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JOURNAL DTPR.ES DE L'ARRONDISSËMËNT
YI'HES, I)iuianche
Önzième année. -V 6.
9 Fcvrier 18^3-
PBK D'ABOINGIIEXT
POUR LA BELG [QUE
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Uk Numéro 25 Centimes
PBIX ÖES AM'OSCES
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LE PRESTIGE.
II nous semble que les dieux du jour
negligent Tin peu le prestige. Pape, empe-
reurs, évêques, ministres, deputes, tous,
dirait-on, se sont donnés le mot pour tuer
ce qui les fait vivre. Comme le cerf, ils bron-
tent la feuille de mystcre qui les protégé
contrc l'oeil indiscret de la foule impru-
dents, ils brisent leur alvéole et se mon-
trent au grand jour avcc leurs imperfec
tions, leurs défants, leur laideur. Ils font fi
du prestige qui est pour eux ce que la cara
pace est a la tortue...
Ou la dignité au fonctionnaire public.
Autre prestige méeonnu. Ayez une ame de
boue et une conscience de caoutchouc, mais
soycz correct dans votre tenue, et vous pour-
rez prétendre a tout. II n'y a que l'hypocri-
sie qui sauve. C'est le vernis a mettre sur
vos autres vices. Soyez nul, mais digne,
c'est-a-dire froid, empesé, gourmé. Silen-
cieux surtout, cela donne un air profond.
Que si vous n'êtes pas tout cela, c'est-a-dire
si vous vous montrez facile, expansif, fami-
lier, cnjoué, vous n'arriverez a rien, eus-
siez-vous toutes les qualités el tous les mé
rites du monde.
Mais on n'a plus souci du prestige et de
la dignité, et l'exemple part de haut. C'est
le pape qui a commence! Dien no s'est fait
voir qu'une seulc fois, et encore était-ce sur
le Sinai, c'est-a-dire entre ciel et terre. Le
pape, lui, se prodigue. 11 donne audience
sur audience, fait discours sur discours,
parle a tort et a travers et tombe dans les
plus étranges contradictions. Uu jour, nous
l'avons déja dit, il fait Jésus-Christ baron,
et le lendemain roturier. Dans l'iutimité,
c'est bien pis encoreil s'amuse a voir gam
bader les eardinaux au son d'une valse, et
traite Litsz de polichinelleil jure per Bacco
et dit: que le diable m'emporte Pour eom-
ble d'horreur, il fait des calembours comme
M. Wasseige. C'est scandaleux.
Comment veut-on que les évêques aient
de la retenue quand leur chef en a si peu.
Aussi n'en ont-ils point. Nulle mesure dans
leurs actes ou dans leurs paroles. Ils atta-
quent les gouvernements qui les paient, prê-
chent la désobéissance auxlois, se font des-
tituer ou mettre a la demi-solde comme de
simples sous-lieutenants. Ils ne rendent
rien a César et peu de chose a Dieu. Dans
les assemblées délibérantes, oü l'ou a le tort
de les envoyer, ils donnent l'exemple de la
fougue, de la passion servies par une intem-
pérauce de langage inouïe. Plus de mansué-
tude évangélique, plus de décorum mèmc.
Que devient, en présence de ces énormités,
le prestige de l'Eglise qui, plus encore que
la femme de César, ne veut pas être soup-
counée
4
Malheureusement, les Césars d'aujour-
d'hui sout les premiers a saper le prestige
dans sa base. lis sauvent encore les sociétés,
mais pas les apparences. La pourpre, dédai-
guée, ne couvre plus leurs misères. Au lieu
de vivre et de disparaitre dans leur nuage,
ils se pro menen t la cigarette aux lèvres et
meurent bêtement comme tont le monde.
Plus de mystère, plus d'inconnu, plus rien
de ce qui fait le respect et la vénération des
peuples. Et quel langage est lc leur, grands
dieux Dernièrement, le César allemand
recevait nous ne savons plus quelle dépu-
tation a propos de lois religieuses nécessi-
tées par l'insubordination episcopale et pour
le vote desquelles il a fallu renforcer l'in-
comparable Chambre des Seigneurs, que
l'ou sait, d'une vingtaine de liobereaux triés
sur lc volet puritain. J'espère, Messieurs,
dit l'empereur, que cela sullira et que je
n'aurai pas besoin d'en faire une nouvelle
fournée.
Une fournée Quelle expression dans
une bouche auguste
Saus tombcr aussi bas, nos représentants
ne s'élèvent pas bien haut non plus, et avec
eux le prestige parlementaire s'en va a
l'eau. L'Echo du Parlement a beau soullier
dans sa trompette doctrinaire et annoncer
urbi et orbi uotre eloquence parlementaire,
on chcrche en vain sur les hornes de l'hémi-
cycle, les Démosthènes et les Cicérons
absents. Les harangues scissionnaires qu'il
donne comme des modèles du genre, ont
vu de loin les philippiquesetles catilinaires.
li y a entre elles une autre distance encore
que celle des siècles. Le libéralisme n'est pas
mort. C'est possible. Mais s'il n'avait que
ces maigres morceaux oratoires a se mettre
sous la dent, ii n'irait pas loin, bien sur...
En vérité, nous le disons, le prestige
n'est plus nulle part; et s'il est vrai que la
lettre tue i'esprit, il est encore plus incon
testable que l'absence de prestige est chose
fatale aux comédiens tiarés, crosses, mi-
trés, couronnés, pour lesquels la domina
tion est impossible sans le brillant.
VIVE LE GÉNÉRAL MALOU
Tout le monde était depuis longtemps frappé
en Belgique du luxe effréné dont on faisait preuve
dans l'habillement de nos simples soldats. Logés
comme de grands seigneurs dans des palais impro-
prement appelés casernes, couches comme des
millionnaires sur le duvet le plus fin, nourris enfin
comme de véritables princes, nos troupiers ne
rougissaient point, par dessus le marché, d'in-
sulter a la misère du peuple en étalant des tuniques,
des culottes et des schakos d'une richesse incom
parable.
M. Malou a voulu mettre un frein a eet épou-
vantable gaspillage des deniers publics. En sa
qualité de ministre de la guerre,il vient d'adresser
aux chefs de corps une circulaire ou nous lisons
ces lignes
On doit tenir sévèrement la main a ce que
l'onne renouvelle les objets et effets d'habillement
que lorsqu'ils ne peuvent plus absolument servir.
Pour les renouveler, il ne suffira pas que les objets
aient perdu leur nuance, que la couleur en soit
altérée ou que Fétoffe découvre ou montre la corde
des tissus, il faudra qu'ils soint arrivés a un degré
d'usure tel qu'il ne serait plus possible de conti-
nuer a les faire servir. A plus forte raison, inter-
dira-t-on les renouvellements par parties plus
ou moins considérables, qui n'ont généralement
d'autre but que de donner a la troupe un aspect
plus flatteur.
De plus, les volontaires et les miliciens seront
gracieusement engagés, par leurs colonels res-
pectifs, a s'insinuer dans les vieilles culottes
délaissées par les déserteurs et les soldats décédés.
Vive le général Malou
P. S. Outre ie logement et les frais de bureau,
M. Guillaume, baron, général et académicien a la
Cambre, dont les traitements s'élèvent tout au
LOPINION