<y Hebdomadaire Catholique d'Intérêt Général ]VJ ERCI Instantanés La nouvelle politique commerciale et l'agriculture. Notre journal répondait un besoin. Il nous faudra quelque temps pour arriver lui donner la toilette et l'allure que nous lui souhaitons. Cela exige un plan bien précis chez ceux qui dirigent le journal, mais cela dépend également de la colla boration de tous. D'ailleurs, nous le disions, c'est une œuvre vivante que nous travaillons, et qui ne pourra s'établir que par un contact permanent entre la direction et le public. Vous avez compris notre but dès le premier numéro. La vie moderne est plus qu'assez compliquée. Ef forçons-nous de la simplifier, et ne nous chargeons pas inutilement du fatras des vaines querelles. On ne parle que de paix. On ne rêve que d'avoir la paix, et chaque instant on s'empoisonne l'exis tence en s'opposant pour des riens aux initiatives de ses semblables. Nous avons notre tranquillité dans nos mains, et volontairement, bête ment nous préférons cultiver nos divisions. Soyons de notre temps, et notre temps appartient aux esprits cons- tructifs, positifs. Cessons d'être contre quelque chose ou quelqu'un ou si nous le sommes, du moins que notre action ne se contente pas de détruire, mais cherche rem placer, édifier. Edifier quel mot d'ordre splen- dide pour les catholiques. Edifier, c'est construire, bâtir, élever et ce mot ne s'emploie que pour une construction monumentale. Edifier, c est porter la piété et la vertu par des exemples et une action. Edifier, c'est instruire, c'est rensei gner son prochain sur des choses qu'il désire connaitre. Réfléchissez et dites si vous ac ceptez de collaborer avec nous dans ce travail opiniâtre de redressement des esprits. Qui refuse ajouter, retrancher, amplifier, résu- Politiques. Dès maintenant vous trouvez dans Le Sud des chroniques ré gulières de la plupart des commu nes. Nous arriverons les avoir toutes, et c'est aux premiers que nous adressons un chaleureux re merciement pour nous avoir sou tenu avant le premier numéro du journal, et nous avoir donné cette marque de confiance. Nous attendons un volumineux courrier de nos lecteurs qui nous adressent leur remarques, qui nous fassent savoir leurs suggestions, ce que nous devons, i après eux, mer. Il nous faut des chroniques lo cales bien vivantes. Elles doivent être joyeuses, sans acrimonies. Toute chose humaine a ses défauts et ses qualités. Soulignons les qualités elles deviendront peut- être des vertus. Tout est intéressant, dès que cela prouve une activité, un désir de bien faire et de faire du bien. Mais soyons larges d'esprit et généreux de cœur. Chaque commune nous doit sa rubrique. On dit que nous sommes le pays le plus fertile en choche- tés». Tant mieux, si c'est dans un esprit de bon et sain délassement, de camaraderie franche et joyeuse. Nous commençons aujourd'hui une Chronique Syndicale Nous espérons qu'elle sera régulière. Elle est adaptée la région. Ce n'est pas une chronique emprun tée des manuels. Elle est faite spécialement 'pour les habitants du Sud, et est appropriée au climat, au terrain et la saison. C'est une chronique pratique et qui est appe lée rendre les plus grands ser vices aux agriculteurs du Sud. Pour faciliter l'envoi du journal ceux qui n'habitent pas au centre de la commune, nous demandons aux agriculteurs de s'abonner immédia tement pour qu'ils reçoivent régu lièrement le journal par la poste. Nous mettons au point une étu de sur la question des frontaliers. Chose inouïe, il n'existe actuelle ment aucune documentation com plète et pratique ce sujet. On con- nait parfaitement bien les forma lités accomplir. Mais cela n'est que l'art de subir la question fron talière. Pour la résoudre, il faut une documentation d'un tout autre ordre. Nous travaillons l'établir, et nous faisons appel tous ceux qui peuvent nous donner des ren seignements utiles. Nous demandons aux ouvriers de conserver les numéros du jour nal, car ainsi ils auront bientôt sous la main une documentation pré cieuse. Merci tous ceux qui nous ont aidé lancer notre premier numé ro, et tous ceux qui nous vien dront cette semaine nous disons l'avance, également, merci. Ch. van Renynghe. lre ANNEE No 2 PRIX 35 centimes le numéro. DIMANCHE 14 JANVIER 1934 ABONNEMENT UN AN 15 FRANCS Direction Ch. van RENYNGHE, Ypres. Rédaction-Administration A. BREYNE, 16, rue d'EJverdinghe, Ypres. Compte chèques postaux 4086.97 Le Sud a été bien accueilli. Le Sud donnera partir de ce numéro une chronique sur notre législation sociale. f[ Remaniement ministériel. Depuis plusieurs mois M. le Ministre Poullet songeait remettre un portefeuille qu'il avait accepté malgré lui. Sa santé exi geait qu'il se retire. M. le Sénateur Pierlot prend la succession du départe ment de l'Intérieur. Ce doit être le quinzième Ministre de l'Intérieur de puis l'armistice. Quand un nouveau nom figure sur le palmarès politique, tous les espoirs sont permis. Ceux qui connaissent le sympathique et modeste sénateur du Luxembourg savent que ces espoirs sont fondés. Calme et volontaire, ce vrai wallon est un grand Belge. Catholique d'esprit et de cœur, n'appartenantaucun groupe, inféodé aucune côtene, M. Pierlot est un homme politique catholique sans éti quettes et sans adjectifs. Il n'a dans toute sa vie politique et profession nelle connu qu'un principe la probité. Nous souhaitons M. le Ministre Pier lot que par son action il réforme son ministère, et qu'il ne soit pas déformé par une des administrations les plus faibles de notre organisation politique. Et M. le Ministre d'Etat Van Cau- welaert est chargé d'organiser ce que nous demandons depuis des années une politique commerciale constructive, positive. Il a l'Industrie, le Commerce et les Classes Moyennes. Tâche de géant. Les débuts seront très pénibles. Le décrassement des départements du ministère de l'Industrie, et l'état em bryonnaire du département des Clas ses Moyennes exigent plusieurs mois de travail avant d'arriver une mise au point. Et le temps presse. Il faut féliciter l'homme d'Etat qui a le cou rage de s'attacher pareille besogne. La Prévoyance sociale va rejoindre le Ministère de M. van Isacker, et l'Hy giène retourne l'Intérieur. Pour com bien de temps C On discute pour savoir si Stavisky s'est suicidé ou si on l'a suicidé Qu'importe. Les gauches sont tranquil les. Il ne parlera plus, et on espère étouffer le scandale. Van der Lubbe a été exécuté. Le gouvernement hollandais avait de mandé sa grâce. L'Allemagne l'a exé cuté sans avertir même ses parents. Epilogue rapide du procès de Leipzig. C Les filles de l'ambassadeur du Ja pon Paris viennent de se convertir au catholicisme. Peut-être cela fera-t-il réfléchir certains catholiques qui ne le sont que de nom. C On raconte dans les milieux bien informés que le remaniement du cabi net Chautemps assurera au moins pem dant quarante-huit heures la stabilité de la politique française. conditionne l'efficacité de tout notre système de défense du marché inté rieur, si laborieusement échafaudé au cours des dernières années l'un ne va pas sans l'autre. Depuis quelques mois, un comité res treint, composé de cinq personnes, et appelé Comité Theunis est occupé élaborer une nouvelle politique com merciale. Ce que l'on connaît de ses premiers travaux, nous permet de croire qu'un des caractères de cette nouvelle politique commerciale sera d'essayer de rétablir entre notre pays et certains pays voisins des échanges de produits commerciaux basés sur l'échange de produits complémentaires et, somme toute, sur le troc. Cette nouvelle politique intéresse au plus haut point les agriculteurs, elle doit leur permettre de trouver des mar chés d'écoulement pour leurs exporta tions agricoles nécessaires l'équilibre non tant de quelques spéculations dé terminées, mais de toute notre écono mie agricole actuelle. Nous avons vu qu'au cours de 1932. la valeur de nos exportations agricoles nettes s'élevait 547 millions. Or, nous avons importé, au cours de cette même année, pour 1.869 millions de produits agricoles, soit trois fois plus. La conclusion s'impose. Louis DELVAUX. Nous donnons en entier un remarquable article de M. Louis DELVAUX paru dans le XXe Siècle. Il n'est pas inutile de sou ligner que M. Delvaux a été depuis plus de dix ans le patient, persévérant et cou rageux secrétaire de l'Union Catholique de Belgique. On doit reconnaître que l'Union Catholique de Belgique n'a été pendant longtemps qu'une façade. Mais si cette fa çade n'avait pas été maintenue, nous au rions difficilement pu reconstituer la nou velle Union Catholique, dont on parle tant ces jours-ci. Louis Delvaux a toujours été le dévoué et désintéressé collaborateur du parti catholique. Disons même que le se crétaire devient souvent le trésorier. Ses avis sur l'agriculture sont très écoutés, et dans l'article que vous lirez, vous consta terez que l'auteur insiste particulièrement sur la question de l'exportation. Il parle de la politique de troc d'échanges. C'est en vue de celle-ci que nous avons fait cam pagne pour la nomination de consul Lille. Mais il faut maintenant que les agri culteurs du Sud prennent conscience de la nécessité de collaboration et de solidarité. Dans chaque commune devrait surgir une organisation vivante, et nous travaillerons coordonner leurs efforts. A la veille de la crise, l'agriculture belge vivait sous un régime de libre- échange presque complet. Elle ne connaissait guère que l'un ou l'autre droit d'entrée 7 francs au quintal d'avoine et 0 fr. 20 au kilo de beurre, par exemple datant d'avant 1900 et rendus pratiquement ineffica ces par suite de la dévalorisation du franc en 1926. Et encore, certains de ces légers droits avaient-ils dispa'ru au lendemain de la guerre, comme les droits sur les importations de viande et de bétail. Au cours des revisions du tarif douanier, en 1919 et 1924, l'agri culture avait été oubliée. Elle n'avait pas participé ces péréquations. L'agriculture belge s'accommodait cependant de cette situation et d'un libre-échange pratiqué alors dans des conditions normales. On sait qu'en 192 7-1928, les diverses branches de notre agriculture étaient peu près restaurées et guéries des blessures profondes de la guerre. La valeur de notre production agricole augmentait d'année en année jusqu'à couvrir, cette époque, 80 pour cent des besoins de notre consommation. Cette politique de la porte ouver te devait rendre notre agriculture très sensible et très vulnérable aux consé quences de la crise économique géné rale qui débuta, en Europe comme en Amérique, par la crise agricole. La Belgique devint rapidement le dépotoir des pays voisins cherchant désengorger tous prix leur marché de produits agricoles en excès, les cé réales d'abord, les produits animaux, viande et beurre, ensuite. Pendant des mois, ce fut une inondation irrésistible, amenant une chute profonde et accé lérée des prix tandis que nos grands voisins, entraînés par leur nationalisme économique, nous fermaient l'accès leurs marchés. Chez eux, tout était mis en œuvre avec une célérité et une rapi dité déconcertantes. Relèvement des droits d'entrée, contingentement des importations, primes l'exportation, dumpings de toute nature, dévalorisa tion des monnaies, contrôle des devi ses... Chez nous, aux appels des agri culteurs en détresse, on répondait par des considérations, académiques ou by zantines, sur le Libre-échange et le Pro tectionnisme. Enfin, le bon sens prit le dessus et on commença, avec un retard regret table, organiser la défense du mar ché intérieur des produits agricoles. Au cours des années 1931, 1932, 1933 on mit sur pied un ensemble de me sures qui, pour empiriques et modérées qu'elles soient, se révèlent l'expé rience, efficaces et satisfaisantes, eu égard aux circonstances ce qui n'ex clut pas que certaines d'entre elles soient perfectibles et susceptibles d'adaptation. Nous avons vécu l'abri de ces me sures au cours des deux dernières an nées. Nous avons tenu et c'est déjà beaucoup... Il ne faut pas oublier que l'existence même de notre agricul ture était en péril. Nous avons tiré -le notre situation de pays importateur d« produits agricoles, ce que nous avons pu pour la défense de notre marché intérieur. Mais au cours de ces deux dernières années aussi, le nationalisme économi que de la plupart des pays européens, de nos voisins, grands et petits, c'a cessé de se développer, aboutissant l'isolement économique et l'arrêt des échanges. L'arrêt de nos exportations agricoles en France, en Allemagne, en Angle terre, est tout fait caractéristique. De 1931 1932, nos exportations agrico les en France ont subi une réduction de 46 pour cent pour les 8 premiers mois de 1933, comparés aux 8 pre miers mois de 1932, il y a un nouveau recul de 42 pour cent. Nos exportations agricoles en Alle magne ont baissé considérablement au cours de 1933, elles ne représentent, pendant les 8 premiers mois de 1933, que 5 7 pour cent de celles de la pé riode correspondante de 1932. Le recul de nos exportations agri coles en Angleterre est catastrophique de 1931 1932, il est de 47 oour cent, et de 1932 1933 de 73 pour cent. Si nous avons sauvegardé notre mar ché intérieur de produits agricoles, nous avons perdu la possibilité de continuer exporter les excédents de certains de ces produits. Certes, nos exportations agricoles peuvent paraître peu importantes, ab solument parlant, puisque sur les 10.123.794.000 francs qui représen tent la valeur approximative des pro duits sortis de nos exploitations en 1932, la valeur de nos exportations agricoles nettes ne s'élève qu'à 546.805.000 francs, soit quelque 5,4 pour cent. Mais ce serait une grave er reur de sousestimer l'importance et celle-ci est considérable de ces ex portations et du rôle qu'elles remplis sent dans l'équilibre, très instable, de nos spéculations. La valeur des expor tations nettes de chevaux s'élève 62,5 pour cent de la valeur totale des ventes, celles des cossettes de chicorée atteint 59,6 pour cent celle des pet'ts pois 52,3 pour cent celle des œufs 27,7 pour cent celle des pommes de terre 20,8 pour cent. Ces indications montrent l'évi dence que l'existence même de ces prc»- ductions est conditionnée par la possi bilité d' en exporter une partie, tou jours très importante. Mais il y a plus. Le rôle que jouent ces exportations dans l'équilibre géné ral de nos spéculations apparaît d'une importance capitale dans les circonstan ces jctuelles. Si la politique de défense de notre marché intérieur des produits agricoles doit aboutir un bouleverse ment, même moins, un changement, de nos spéculations, telle que la géo graphie en était fixée en 1929-1930, c'est l'effondrement inévitable de cette politique de défense. On ne peut ou blier que tout le système repose sur le fait que nous sommes importateurs de produits agricoles en 1932, la valeur de nos importations agricoles nettes s'est élevée 1.869 millions de francs. Si une ou plusieurs spéculations ne 3ont pas protégées et qu elles disparaissent au profit de celles qui restent renta bles, la production de celles-ci va cou vrir bien vite les besoins de notre con sommation, et les droits d entrée et les contingentement perdront toute ef ficacité... Faut-il rappeler, que pour n'avoir pas suffisamment défendu le froment au cours des dernières années, notre production d'avoine, mieux pro tégée, s'est étendue jusqu'à annihiler momentanément, au lendemain de la dernière récolte, toute l'efficacité du droit d'entrée de 24 fr. 15 au quintal les importations d'avoine Ft cependant, en 1930-1931. nous impor tions un cinquième de notre consom mation d'avoine. Cet exemple suffit illustrer le dan- oer qui nous menace de ce côté. °eri e maintien de nos exportations agri- t |eS est absolument nécessaire il (Suite la fin de la troisième colonne).

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Le Sud (1934-1939) | 1934 | | pagina 1