JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT Le tout patable d'avance. YPRES, Dmianche Dixième année. JV° 36. 25 Aout 1872. PRIX D'AROAXEMEÜT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes PRIX DES AFÏHOHCES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes. Paraissant le dimanche. Laissez dire, laissez-vous blaraer, mais publiez votre pensee On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, rue d'Elverdinghe, 52. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduitesToutes lettres ou envois d'argent doivent Stre adressés franco au bureau du journal. LA MORALE DE CES MESSIEURS. C'est un régal pour nos petits vicaires que de se moquer de la morale indépen- dante. Nous permettront-ils de parler un peu de la morale catholique Elle est ancienne, la morale catholique, elle a gouverné le monde pendant des siè— cles, elle en gouverne encore une honne partie actuellement. Qu'a-t-elle produit? Nos petits vicaires crient volontiers a la demoralisation publique. Pour eux et leurs pareils, le monde est un abime de corrup tion et de perversité. Soit. Mais a qui la faute, si ce n'est a l'in- suffisance ou, pour mieux dire, a la perver sité de l'enseignement moral donné par l'Eglise catbolicjue Comment, pendant des siècles et des siè— cles, l'Eglise a eu le gouvernement exclusif des ames, elle a enseigné, sans contradic tion, la science du bien et du mal, et elle ose gémir sur la corruption du monde ac- tuel L'impudence est rare, en vérité. Dira-t- elle, pour son excuse, que le monde s'est montré rebelle a son enseignement? Ce serait avouer qu'elle a été terriblement ma- ladroite ou que ceux qu'elle pretend ensei- gner ne veulent pas de son enseignement. II n'y a pas a sortir de la ou bien l'Eglise, comine éducatrice publique, a donné la preuve d'une impuissance radicale, ou bien le monde, qu'elle pretend gouverner, refuse absolumciit de se laisser gouverner par elle. Mais il y a deux pays, en .Europe, ou l'Eglise catholique a pu maintenir plus longtemps qu'ailleurs le despotisme de son enseignement moral. Ces deux pays sont l'Espagne et l'ltalie. Qu'en a-t-elle fait? L'Espagne, ignorante et fanatique, se débat depuis un demi-siècle dans les horreurs de la guerre civile; et l'ltalie ne doit l'essor nouveau qu'elle vient de prendre qu'a son indépendance reconquise sur la vieille theo cratie romaine. Quand on a de pareils precedents dans son passé, il serait au moins prudent de ne pas tant s'égayei aux dépens de la morale indépendante. Et, sans aller chercher des exemples chez d'autres peuples, sied-il bien aux petits vicaires de parler morale au nom d'un parti qui compte dans ses bagages les scandales des affaires Langrand et les infamies sans nom des petits-frères? Croyez-uous, bons petits vicaires, laissez la la morale. C'est un sujet de polémique qui ne peut vous donner que des déboires. LA SOCIÉTÉ GÉNÉRALE SEXPLOITATION. Dimanche dernier, combien de fêtes sur la ligne de Courtrai a YpresCourtrai avait sa kermesse et un concert, donné au pare de la Concorde, par la Société d'Harmonie de CominesMenin-U al- luin, ses courses; Wervicq, sa kermesse. Eêtes sur toute Ia ligneLe temps étant des plus beaux, toutes ces fêtes devaient être suiviesdes milliers de voyageurs allaient encombrer nos stations, nos lignes ferréesComment se fait-il que la Société Générale d'Exploitation, elle la principale inté- ressée de tout ce fourmillement de monde, igno- rait que ces fêtes avaient lieu Nous disons ignorait, car ce serait lui faire injure que de supposer qu'elle en sut quelque chose, après avoir agi comme l'a fait. Le premier train du matin déposa une foule de voyageurs a chacune des stations de Courtrai, Menin, Wervicq. Les trains suivants, et surtout ceux de l'après-dinée, de 2 h. 35 m. et 5 h. 33 m., versèrent dans chacune de ces villes plus de voyageurs qu'il n'y avait de places réglementaires dans leurs voitur es. Tout augur ait un retour de plus de deux mille personnes au train de 9 heures du soir, et prescrivait a la Société Générale d'Ex ploitation d'ajouter a ce train un nombre de voi- tures supplémentaires en rapport avec le nombre de voyageurs qu'on aurait au retouretce nombre de retours pouvait facilement être calculé par le nombre d'arrivées. Mais, bastces Messieurs de l'exploitation au- raient beau faire de ces calculslis font leur servicevoila tout. C'est leur réponse. Quel service? Voyons Dès avant cinq heures et demie du soir, plu- sieurs centaines de voyageurs se trouvent a la gare de Menin pour prendre, les uns, le train de 5 h. 50 m. vers Ypres, les autres, le train de 6 h. 10 m. vers Courtrai. Un seul commis, plus lent qu'une tortue, distribue tout a l'aise trois cachets a la minute, sans se soucier de l'heure qui approche et de la grande quantité de voyageurs qui désirent partir. Quand les trains arrivèrent, on n'avait pas distribué le quart des coupons de- mandés Les trains n'en partirent pas moins, laissant la plupart des voyageurs retenus en dehors de la gare par des portefaix empêchant le passage, sous les ordres d'un petit Monsieur a voix flutée, qu'on nous dit être le chef de station, et qui se démenait comme un diable dans l'eau bénite pour retenir dans la bonne ville de Menin les amateurs de courses désireux de partir. Au train du soir, même désordre et voitures insuffisantes. Décidément, la Société Générale s'arrange bienLes voyageurs, cette fois-ci, per- dent patience et n'écoutant ni le petit a voix flutée, ni les portefaix, forcent l'entrée de la gare et des voitures, et s'encaquent tout le mieux qu'ils purent. Mais le petit Monsieur ne se tient pas pour battu il fait descendre de ci de la quelques voyageurs qui se glissent dans d'autres comparti- mentsil aurait continué ce manége jusqu'au matin si tout le monde n'avait perdu patience, même les gardes de train qui donnèrent le signal de départ sans attendre les ordres de la calotte am ar ante. Le public se fatiguera bientot des fêtes de Me nin. Ce n'est pas tout d'y aller, il faut savoir en partir. A Warvicq, le train arriva, vers 9 h. 30 m., tellement bien rempli, que les compartiments de première, a huit places, contenaient quatorze per sonnes au moins et qu'il y avait le même trop- plein dans les secondes et les troisièmes. La, se trouvaient environ trois cents personneson les plaga quand même, pas toutes, cependant, car nous avons vu de mallieureux voyageurs retenus, battus et foulés aux pieds par les portefaix de station, probablement pour avoir trouvé a redire sur la manière dont le service les exploitait. Com ment, dira-t-on, placer trois cents voyageurs dans un train trop rempli de moitié? C'est la un tour de force que nous croyions impossible avant di manche dernier ce jour-la nous l'avons vu et nous en avons jugé comme le peut un voyageur arrivé dix-huitième dans un compartiment de huit places! Quel phénomène mirobolant! Quand on exploite, il ne faut rien faire a demi. A Comines, descendirent une foule de voya geurs dont le départ nous permit de respirer plus a l'aise. Mais par défaut d'avertissement, un cer tain nombre de personnes, croyant aller a Armen- tières, arrivèrent, toutespenaudes, a Ypres, jurant et tempêtant contre les chemins de fer beiges. La journée de dimanche n'aura assurément pas fait grand honneur au personnel de la Société générale d'Exploitation. L'imprévoyance, le sans- gêne et la tyrannie des employés de tous grades, attachés a cette Société, mécontentent on ne peut plus, les populations de nos Flandres. La plupart des employés sont rudes, lourds et malhonnêtes, au point de donner des coups de poing au monde, comme cela s'est fait a Menin, et de terrasser, a Wervicq, un voyageur qui faisait, sans doute, quelque réfiexion judicieuse sur le mauvais état du service. II n'y a pas, toutefois, que le personnel qui laisse a désirerle matériel est malpropre, incom mode et insufiisant, tellement insuffisant qu'alors que l'Etat a 1,589es voitures a voyageurs par kilo- mêtre,la Société n'a que 0,3816S voitures par égale étendue de voie. Doit-on alors être surpris de l'insistance de nos populations a faire reprendre le réseau des Flan dres par l'Etat Si cette reprise s'effectuait, nous verrions des employés polis, un matériel sufiisant, et les voyageurs traités mieux que des colis et au moins aussi bien que des bestiaux, ce qui n'est pas le cas sous le régime de la Société générale d'ex ploitation, sous lequel on entasse dix-huit voya geurs la ou il n'y a place que pour huit, et on surcharge chaque voiture a voyageurs d'un train, d'un excédant de poids d'au moins quinze cents

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L’Opinion (1863-1873) | 1872 | | pagina 1