VILLE D'YPRES.
La personne qui donne ces renseignements
assure que, de ces recherches, doit résulter la
découverte d'une série de crimes dont les premiers
remontent a vingt ans.
On a beaucoup ri l'autre jour, dans un petit
theatre de province de troisième ordre assuré-
ment.
On représentait un opéra-comique, intitule a
Folle.
La prima dona roucoulait dans les coulisses.
Le père noble dit patliétiquement
File chante, son air est égaré.
Et le public de se tordreau double sens de
cette observation.
"Variétés.
Ceci est une historiette du temps du siege de
Paris.
L'homme de lettres qui en est le héros, si
héros il y a, habitait, sur le quai Voltaire, un
appartement au quatrième étage, meublé princi-
palement de livres, au milieu desquels il vivait seul
et laborieux.
ün jour, il s'apergut qu'il avait un compagnon
de logement.
C'était un rat.
Comment ce rat était-il venu? Comment était-il
monté au quatrième étage Mystère Après
les harengs, les rats sont les plus intrigants des
animaux, c'est un fait acquis a la science philo-
sophique.
Ce rat, qui devait être un lettré, s'était natu-
rellement installé dans la bibliothèque, a cóté de
la chambre a coucher. II y faisait ses orgies nuit
et jour, ce dont il résultait un petit bruit presque
continuel.
L'homme de lettres en fut agacé pendant les
premiers temps il tendit des souricières garnies
des fromages les plus tentateurs.
Le rat laissa les fromages intacts il préférait
les elzévirs.
L'homme de lettres employa le poison.
Le rat s'en moqua, comme Mithridate.
De guerre lasse, l'homme de lettres dut accep
ter cettre co-habitation avec un rongeur. II finit
même par s'y accoutumer, car on s'accoutume a
tout. - En quoi, le grignottement d'un rat est-il
plus désagréable, en effet, que le tic-tac d'un
coucou
Jusqu'alors, l'homme de lettres n'avait pas
cherché a voir le ratil n'y tenait pas il avait
encore des préjugés sur ces espèces.
Ce fut le rat, le premier, qui, piqué sans doute
de cette indifférence, cherchaasemontrerd'ahord
timidement, comme pour dire
Tu me prends peut-être pour un rat vulgaire,
valgaris en latin, tu as bien tortregarde-moi un
peu j'ai le museau fin, l'ceil intelligent, la mous
tache mignonne, le corps délié, les pattes agiles,
la queue frétillante. Tout indique que je suis sorli
d'une edition des fables de La Fontaine ou de Flo-
rian.
L'homme de lettres sourit.
Je dirai plusil fit bonne figure au rat, qui,
peu après, y mit moins de fatjons et finit par se
considérer entièrement chez lui.
A partir de ce moment, il y eut comme un
accord tacite entre eux deux.
L'homme de lettres promettait de ne plus atten
ter a la liberté du rat.
De son cöté, le rat s'engageait a restreindre ses
dégradations dans un certain cercle, moyen-
nant quoi, on lui abandonnait un lot de volumes
dépareillés, renouvelables de temps en temps.
Le rat était trés friand de reliures, l'homme de
lettres était tenu a lui céder, a toutes les grandes
fêtes, soit un vieil almanach royal, soit un tome
de l Encyclopédie.
Sans avoir été signées ni paraphées, ces clauses
furent remplies de part et d'autre avec une par-
faite loyauté, pendant un an environ.
Pendant un an, l'homme de lettres et le rat
firent un excellent ménage. Je crois même que
l'afïection s'en mêla, tant l'habitude a de puis
sance
Vinrent les événements terribles que l'o'n sait.
Vint la guerre, vint la défaite, vint l'investis-
sement de Paris, vint la disette.
L'homme de lettres souffrit, comme tout le
monde il mangea peu et mal, jusqu'au jour oh
il se vit menacé de ne plus manger du tout
Ce jour-la, il était abimé dans une meditation
dénuée de charmes, lorsqu'un bruit bien connu se
produisit auprès.de lui.
II releva la tête et s'écria d'une inspiration sou-
daine
Le rat
Presque aussitót la voix de sa conscience lui fit
murmurer
Oh!
Mais l'hésitation fut de courte durée. L'homme
de lettres avait faim, la mort du rat fut décrétée.
II ne s'agissait que de le prendre.
Cela devait être facile, en raison de ses allures
familières.
L'homme de lettres procéda d'abord par insi
nuation ce furent des Petitpetitmurmurés
a voix douce avec des appels de la main.
Le rat faisait la sourde oreille.
Ou done est-il, le joli rat, le gentil rat, le
raton a son bon maitre Qu'il vienne, pour que
je lui donne un Horace a grignotter.
Le rat se tint coi.
II se méfiait, évidemment.
L'homme de lettres le guetta ainsi pendant deux
heures il savait oü était son gite et il ne le quit-
tait pas du coin de l'ceil.
Au bout de deux heures, le rat, qui s'ennuyait
probablement, se hasarda a sortir,
L'homme de lettres bondit immédiatement et
posa le pied sur le trou, qu'il boucha avec du
papier, comme il avait fait soigneusement de
toutes les au tres issues.
Toute fuite était impossible.
Alors, dans cette petite chambre commenca une
chasse dont on se fera difficilement une idée.
Le rat fu\ait, éperdu, devant l'homme de let
tres.
Celui-ci s'était armé d'un baton il rappelait
vaguement Hamlet, l'épée a la main, prêt a lar
der la tapisserie derrière laquelle s'est tapis Polo-
nius.
Le rat faisait des bonds surprenants, il se
cognait le nez a tous les angles, il grimpait a
demi au mur, et il retombait lourdement, pour se
sauver de plus belle.
L'homme de lettres le suivait partout.
Désespéré, le rat se retourna résolument, fit
jaillir deux éclairs de ses petits yeux et mordit a
la jambe son adversaire.
Un coup de baton l'atteignit au même instant
sur les reins le rat lacha prise un second
l'acheva en l'envoyant rouler au bout de la
chambre.
II fit un petit couic, eut une derrière convulsion,
et demeura immobile mort...
L'homme de lettres se sentit froid dans le dos
et demeura quelques minutes sans oser ramasser
ce petit cadavre.
Bah dit-il en haussant les épaules.
II prépara un feu de charbon, bien modeste,
comme tous les feux de ce temps-la.
Ensuite, se rappelant comment il avait vu faire
par les tonneliers de Bordeaux, il prit sa victime
avec un couteau, il la... dépouilla, et la fendit en
deux.
Ces deux parties furent déposées sur le gril.
Une assiette oü. étaientdéposés des herbages, du
sel et une forte pincée de poivre, attendait auprès.
Bientót, une odeur délicieuse se répandit dans
l'appartement.
D'honneur, on dirait un rat musqué pro-
nonca l'homme de lettres.
Ce fut la seule épitaphe du pauvre animal.
L'homme de lettres n'eut de remords que quel
ques jours après, c'est-a-dire lorsque Paris fut
délivré et que les volailles truffées eurent com-
mencé a reparaitre aüx étalages des marchands
de comestibles. Chables Monselet.
VEUROPE ILL USTRÉE
Journalchromographiéparaissant le ler etle 15 de
chaquemois.
Bruxelles, un an 10 Fr. Provinces 10-50 Fr.
76, rue Neuve, Bruxelles.
Sommaibe du N° 7. (ler Avril 1873).
Gravures en couleurLe Carnaval a Paris. Un
lendemain de Mi-Carême, par A. Aubry.
Ostende. Bateau de pêche louvoyant en vue de
1'estacade, par A. La Lotte. Le Jura, par
Chevreuse. Christine Nilsson, d'rprès Reutlin-
ger. Texte ."Courrier, par Fantasio. -Un drame
dans la neige, par Alfred Assollant Les muses
au tombeau. A ThéophileGautier, par Théodore
de Banville. Christine Nilsson, par M"le E.
Serrena. Causerie artistique, par le vicomte
Le Bailly. Le Sport, par Ernest Parent.
Revue scientifique, par le Dr Arthur Houzé.
Chronique financière, par Law.
V Europe lllustrée est le seul journal qui publie
des gravures en couleur dans chacun de ses
numéros. Ce sont autant cl'aquarelles et de ta
bleaux a l'huile imprimés, par des procédés nou-
veaux, dans le corps du journal, ce qui ne s'est
jamais vu. C'est la peinture appliquée a l'illus-
tration périodique. L'Europe constitue une véri-
table revolution dans la presse illustrée. Le n° 7
est une meryeille de coloris.
Toute personne qui enverra, avant le 15 Avril,
a l'Administration, 76, rue Neuve, Bruxelles, un
mandat-poste de 10 fr. pour Bruxelles, 10-50 fr.
pour la Province, recevra franco, avec les deux
premiers numéros parus, la prime gratuite consis-
tant en un Joli Tableau a Vhuiledestiné a être
encadré.
_A_vis.
Les fonctions dc Commissairc de Police
étaut vacantes en ce moment, par suite de
la demission du titulaire, les personnes, qui
voudraient obtenir cette place, sont prides
de s'adresser par écrit au college des
Bourgmestre et Écheyins.
Le traitement a été fixé au chiffre de
fr. 2,500 minimum.
Par suite de la reorganisation de la
Police, il y a aussi a pourvoir a la nomi
nation de deux nouveaux Agents.
Le traitement de ces Agents est fixé au
chiffre de fr. 900 minimum.
YPRES.
Etal-civil du 4 au 11 avril 1873.
Prix mogen du marche du 11 avril 1873.
BATAILLE AVEC UN EAT.
NAISSANCES.
Sexe masculin 5. Sexe féminin 4.
DÊCÈS.
Magherman. Nathalie, 48 ans. soeur decharité, rile de la
Boule. Vandromme. Amelie, 67 ans, dentellière, veuve de
llésiré Tremery, rue de vlenin. Lava, Pierre, 6t ans, jour-
nalier. éponx de Colette Gorisey, rue de Thourout.
Enfaiits au dessous de 7 ans
Sexe maseulin 0. Sexe féminin 2
POPKItlSMIII).
Elat-civil duA au 11 avrrl 1873.
NAISSANCES.
Sexe masculin 8. Sexe Féminin 4
DÉCÈS
Ampen, Hélène-Marie, 9 ans, Ha<gebaerlhoek St-Jean.
Vancaeyseele, Louise Lucie, 23 ans, couturière, célibataire
rue de Fumes, Cardinael, Anne-Marie, 74 ans, réligieuse
pénitente, rue de Brug< s. Leicher, Justin-Leopold, 23 ans,
célibataire. particulier, rue de Fnrnes. Siefooghe Rosalie,
39 ans, cabaretière, épouse Ange-Albert, Gantois. Eeckhock.
Enfants au-dessous de 7 ans
Sexe masculin 2. Sexe Féminin 1.
E TAT indiquanl les quantitês et le prix mogen des
grains, fourrages et autres produits agricoles ven
dus le 12 avril 1873, sur le marche de la ville
dYpres.
NATURE
lies MARCHAND1SES
VENDUES
yUANTlTES I PRIX BUY EN FOI US
VENDUES. PAK 'MOVEN UJt
Kilogrammes. 100 kilogram I I'liectol.
Froinenl.
Seigle
Avoine
Pots
Fêve
32.600
6,000
3 900
30 30
19 25
00-00
22 00
21-50
80-00
73-00
44-OC
8 -CO
80-00
l>operini;he.
Froment, ('hectolitre00 0®
Seigle14 SO
Avoine9 00
Poinmes de terre, les 100 kilog8 00
Beurre,le kilog. 3 40
Houblon, les 50 kilog. (Récolte 1871.). 000 i OoO