JOURNAL 0'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
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YPRES, Himaoche
Uixième année. N° 52,
15 Décembre 1872,
PRIX U'iBOMEHEXT
POUR LA BELG1QUE
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YPRES, le 14 Décembre 1872.
Lc parti clerical a arboré lc drapeau raen-
teur de la liberté en tout et pour tons. Et
cependant les doctrines des évêques, dont
les cléricaux se font les suppöts, sont la con-
damnation la plus flagrante de ce principe
clles sont la negation complete, radicale,
des principes qui ont preside a la constitu
tion des socictés modernes. Ges belles liber-
tés, la liberté de la presse, la liberté disso
ciation la liberté de coriscience et des
cultes, la liberté de l'enseignement, excitent
cbez eux des cris d'horreur et de réproba-
tion ces libertés, disent-ils, sont les exha
lations putrides de doctrines perverses et
destructives de tout ordre social. Anathème
done a leurs partisans malediction sur
ceux qui empêchent le rovaume dc Dien de
s'établir sur la terreIls seront maudits
dans leur personne, dans leur corps, dans
leur ame, dans la personne dc leurs épouses,
dans leurs enfants et dans les enfants de
leurs enfants.
Ou'on ne vienne pas nous dire que les
cléricaux ne sont pas des réactionnaires,
des retrogrades, qui veiilent refouler la
société moderne dans ce gacliis hideux du
moyen-agé, oü le peuple ralait plulót quil
ne vivait, sous le poids des exactions dc ses
maitres dc droit divin, tant ecclesiastiques
que laïqués. Les cléricaux ne sont pas les
conservateurs que nous avons coiinus.
Instruments de l'épiscopat, choisis par lui,
nommés par lui, ils subissent fatalement,
inévitablement, son mot d'ordrc; ils doivent
se courber sous son foüet. Autrement gare,
gare aux recalcitrants
Si l'épiscopat, qui se recrute aujourd'hui
parmi les creatures des jésuites, cache pru-
demment et soigneusement son programme
secret, de temps a autre apparaissent des
documents, des exhortations aux fidèles,
qtii compromettent lc respect hypocrite
dont on aime a se parer envers nos insti
tutions.
En effet, que disent, qu'écrivent les
évêques?
Ils écrivent des protestations contre l'abo-
lition du tribunal de la sainte Inquisition.
Ils disent que l'antique institution de ce
haut tribunal ne peut ni ne doit être déta-
chée et scparée du système complet d'une
société religieuse parfaite telle que l'Eglise,
en laquclle par conséquent est inné et essen-
tiel le droit de choisir et d'employer les
moyens qu'elle répute les plus propres a lui
faire atteindre la fin pour laquelle elle a été
instituée, c'est-a-dire le salut éternel de
ceux qui ont le honheur de lui appartenir.
Un de ces moyens, ajoutent-ils, est précisé-
ment. le tribunal de la sainte Inquisition,
qui, par sa nature, parson sujet, par sarai-
son d'etre intrinsèqne, ne cherchequ'aveilier
a la pureté, a l'intégrité et a la conservation
de la doctrine révélée de Dieu; a préserver
les fidèles dc la contagion de l'erreur; a pré-
venir la corruption, les piéges, lesscandales
qui pourraient d'une manière quclconque,
directe ou indirecte, nuire et s'opposer au
maintien, au développement et a la propa-
gation de la foi professée par la société
catholique. L'abolition de cê vénérable tri
bunal attaque, blesse, viole un droit cer
tain et incontestable, que l'Eglise a comme
société religieuse parfaite. Grand Dieu
s'écrient-ils, dc quel sentiment d'horreur
mêlé de pitié n'est-on pas saisi quand on
voit les gouverncments baser la suppres
sion de ce tribunal sur la prétendue néces-
sité de faire disparaltre de la législation
d'un peuple civilisé une institution qui a
choqué pendant des sièclcs l'univers catho
lique! Si l'univers catholique pouvait être
consulté, étonné, stupéfait, indigné, il ré-
pondrait que toutes les horreurs, toutes les
cruautés commises par cette féroce et san-
guinaire institution ne sont que de ciiari-
tables sollicitüdes pour la conversion sin-
cère des pauvres égarés, des pëines médici-
nales qui doivent servir a les corriger.
Tel est le langage tenn par les hommes
qui dirigent le politique cléricale.
Et la liberté des cultes, leur égalité devant
la loi, et leur droit égal au respect de tous,
qu'est-ce que tout ccla dévienl-aux yeux des
évêques?
Pour eux, c'est une hérésie de croire que
la difference de religion n'entraine aucune
difiérence entre la jouissance et l'exercice
des droits civils et poiitiques. Les incapacités
qui frappaient par le passé les Israélites et
les cbrétiens 11011 catholiques, doivent être
maintenues! Voila de la liberté en tout
et pour tons bien entendueAbroger les
incapacités qui frappaient les non-cathoii-
ques, c'est une injure sanglante, une offense
pubiique a I'antiquité chrétienne, a la su
blime sagessede tant de conciles, de pères, de
doeteurs, et de tant de saints jpontifes qui,
par leurs écrits ou par leur constitution,
les ont établies, confirmees ou sanctionnées.
Singulière liberté des cultes que celle dont
nous gratifieraitl'épiscopat, s'il pouvait faire
revenir au bon vieux temps.
Enlever le monopole de l'instruction pu
biique au clergé et aux corporations reli-
gieuses et monastiques, e'est une violation
horrible du droit positif divin, d'après lequel
le soin d'enseigner les nations a été confié
aux apötres et a leurs successcurs, et non
aux empereurs, aux princes et aux grands,
et aux gouvernements de la terre.
L'abolition des dimes et d'autres presta
tions établies en faveur des curés et des au-
tres ministresduculte catholique est injuste.
La loi relative aux dimes est une loi géné
rale de l'Églisc, fondée sur le droit divin,
une loi confirmée et sanctionnée paries plus
sages des conciles. Y porter la main, c'est
de l'usurpation, de l'irrégularité, du sacri
lege.
Lc droit d'asile enlevé aux lieux saints,
l'administration des biens 'des pauvres re
mise aux administrations publiques, le ma-
riage civil, les entraves portécs au rétablis-
sement de la main-morte, la liberté de la
presse, sont autant d'attentats aux droits
inaliénablesde l'Église. Les immortelles con-
quêtes de 1789 sont des sacriléges qui émeu-
vent au-dela de toute expression les entrail-
les des pères, des pastcurs et des évêques;
leurs ames, cruellement blessées et déchi-
rées, gémissent et se désolcnt au spectacle
des principes erronés, de fausses maximes,
et des déductions aussi étranges qu'illégiti-
mes, qui sont la base de la société moderne.
A cette rapide esquisse des doctrines clé-
ricales, toute mcomplète qu'elle est, on aper-
coit tont d'abord l'énormité des pretentions
épiscopales, leur incompatibilité avec notre
état social, avec les progrès des esprits, ainsi
que la nécessité et la légitimité du divorce
du monde moderne avec le monde du moyen-
age.
Le parti clerical veut la restauration de
toils les anciens abus, la suprematie de
l'Église sur l'État; toutes ses aspirations le
portent vers le rétablissement du régime
théocratique.
Le parti liberal veut le progrès par les
lumièresetla liberté, ['indépendance du pou-
voir civil, le maintien et le développement
de nos institutions.
LOPINION