JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT YPRES, Dimancbe lJixième année. 35. 18 Aoüt 1872. PRIX D'ABOXXEMEXT POUR LA BELGIQUE S fraücs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, Ie porl en sus. Us Numéro 25 Centimes PIk'IX DES AXXOXCES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes. Paraissant le dimanche. On s'abonne a Ypres, On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Ton les lettres au bureau au Journal, rue d'Elverdinghe, 52. ou envois cfargent doivent étre adressés franco au bureau du, journal. LE FIEL DES DÉVOTS ANVERSOIS. Ils vont bien, les cléricaux d'Anvers. Leur colore confine a la folie. La séance que vient de tenir l'Association conserva trice et celle du Nederduitsche Bond ne sorit comparables qu'a des reunions d'aliénés. Plusieurs orateurs, plus rugissants les tuis que les autres, se sont succédés a la tri bune, et y ont développé des motions mar quees au coin de la mauvaise humeur la plus hargneuse et de la fureur la plus accentuée. Si MM. Jean de Wiel et Delia Faille, les deux permanents qui ont vote pour l'annu- lation des elections, ont été proclamés des hommes de courage et de conviction, en revancheleursquatrecollègues,MM. Broers, Geelhand, Heylen et Van Berchem, ont été éreintés, absolument coinme s'ils fesaient partie de la gueuserie libératre. Ce sont des peureux, des aveugles, et uncertainM.de Beucker,meetingistesévère, mais juste, a été vigoureusement applaudi par la pieuse et rageuse assistance, en s'écriant avec emphase Abandonnons ces hommes Ces hommes Au Nederduitsche Bond, on a présenté la petite motion que voici Attendu que tout fait présumer que les mem bres de la deputation ont délibéré sous la pression d'influences étrangères Quelafermeté, l'indépendance et la conscience du devoir seules garanties d'un jugement équi- table ont fait défaut lors du vote Que, par conséquent, la députation perma- nante n'a pas éte a la bauteur de sa tache et que l'autorité n'est pas fermement maintenue par elle; n Declare déplorer la résolution et considérer les élections comme entachées de fraude Blame la conduite de la députation perma nents et émet le voeu qu'elle dépose son mandat. Cette invitation a déguerpir a paru raide au sieur Coremans, représentant il a fait remarquer que le Bond n'est pas en droit de réclamer la démission de ses membres l'assemblée a décidé, tout en approuvant les considérants de la résolution, de charger le bureau de la modifier dans le sens indiqué par M. Coremans. La résolution, ainsi modi- fiée, sera rendue publique. Ce n'est pas seulement a MM. Broers et consorts que s'en prend l'honorable bande qui a si longtemps dominé Anvers. Elle en vent aussi au ministère, a l'entourage du roi, au roi lui-même. Oucques ne furent meetingistes si hargneux, si furieux,si grin- cheux. M.Frèrelesavait souffletés, mais M. Malou les a étranglés avec des mains gantées. Le ministère a pesé sur M. Broers et sur les amis de M. Broers pour empêchcr la députation de faire sou devoir. Enfin, il faut mettre a la raisori le septième minis tère, c'est-a-dire l'entourage du roi. Désor- mais Léopold II devra prendre les ordres du meeting et modifier en conséquence le per sonnel de sou palais. On fera un rapport la dessus, lors de la prochaine assemblée de l'Association conservatrice Si nous nous occupons de ces insanités, c'est afin de faire voir a quel point est terrible le coup porté au cléricalisme par les élections communales d'Anvers. L'édifice de fraude, de corruption et d'intrigue si laborieusement élevé par nos adversaires dans notre métro- pole commerciale, craque de toutes parts, et l'on sent que l'écroulement est proche. Ces gens-la s'injurient et se divisentau milieude ladébacle qui les entraine, sans comprendre qu'ils se portent a eux-mêmes le dernier coup. Ils sont perdus, irrévocablement per dus, et eux, qu'on vient de chasser honteu- sement de l'hótel-de-ville, comme on les chassera bientót de la province et de la Chambre, ils parient de faire la loi a tout le monde, d'imposer leurs volontés aux mi- nistres, aux Chambres, au souverain C'est le travail de décomposition qui com mence d'Anvers il gagnera tout le parti clérical, et le dénoüment ne se fera pas longtemps attendre. LE SEPTIÈME MINISTÈRE. C'est un mot d'ordre. Toute la presse cléricale se met de la partie pour entre- prendre une campagne en règle contre le septième ministère. Ecoutons le Bien Public Comment voulez-vous, en effet, que le minis tère réponde des faits et gestes d'une camarilla qui peut lui être hostilequi, a chaque instant, cher- cherait a contrarier la marche du gouvernement ou a rendre difficiles les rapports de la Couronne avec ses conseillers constitutionnels etlégaux?... n Remarquons bien ceci Le roi ne peut point répondre des actes du septième ministère, puisqu'il est irresponsable. Le cabinet ne peut point répondre des actes du septième ministère, puisque celui-ci agit sans lui et même contre lui. II faut done bien que ce septième ministère lui-même subisse la responsabilité de son inter vention dans les affaires du pays et qu'il entende les échos naturels de l'opinion publique, les jour - naux, les associations électorales demander l'ex- tirpation d'un polype qui défigure et paralyse notre organisme politique. Le Journal de Bruxelles déblatère, lui aussi, tous le long de deux colonnes, contre le polype en question. On sait avec quelle réserve nous avons tou jour s abordé ces sortes de questions mais il est des moments ou parler est un impérieux devoir, et l'heure est venue pour nous de protester contre toutes les tentatives qui pourraient être faites par des agents malavisés, dans le but d'entraver la marche régulière des affaires par une interven tion, occulte et illégitime autant qu'elle est inso- lite et illégale, entre la Couronne et ses conseil lers légaux. II faut qu'une semblable situation cesse. Le mal est si réel et si évident, qu'il sou- lève les plaintes les plus vives et les plus nom- breuses. Plusieurs de nos confrères de la presse conservatrice se font les échos de ces plaintes aussi légitimes que répétées, et nous manquerions a notre devoir, si nous n'élevions la voix a notre tour, dans le but de mettre un terme a une situa tion qui, en se proloügeant outre mesure, pour- rait jeter dans le pays des germes d'une désaffec- tion qu'il faut conjurer a tout prix dans l'intérêt général et avant tout dans l'intérêt de la Cour- ronne, du prestige et de l'autorité du pouvoir. Plus loin, le Journal de Bruxelles précise encore plus nettement sa pensée II importe que ce grief sérieux soit redressé de la manière la plus radicale. Pour cela, les per- s onnes attachées au cabinet du Roi et qui n'ont pas de responsabilité dans l'Etat doivent se rési- gner a jouer leur róle en dehors de toute action dans la marche des affaires. II y va, il faut qu'on le sache, du salut de la couronne elle-même. Nous n'avons pas besoin d'insister sur ces menacantes paroles. Les cléricaux, chacun le sait du reste, ne sont pas révolutionnaires a demi quand ils s'y mettent. Mais ces me- neurs n'efiraieront personne. Les foudres de carton que la presse cléricale agite d'une facon si grotesque, feront rire a ses dépens Le tout payable d'avakce. Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensee

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L’Opinion (1863-1873) | 1872 | | pagina 1