JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YP11ES, Oimanche
zième année. i\:° 7»
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SIMPLE HYPOTIIÈSE.
La dernière revolution d'Espagne (j'en-
tends cclle d'hier, et j'espère qu'on n'en a
pas fait vine autre cette nuit), est chose rare,
une revolution' sans larmes. Personne ne
s'avisera de plaindre le roi Amédée, qui ne
songe assurément pas a so plaindre lvti-
même. Trop heureux dc sortir le front haut
de cette sombre et doulourevise impasse ou
on l'avait fourvoyé! II a fait, deux années
durant, l'expérience du trone; il l'a faite
en homme d'honneur, do courage et de
liberie, ou, pour tout dire d'un soul mot,
en digne bis dc la maison dc Savoie.
Quand il a vu qu'il n'était pas créé pour
l'Espagne, ou que l'Espagne n'était pas
créée pour lui, ou que la majorité dc ses
sujets pencbait décidément vers les institu
tions républicaines, il a résilié simplement
le contrat, renvoyé sa cotironne au garde-
meuble, remercié ses hötcs et repris le che-
min de son heureuse patrie. Dans quelques
jours, il abordera les rivages de l'ltalieau
milieu des acclamations d'un grand peuple
qui l'a jugé sur les champs de bataille, qui
l'apprécie a sa valeur, qui l'aime, et qui,
depuis mi certain temps, commencait a tout
craindre pour lui. Ses anciens compagnons
d'armes, ceux qui ont confondu leur sang
avec le sien dans le désastre glorieux de
Custozza l'aborderont sans ces consolations
embarrassées dont on salue les grandes
infortunes. On ne l'a point précipité du
tróne, il n'en est pas tombé, il a sauté a
terre avec la grace d'un cavalier parfait.
Non, Amédée n'est pas a plaindre.
Quant au people espagnol, nous ne le
plaindrons pas davantage, car, en rompant
avec la monarchie, il a fait ce qu'il a voulu.
Nous l'estimons assez pour croire qu'il sait
ou il va et qvi'il n'a pas entrepris sans
réflexions de se gouverner par lui-mème.
II est assez intelligent pour se tenir en
garde contre les prétendants de grand che-
min qui promettent monts et merveilles en
arrètant les diligences il est assez fort pour
écraser les bandes de factieux qui 1'oppri-
mentil sera pcut-êtrc assez sage pour for
mer en peu d'années vine République fédé
rale qui sera la Suisse du midi. L'Espagne
n'est done pas a plaindre.
Ce que j'ai plaint de tout mon cceur en
lisant la rapide histoire de cette révolution,
e'est notre cher pays, 'c'est la France. Repor-
tons-nous par la pensee a trois ans en
arrière, au printemps de 1870. Si le gou
vernement impérial, au lieu de regarder
comme un casus belli cette candidature du
prince de Hohenzollern, avait laissé les
choscs suivrc leur cours naturel, e'est le
prince de Hohenzollern qui s'embarqucrait
aujourd'hui dans quelque port dc l'Espa
gne, ou plutót ses sujets 1'auraient congédié
depuis longtemps, car l'arrogance d'un tem
pérament germanique eüt brusqué le
dénoiiement que la courtoisie italienne a
retardé.
Et la Prussc, occupée par les événements
d'Espagne, n'aurait eu ni l'occasion ni les
moyens dc se jeter sur nous.Et nous n'au-
rions perdu ni l'Alsace, ni la Lorraine. Et
mais pourquoi s'abandonner a des illusions
rétrospcctives? Ce qui est fait est faitleplus
pressé 'n'est pas de déplorer nos fautes,
mais de les réparer.
About.
EUX SEULS
II est quelque peu superflu de nier et memo
d'affirmer l'intolérance du clergé quant a l'ensei-
gnement.
Non-seulement cette intolerance est un fait qui
crève les yeux, mais elle est une nécessité. II faut
s'étonner non pas de ce qu'elle se produit, mais
de la naïveté de ceux qui s'en montrent surpris.
Le clergé veut le monopole de I'enseigncment.
Ceux d'entre les membres qui dans la pratique
négligeraient cette pretention, seraient considérés
par leurs supérieurs et par leurs confrères comme
de mauvais prêtres.
Aux yeux du clergé il faut que l'influence sacer-
dotale prédomine, qu'elle règne et gouverne, au
moins par personnes interposées. Tout dans ce
monde, directement ou indirectement, doit être
fait par et pour les ministres du culte.
Et afin de mieux atteindre ce but, il ne devrait
y avoir que des écoles cléricales ce n'est qu'a
regret que le clergé supporte des écoles placées en
dehors de son influence.
Son raisonnement tres simple et trés logique est
identique a celui du calife Omar, l'incendiaire de
la bibliothèque d'Alexandrie. Les écoles laïques,
dit-il, rienseignent que ce qu'enseignent nos pro-
pres écoles et alors elles sont inutilesou bien
elles apprennent autre chose, et dans ce cas elles
sont dangereuses ou nuisibles.
Ces pretentions inhérentes en quelque sorte a
l'état ecclésiastique, sont révoltantes, mais natu
relles.
Les protestations, los feintes, les hypocrisies
cléricales no peuvent servir qu'a augmenter la
repulsion qu'inspirent les tendances de nos adver-
saires.
II n'y a d'ailleurs d'autre parti a prendre quo
de combattre sans relache la misère et l'igno-
rance, les abus, les préjugés et les superstitions.
Mieux nous connaitrons le mal, plus il sera
facile d'y remédier. En presence des immenses
progrès accomplis déja par la raison et la civili
sation, il y a beaucoup a espórer pour un prochain
avenir. i
Nous lisons dans le Progrès
Un journal catholique flamand, IIet Recht de
St-Trond, public de petits dialogues a vignettes a
l'instar do Kladder adats h.
n Son Schultze et son Müller s'appellent Sus et
Kobe Janssens le premier, bon liberal, le second
dévoué aux bons principes.
ij Sus exprime l'espoir de voir revenir les libc-
raux au gouvernail.
n Pour quoi faire? lui demandeKobe Janssens.
Pour tout faire.
Vous ditesvrai, pour faire des lois sur les
bourses, pour attaquer la chaire de vérité, pour
persécuter les fabriques d'église, pour soullier les
cimetières, pour mettre sur le tapis tout ce qui
est haineux contre les prêtres et le culte et pour
soutenir les gueux d'An vers.
Sus se récrie. Mais Kobe Janssens continue
li Si vous êtes vóritablement Beige, vous ne
pouvez pas marcher avec les libéraux, paree quils
sonl occupe'ssans cessed rong er d la Constitution
au profit de leur manière de voir.
De ces libéraux-la, je n'en suis pas, se
recrie Sus.
n Mais Kobe Janssens est impitoyable
n II n'y en pas d'autres, dit-il péremptoire-
ment.
Et le Progrès ajoute
Eh bienqu'en dites-vous, les anciens, qui
trouxiez de bonne politique de faire le jeu des curés
Êtes-vous édifiés
Les anciensProgrèsce sont vos patrons c'est
M. Alph. Vandenpeereboom, l'apologiste de la loi
de 1842, le créateur des écoles d'adultes placées
sous le régime de cette loic'est M. Henri Carton,
le défenseur du compromis Malouc'est M. Pierre
Beke, le próneur du clérical Beaucourt, et tutti
quantitous ceux qui,ayanteule pouvoird'anéantir
l'influence cléricale, l'ont ménagée, l'ont adulée,
ont composé avec clle, tons ceux qui, pour nous
[/OPINION