Le tout payable d'avancb.
JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENI
ÏPRES, öimaDche
Bixième année.
11,
17 Mars 1872^
Un Numéro 25 Centimes.
PRIX D'AR
POUR LA B
francs par an4L
Pour l'Etranger
'M
MVsemestre.
enisus.
PRIX DES AXXOiXCES
ET DES RECLAMES s
10 Centimes la petite ligne.
Corps du Journal, 30 centimes»
Paraissant le dimanche.
Laissez dire, laissez-vous btómer, mais publiez votre pensee
On s'abonne a Ypres,
au bureau du Journal, rue d'Elverdinghe, 52.
On traite a forfait pour les annonces souvent reproduitesToutes lettres
ou envois d'aryent doivent étre adressés franco au bureau du journal.
La löite du Journal est transférée, 52, RUE
D'ELVERDINGHE.
Miracles et 5 Charlatans
M. de Laveleye et, après lui, M. Bergé,
l'ont ditLe catholicisme invente partout
des miracles absurdes dans le but de frapper
les intelligences faibles, alimenter le fana
tisme religieux et propager le crétinisme
abrutissant. Achaque instant quelque Notre-
Dame apparaat, mais elle se montre toujours
a des cnfants, la plupart du temps k moilié
idiots ce sont les favoris du ciel, les privi
légiés de la révélation. L'Evangile le pro-
clame en effetBienheureux les pauvres
d'esprit, car le royaume des cieux leur
appartient. Nous aimons micux notre lot,
c'est-a-dire un peu d'intelligence et un peu
moins d'espérance de la céleste béatitude.
Pendant la guerrefranco-allemande, dans
nous ne savons quel village de France, une
Notre-Dame est apparue. annoncant la fin
desmauxdela patrie a... quatre porchcrs
de la commune. Le plus agé, ou le moins
jeune, comptait au plus 13 ans. On se sou-
vient deN.-D. de la Salette, qvi s'est montrée
aussi deux bambins. II est vrai qu'un cer-
tainc demoiselle a été condamnée pouravoir
joué le róle de la vierge Marie et exploité la
crédulitédes habitants. Cela n'a pas empêché
MM. les évêques, après enquêtes et investi
gations, de soutenir que N.-D. de la Salette
était vraie et authentique. Après cclles-ci
sont venues N.-D. de Wottem et N.-D. de
Lourdes. Leurs eaux guérissent tous les
maux, depuis la chute des cbeveux jus-
qu'aux cors aux pieds. Et l'on trouve tou
jours un homme de l'art, un médecin assez
chose pour appuyer de son autorité les ridi
cules affirmations des inspirés èt les effets
miraculeux des produits de leurs saintes in
ventions.
A cóté des Notre-Dame, il y a les stigma-
tisées qui vivent en continuelles contem
plations et en rapports constants avec les
archangcs, les chérubins et les séraphins.
Ce que nous avons de mieux dans ce genre,
c'est la stigmatisée du Bois-d'Haine, la pu-
pille du docteur Lefèvre de l'univêrsité de
Louvain. N'oublions pas son amie la stig
matisée napolitaine, une nouvelle recrue de
la meilleure espèce.
Mais en voici venir encore une autre, et
cette fois, elle appartient a notre pays, a
l'arrondissement de Verviers, a la commune
de Charneux. Naturellement MM. les méde-
eins se sont émus de cette trouvaille mira-
cuieuse et Ie Scalpel a eu l'impudence d'en-
vover quelques docteurs pour constater de
visu ce qui se passait et en faire rapport a
ses lecteurs.
Que les prêtres soient et restent charla-
tans, dit le Scalpel, c'est leur affaire,
mais tous les médecins se montrent pro-
fondément écceurés par la facon dégou-
tante et méprisable (sic) dont se conduit
un praticien de Verviers en cette circon-
stance. On ne tardera pas, sans doute, de
faire connaitre ce disciple d'Esculape, qui
n'a pas honte de souiller son diplome en
faisant intervenir l'autorité scientifique
au profit d'une exploitation aussi scanda-
leuse de la crédulité publique.
Dans la stigmatisée de Charneux, il y a
tout bonnement une pauvre infirme, atteinte
d'une carie du fémur de cause diathésique,
et les prêtres exhibent cette malheureuse
comme une créature miraculeuse marquée
du doigt de Dieu, et l'image vivante des
plaies et des douleurs du Rédempteur. Une
pareille comédie est profondément odieuse,
et nous comprenons ■difiicilemerit l'inaction
de l'autorité en présence de faits qui bles
sent a un si haut point les lois de l'huma-
nité et de la raison.
UN CATÉCHISME CATHOLIQUE.
Nous trouvons ce qui suit dans l'abrégé des
Cours complets d'instruction chrétiennede L. M.
Marotte, vicaire général de 1'éyêque de Verdun
D. Est-il quelquefois permis de tuer un inno
cent?
li R. II n'est jamais permis de tuer directement
un innocent, même en vue de l'intérêt publicmais
on peut, dans le cas d'une nécessité grave et ur
gente, faire une action bonne en elle-même, quoi-
que capable de causer la mort d'une ou de plusieurs
personnes innocentes, pourvu que celui qui fait
cette action, n'ait en vue que le bien qui doit en
résulteret qu'il éloigne de tout son pouvoir le
mauvais effet qu'il redoute.
ij D. Est-on toujours coupable de vol, quand on
prend le bien d'autrui?
R. Non, il peut arriver que celui dont on
prend le bien n'ait pas droit de s'y opposerce qui
a lieu, par exemple, lorsque celui qui prend lebien
d'autrui est dans une nécessité extréme, et qu'il se
borne lorsqu'il prend en secret au procbain, par
manière de compensation, ne pouvant le recouvrer
autrement, ce que celui-ci lui doit a titre de jus
tice.
ij D. Peut-on quelquefois être exempt de l'obli-
gation de restituer?
ii R. Oui, il y a des causes qui exemptent de
l'obligation de restituer, soit pour un temps, soit
d'une manière absolue et pour toujours.
Et ainsi de suite.
C'est la une morale facile, appropriée a la Dévo-
aisée du P. Lemoine. Ce sont bien la des lemons
qu'Arnauld et Nicole eussent taxées de Morale
relachée. Mais elles sont prononcées par une boucbe
ouverte par 1'EgliseHeureusement qu'autre
part, on n'admet point que le devoir doive se plier
aux circonstancesnous ne disons pas dans d'au-
tres communions seulement; mais nous citerons
l'exemple d'un enseignement vraiment religieux
donné en plein tribunal, par une boucbe [que
1'Eglise romaine n'avait point ouverte.
En 1851, Erdan était poursuivi a Paris, par le
procureur delaRépublique pouravoir écrit contre
la peine de mort, et dans le réquisitoire, le magis-
trat l'accusa d'attaquer ainsi la religion. Son dé-
fenseur réponditL'ai-je bien entendu? ce serait
sous la protection de Dieu lui-même qu'on pla-
ii cerait la peine de mort? Dieuest-ce lui qui
ii l'ordonne? Dieu dites-vous?Ou, Quand?
ii Dans quel livre? jamais Dieu n'a prescrit cette
ii affreuse peine, jamaisau contraire il a ditTu
ii ne tueras point. Et vous osez lui faire dire tu
ii tuerasOu done avez-vöus trouvé cet affreux
ii blaspheme? Dans la Bible? Vous vous trompez
ii manifestement. Deux fois, il a parlé de la peine
ii de mort d'abord quand il donna la loi, ces im-
ii mortels dix préceptes, et il écrivit Tu ne tue-
ii ras point, II a proclamé cette parole sublime et
ii l'a réalisée comme juge. II n'a siégé qu'une fois,
ii il a jugé un malfaiteur, un meurtrier (Ca'in) et
n il a dittu ne mourras point...
Ce défenseur était Crémieux. II nous conduit a
une profondeur ou nous retrouvons les principes.
Mais que trouvons-nous dans les paroles de
Marotte? la casuistique que Pascal a si spirituel-
lement et, comme de lui on peut le dire, si religieu-
sement, démasquée; il y a deux siècles.
UN COMMISSAIRE ORTHODOXE.
Les gens naïfs s'imaginent sans doute qu'un
commissaire est chargé de la repression des délits
et de tout ce qui concerne la police. Ahbahoui
Autrefois il en était peut-être ainsi, mais l'avé-
nement au pouvoir du bienbeureux ministère ca-
tbolique a change tout cela. Aujourd'hui les com-
missaires de police font de l'orthodoxie.
Voici, pour le.prouver, une histoire a mourir de
rire. Dimanche dernier, Y Union cliorale de Wer-
vicq donnait un concert et l'administration de la
société avait demandé a M. le commissaire de po
lice de n'être pas astreinte a l'heure de retraite
LOPINIOI
4