JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEIENT
YPRES, Diinanche
ixième année. N° 30.
14 JuiUet 1872.
PBIX ni!8«MEUE\r
POUR LA BELGIQUE
francs par an; A fr. 50 par semeslre.
Pour l'Etranger, Ie porl en sus.
Us Numéro 35 Centimes.
PRIX DES AXUOXCES
ET DES RECLAMES
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au bureau du Journalrue d'Elverdinghe, 52. i ou envois cPargent doivent étre adressés franco au bureau du journal.
Grourmand point ne seras
Les chers petits vicaires essaient de faire bonne
mine a mauvais jeu. Mais cela ne leur réussit
guère. Us ont beau démontrer, par les plus beaux
calculs du monde, que la journée du le' juillet a
été une victoire éclatante pour leur parti. Au fond,
le sentiment de leur défaite les écrase, et c'est
l'injure aux lèvres qu'ils parient de cette journée
qui ne devrait éveiller dans leurs belles ames que
des pensers de joie et de réjouissance.
II faut être juste. Ce qui arrive aujourd'hui aux
petits vicaires n'est pas fait pour leur mettre la
gaieté au coeur. Pensez done le ministre Kervyn
avait fait ime loi tout expres pour assurer la do
mination a perpétuité des petits vicaires et des
jésuites. On avait fait des statistiques sans nom-
bre, et l'on était arrivé a la certitude que, cette
loi votée, on allait pouvoir s'emparer sans con-
teste des conseils communaux de toutes les villes
du pays.
Déja, jésuites et petits vicaires se forgeaient,
comme la laitière de Lafontaine, une félicité qui
les fesaient pleurer de tendresse. Maitres absolus
des conseils communaux de Bruxelles, d'Anvers,
de Gand, de Liége, de Mons, de Tournai, de Lou-
vain, d'Ypres, etc., etc. Quelle bonne aubaine!
Rien que d'y penser, les petits vicaires n'en dor-
maient plus.
Puis, tout a coup, patatras le pot au lait se
brise en mille morceaux, et l'on s'apergoit que la
loi sur laquelle on avait fondé tant d'espérances
est précisément la cause tie sa cbute II faudrait
avoir le coeur bien dur pour ne pas compatir a une
aussi épouvantable infortune et pour ne pas ex-
cuser la rage a laquelle s'abandonnent les dits
petits vicaires.
U y a quelque cliose de pis que d'être battu,
c'est de se sentir ridicule. Les petits vicaires se
sentent ridicules. On n'a pas oublié ils s'en
vantent bien que ce sont eux et leurs pareils
qui ont soutenu le plus vivement le principe de la
reduction du eens électoral a 10 francs. Ils n'a-
vaient pas alors assez d'ironies, assez de sarcas-
mes pour se moquer des libéraux qui condam-
naient cette réforme.
Et voila que c'est par cette réforme qu'ils pé-
rissent et que le parti libéral remporte, a son
grand étonnement, une éclatante victoire L'his-
toire des pays parlementaires offre peu d'exem-
ples d'un auSsi amusant vaudeville.
Certains bossus rient eux-mêmes de leur bosse.
C'est, pour eux, le meilleur moyen d'empêcber les
autres d'en rire. Prenant exemple sur ces bossus,
les petits vicaires auraient pu fermer la boucbe
aux plaisants en se moquant, tout les premiers,
de leur mésaventure. Après tout, les petits vi
caires ne sont pas le papeils peuvent faillir sans
que la base du monde en soit ébranlée.
Malheureusementils n'ont pas eu ce bon
esprit-la. Au lieu d'accepter bravement leur dé
faite et d'avouer leur erreur, ils se sont mis a
vouloir prouver que la réforme électorale avait
répondu pleinement a leur attente et qu'ils
avaient tout lieu d'être ravis de la première
épreuve qu'ils en avaient faite le lcr juillet der
nier. A partir de ce moment, les hommes les plus
graves n'ont plus pu conserver leur sérieux et
la Belgique entière s'est épanouie dans un im
mense éclat de rire. Jamais, quant a nous, nous
n'aurions soupijonné qu'il y avait tant de gaieté
dans l'arithmétique.
Mais nous en allons voir bien d'autresIS Asso
ciation cléricale de Bruxelles prépare un grand
travail qui sera le dénombrement des élections
communales dans toute la Belgique et d'oü il ré-
sultera cette conclusion est arrêtée d'avance
que les cléricaux ont obtenu la majorité dans les
trois quarts des communes du pays.
Voyez-vous, dès maintenant, ce beau travail?
II avouera ce serait bien difficile de ne pas
l'avouer que sur 41 chefs-lieux d'arrondisse-
ment, les libéraux en ont gardé ou conquis 31.
Mais il y sera établi, en revanche, qu'ils ont suc-
combé dans deux ou trois cents villages comptant
tous ensemble autant d'électeurs que trois ou
quatre sections de Gand ou de Bruxelles. Comme
ce sera concluaLt, n'est-ce pas? Et comme il sera
bien établi désormais que le sentiment public est
avec le parti des jésuites ét des petits vicaires
Mais VAssociation cléricale aura beau faire. Si
les chiffres sont brutaux, les faits ne le sont pas
moins. Quand 1'Association aura fini ses calculs,
il n'en restera pas moins établi que le parti cle
rical a été indignement rossé dans les dernières
élections et qu'après ce dernier essai qu'il vient
de faire de ses forces, ses jours sont comptés.
Le Journal d'Ypres trouvera peut-être que nous
traitons bien légèrement ces graves questions.
Qu'y pouvons-nous faire Depuis le four énorme
qu'il a fait le ler juillet, il nous est devenu absolu-
ment impossible de le prendre au sérieux et le rire
nous gagne chaque fois que nous pensons a sa mé
saventure. Mais aussi quelle imprudence de se
frotter aux électeurs de la ville Les petits vi
caires ne pouvaient-ils pas se contenter de triom-
pher dans les élections oüles campagnes dévouées
leur apportaient un appoint décisif Fallait-il en
core conquérir les suffrages des libres bourgeois
d'une grande cité Dieu vous a ctuellement punis
de votre gourmandise, cbers petits vicaires. En
un jour, vous avez perdu tout le fruit de deux ans
de travail.
TRIPLE MENSONGE.
Un journal dont la triste spécialité est d'inju-
rier, de calomnier et de mentir, le Progrès, c'est
tout dire en un mot, accuse nos amis d'avoir fait
autographier, pour l'élection du ler juillet, des
bulletins imitant complétement ceux dê l'Associa-
tion libérale, sauf la substitution d'un nom a un
autre.
Emanant du Progrèsdont les patrons viennent
encöre de tromper le corps électoral avec le dan
ger cbimérique de l'entrée d'un clérical au con-
seill'accusation de duplicité est au moins
étrange
Pour se convaincre d'ailleurs de la fausseté de
cette accusation, il suffit de comparer les deux
bulletins. On verra que caractères, disposition
générale, encre, tout diffère.
Le Progrès a done menti, tout comme il men-
tait la veille des élections en nous reprochant
d'avóir injurié ses amis. Les personnes qu'il met
en jeu elles-mêmes lui donnent un démenti.
II ment encore aujourd'hui en affirmant qu'une
seule démission a été envoyée a l'Association.
II est vrai que les meneurs ne tiennent aucun
compte des démissions données et que les démis-
sionnaires continuent a être convoqués aux réu-
nions comme au temps oü ils faisaient partie de la
Société. II est des personnes qui n'ont jamais fait
partie de l'Association et qui n'en sont pas moins
appelées a chaque réunion. Quoi d'étonnant d'ail
leurs. On y voit bien figurer des élus cléricaux a
cóté des membres les plus zélés de St-Vincent-de-
Paul
L'Association est bariolée comme l'habit d'Ar-
lequin
Halte-la Ne manquons pas de respect. Le
Progrès nous avertit que l'Association est tres
prospère. La preuve, c'est que depuis trois
mois, vingt-deux nouveaux membres ont été pré-
sentés et admis.
Nous ne vous croyons pas, Progrèsh moins de
preuves formelles. Supposons cependant que vous
abandonniez un instant vos habitudes et que cette
fois vous ne mentiez pas. Vous raccolez vingt-
deux membres pour votre Association en usant
de toutes vos influences. Vingt-deux sur 450 nou
veaux électeursce n'est pas beaucoup. Et encore
combien parmi ces 22 n'ont pas droit de vote?
Voila ce que vous ne direz pas?
OHLE BON APOTRE
Le journal de la coterie prenant texte d'un de
nos articles intitulé Un dernier mot au Progrès
feint de croire que nous avons I'intention de ne
plus nous occuper des faits et gestes de ses pa
trons.Grande erreur de sa partII y a encore trop
de masques a arracherpour qu'il nous soit permis
de nous taire. Notre mot était seulement le dernier
avant l'électionv. Le bon apótre qualifie notre
polémique d'imaginaire et il déclare, tout en nous
répondant, qu'il ne nous répond pas etne se
donne même pas la peine de nous lire. line nous
fallait pas eet aveu naïf pour être convaincu que
le Progrès répond toujours a ses contradicteurs
sans les lire, et c'est une des principales raisons
pour lesquelles il débite tant desottises.Envérité,
on n'est pas plus amusant que ce vieux bavard
Le tout payable d'avance.
Laissez dire, laissez-vous iilamer, mais publiéz vot.re pensee'