struction obligatoire. Sans elles, pas de 'pro- grès sérieux a espérer. En droit strict et indéniable, tout citoyen doit pouvoir contribuer a l'élection de ceux qui lui im- posent des lois et des charges de toutes sortes, impóts directs et indirects, milice, etc. On peut admettre une exception pour les igno rants, les considérant comme infirmes et incapa- bles d'agir en connaissance de causeruais c'ost a l'instruction obligatoire a les mettre au niveau des au tres. L'instruction obligatoire et le suffrage universel sont intimement liés. Quedemandent les progressistes? Qu'on fasse un pas vers ce but, qu'on admette au droit de suffrage la partie intelligente et éclairée de la nation, qui en est exclue aujourd'huiy de manière a avoir une assemblee représentant plus vérita- blement le pays. Mais le parti qui gouverne actuellement n'ac- cordera a aucun prix cotte concession, qui serait sa perte et de son cöté, le doctrinarisme craintif pousso des cris d'effroi, quand on fait mine do toucher a cette Constitution, qui est son archo sainte, et qu'il persistc a declarer immortelle, bien que la vótustó s'en fasse depuis longtemps sentir. Que doivent faire, dans cette situation, les amis du progrès II ne lour reste qu'a attendre, pour se manifes ter en temps opportun, et revendiquer leurs droits avec calme et fermeté. C'est deleur énergie que dépend le relèvement intellectuel et moral du pays. Quant a la Constitution, ses ardents défenseurs ne doivent pas oubiier que, lorsque le dot monte, il faut mettre le navire en état d'y resistor, et que le mauvais vouloir des matelots a été la cause de plus d'un naufrage. TRAVAIL DE CHIEN. Le chien doit-il travailler tel est le titre d'un article fort intéressant du dernier bulletin de la Société protectrice des animaux de Paris. II parait que dans le sein de la Société on s'é- tait élevé avec force contre le travail manuel des chiens. Par travail manuel il faut entendre a peu pres ce que l'Eglise appelle oeuvre senile (c'est ce travail la qu'elle interdit le dimanche), et ne pas confondre avec les exercices du corpscar il est clair que la cliasse n'est pour le chien d'arrêt, ni même pour le chien courant, un travail manuel proprement dit. La question se complique un pou pour les chiens qui sont facteurs ruraux ou contreban- diers, qui portent dans leurs colliers des lettres ou du tabac. Avec les chiens de voiturage, nous entrons dans le travail penible exigeant l'effort et entrainant la fatigue musculaire. Les chiens de laitières acceptent parfaitement leur métieret, si la charge n'est pas abusive, ces braves animaux ne sont pas détournés de leur destination naturelle. Ils étaient faits pour cou- rir librement, c'est vrai, et pour vivre de leur chassec'était la le seul travail attrayant, pas- sionnelmais il faut be faire une raison, et si la nature vous a donné des pattes, messeigneurs, ce n'est pas seulement pour les passer dans vos che- veux, Ilya bien des privilégiés, des exploiteurs, des bourgeois, qui se contentent de cette occupation, comme le petit épagneul ou autres roquets de salons, vrais parasites sociauxmais c'est la une chance, non un droit. Avec le chien tourne-broche nous arrivons au travail manuel proprement dit, supposant volonté, patience, initiative et intelligencele chien doit d'abord faire un apprentissage, puis s'astreindre de lui-même a un mouvement régulier parfaite ment déterniiné; il faut qu'il sache et qu'il veuille marcher d'une certaine fagon qui constitue l'art du tourne-broche. II est done véritablement ou- vrier. Avons-nous bien le droit d'imposer a eet ani mal domestique un travail pour lequel il ne semble pas fait? Le rédacteur du bulletin de la Société protectrice des animaux so prononce pour l'affir- mative Dans cette question, dit-il, jo crois que le délit ne peut exister qu'autant qu'il y a abus. En effet, selon l'expression populaire, les hom mes travaillent quelquefois comme des chiens je ne sais pas pourquoi, a l'occasion, les chiens ne travailleraient pas comme des hommes. De plus, la sagesse des nations nous l'apprend positivement, laparesse est la mère ie tous les vices et la trop nombreuse population des chiens errants qui, dans les grandes villes surtout, mènerit une vie misérable, sufïit pour le prouver. Quelle différence entre ces déclassés de la race canine, et les braves ouvriers marbriers de la même race que je viens de voir et dont je veux vous raconter l'honorable et laborieuse existence Ils sont quatre, vivant honnêtement, en tour- nant deux a deux une immense roue en bois, qui communique le mouvement a une scierie oü le marbre est dóbité en tranches minces destinées a faire des plaques de clieminées. Le doyen de ces braves gens est César-le-Gris boule-dogue café au lait, vieux travailleur qui porte gaillardement ses douze ans et exerce son métier depuis septans. C'est le plus courageux de tous, l'exemple de l'atelier, le premier et le dernier a la besogne. Son patron lui a appris le mótier en tournant la roue a quatre pattes devantlui. Négret, presque du même age que son cama- rade, possède toutes ses solides qualités et n'en diffère qu'en ce qu'il appartient a l'estimable Corporation des chiens de berger. César-le-Noir, dans la force de l'age, est un peu bambocheur, comme on dit en terrne d'atelier, mais bon ouvrier a ses heures. Faraud, chien de berger d'une honnête figure et d'un nerveux caractère, est le favori de la pa- tronneson intelligence est des plus vives, son esprit ornémais il a un grand défaut Faraud est poseur Quand on le regarde, il tourne la roue a perdre haleine, pour s'arrêter quand on a le dos tourné. Pour nos travailleurs, la journée commence a 5 heures du matin et finit a 7 heures du soir. Ohacun des quatre compagnons travaille quatre heures par jour, deux heures le matin et deux heures dans l'après-midi. Leurs repas, qui consistent en un déjeuner a liuit heures et un diner a 7 heures du soir, sont d'excellente qualité. On comprend qu'avec un ordinaire succulent et un travail modéré, César-le-grisCésar-le-noir Négret et Faraudau lieu d'avoir eet aspect famé- lique, eet air sournois et craintif de leurs congé- nères degrades par la misère, présentent au con traire le spectacle profondément moralisatour de bons citoyens vivant honorablement de leur tra vail, estimés de tous, et portant sur lour visage barbu cette expression de contentement que peut seul donner le sentiment intime d'une vie utile et bien remplie. A eux quatre, et sans fatigue aucune, car ils sont gros et gras comme des propriétaires et de plus supérieurementmusclés, nos braves chiens font justement l'ouvrage de deux manoeuvres a 3 francs par jour et ne coutent que trente sous en tout Etonné de voir des gens travailler pour si peu et sans se mettre en grève, je pris a part Faraud le plus malin des quatre, et, serrant sa main noire je lui demandai confidentiellement son avis sur XIn-ter-na-tio-na-le Malheureusement l'instruction obligatoire n'ayant pas encore été dêcrétée, Faraud n'avait pu profiter de ses bienfaits, de sorte que je ne pus rien savoir le pauvre chien ne comprenait que le patois Si une these aussi spirituellement défendue finissait par prévaloir, au lieu d'abattre les chiens errants, on Iels utiliserait comme moteurs et ils gagneraient alors, haut la patte, ce qu'ils détour- neraient du stock gónéral de la consommation alimentairede quelle utilité ne seraient-ils pas dans les pays dépourvus de cours d'eau La Société protectrice pourrait fort bien se con- stituer en société de patronage et de placement, organiser des salles d'asile pour les petits vaga bonds. instituer des cours professionnels, et même fonder des chenils do retraite pour la vieillesse. ïfsaits divers. La renovation religieuss. Nous lisons dans le Progrès de Charleroi M.le chanoine Mouls a inauguré la nouvelle religion universelle dans le pays de Charleroi en donnant la consecration religieuse a un jeune et charmant couple de notre ville qui, après le mariage civil, s'est rendu directement au local affecté provisoirement au nouveau culte. Men volé. M. Pierre T..., un pseudo lovelace fort connu sur le boulevard, vient d'etre victime d'une désagréable aventure. II y a trois jours, se trouvant rue Caumartin, vers onze heures du soir, il rencontra une fort jolie dame, trés élégammont mise, qui sembla le regarder avec complaisance. II la suivit, et ofirit son bras qui fut accepté après quel que hésitation. II reconduisit sa future conquête jusqu'a la rue de Moscou. La, on se quitta en se donnant rendez vous pour le lendemain. En rentrant chez lui, M. T... constata la dispa- rition de#>on portefeuille qui contenait 500 francs. Le lendemain, il porta plainte chez le commis- saire de police de son quartier. Une enquête fut ouverte. Mais, hier, a quatre heures et demie, il regut la lettre suivante Monsieur, Voici votre portefeuille et votre argent. Vous aviez refusé de rendre a mon amie intime, ma dame B..., certaines lettres fort compromettantes que vous aviez d'elle. Je savais que vous les portiez sur vous. Je vous ai done volé le portefeuille qui les contenait. Mille excuses et sans rancune. P. g. Une autre fois, n'embrassez pas la main des dames quand elles auront des gants gris perle. Votre moustache a complétement noirci les miennes en déteignant. Une bonne de precaution fut cello que M. R.eut trois jours a son service. Le lendemain de son entree dans la maison elle arrivait vers sa maitresse le doigt enveloppé dans un mouchoir et d'une voix émue Madame, oh madame, vos couverts sont-ils bien en argent Pourquoi cela, ma fille C'est que je viens de me piquer trés fort avec une fourcliette, et si je savais qu'elle fut en cui- vre, j'aurais la precaution de me faire saigner. Soyez tranquille, dit la damo souriant a l'innocence de cette fille, mes couverts sont en ar gent. Ahfit la bonne avec un soupir de satisfac tion, tant mieux Et le lendemain elle disparaissait avec l'argen- terie. Calculs d'auteur. Un jour Balzac rencontre Henry Monnier. Mon ami, lui dit-il, laissez-moi vous pro poser une affaire magnifique... plus de cent mille francs a gagner J'ai une idéé de drame pour la Porte Saint-Martin nous la travaillerons ensem ble. Frédéric se charge du principal róle... En voila au moins pour cent cinquante representa tions a cinq mille francs l'une dans l'autre, cela fait sept cent cinquante mille francs a douze pour cent de droit d'auteur..voila déja plus de quatre-vingt mille francs qui nous reviennent. Nous plaeons nos billets chez Porcher, c'ost encore une dizaine de mille francs. Puis enfin, nous avons la brochure, nous avons... Monnier l'interrompit et s'écria en lui tendant la main Avance-moi cent sous sur l'affaire o du premier numéro de XEurope ïllustrée. Gravures en couleur. Familie alsacienne émi grant en France. —La salie du Théatre Royal de Bruxelles pendant la representation gala. Les BEETHE. SOMMAIEE

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L’Opinion (1863-1873) | 1872 | | pagina 2