JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSËIENï La Cibculalre de M. le Ministee de la Justice aux Evêques. 12 Mai 1872. PRIX D'AROXXEMEXT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour I'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes PRIX DES AXXOXCES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, SO centimes» Paraissant le dimanche. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalrue dlElverdinghe, 52. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduces. Tout.es lettres ou envois d'argent doivent être adressés franco au bureau du journal. I ja circulaire Buzette. M. Ruzette, commissaire d'arrondisse- ment a Ypres, par la grace de.M. Kervyn que quelques-uns se complaisent encore a décorer du nom de Lettenhove a eu l'insigne honneur, bientót suivi d'une affli- geante disgrace, d'occuper pendant quel- ques moments 1'attention de la Ghambre des représentants. M. Ruzette, élevé a la bonne école, a trouvé tout naturel de prescrire aux bourg- mestres de son arrondissement de garder une neutralité absolue a l'occasion des futures elections a tous les degrés. Nous pourrions faire remarquer d'abord a M. Ruzette que son a l'occasion des elec tions est d'une pureté plus que douteuse au point de vue de la langue: On patissier peut dire trés correctement qu' a l'occa sion de telle ou telle l'ête, il fabriquera des brioches ou des tartes a la crème mais il est absolument inadmissible qu'on fonc- tionnaire public, s'adressant a ses subor- donnés, leur recommande la neutralité a l'occasion de telle ou telle circonstance. Noël et Chapsal s'y refusent eomplétement. Mais n'insistons pas la-dessus. Après tout, iln'est pas absolument indispensable qu'un commissaire d'arrondissementsache écrire et parler correctement. Sans sortir do notre arrondissement, nous pourrions citer plus d'un honorable représentant a qui la langue francaise joue souvent de mauvais tours. Ce qui nous semble plus difficilement admis sible, c'est qu'un fonctionnaire qui occupe, dans la hiërarchie administrative, un rang relativement élevé, se montre a ce point ignorant des premiers principes de notre droit" constitutionnel, qu'il se permette d'adresser a des bourgmestres une circu laire du genre de celle qui a pour auteur M. Ruzette. Ou M. Ruzette a-t-il été prendre qu'en.sa qualité de commissaire d'arrondissement, il avaitmissiondetracerune ligne de conduite, en matière électorale, aux bourgmestres, qui sont des magistrats électifs et, par con séquent, indépendants de lui Que, pour certains actes de leur administration, ces magistrats soient placés sous votre surveil lance, M. Ruzette, rien de mieux, puisque la loi le dit. Mais, hors ces actes, ils n'ont ni avis, ni ordres a recevoir de vous, et ce nous est un étonnement a nul autre pared que des choses aussi élémenlaires vous soient inconnues. Interpellé par M. Guillery, M. Delcour a dü reconnaitre lui-même que Mr notre com missaire d'arrondissement avait excédé ses pouvoirs. Mais ce n'était pas assez que cet aveu. Gomme l'a fait trés judicieusement remarquer M. Rara, la circulaire de M. Ru zette constitue,au premier chef, une immix- tion du gouvernement dans les affaires élec- torales, un de ces abus d'influence que la circulaire du ministre de l'intérieur avait précisément pour but de refréner. M. Ruzette sera-t-il averti? M. Ruzette sera-t-il reprimandé? II n'y a pas a l'espé- rer. On le désavoue paree que i'on y .est con- traint, parce que l'on ne peut pas faire au_ trement que de le désavouer. Mais la chose n'ira pas plus loin, et si M. Ruzette sollicite un jour de l'avancement, il n'aura garde d'omettre par mi ses titres a la faveur du mi nistère, cette inème circulaire qui lui vaut aujourd'hui uil désaveu en public, mais peut-être des compliments en catimini. L'union est faite.entre tous les libéraux de la capitale. L'Association libérale de Bruxelles et les Associations des faubourgs s'entendront pour assurer la réélection des treize deputes sortants. L''Echo du Parlement reste seul avec sa politique d'extirpation. Aussi la colere de ce journal est-elle grande. 11 s'écrie Les milliers de libéraux que compte notre arrondissement ont bien 'aussi, nous semble-t-il, leur mot a dire. n Le diront-ils? C'est leur affaire. S'ils se tai- sent, s'ils restent immobiles, s'ils se laissent em- porter par le flot et se préparent ainsi de cruels regrets pour l'avenir, ils en porteront la peine. Le jour oii l'élément qui se fait humble aujourd'hui pro electionerelèvera la tête et s'entendra, comme il le fera sans nul doute, pour compléter l'oeuvre de destruction du parti libéral, lés sourds qui n'auront pas voulu entendre ne pourront nous reprocher dene pas les avoir avertis. Notre profond désintéressement nous fait voir clair dans une situation que d'autres s'obstinent a ne pas comprendre. Mieux vaut prêcher dans le désert que d'abandonner ce que l'on croit juste et d'applaudir ce que l'on croit fatal. S'il nous est réservé d'assister au naufrage, hélastrop pro bable, du libéralisme dans la capitale, nousau- rons au moins la consolation d'avoir assuré la revanche, en conservant intact le drapeau sous lequel seul elle est possible. On croit rêver en lisant ces lignes. Si l'on avait suivi les conseils de 1 'Echo du Parlementil y aurait eu scission, et Bruxelles aurait éluplusieurs can- didats catholiques. Cela est incontestable. Et parce que, grace a l'union de tous, on écarté une pareille éventualité, une feuille qui se prétend libérale, affirme qu'elle assiste au naufrage du libéralismeII est a désirer, n'en déplaise a YPcho du Parlementque le libéralisme fasse sou- vent naufrage de cette fa§on-la. Chronique électorale. La lune rousse fait sentir -son influence dans l'ordre politique comme dans l'ordre atmosphé- rique il pleut des circulaires, les unes plus étranges que les autres, toutes tombant comme des tuiles sur la tête des libéraux ahuris. En voici une nouvelle, échappée, parait-il, a la poche indis- crète d'un vicaire distrait en tournee électorale et que nous nous empressons d'offrir en primeur a nos abonnés. La reproduction n'en est pas interdite aux Jour- naux cléricaux. Voici Monseigneur, Vous n'ignorez pas qu'en présence des trois elections par lesquelles le pays va être appelé a clioisir ses mandaires a tous les degrés de notre ordre politique, mes honor&bles collègues des Finances, de l'intérieur et des Travauxpublics, ont jugé nécessaire d'adresser, a tous les fonction- naires relevantsde leurs départements, une circu laire par laquelle ils imposent, auxdits fonction- naires, le devoir d'une neutralité absolue dans les luttes que les partis vont entreprendre. II ne saurait naturellement entrer dans ma pensée, Monseigneur, de Vous tenir le même lan- gage. Le Clergé, je le sais trop bien, n'a d'ordres a recevoir de personne. Bien au contraireII a, été divinement institué pour en donner lui-même a tous, et nous, ministres civils, ses indignes servi- teurs, nous Lui devons, tout les premiers, une obéissance et une soumission sans limites. Aussi, Monseigneur, si, comme ministre de la justice, je viens, sur le conseil de mon honorable collègue des Finances, au département duquel le Clergé semble plutót ressortir qu'au mien, je viens, dis-je, prendre la respectueuse liberté de Vous parler des élections futures, n'est-ce point pour recommander encore une neutralité dont nous, les premiers aussi, serions infailliblement dupes et victimes. Tant s'en fautJe viens au contraire, Monsei gneur, Vous dire qu'il entre profondément dans les secrets désirs du Cabinet que le Clergé, con- Le tout payable d'avance. Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensee

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L’Opinion (1863-1873) | 1872 | | pagina 1