JOURNAL
S DE
Prix, ni s anioxces
Y Pil ES Bi manche
Dixième année. N° 41.
29 Septembre 1872.
PRIX D UCOWl'HFVT
POUR LA BELGIQUE
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Les nouveanx convertis.
Ail banquet offert, Ia semaine dernière,
par les Gueux d'Anvers a leur prési
dent, M. Vandertaelen, M. Miehiels, vice-
président des Gueux, a porté un toast qui
peut (Ure considérc commc le programme
politique du libéralisme anversois.
Yoici en quels termes M. Miehiels s'est
exprimé
A la suite du 300° anniversaire de la prise de
Brie! par les Gueux, notre ligue s'est constituée
d'enthousiasme.
Combattre pour la même cause, u'est-ce pas
la meilleure manière de célébrer le souvenir des
grandes actions accomplies par ces héros, pour
assurer au pays son in dépendance et soustraire la
conscience Immaine a la plus dégradante oppres
sion.
Nous nous sommes immédiatement organises
pour la lutie politiqueparee que nous retrouvons
sur ce terrain l'eternel adversaire coutre lequel
nos aïeux ont défendu lours biens et leur vie.
Car, ne nous faisons pas illusion, Messieurs,
si la luttea change de nature et de moyens, I'en-
nemiest résté le même. (Marques unanimes d'as-
sentimeut.)
II a sur nous l'avantage que donnent l'unitó
d'action et la discipline.
Ce sont ces deux forces qui manquent au
parti liberal et que la Ligue des Gueux a tout
d'abord voulu introduire dans ses rangs, tout en
sauvegardant l'indépendance individuelle. (Bra-
vos.)
Les Gueux n'ont pas la pretention d'avoir
trouvé un principe nouveau ni une formule poli
tique nouvelle. Ce. qu'ils veulent, vous le voulez
tous le progrès par la liberté. (Applaudisse-
ments.)
II y a 26 ans, l'élite du pays adopta, dans un
congres resté célèbre, un programme qui resume
encore nos aspirations, malgré ses lacunes.
Je rougis pour mon pays en songeant que le
passé donne des legons au présent
Non-seulement on exigeait a cette époque,
nettement. carrément 1'indépendance réelle du
pouvoir civil, la diffusion de reuseignement, le
retraitdes lois réactionnaires; mais aussi les
ameliorations que réclame impérieusement la condi
tion des classes oworière et indigente.
ji Je cite l'article 6, messieurs.
Honneur aux hommes de 1846, ils avaient
compris que le libéralisme n'est qu'un vain mot,
s'il ne s'inspire de la justice et de l'équité pour
tous. (Bravos.)
Depuis vingt-six ans nos luttes ont été ar-
dentes, nous avons tour a tour perdu et reconquis
le pouvoir, sans oser jamais appliquer dans le
triomphe les principes pour lesquels nous avons livré
de si rudes combats.
Le programme de 1846 n'est-ilpas toujours ld,
comme un reproche perpétuel Et l'ennemi ne péné-
trera-t-ïl pas par la brèchc que nous if avons pas osé
comller
Situation pleine de périlsqui décourage les uns,
irrite les autresdivise nos forces et laisse le clérica-
lisme envahir le terrain que nous ne lui disputons
que par de vaines paroles et des protestations sans
résultat.
n Les Gueux, tenaces duns la lutte, fermes et
inébranlables dans les principes, audacieux dans
Taction, comme ceux dont on a adopté lc nom
glorieux, ont reformó en bataillons serrés les sol-
dats disperses, découragés ou méconteuts, pour
reprendre a l'ennemi la ville d'Anvers, qui était
devenue sa plus solide forteresse.
Nos efforts couronués par la victoire, stiinu-
leront-ils le pays?
Le réveilleront-jis de sa lethargie
Si la Ligue des Gueux a eu le rare privilege
d'etre le trait d'union entre les divers éléments
du libéralisme anversois, c'était a la condition de
lui imprimer un mouvement plus accéléré, de lui
donner en quelque manière une vie nouvelle.
j) Assez de promesses et de paroles, il faut des act es.
(Expl osion d' appl audissemen ts
Plus de faiblesses, plus de complaisances, plus
de compromis: Vindecision est aujourd'hui de la ira-
hison! (Bravos.)
Union pour Taction, telle est la devise des
Gueux. i) (Acclamations.)
L'assemblée a fait a ee discours l'accueil
le pins enthousiaste et la presse libérale de
toutes les nuances s'est empressée de le re-
prod aire en I'accompagnantdesphiselogieux
commentaires.
On nous permettra bion dc rappeler que
ce programme taut applaud! n'est que le
résumé des idees que {'Opinion n'a pas cessé
de préconiser el de défendre depuis Ic pre
mier jour de son existence.
Qu'avons-uous toujours reproché aux
doctrinaires de 1857, si ce n'est, comme
M. Miehiels, de n'oser jamais appliquer
dans le triomphe les principes pour
lesquels nous avions livré de si rudes
combats
Lorsquc nous disions alors, ainsi que
M. Miehiels aujourd'hui Assez de pro-
messes et de paroles, il faut des actes, et.
que nous adjurions le gouvernement doctri
naire de couper court au système de fai-
blesse, de complaisances el; de compromis
dont il semblait avoir fail, la regie de- sa con
duite politique, ses journaux n'avaient pas
assez d'injures pour nous les lancer a la face.
Nous étions de faux-frères, des brouil-
lons, de faux liberaux, des hommes
sans principes et sans convictions,etc., etc.
Aujourd'hui le mot d'ordre semble donne
dans toute la presse doctrinaire pour exalter
cette même politique d'action qu'eile a
si longtemps condamnée et qui nous a vain,
a noils, tau t de sarcasmes et d'outrages.C'est
a qui, de ses journaux, vantera le plus haut
la nécessité de marcher resolument en
avant, pour nous servir du motconsacre.
Nous ne demandons pas mieux, quant a
nous, de croire a la sincérité de ces declara
tions. Mais les conversions rapides nous ont
toujours inspire quelque defiance, et nous
attendrons, pour y ajouter une foi. sans
réserve, que celle des journaux doctrinaires
nous soit garantie autrement que par des
paroles.
LE MILITARISME.
La question militaire est a l'ordre du jour dans
les hautes regions, ou le besoin cle nouvelles ca
sernes, de nouveaux canons et de nouveaux sol-
dats se fait généralement sentir. Le budget de la
guerre ne semble pas encore assez consequent a la
cour, et nos gouvernants actuels, de même que
les doctrinaires qui les ont precedes au pouvoir,
sont trop bons courtisans pour ne point entonner
le refrain do Pandore.
Le pays protestera énergiquement contre toute
aggravation des charges militaires, contre ces
folies et improdiictives dépenses auxquelles on
consacre le plus clair de nos revenus, alors qu'on
declare ne savoir ou prendre l'argeut pour élever
des écoles et répandre 1'instruction au sein des
masses,
Le pays ne saurait se montrer favorable qu'a
une seule réformene pon van t obtenir la suppres
sion immédiate de l'armée permanente, il verrait
certes avec plaisir abolir le remplacement et ren-
dre le service personnel obligatoire, le tirage au
sort étant maintenu.
Mais pas d'augmentation du budget de la guerre
Loin d'augmenter ce budget, il faut songer sérieu-
sement ale réduire a un chiffre raisonnable, et
cette proposition de reduction devrait partir du
banc montois, MM. ces deputes ayant, dans leur
circulaire collective, pris 1'engagement formel de
proposer la reduction des charges militaires aus-
silötque les circonstances extérieur es lepermettraient.
Or, les circonstances extérieures permettent
a MM. ces deputes de tenir l'engagement con-
tractéTEurope est en paix, et il ne faut pas être
un bien grand politique pour constater, par la si
tuation respective des puissances, qu'aucun conflit
n'est a craindre avant longtemps.
ET DES RECLAMES
10 Centimes la petite ligne.
Corps du Journal, 30 centimes»
Paraissant le dimanche.
Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensee
Lb tout payable d'avance.