JOURNAL DTPRES DE L'ARRONDISSEMENI
YPKES, jüi manche
Dixième année. i\° 37.
ler Septembre 1872»
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W
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Les hoiuiiKis d'ordre.
II serait temps qu'une fois pour toutes, la
presse cléricale en finit avec son vieux cliché
du LIBÉRALISME ÉMEUTIER.
Elle recommence a broder a nouveaux
frais sur ce thème a propos des manifesta
tions provoquéés a Namur par les mesures
absurdes de M. Lelièvre.
Les libéraux sont des émeutiers, paree
qu'ils veulent donner des serenades a leurs
élusIls sont des communards, paree que
l'autorité ayant défendu une manifestation
pacifique qui est tolérée dans tous les pays
civilises, ils se permettent de sillier sous les
fenêtres deM. Lelièvre!
MaisMessieurs les hommes d'ordre
veuiilez rentrer quelque peu en vous-même
et comparer les manifestations cléricales
avec les manifestations liberates
Dans le Luxembourg, quand les cléricaux
veulent manifester, ils jettent des pierres
après les électeurs libéraux.
A Anvers, a Louvain, a Malines, ils orga-
nisent les stocklagers et assomment a coups
de baton leurs adversaires politiques.
A Saint-Génois, les manifesteurs cléricaux
incendient les propriétés des libéraux.
A Liége, ils s'associent aux processions
de l'Internationale et aux meetings furi-
bonds oü l'on outrage la royauté, et le gou
vernement catholique les récompense en
donnant des places de juge de paix a ceux
qui out pris part a ces saturnales.
A Anvers, ils refusent une place a la
statue du fondateur de la dynastie.
A Gand, un sénateur ultramontain fait
une ovation a sa sortie de prison, a un
vicaire, condamné pour les plus coupables
excitations.
A New-York; les catholiques irlandais,
fanatisés par les ultramontains, manifestent
par le meurtre et les coups de couteau et de
revolver.
En Espagne, les curés promènent le
meurtre et l'incendie a la plus grande gloire
de clon Carlos.
A Saint-Salvador et au Guatemala, l'ar-
chevêque Piriol et les jésuites viennent
d'ourdir une conspiration pour renverser
violemment le gouvernement.
A Belfast, les manifestations consistent a
démolir les maisons.
A Essen, les partisans des jésuites ont
suivi eet exempleet il y a quelques jours
a peine, ils démolissaient l'hótel du lan-
drath, c'est-a-dire du premier fonctionnaire
administratif du ressort, comme qui dirait
chez nous Phótel du gouverneur.
Voila les manifestations cléricales; elles
devraient rendre un peu plus prudentes en
leurs allures les saintes feuilles qui parient
d'ÉMEUTES a propos des manifestations fort
inoffensives de Namur, qui n'ont été ame-
nées que par la maladresse d'un homme
que, indépendamment du verdict du corps
électoral, le défaut absolu de caractère, de
dignité et de civisme, a rendu impossible
comme bourgmestre d'une ville de l'impor-
tance de Namur.
CHRONIQUE LOCALE.
corrompons les mceurs chrétiennes.
Le Journal d'Ypres nous accuse, en termes
véhéments, de vouloir corrompre les mceurs
chrétiennes.
XI faut avouer que si tel est notre dessein, nous
prenons la une peine bien inutile, les mceurs
chrétiennes étant corrompues depuis long-
temps, autant qu'elles peuvent l'être.
Mais n'insistons pas sur ce point et voyons en
quoi nous avons pu mériter le reproche que nous
adresse si durement notre pieux confrère.
Depuis dixans que 1' Opinion existe, elle a fait
une guerre incessante et implacable aux hypo
crites qui se couvrent du masque de la religion
pour gouverner les ames et assouvir leur soif
insatiable de domination. Si e'est cela que les
petits- vicaires appellent corrompre les mceurs
chrétiennes, ils ont raison nous sommes et
nous resterons d'infames corrupteurs.
L'Opinion n'a pas non plus laissé échapper une
occasion de signaler a l'indignation des honnêtes
gens un parti qui a l'impudence de prétendre au
monopole de toutes les vertus et qui se pose publi-
quement en souteneur des Delaet, des Nothomb et
des Brasseur. II se peut que, ce faisant, nous cor-
rompions les mceurs chrétiennes. Tant pisnous
sommes bien décidés a ne pas lacher prise pour si
peu.
U Opinion s'est permis également d'attirer l'at-
tention des pères de familie sur l'enseignement
spécial que les Révérends frères de la Doctrine
chrétienne inculquent a leurs élèves. Si ce sont la
les mceurs chrétiennes dont les petits-vicaires
veulent prendre la défense contre nous, ils en
sont bien les maitres. Seulement, nous, de notre
cóté, nous comptons bien les corrompre comme
par le passé, et avec plus d'énergie encore, si c'est
possible.
L'Avenir de Liége, cité avec complaisance par
le Journal d'Ypres, a fait le compte de ce que coute
journellement a Bruxelles l'entretien de la pros
titution.
Savez-vous,dit-il,cequecoutealabourgeoisie
etala noblesse bruxelloise la galanterie clandestine
et extra-légale Le calcul a été fait naguère par
le commissaire de police d'une de nos communes-
faubourgs. II connaissait les dames du demi-
mande, courtisanes, entretenues et prostituees,
vivant de nos vices et n'ayant pas d'autre moyen
d'existence. Eb bien, il évaluait a 82,000 francs
par jour la dépense faite pour eet article de com
merce!... 1!
Le Journal d'Ypres, en reproduisant ce passage,
négligé de faire remarquerque la noblesse bruxel
loise appartient pour les cinq sixièmes au parti
clerical,
Nous réparons eet oubli involontaire.
On sait de quoi sont capables les libéraux
balges. Mais les libéraux romains, c'est bien pire
encore. Figurez-vous qu'en ce moment même, on
joue a Rome une drame intitulé Torquemada, et
que ces brigands n'ont pas honte de siffler, de
huer, chaque soir, l'auteur Rossi qui joue le röle
de ce vénérable inquisiteur N'est-ce pas une
chose qui crie vengeance au ciel Aussi les petits-
vicaires diront-ils avec raison qu'une ville oü de
pareilles abominations peuvent se commettre
impunément est vouée d'avance a la damnation
éternelle.
CHRONIQUE DE L'INTÉRIEUR.
La presse entretenue. Nous connaissons
enfin le secret de l'ardeur que la presse cléricale
met a exciter la piété des fidèles en faveur du de
nier de Saint Pierre et des étrennes d Pie IX.
Les dits deniers et étrennes servent, pour une
bonne par tie, a entretenir les journaux de la
presse lionnête, lesquels auraient beaucoup de
peine a vivre sans cette précieuse et inépuisable
ressource.
Yoici ce que je lis ce matin dans une corres-
pondance de Rome adressée a un journal religieux
de Bruxelles
Je ne puis donner le chiffre des charités que
Sa Sainteté fait de la main a la main aux pau-
vres, aux prêtres malheureux, aux églises dépouil-
lées, des sommes qu'il donne a la presse catho
lique.
Je me disais bien aussi De quoi peuvent vivre
en Belgique les journaux cléricaux, surtout depuis
la déconfiture des affaires Langrand?
Le TODT PAYABLE d'aVANCE,
UN OUBLI INVOLONTAIRE.
LE LIBÉRALISME A ROME.