JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
L
YPRES, SlimaD&ie
önzièmc anaéc. ft'° 13,
30 Mars 1873,
PRIX DMItO.WIlHKIT
POUR LA BELGIQUE
8 francs par an; 4 fr. 50 par serneslre.
Pour UE^ranger, le port en sus.
Un Numéro 25 Centimes -
PRIX DES AXXOXCES
EX DES RECLAMES
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Corps du Journal, 30 centuries-.
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Le budget.
Qui cst-ee qui connait l'étymologje du
mot budget Nous avons eu beau con-
suiter les anciens et les modernes, appeler
les philologues a la rescousse et parcourir
en tous sens le jardin des racines grecques,
impossible de rien trouver sur l'origine de
ce mystérieux neologisme. Vous verrez
qu'on aura plus tót fait de découvrir les
sources du Nil que celles de ce vocable, qui
est pourtant aujourd'hui dans toutes les
bouches. Les ministres eux-mêmes qui l'ont
pris sous leur protection et a qui il n'en
fait pas moins passer demauvais quarts
d'heure n'en savent pas plus long la-dcssus
que le commun des martyrs, etils le défen
dent sans le connaitre. M. Delcour qui sort
d'en prendre et M. De Landshecre qui va
en apprendre sont certainementdanscc cas
ta.
II faut croire que e'est un mot do la gene
ration spontanée, ct que le monde aura
com pris du premier coup sans la moindre
explication. II y a commc cela des expres
sions qui s'imposent et dont le people lui-
même a l'intuition. Car si l'on ignore le vrai
sens dc celui-ci, on sait au moins ce que
ccla veut dire.
-
On no le sait que trop, disent les contri-
buables grincheux qui prétendent que le
mot a pris racine au fond de leur bourse et
devient chaquc année plus difficile a nour-
rir.
Que le diable 1'emporte, ajoutent les poli-
tiques, car il prend le plus clair des sessiofis.
Puisqu'il faut en passer par ses exigences,
que ne lui baille-t-on tout d'un coup l'ar-
gent qu'il reclame sans tant parlementer
Qu'on lui fasse son compte tout dc suite,
sans lui sacrifier encore par dessus le mar-
ché un temps précieux qu'on pourrait
employer a faire ties lois utiles.
Assurcment, e'est une satisfaction pour
l'opposition de mettrele gouvernement dans
ses petits souliers; cela la met elle-même a
1'aise et cela la relève d'un cran dans l'es-
time du pays. C'est un bon point pour le
prochain concours electoral. En politique,
on prend ses avantages ou on les trouve et
ils n'est permis de rien négliger en vue de
l'avenir. On sait trop bien qu'il faut semer
pour récolter.
C'est même, si vous voulez, un spectacle
trés amusant pour la galerie de voir les
ministres cuire dans leur jus des mois en tiers
Mais cela n'est ni substantiel, ni régalant
pour le pays. Quand on les a fait mijoter au
feu de la discussion, qu'en reste-t-il
A quoi a t-il scrvi de rappeler toutes les
fredaines administratives clu père Delcour
et dc lui mettrc, pendant six semaines, le
nez dans les incongruités de ses nomina
tions communales MM. tels et tels sont
des bourgmestres ou des échevins nommés
en dépit de toutes les régies de la justice et
du bon sens. Ce sont, si vous voulez, poli—
tiquement parlant, des êtres a ne pas tou
cher avec des pincettes. En restent-ils moins
pour cela a leur poste? Nous voila bien
avancés, si vous n'avez fait que signaler le
mal sans pouvoir y porter remède
Croyez-vous que les magistrats dc l'ordre
judiciaire, nommés égalcment par favori-
tisme, seront plus empresses que les maïeurs
cléricaux dc tenir compte de vos objurga
tions et, reconnaissant qu'ils ont rnarché
sur le corps de plus méritants qu'eux, de
faire le sacrifice de leur bonnet carré sur
Pantel du bon droit et de la justice distribu
tive Ou bien, ce qui ne serait pas moins
naïf, que le ministre, faisant son mea culpa,
se frappant la poitrine, va destituer ses
favoris et en mettre d'autres a leur place
Les couvents, fidèles a la voix de l'Evan-
gile, croiss'ent et multiplient. C'est un mal
pour tout le monde, etsurtout pour les pau-
vres, quoiqu'en dise le facétieux M. Coo-
mans.
Mais quand on aura fait le compte des
capucins, des récollets, des joséphites, des
bénédictins, des rédemptoristes, des carmcs
chaussés et déchaussés qui pullulent sur
notre sol, a quoi servira ce dénombremenl
s'il n'est suivi du massacre de toute la moi-
naille parasite
Ce qui n'est ni possible ni désirable, assu-
rément.
N'est-ce pas, dés lors, prêcber dans le
désert du Parlement
L'AFFAIRE PYCKE.
On connait le résultat de l'interpellation adres-
sée par M. Frère-Orban a M. le ministre de la
justice au sujet d'un propos extra-diplomatique
attribué a M. Pycke, notre représentant auprès
du St-Siége, par le Bien public de Gand.
On sait que M. Malou a donné a l'organe dc
Pévêché de Gand un démenti catégorique, décla-
rant que M. Pycke n'avait jamais tenu le langage
qui lui avait été prêté.
Les convenances diplomatiques sont ainsi sau-
vegardées,mais, comme l'a fort bien dit M. Frère-
Orban, il ressort de eet incident un enseignement
dont il serait bon que la Belgique tint compte,
c'est que la présence a Rome d'un ministre beige
accrédité auprès du Vatican ne peut être pour
notre pays qu'une source d'embarras et d'en-
nuis.
En vertu de la Constitution, nous ne pouvons
pas avoir de rapports officiels avec le chef d'uno
Eglise quelconque, par conséquent si nous avons
un ministre accrédité auprès du pape, ce ne peut
être que paree que le gouvernement beige consi-
dère encore celui-ci comme souverain, comme
chef d'Etat, malgré la révolution pacifique et lé-
gitime qui a donné a l'Italie son unité politique.
Cette attitude du gouvernement beige est déplo-
rable et n'est certes pas conforme a la stricte neu-
tralité que les traités nous imposent. Si nous ne
tenons pas compte du fait accompli pour Pie IX,
il n'y a pas de motif pour que nous en tenions
compte a l'égard des autres souverains dépossé-
dés et pour que nous ne fassions pas représenter
officiellement la Belgique auprès de Mme Isabelle
de Bourbon, du comte de Chambord ou du prince
Napoléon-Bonaparte.
Nous devrions avoir, en pareille matièro, un
principe fixe et certain, applicable dans tous les
cas du même genre, aussi est-il a désirer qu'a
défaut du gouvernement qui n'ose pas rentrer
dans la lógalité de.peur d'encourir la disgrace de
toute la puissante Compagnie de Jésus et des
évêques, il se trouve a la Cliambre un représen
tant qui fasse du rappel définitif de M. Pycke
l'objet d'une proposition formelle.
Voici comment YUniners apprécie la dornière
victoire de M. Malou, le tueur de lions
L'interpellation dont nous parlions l'autre
jour a été discutée hier a la Chambre beige, et en
1'absence de M. d'Aspremont-Lynden, indisposé,
c'est M. Malou qui s'est chargé de répondre aux
questions de M. Frère. D'après 1'Indépendance
beige, il l'a fait de f'agon a contenter l'interpeilant,
et il est vrai que lo compte-rendu des débats ne
fait pas preuve que M. Malou ait montré une
LOPiniioi