tout notamment
en statistique, il n'y a d'autre moyen d'être éclairé
sur ces questions que de parcourir le pays, de voir
par ses yeux et d'en reproduire le récit exact au
point de vue de l'économie rurale, c'est ce que
M. Th. Roller a fait.
Point n'est besoin, dit-il, pour voir le désert,
d'aller au Sahara ni en Egypte on le trouvera
immédiatement hors de Rome après une demi-
heure de course en voiture, n'importe dans quelle
direction, vous n'avez que de grands espaces
désolés, peuplés seulement de ruines, d'aqueducs
écroulés, de tombeaux, toujours des tombeaux
car c'est la mort qui survit le mieux ici et qui
i) rompt seule la monotonie luguble de ce
i) désert.
Ce néant se nomme l'Agro Romano. Deux cent
mille hectares environ d'alluvion au bord de la
mer et des plateaux volcaniques le long des mon-
tagnes constituent le patrimoine de St-Pierre, tel
que les siècles, les révolutions et l'incapacité du
gouvernement des Papes viennent de le léguer a
l'Italie nouvelle.
Antium, Laurenti, Ostie, désert
Les Marais-Pontins, oü s'étalaient naguère
vingt-trois cités, désert Monte-RotondoBor-
ghetto, Civita-Castellana, de Ronciglione, de
Monte-Fiasconesimples appellations géogra-
phiques moindres qu'un bourg de France. Envi
rons de Rome, territoire done sans habitants.
Viterbe seule, petite ville, avec Civita-Vecchia,
moitié citadelle moitié port de mer qui n'exportait
que des chapelets.
Pour trouver la vie (car l'influence de Rome est
mortifère) il faut aller a Frascati, Albano, Rivoli,
et Subbiaco la seulement il y a de ces paysages
avec cascades, vignes, végétation pittoresque que
les peintres, al'envi, nous ontfait connaitre. Mais,
ainsi qu'au moyen-age, la plaine n'est pas süre et
les chemins sont a peine praticables ce n'est
qu'en caravane que l'on peut voyager, si l'on ne
veut être dévalisé.
Ici citons textuellement l'auteur
Maintenant le brigandage vient d'en bas au
n lieu d'en haut, comme sous la féodalité. Est-ce
a dire qu'il faut répéter le proverbe Romain
done brigand t Ce serait une injustice, car les
ii pontifes sont responsables de l'économie sociale
il qu'ils ont pratiquée et qui a empêché ces popu-
lations de marcher avec le progrès.
Aussi ne voit-on, pour ainsi dire, pas de fermes
dans la campagne romaine, car peut-on appeler
de ce nom un reste de forteresse du moyen-age
appartenant en général a quelques princes romains
habitée par de pauvres diables dont les vêtements
sont misérables, le mobilier nul, les troupeaux
sans valeur, dont pour'tant ils sont responsables
devant leur maitre
Des bceufs qu'ils gardentjamais ils ne mangent
le vendredi perpétuel existe pour eux. LTn peu de
pain de maïs, quelques vorres de vin, quelques
gouttes d'huile rance expriinées des olives de la
montagne, constituent leur unique nourriture
et pour retourner ces landes incultes, il faut la
bêche des rares montagnards, descendant de leurs
repaires, et la besogne faite y retournant.
Sous l'ancienne Rome il n'eil était pas ainsila
charrue avait tout fécondéil a fallu la législation
des Papes, s'opposant au travail, et la possession
des deux tiers du sol par des princes et des prêtres
pour que le désert remplacat bientót la fertilité
primitive.
La main-morte et les fermiers non résidant
résumentles misères agricoles.
Jamais le seigneur ne voit ses terres que pour
chasser se préoccuper de soins vulgaires, admi-
nistrer, ce serait déroger. Aussi charge-t-il de ce
soin un intendant avec lequel iln'a pas de rapports
que pour tirer au clair des comptes plus ou moins
embrouillés.
L'illustre maison Borghèse, qui possède le
dixième du patrimoine de St-Pierre, voudrait-elle
transformer la stérilitó de ses domaines, qu'elle
serait impuissante a le faire.
L'ancien banquier Torlonia seul a su dessécher
le lac Fucino paree qu'il gagnait d'une main ce
qu'il dépensait de l'autre.
Les Borghèse, les Doria, les Rospiglioni, les
Masui, avec leurs trois cent mille écus de rente,
sont moins heureux que celui qui n'a qu'un petit
avoir, non grévé, comme l'est celui de ces princes,
qui ont des couvents a entretenir, des dotations a
continuer, des pensions a payer, des oeuvres pies
a pourvoir, des villas a replatrer, a ratisser, a
tondre, grand train a tenir, domesticité multiple
a soudoyeravouez qu'il y a la de quoi effrayer les
envieux mêmes.
L'on peut dire d'eux que ce sont d'éclatantes
victimes du régime théocratique. Los majorats ne
les font riches qu'en apparence et les appau-
vrissent au fond. Ce n'est pas eux qui possèdent
les majorats ils sont possédós par eux. Mais ou
la misère somptueuse a fait le vide et la mort, la
liberté et le travail feront la richesse, aujourd'hui
que Rome a secouó le joug du froc qui a toujours
été bouillé avec le travail matériel.
Une partie de la propriété dans les Etats du
pape était désignée sous le nom de communeelle
appartenait a des communautés et constituait des
benéjices en faveur des princes de l'Eglise, des
cardinaux, des évêques, abbés, généraüx des
ordres religieux.
Mais si certaines communautés ont contribué
au défrichement de l'Europe, les temps sont bien
changés aujourd'hui, que la pas un jardin de
couvont n'est tenu en bon ordre. Les vignes sont
exploitées par les ordres religieux, et cela pour
cause.
Mais les vins de l'ancienne Rome se sont trans-
forinés en vinaigre faute de soins, et tel nectar
digne de rivaliser avec le Marsalane se consomme
plus qu'a la barrique.
La propriété en général que l'on livre au
Mercanti di campagna, se divise en trois sections
la tenute (ferme) la pastorizia (pature), la macchia
(bois.)
Après avoir vu ce qu'étaient les f'ermes, il reste
a voir ce que sont les bois et la pature.
Le bois est cher a Rome, paree que les f'orêts
sont détruites par les bestiaux. Qui le croirait?
II n'y a pas de distinction bien nette dans les Etats
romains entre forêts et paturages. Tout y va au
hasard, comme les charbonniers, les boeufs, les
moutons et les chèvres veulent bien que tout aille.
Malheur aux arbres isolés, on les détruit par le
feuil y a ce préjugé qu'un arbre est une chose
malsaine paree qu'a son ombre l'on risque de se
refroidir et de prendre la malaria.
Puis comment l'arbuste pourrait-il se déve-
lopper quand le boeuf lui a coupé la tête, le mouton
dévoré les branches et que l'écorce même lui est
enlevée par la chèvre? II est vrai qu'a cóté de
cette dévastation vous avez les princes Chigy qui,
de père en fils, se sont fait une loi de ne jamais
abattre un arbre sur leurs domaines, et qu'a la
villa de Larizia et a la forêt de Castel-Fusano il y
y a des arbres géants.
Mais a quoi sert ce luxe, au point de vue de la
consommation générale, quand il ne donne a leur
maitre que l'ombre et la fraicheur pendant les
journées caniculaires
Voici venir maintenant les bergers. De la mer
a la montagne ils règnent en souverains, mais
dans quel affreux dénuement
Point d'étables' pour ces grands boeufs gris,
iutroduits dans la contrée par les Ilunonés au
milieu des maquis, ils y vivent a l'état sauvage
avec des troupes de chevaux velus comme des
ours, et vagabondant pour chercher leur maigre
pat ure.
Sur les coteaux arides sont dispersés des trou
peaux de moutons, n'ayant pas d'abris contre les
nuits fraiches et les chaudes journées pauvres
animaux convoités cependant par les agents et les
patres, employés par les marchands de campagne,
espèces de demi barbares, satyres vétus de peaux
de boucs, montant des poulains sans ferrure, pour
faire leurs excursions mercantiles dans ces pro-
fondes solitudes.
Puis encore ces misérables pócorari romains,
vêtus de guenilles ou de- peaux de bêtes, qui ne
sont.nourris l'hiver exclusivement que de pain et
de fromage, et l'été d'une soupe nauséabonde
dont l'huile rance, le sel et l'eau font tous les
frais. Qainze a vingt paoli par mois, c'est-a-dire
7 fr. 50 c. a 10 francs, voila leur salaireIls cou-
chcnt dans les cavernes sans se déshabiller,
comme les trogladytes, ou s'installent dans les
ruines de quelque ville ou de ferme abandonnée.
De garde au milieu de la plaine, ils n'ont pour
abri qu'une hutte de roseauxA cóté de ce pro
fond dénuement, voici l'aisance relative Une
vingtaine de hautes perches fichées en terre et
réunies par le sommet forment la charpente de ce
qui constitue, pour le chef ou le second du trou-
peau, Pabri ou il se retire la nuit. Des tiges de
maïs ou de bruyère couvrent cette espèce de,hutte
ïjc