JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT IT IVES. Hi manche Bixième année. I\° 49, 24 Noyembre 1872. PRIX I1HSOWEHE\T POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. SO par semestre. Pour PEtranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes PRIX RES ANNONCES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes* Le tout payable d'avanor. Paraissant Ic dimanche. Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensee On s'abonne a, Ypres, au bureau du Journalrue id Elver dinghe, 52. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'aryent doivent étre adressés franco au bureau du journal. YPRES, le 23 Novembre 1872. II y a longtemps qu'on a dit cn parlant de la doctrine catliolique Vérité cn deca, erreur au dela. C'est encore ainsi aujour- d'hui. Cos gens-la ne présentent jamais les choses sous leur vrai jour. lis falsifient l'liis- toire, ils Ironquent les fails, ils triturent les affaires au profit de lours boutiques céleste et terrestrc, lesquelles n'en font qu'une. C'est la condition essentielle de leur exis tence. Basés sur I'erreur, ils se soutiennent par le mensonge, Partout, dans n'importe quelle situation de la vie, c'est la dissimula tion qui leur sert d'avant-garde, et la fraude de paravent. Lorsque Elmire demande a Tartuffe Que fait 1& votre main Tartuffe répond Je tato votre habitl'ëtoffe en est moëlleuse. Qu'on les prenne la main dans le sac ou autre part, ils nient. Le mentiri impudentis- simè est leur principale règle de conduite. Mentir et travestir. Pour nous cn tcnir aux actualités, voyez leur attitude en face de la catastrophe langrandiste. A entendre lours journaux, eet homme n'a ni failli ni volé. Ce sont les machinations libérales qui out préparé et consommé sa rainc. La malvcil- lancea fait rater ses plans et ses coups admi ralties. Lui, cependant est sorti pur du dé- sastre. Les détournements, les faux, les sentences des tribunaux sont pour eux nuls et non avenus. Ils n'oxistent pas. C'est une autre invention diabolique. Avant, ce n'était qu'un saint homme; après, c'est un martyr. Saint et martyr, eette pauvre victime de Ia perversité du siècle. Victimes encore, ces tendres Petits-frères traqués par la scélératesse et l'impiété des hommes. Comme le Christ, ils disent Laissez venir a nous les petits enfants; et aussitót la mauvaise foi, dénaturant leurs intentions, leur prête les plus détestables passions et les accuse de toutes les turpi tudes. Mais les journaux iibéraux, qui se fontl'écho de ces bruits calomnieux, seraient bien embarrassés de citer des noms et des faits précis. Si quelqu'un de vous a jamais vu un petit-frèrc, un jésuite, un moine quelconquc devant les tribunaux, pour quoi que ce soit, qu'il lc dise. Personno n'est-co pas?.Te m'en doutais bien. Estimable Cour- rier, vous avez raison. Le ciel n'est pas plus pur que le fond de leur ame. Annoncez bar- diment, cher ami, que l'histoire du frère lai soi-disant arrêté a Mons, pour crime d'im- moralité, n'est qu'une fable dans le genre du Doudou et des chinch ins. Peut-être l'a- vez-vous déja dit? Alors, n'en parions plus, Mèmes procédés de la part de nos pieux hommes d'État dans leur marche sinueuse a travers la politique. Dans leur bouche ou sous leur plume, leurs projets ne manquent jamais de revêtir le caractère qu'ils n'ont pas. Je vous défie de m'en citer un qui nc recèle quelque supercherie dans ses flancs ou du venin dans la queue. Ici encore, te nons-nous en aux faits du jour. D'autant plus que nous avons sous la main un mo- dèle des plus réussis de cette dextérité cléri- cale a faire disparaitre les muscades et do- rer les pilules legislatives. On se rappelle sans doute il n'y a pas si longtemps de cela le petit projet sur les journaux ct les reunions publiques que mons Malou glissa un jour au Sénat, et qui fit tousscr d'aise tous les caco chymes patri- ciens. Rien de plus anodin en apparence. II ne s'agissait que d'une potion réglementaire dont la presse devait se trouver fort bien, avec un VADE-aèicuM a l'usage des journalistes et des orateurs de clubs, toujours sujets a se fourvover dans les sentiers inconnus de l'improvisation. C'était rendre un fameux service a des gens qui, après tout, ne sont pas si diables qu'on veut bien le dire, et pour lesquels M. Malou s'était pris tout coup de belle passion. Or, savez-vous ce qu'il y avait au fond de ce présent renouvelé des Grecs Un baillon, mes amisune poire d'angoissc, mes enfants. Et des procés et des amendes en venx-tu cn voila. Ou n'a pas oublié non plus, je suppose, ce léger changement projeté l'aecise sur la bière A tous les cceurs bien nés le faro est trop cher pour qu'on ne s'en souvienne encore dans cent ans d'ici. Mêmc tactiquc encore une fois. A en croire M. Malou, cc n'était qu'une simple modification a la loi existante une annexe, un rien. II ne s'agis sait que de mettre sur lc mêmc pied que les autres les fabricants de bière facon all emande Et, notez-le bien, c'était facultatif, tout ce qu'il y a de plus facultatif. Nul n'était forcé de faire de la bavière, et encore moins d'en boire. Tont le monde restait fibre. Le ministre, juste et bon, s'essayait a un petit brassin d'égalité comme don de joyeux avé- nement. Mais la brasserie nationale, mise en defiance par tant de largesse, voulut faire passer l'annexe par son infaillible alambic et que trouva-t-elle au fond? Quatorze mil lions de surtaxe, la ruine de leur industrie, et le pays condamné a la bavière perpétuelle dont coüt trente centimes la chopc sortant de grandes brasseries orthodoxes commanditées par les gros bonnets du parti Quand MM. les cléricaux voudront nous remettre au régime de la sainte Inquisition, ils ne s'y prendront pas autrement. C'est encore M. Malou qui sera chargé de nous la servir en douceur, avec des pralines ct des abricots confits tont autour. Pour com- mencer, on n'y verra que du feunaturel- lcment. Entre les mains de l'babilc cscamo- teur ministériel, la question ne sera plus qu'un agréable passe-temps de causerie vive, animée, fine, aiguisée, mordante, selon lc cas les brodequins, les tenailles, les cheva- lets, et lc reste, des instruments de gymnas- tique destinés a assouplir les membres les büchers, autant de feux de joie autour desquels le peuple en liesse se livrera a des rondes interminables. Mais cela ne bralera pas du tout, pas du tout. Les Chambres viennent de s'ouvriret, comme par le passé, nous allons voir se succéder bien des séances improductives, remplies de discus sions oiseuses. Le public, imitant la somnolence de la plupart de ses représentants, restera indifférent, a moins que, par quelque énormité, le parti au pouvoir ne le fasse sortir brusquement de sa torpeur. Dieu sait pourtant si les réformes sont a l'ordre du jour. Deux d'entre elles surtout présentent un carac tère particulier d'urgence, et devraient préoccu- per plus qu'elles nc le font ceux qui se disent par tisans du progrès. Ce sont 1'extension du droit de suffrage etl'in- L'OPIIIOI

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L’Opinion (1863-1873) | 1872 | | pagina 1