JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT YPIIES, Dimanche Dixièine année. N° 12. 24 Mars 1872. PRIX D'AROHHEMElST POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; A fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, le port en sus. Uk Numéro 25 Centimes. Paraissant le dimanche. PRIX DES AXXOXCES ET DES RECLAMES s 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes. Lk tout payaele d'avance. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalrue d1 hlverdinghe, 52. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toules lettres ou envois dargent doivent étre adressés franco au bureau du journal. La botte da Journal est transferee52, RUE D'ELVERDINGHE. YPRES, le 23 Mars 1872. Le ton de plas en plus aigre de 1'Écho du Parlement fait pressentir qu'une nouvelle scission se prépare au sein de l'Association libérale de Bruxelles. Sourd aux appels qui lui viennent de tous les points du pays, le vieux parti doctrinaire a trouvé uil dernier asile dans les colonnes de l'ex-journal offi- cieux pour y con tint: er la guerre de discorde qui a été la cause de tous nets desastres élec- toraux. Nous sommes assez forts, a nous seuls, disaient-ils dernièrement, pour renverser la majorité cléricale. Yraiment, c'est a croire que les malbeureux out perdu la têteCom ment, ils viennent d'etre honteusement battus, coup sur coup, deux fois de suite, aux élections de juin et d'aoüt 1870, et c'est après cette experience decisive de leurs forces, qu'ils parient de vaincre leurs adver- saires sans le concours d'aucune alliance? On ne pousse pas plus loin 1'aveuglement. L'albance, heureusement, se fait malgré eux. Les associations de Gand et d'Anvers, mieux inspirées que les doctrinaires de Bruxelles, reconnaissent hautement la né- cessité d'une union étroite entre toutes les nuances du libéralisme, et nous aimons a espérer que leur appel sera entendu dans tout le pays. Nous voudrions pouvoir ajouter, en ce qui concerne spécialement notre arrondis sement, que les élections prochaines réuni- ront dans un commun effort tous les adver- saires du parti clerical; mais notre Associa tion ne semble avoir pris, jusqu'a présent, aucune decision de nature a faire espérer que ce résultat pourra être obtenu. En vain, depuis deux mois, réclamons-nous, avec in stance, la publication de son règlement re vise. En vain cherchons-nous d'obtenir d'elle un programme de ralbement. Elle fait la sourde oreille, quitte a nous reprocher, le lendemain de sa défaite, d'avoir facilité, par notre abstention, le triomphe des cléri- caux. Vous verrez que si les cléricaux yprois sortent victorieux des élections prochaines, ce qui parait assez probable, au train dont vont les choses, ce sera la faute de 1'Opinion. L'UNION DES LIBÉRAUN. La lettre du comité de l'Association libé rale d'Anvers pose la question du parti bbé- ral comme nous l'avons toujoursfait: 1'union sur un principe nettement défïni et capable de battre en brêche l'influence des ultra- montains, dit Ja Discussion. Comme tous les libéraux beiges qui ne sont pas esclaves d'une coterie, comme 1'Indépendance, comme le Précurseur, le comité d'Anvers repousse et blame hautement la politique de conci liation que les libéraux ont poursuivie pendant vingt ans, et dont le seul effet a été de fortifier les empiétements du clérica- bsme. C'est dans la resistance la plus énergi- que que nous devons désormais trouver le salut de notre cause, s'écrie le comité nous n'avons jamais dit autre chose, et la conduite de nos cléricaux dans la scanda- leuse affaire Kinet, nous montre une fois de plus ce que nous devons attendre de leur tolerance et de leur conciliation. Quant a la question choisie par l'Associa tion d'Anvers pour être le signe de ralbe ment des libéraux dans la prochaine ba- taille electorale, nous y applaudissons sans réserve. L'enseignement obligatoire, l'organisa- tion des écoles moyennes de filles et l'abro- gation de Ia loi de 1842, sont des réformes urgentesd'une importance extréme au point de vue du progrès de notre pays, et qui ont le grand mérite de diviser le moins les véritables libéraux. Sans doute, comme le disait hier encore 1'Indépendance belge, il n'est pas possible de trouver une question sur laquelle tous les libéraux sans distinc tion soient absolnment d'accord; l'esprit même du libéralisme, qui doit être essentiel- lement un parti de libre examen, s'y op- pose. Néanmoins, certains principes ont le privilége de rallier l'immense majorité des libéraux, et la question de l'enseignement est de ceux-la. Sous cette bannière, nous ne demandons pas mieux que de marcher d'accord avec les libéraux de toutes les nuances, depuis les doctrinaires les plus encroütés jusqu'aux radicaux les plus rouges; mais ceque nous revendiquons hautement, c'est, en dehors de la question ou des questions qui feront la base du programme d'union, le droit absolu pour tous les libéraux de conserver l'inté- grité complete de leurs opinions. Pas de compromis! Une alliance bbrement dé- battue et bbrement consentie! A ce prix seulement, le libéralisme deviendra un parti puissant plein de vie et ardent au progrès, au beu d'être un troupeau banal dans la main de quelques ambitieux ou de quelques coteries! La majorité ultramontaine s'exagère beaucoup son importance et ses droits. On voit bien qu'elle croit qu'il suffit d'être majorité pour tout faire et pour tout empêcher. C'est la, il faut bien le lui dire, une grave et dangereuse illusion rien n'est moins réel que cette prétendue omnipotence. C'est oxcéder de beaucoup son droit de majorité que d'étouffer sous le nombre, les reclamations les mieux fondées, les discussions les plus nécessaires; que d'insulter par le bruit et de fougueux emportements les membres de la minorité, que de montrer, enfin, le plus déplorable parti pris contre la raison et la justice. On peut bien faire une fois de ces coups de parti, mais on ne les fait pas tous les jours ni a, tout propos. On ne brave pas non plus tous les jours les usages et les convenances parlemen- taires, oil, si l'on s'opiniatre a ces violences, on se déconsidère bientót. II fut un temps, en France, oü une minorité d'une vingtaine de membres lut- tait seule contre la presqu'unanimité d'une assem- blée toute dévouée a l'empire et qui écrasait de sa force ou de son ironie cette infime minorité. II est cependant arrivé ceci, qu'il a fallu un jour compter avec elle, paree qu'elle avait de son cöté le droit et la véri té. C'est le cas pour la minorité libérale a la Cham- bre, avec cette difference qu'elle est nombreuse et composée d'éléments constitutionnels et conser- vateurs. On a vu, dans une circonstance récente, qu'elle avait 1'opinion publique de son cóté, cette opinion qui, comme on l'a dit avec raison, rem- porte toujours la dernière victoire. Cela s'est vu encore en d'autres temps, lors- qu'une majorité semblable a celle d'aujourd'hui, plus digne toutefois, plus instruite, et plus parle mentaire, paree que ses membres n'avaient pas été tous élevés dans la haine de nos institutions, voulut imposer au pays une loi funeste. Cette loi fut adoptée, mais l'opinion publique la repoussa, et le ministère qui l'avait présentée, la majorité qui l'avait votée, tombèrent devant l'émotion sou- levée par ce coup de parti. Or, que sera-ce si la majorité actuelle, qui ne sait rien des traditions parlementaires, qui mé- prise la Constitution, qui insulte a la majesté des lois et de la royauté, qui injurie la magistrature Laissez dire, laissez-vous bl&mer, mais publiez votre pensee

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1872 | | pagina 1