genees de son cousin, l'évêque de Bruges. Si les
libéraux qui siégeaient au conseil communal a
cette époque et qui pourtant n'étaient pas des ra-
dicaux, ne lui avaient pas fait une opposition
énergique, la ville d'Ypres était cléricalisée depuis
longtemps par les projets concüiants de M. Van-
denpeereboom.
Et, a la Chambre, n'avons-nous pas vu notre
représentant repousser successivement 1'abolition
de la peine de mort et celle de l'art. 17St, deux
mesures libérales proposées par M. Bara? Ne
1'avons-nous pas vu tout récemment voter le main-
tien d'un ambassadeur beige auprès du Pape, qui
n'est plus un souverain temporel, et charger ainsi
le budget déja si lourd d'une dépense inutile? Ce
vote, M. Vandeupeereboom l'a émis en compa
gnie du parti clérical. La gauche toute entière, a
F exception de quatre de ses membres, vota pour
la suppression du poste. A qui done fera-t-on ac-
croire que M. Vandeupeereboom a eu raison d'en
agir ainsi et que tant de collègties d'un talent re-
connu et de convictions respectées, dont le libé
ralisme a fait maintes fois ses preuves, ont erré
Qa été de tous temps le grand tort de M. Vanden-
peereboom de vouloir ménager, comme on dit vul-
gairement, la chèvre et le cliou. II a fait de nom-
breuses concessions au parti clérical quand il
pouvait rendre ce parti a tout jamais impuissant
dans l'arrondissement d'Ypres. Mais les cléricaux,
plus fermes que lui, ne lui en savent aucun gré.
Profitant de ses faiblesses, ils le combattent avec
les armes qu'il leur a fournis. Quant aux libéraux,
après avoir éveillé leur méfiance, il ne rencontre
plus, chez un grand nombre d'entr'eux, que l'in-
différence, le découragement ou même l'hostilité.
M. Vandeupeereboom tombe aujourd'hui victime
de ses propres fautes et, dans sa chute, il entraine
momentanément le parti liberal dans l'arrondisse
ment. C'est son chatiment et ce sera son remords
en même temps qu'une le^on pour nous tous. Les
transactions perdent les hommes sans sauver les
principes.
CHOSES ET AUTRES.
Les doctrinaires, dans leurs tournées électo-
rales, ne manquent pas de raisons, les unes plus
mauvaises que les autres, a alléguerpour engager
les électeurs a voter pour leur candidat. S'il fal-
lait les en croire, du sort de M. Alph. Vanden-
peereboom dépendrait celui de tout le conseil
communal. La vérité est que les deux élections du
11 juin et du 1" juillet n'ont aucun rapport entre
elles et que la majorité du corps électoral yprois
saura parfaitement donner la victoire aux libé
raux, si l'on a soin de lui présenter des candidats
dignes de ce nom et si 1'Association moribonde
veutbien ne plus s'occuper de nos affaires.
Ou dit encore, parlant de M. Alph. Vanden-
peereboom et de son compétiteur cléricalde deux
maux il faut choisir le moindre.
Sans s'arrêter a ce que cette comparaison entre
notre représentant et un mal a de peu gracieux
pour sa personne, il faut avouer que ce proverbe,
d'une application si fréquente dans la vie journa-
lière, est tout a fait déplacé ici.
De deux maux choisir le moindre, fort bien
quand il faut nécessairement en choisir un. Mais
tel n'est pas le cas. II s'agit ici uniquement de
nommer unmandataire, e'est-a-dire quelqu'un qui
est chargé de représenter les opinions du votant,
de se mettre en quelque sorte a sa place. Or, quand
ce votant se trouveen présence de deux candidats
dont les opinions sont l'antithèse des siennes,
quand il sait que ces candidats feront tous deux
précisément l'inverse de ce qu'il ferait, que doit
faire ce votant? S'abstenir, ne voter pour aucun
des deux. De la sorte, il ne choisit pas le moindre
des deux maux, mais illes évite tous deux dans la
mesure de ce qui lui est possible.
On fait aussi un chaleureux appel a l'union du
parti libéral. On sait comment les doctrinaires
comprennent l'unionl'arrogance, le dédain quand
ils sont puissants, les supplications et la bassesse
en face du danger. A Ypres, oü leur étoile s'est
éclipsée, ils prêchent l'uniona Bruxelles, ou ils
se croyaient les plus forts, ils ont tentó la scis
sion, essayant d'exclure un des députés les plus
convaincus et les plus capables parmi les treize.
En vérité, nous serions bien niais, nous autres
progressistes, cl'appuyer ceux qui ne cherchent
que l'occasion favorable d'extirper »partout nos
amis.
La corde que Ton fait résonner le plus depuis
quelques jours, c'est la corde sensible. Des faits
et gestes politiques de M. Alph. Vandenpeere-
boom, de ses opinions, de ses actes comme mi-
nistre ou de ses votes comme représentant, il n'en
est guère question. On détaille, on exagère les
services que le candidat arendus a Pierre, a Paul
ou a Jacques et l'on fait appel a leur reconnais
sance.
Que ceux qui ne voient dans le scrutin qu'une
occasion d'être agréables, votent pour M. Al-
plionse. Nous disons, nous et ici nous nous
adressons a ceux qui pensent nous disons que
c'est avec la raison et la logique, non avec le cceur
et le sentiment, qu'on fait de la politique.
Qu'on lise l'appel aux électeurs dans le Progrès
du 2 juin. Est-il possible de descendre plus bas
dans la bassesse et le ridicule? Un mendiantinvo-
quant la charité du passant a plus de dignité
dans ses supplications que le Progrès dans son
ignoble jérémiade. M. Vandenpeereboom est bien
a plaindre d'être défendu par de pareilles plumes.
Quelqu'un a défini le factum du Progrèsune
larme avant l'enterrement. Si l'événement donne
raison a ce mot, encore les Scribes du Progrès
devraient-ils savoir mourir avec dignité.
L'époque la plus pénible de la carrière politique
de M. Alph. Vandenpeereboom a été, parait-il,
son passage au ministère. II a passé sept an-
nées, dit le Progrès, sur le banc de douleur du
département de l'intérieur.
Nous connaissons pas mal de gens ayant Fair
trés heureux et qui échangeraient pourtant vo-
lontiers leur félicité contre cette douleur ininisté-
rielle tarifée a 21,000 francs par an.
D'ailleurs, si M. Vandenpeereboom était si mal-
heureux au département de l'intérieur, pourquoi
y est-il entré ou pourquoi n'en est-il pas sorti plus
tót.
Le Journal Ypres fait un appel au devoir et a
la conscience des catholiques a l'occasion de l'élec-
tion du 11 juin. On ne comprend pas trop ce que
la conscience, au moins telle que la comprend l'es-
prit religieux, vient faire en matière électorale.
Mais n'est-il pas surtout étr.mge de voir invoquer
le devoir et la conscience par les souteneurs de la
bande Langrand?
Qn annonce pour aujourd'hui un grand pèleri-
nage.
On dit que tout ce que notre arrondissement
possède de plus intelligent doit seréunir a 3 heures
devant le porche de l'église St-Martin. II y aura
plus de 3,000 personnes. Nous ne croyions pas
vraiment les aigles si nombreux dans ce pays. On
raconte aussi qu'a cette occasion la pate électorale
sera pétrie par le grand boulanger venant tout
expres de Bruges. II sera entouré d'un grand
nombre d'enfarineurs.
LES NÉOPHYTES.
Prjez pouh eux. C'est chose remnrquable et
consolante tout a la fois de voir le bien que fait a
notre sainte religion la présence au ministère de sept
cléricaux bon teint. La pièté, en présence des fa
veurs gouvernementales ou d'un scrutin électoral,
ca se gagne avec une rapidité effrayantec'est comme
le choléra.
Dimanche dernier, les fidèles ont été particulière-
ment édifiés. Non-seulement un plus grand nombre
de bayonnettes plus ou moins intelligentes faisaient
oor lége aux canons de l'Eglise dans leur promenade
annuelle, mais on a de plus remarqué la présence de
M. Alph. Vandenpeereboom a la grand'messe et l'at-
titude pleine de componclion de M. le procureur du
roi sur le passage de la procession. La ferveur de
l'honorable magistrat était, rlit-on, si édifiante, son
attitude si humble et si contrite, que tout le monde
a cru qu'il implorait une nouvelle absolution. Tous
les regards cherchaient M. le curé de St-Pierre.
Espérons que le ciel aura exaucé les voeux de ces
deux néophytes que nous recommandons, pieux
lecteur, a vos charitables prières.
Par arrêté royal du 21 mai 4872, le sieur Hans-
sens, conservateur des hypothèques a Ypres, est,
sur sa demande, admis a faire valoir ses droits a la
pension de retraite.
Faits diTers.
Terrible accident. Trois rictimesUn af-
freux malheur est venu affliger, dimanche der
nier, a Bruxelles, plusieurs families d'ouvriers.
Vers une heure après-midi, quelques gamins
jouaient dans une maison en demolition, impasse
St-Dominique, rue des Ghats, quartier du Vieux-
Marché, prés du nouveau boulevard, lorsque tout
a coup s'effondra un plancher qui écrasa et ense-
velit trois de ces jeunes imprudents dont Fame
n'a que seize ans. Tous trois avaient cessé de vivre
lorsqu'on les retira des décombres. On juge l'émoi
causé dans ce populeux quartier par une semblable
catastrophe.
La police et diverses autorités,des médecins,etc
sont venus immédiatement sur le théatre de l'ac-
cident, tandis que la foule couvrait tous les abords
du batiment en ruines.
Un crime. Les journaux de Lyon annoncent
qu'un crime horrible vient d'être commis duns
cette ville.
Mardi, au point du jour, des laitières de la
banlieue ont apereu un sac déposé au pied du mur
d'un couvent, sur le chemin dit des Hirondelles,
a trois cents mètres environ du poste de l'octroi.
Ce sac renfermait le cadavre encore tiède d'un
liomme a-gé et dont la tête avait été horriblement
broyée comme a coups de marteau.
Le cadavre a été reconnu pour celui d'un sieur
Patricot, commissionnaire portefaix, domicilie a
la Croix-Rousse.
Cinq individus ont été arrêtés.
Une figure artificielle. II y a, en ce moment,
au Val-de-Grace, dans le service du docteurDar-
dignac, un soldat age de 27 ans, qui présente une
particularité fort curieuse.
Atteint au visage par un éclat d'obus, a Grave-
lotte, le 16 aout 1870, le malheureux fut horrible
ment défiguré. II fut d'abord soigné a Metz; puis
ses plaies ayant été cicatrisées, il fut évacué sur
Colmar et ensuite envoyé a l'höpital du Val-de-
Grace.
Aujourd'hui, ce pauvre blessé est en parfaite
santémais entre le front et les lèvres, il y a un
vide qui dénature son visage et fait mal a voir.
On a essayé de remédier a eet inconvénient,
autant que la science le permet. On lui a posé un
nez artiliciel et une sorte de plaque en gutta-per-
cha pour l'intérieur de la bouche. A cette plaque
sont adaptées trois dents destinées a remplacer
celles qui ont été enlevées.
Ce n'est pas toutla gencive du cóté droit ayant
disparu, on 1'a remplacée par une gencive postiche
tres habilement adaptée aux parties charnues de
la joue. Enfin, un ceil artificiel, en verre, compléte
ce travail de reparation, qu'on nous passe le mot.
Cet infortuné jeune homme est trés content,
trés résigné. On lui a pour ainsi dire refait le vi
sage, qui est, a proprement pari er, un chef-
d'oeuvre de mécanique chirurgicale.
Un duel. On lit dans la liberie
Une rencontre a l'épée a eu lieu au bois de
Vincennes, entre MM. Paul de Cassagnac et
Edouard Lockroy.
Le combat a eu lieu a cinq heures un quart, le
lcr juin, et, après six reprises, a la suite desquelles
trois constatations de coups portés ont été néces
saires.
M. Edouard Lockroy a rec,u a la main droite
une blessure qui a nécessité, d'après l'avis des
>fc sjc
:H