JOURNAL D'YPEES DE L'AMOMSSEMENÏ
Yl'RES, Dimanche
Dixième année. J^° 16.
21 Avrii 1872.
Le tout payable d'avancb.
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POUR LA BELGIQUE
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Ur Numéro 25
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ET DES RECLAMES
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Paraissant Ie dimanche.
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au bureau du Journalrue d'Elverdinghe52.
Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez voire pensee
On traite a forfait, pour les annonces Souvent reproduit.es. Toutes lettres
ou envois d'argenl doivent étre adressés franco au bureau, du journal.
Doimant, doimant.
La fameuse polémique qui durait depuis
plus de six semaines entre 1'Echo du Parle
ment et 1'Indépendance est enfin terminée
et nous ne pensons pas que personne songe
a s'en plaindre.
Si lassante qu'elle ait pu paraitre a bien
des gens et nous sommes du nombre
cette polémique aura eu cependant son cóté
utile. II est maintenant visible a tous les
yeux qu'ert ouvrant contre les progressistes
une campagne en règle, 1'Echo du Parle
ment n'a pas eu d'autre but que d'obtenir
l'extirpation c'est le mot dont il s'est
servi de trois des députés de Bruxelles
qui représentent plus spécialemeut l'élé-
ment avancé du libéralisme a la Chambre.
Si 1'Echo du Parlement était un journal
comme beaucoup d'autres c'est-a-dire
l'organe d'une on de quelques individualités
politiques, nous n'aurions rien a dire. Si
M. Hymans, désireux de rentrer a la Cham
bre, avait soutenu, dans un journal a lui,
la thèse qu'il a défendue dans 1'Echo du Par
lement, on ne pourrait s'en prendre qu'a
lui seul des divisions qu'elle devait néces-
sairement provoquer dans le sein du libé
ralisme.
Mais 1'Echo affiche et non saus raison
une prétention plus haute. Du jour oü il
a été fondé, il s'est posé comme le x^eprésen-
tant de tont un groupe d'hommes politiques,
qui sont eux-mêmes les chefs dirigeants du
parti doctrinaire. L'Echo n'est point
M. Hymans. II est, et il s'honore d'etre
l'organe en quelque sorte officiel du doctri-
narisme.
Lors done que ce journal réclame l'exelu
sion de trois représentants progressistes, il
importe peu que ce soit M. Hymans on tout
autre rédacteur qui tienne la plume. En
réalité, ce sont les doctrinaires qui formu-
lent une telle exigence et qui invitent le
corps electoral a s'y conform er.
Les choses étant ainsi établies, il devient
clair comme le jour que les progressistes de
province joueraient un röle de dupes, s'ils
consentaient a appuyer de leurs votes et de
leur influence les candidatures doctrinaires
dans leurs arrondissements respectifs.
Quoi, la oü, comme a Bruxelles, les doc
trinaires croient pouvoir se passer de notre
concours, il leur serait permis de chasser
nos amis de la Chambre, et nous, en retour,
nous irions voter pour eux la oü, comme a
Ypres, notre appuif leur est indispensable
pour réussir? En vérité, on nous croit aussi
par trop naïfs. Paree que nous avons donné
dans le panneau deux ou trois fois, on
s'imagine que cela va toujours durer. On se
trompe.
Donnant, donnant. Si le parti doctrinaire
désire une entente, soitnous sommes tout
disposés a en discuter les bases. Mais il doit
être bien entendu que, l'entente consommée,
il renoncera a nous enlever nos positions
acquises.
Au contraire, veut-il la lutte Nous l'ac-
cepterons, et la lutte ouverte nous
combattrons le doctrinarisme partout oü
nous le rencontrerons, non-seulement dans
les arrondissements oü nous aurons quelque
chance de succès pour un des nótres, mais
même dans ceux oü nous combattrons seu-
lement pour l'honneur du drapeau.
PLUS CATHOLIQUE QUE LE PAPE.
Univers est abasourdi du blame que le pape
vient de lui infliger. II est dur, pour la feuille a
Veuillot, d'entendre proclamer par le saint Père
qu'elle est intolérante et que manquant totale-
ment de charité, elle n'est pas vraiment ca-
tholique.
M. Louis Veuillot imprime
La parole du saint Père inflige un blame
inattendu a l'opinion que nous représentons, et
nous ne pouvons dissimuler que ce blame sera
considéré comme tombant exclusivement sur
r nous.
n Nous sommes des enfants d'obéissance
n notre principale et unique affaire est d'obéir.
i) Si done le Juge estime que notre oeuvre ne peut
ii plus recevoir de nous le caractère que réclame
l'intérêt de l'Eglise, elle sera terminée et nous
disparaitrons.
M. Veuillot parle de cesser son oeuvre et de dis-
paraitre. II a en effet le droit de se plaindre des
caprices de l'infaillibilité11 n'y a pas longtemps
que le pape bénissait 1' Univers et en faisait le plus
grand éloge. C'était a l'époque oü il recevait avec
distinction la rédaction du Bien public et la félici-
tait de son zèle. Depuis, ce journal, comme
1' Universa continué de la même manière, il avait
done toute raison de croire que l'oeuvre de la
presse ultramontaine était toujours tres sympa-
thique au Vatican.
Ce n'est pas elle qui a changé, c'est le pape,
qui ne cesse pas pour cela d'etre infaillible Mais
c'est que l'aveuglement se dissipe et qu'on décou-
vre qu'on a fait fausse route, qu'on s'isole dans le
monde et que le malheur des temps fait qu'il
n'y a plus de place nulle part pour une politique
fondée sur la domination universellepar l'Ency-
clique et le Syllabus. On ne peut pas se désa-
vouer soi-même, puisqu'on est infaillible on dé-
savoue les instruments de cette politique si fausse
et d'un anachronisme si évident. C'est prudent,
mais peut-être qu'on s'en avise un peu tard.
UN PELERINAGE A LA BRIELLE.
(Suite.)
Nous nous embarquons notre bateau fend ra-
pidement le flótle clocheton qui domine l'embar-
cadère de Dordrecht disparait, bientöt s'efface la
tour massive de la grande église. Une heure après,
on signale Rotterdam. L'arrivée a Rotterdam
offre un coup-d'ceil splendide la Meuse y forme
un are immense, aussi loin que porte la vue se
dressent des mats dont les pavilions s'agitent
joyeusement au vent. Nous pergons la ligne des
navires et nous trouvons tout juste la place voulue
pour amarrer. Nous abordons, convaincus qu'il
faudra pousser plus loin, jusqu'a la Brielle ou
ailleurs, faute de pouvoir nous caser une nuit
nous parvenons cependant a trouver un gite, un
peu haut, il est vrai, mais quatre étages ne nous
font pas peur.
Déja la ville est en' liesse Si je ne craignais de
me brouiller avec Bertram, qui a une sainte
horreur pour ce vers de Boileau, je dirais Ce
ne sont que festz.... Je ne l'ai pas dit. Les rues
sont encombrées le soir, dans la Hoogstraat,
on circule a peine nous croyons soupgonner déja
l'entrain dulendemain.
Voici le premier avrilil est sept du matin, le
soleil fait des promesses superbes nous montons
a bord d'un petit navire qui fait escale a Rotter
dam et nous naviguons vers la Brielle, en com
pagnie de braves paysans et de jeunes paysannes,
leurs promises, j'aime a le croire, car si elles
n'étaientpoint engagéescomme on dit ici, on pour
rait leur reprocher peut être un exces d'abandon.
Un de mes compagnons de voyage, voyant que le
front de ces demoiselles est garni de tire-bouchons
d'or, que l'on nomme, je crois, hoofdyzers, s'ima
gine que ce sont des travaux de défense destinés a
empêcher les approches, mais il doit convenir avec
moi que ces hoofdyzers rappellent singulièrement
les piéges a loups On lit écrit en grands carac-
tères Hier liggen wolfijzers, mais tout le monde
sait qu'il n'y en a point et l'enseigne n'a jamais
arrêté les voleurs.
Notre petit steamer fait force de vapeur nous
laissons derrière nous les moulins de Schiedam,
le clocher de Vlaardingen nous distinguons au
loin des navires aux formes étranges C'est
l'escadre cuirassée qui attend le roi il y a trois
monitors et deux béliers {rammen). Le roi ne peut
t