A I
La nouvelle politique commerciale
et l'agriculture.
Quand les civils
font la guerre.
Hebdomadaire Catholique d'Intérêt Général
"AU SUD"
Dans l'intérêt de nos lecteurs et
amis nous leur demandons, pour
les dix derniers jours de janvier,
une véritable collaboration. Et voici
nos directives
Nous comptons améliorer la pré
sentation de notre journal par l'a
doption d'un format plus adéquat.
Nous paraîtrions du coup sur huit
pages. Il ne faut pas perdre de
vue que notre objectif n'est pas
notre journal, mais les*services que
nous comptons rendre la région.
Cet objectif ne peut être atteint
que par une collaboration sincère
et confiante entre le public et la'
direction du journal. Le public doit
le comprendre, et" c'est pourquoi
nous n'hésitons pas donner nos
directives.
Dans l'intérêt du journal il faut
récolter beaucoup d'abonnés, pas
uniquement pour leur abonnement,
mais pour trouver un écho toutes
nos initiatives. Ensuite il doit y
avoir une forte publicité, ce qui
donne les moyens financiers d'élar
gir le cadre du journal.
Mais la publicité ne doit pas
être envisagée principalement dans
l'intérêt du journal. Nous étudions
au contraire la façon de présenter
le mieux possible cette publicité
dans l'intérêt de l'industrie et du
commerce régional.
11 faudrait que, dans quelques
mois, le milieu des affaires s'a
dresse tout naturellement au jour
nal Le Sud pour se renseigner
sur tout ce que l'on peut obtenir
dans notre région. Aussi sommes-
nous décidés ne pas offrir au pu
blic des annonces présentées dans
un désordre ou même un chaos tel
que l'annoncier lui-même ne re
trouve que difficilement son texte.
A partir du dimanche 4 février,
nos différentes rubriques paraî
tront sur des pages spéciales pour
chacune d'elles, et entourées d'an
nonces classées par catégories. Pour
chaque catégorie d'annonces nous
trouverions facilement dans le pays
de quoi remplir nos colonnes. Nous
préférons de beaucoup n'avoir que
des annonces de la région. D'autre
part vous comprendrez que nous
ne pouvons, je dirais presque con
struire nos pages, que si nous
ivons sous la main tous nos ma
tériaux. Les commerçants et les
«hdustriels rendraient un grand ser
ai" au journal, et, je crois pou-
voir le dire, eux-mêmes, en adres
sant immédiatement leurs textes
au secrétariat de leur commune. Il
faut que pour la fin de la semaine
nous ayons réuni tous les textes.
La parution du journal sur huit
pages nouveau format dépend donc
de notre public plus que de nous-
mêmes.
Enfin aujourd'hui même com
mence une rubrique nouvelle. Elle
s'adresse nos lectrices. Et dans
notre nouveau format elle devien
dra La Page de la Femme
Hâtez-vous donc de nous procurer
les abonnés et les annonces qui
nous permettront de réaliser nos
plans.
Et j'allais l'oublier, tellement j'ai
de choses vous annoncer les
sports auront leur chronique égale
ment. D'ailleurs au point de vue
sportif... Mais cela c'est pour le
printemps.
Ch. van Renynghe.
ABONNEZ-VOUS
Le lecteur aura rectifié l'erreur
typographique annonçant une
Chronique Syndicale au lieu
d'une Chronique Agricole
La direction du journal insiste
tout particulièrement sur l'impor
tance de l'avis que notre aimable
et très compétent collaborateur a
bien voulu faire insérer en tête de
sa chronique. Nos agriculteurs ont
tout intérêt poser certaines ques
tions.
Une question isolée n'intéresse
que le correspondant. Mais l'en
semble des questions permet de
donner une orientation la chro
nique, ,~et*3erepondre d'une ma*
nière précise aux problèmes que les
cultivateurs ont résoudre.
Les demandes de renseignements
peuvent être adressées au bureau du
journal, ou nos secrétaires locaux.
Et la collaboration dévouée de nos
secrétaires nous permet même de
dire aux cultivateurs que, s'ils re
doutent de nous écrire, ils peuvent
s'adresser verbalement notre se
crétariat, et la question sera rédi
gée et transmise par les secrétaires.
Notre Chronique Sociale
sous sa forme pratique a rencontré
le plus vif intérêt. Au point que
l'on nous demande de traiter de la
même manière les autres questions
sociales pensions, mutualités, etc...
Nous ne pouvons tout faire en une
fois, mais successivement chaque
question sera traitée.
lre ANNEE No 3
PRIX 35 centimes le numé«o.
DIMANCHE 21 JANVIER 1934
ABONNEMENT UN AN 15 FRANCS
Direction Ch. van RENYNGHE, Ypres. Rédactioti-Adreinisiration A. BREYNE, 16, rue d'Eiverdmghe, Ypres. Compte chèque* postaux 4086.97
Faut-il le dire nous sommes
^ès satisfaits des premiers résul
tats. Nous comptions, pendant la
première semaine, faire une centai
ne d'abonnés. Ce chiffre a été dé
passé. Tout laisse prévoir que nous
atteindrons les deux cents en quinze
jours. Le nombre de nos amis aug
mentant dans cette proportion nous
comptons sur l'effort de tous pour
arriver créer le mouvement que
nous voulons susciter.
n
Af. Del vaux poursuit la campagne, dont
nous signalions la semaine dernière le pre
mier article, en faveur d'une politique com
merciale constructive et qui sauve notre
agriculture.
Quelle est la situation de notre agricul
ture vis-à-vis du marché intérieur et du
marché extérieur
Notre marché intérieur absorbe 94,6
pour cent de notre production agri
cole. Sur les dix milliards environ, qui
représentent la valeur approximative
des produits soitis de nos exploitations
en 1932, nous n'exportons que pour
546.805.000 francs, soit quelque 5,4
pour cent.
Nous importons, d'autre part, pour
1.869 millions de produits agricoles.
C'est grâce au fait que nous som
mes un pays importateur de produits
agricoles, que nous avons pu défendre
plus facilement mais pas mieux
que d'autres, notre agriculture et
notre marché intérieur. Cependant,
l'équilibre de nos spéculations est in
stable et le développement de certai
nes d'entre elles, parce que mieux dé
fendues et mieux protégées, pourrait
compromettre tout notre système de
défense
Pour garder cet équilibre, nous de
vons maintenir la géographie de nos
spéculations telle qu'elle était fixée en
1930-1931, Or, un certain nombre de
sp '.cuInLp-'». cous las avons .citées avec,
détails dans notre dernier article, ne
peuvent subsister qu'en exportant une
partie toujours importante, parfois 50
pour cent, de leur production. C'est
ainsi que le maintien de nos expor
tations agricoles, de valeur en appa
rence minime, conditionne directement
l'efficacité des mesures de défense du
marché intérieur.
Si l'on prend comme base d'appré
ciation les statistiques de 1932, on
peut dire que nous devons exporter
pour 800 900 millions de produits
agricoles. Or, nous importons pour
1.869 millions de produits agricoles.
Il semble qu'il ne soit guère dif
ficile de résoudre ce problème et
d'arriver forcer nos importateurs
nous acheter en retour pour la moitié
de ce qu'ils nous vendent. Nous pour
rions ainsi monnayer nos importa
tions agricoles nécessaires et indispen
sables actuellement la défense de
notre agriculture.
Cette politique, qui s'indique, qui
s'impose aujourd'hui, et laquelle
beaucoup de pays commencent re
courir, nous ne l'avons jamais prati
quée.
Et Af. Del vaux donne des chiffres au
sujet des différents pays. Voici ceux pour
la France
En 1931, la France nous achetait
pour 473.241.000 francs de produits
agricoles, et en 1932 elle ne nous en
a acheté que pour 254.473.000 frs,
soit une différence de 46 pour cent.
Pendant les huit premiers mois de
1933, ce chiffre est tombé 108 mil
lions 70.000 francs, alors que pour
les huit premiers mois de 1932, il
était encore de 185.162.000 francs,
soit une nouvelle réduction de 42 pour
cent. C'est une conséquence de la po
litique protectionniste française. Et
cependant, nous continuons acheter
en France pour près de 1 70 millions
de francs de vins, eau-de-vie, par
fums et soieries C'est un argument
que nous négligeons complètement.
Il y en a un autre. La France souffre
d'un excédent de froment, dont elle
favorise l'exploitation par une prime
de 80 francs français (112 francs
belges) aux 100 kg. Or, nous som
mes acheteurs de quelque 1 1 millions
de quintaux de froment.
Af. Delvaux conclut
Il faut que nous maintenions nos
exportations agricoles concurrence
de 800 900 millions par an.
Il faut que nous cessions de jouer
le jeu de dupe d'acheter pour 1.800
millions de produits agricoles des
pays qui ne nous achètent rien ou
presque rien.
Il faut que par le monnayage de
nos importations agricoles, nous for
cions nos voisins prendre nos expor
tations agricoles nécessaires.
C'est un problème résoudre. Il
n'est pas sans solution.
A propos des Mémoires de Af. Poincaré.
Le dixième volume des Mémoires de
l'exprésident Poincaré vient de paraître
(Pion, éd.). Ce volume embrasse l'an
née 1918, celle de la victoire et l'ar
mistice, mais aussi celle de la terrible
attaque allemande du printemps, qui
mit les Alliés deux doigts de leur
perte. Pour les soldats, cette période
marque donc le plus haut point de la
patience et de l'inquiétude, sous l'hé
sitation tragique de la destinée. Ceux
qui survivent aujourd'hui n'ont pas
oublié, et n'oublieront jamais aans
doute, certaines journées de cette an
née-là, particulièrement angoissantes,
où le texte du communiqué, le langage
loiiitciixV cKr osrn—'i» qui v-iaA-
raient ou qui cessaient de courir ins
crivaient dans tous les esprits un pré
sage sinistre. Par exemple, ce jour où
les soldats belges, adossés leurs tran
chée, voyaient jaillir les éclairs de l'ar
tillerie allemande bien au delà du mont
Kemmel, et se tracer autour de l~ur
petite armée les murailles d'une pri
son de Walkyrie.
Ces jours-là, le danger commun, le
seul qui soit vraiment terrible, imposait
silence aux soldats. Mais au fond de
leur cœur, il y avait quelque chose d'in
dissoluble, d'indestructible. A leur
grande stupeur, quelquefois, il leur était
impossible de désespérer. En même
temps, ils se sentaient plus unis que
jamais, et ce n'est pas assez dire plus
fraternels. Tout se resserrait entre eux
les liens presque magiques de la hiérar
chie, le besoin irrésistible d'être com
mandés, le recours passionné au chef.
L'armée se faisait muette, raide d'es
poir, compacte comme une falaise.
Pendant ce temps, le péril étendait
son ombre sur l'arrière Les popu
lations s'immobilisaient dans la ter
reur, ou se mettaient bruire et cou
rir ça et là, comme une fourmilière at
taquée. En France, tous les regards se
portaient vers le sommet de l'Etat, vers
le Gouvernement et les Chambres. On
réclamait de toutes parts renseigne
ments, assurances, réconforts, et des or
dres, mon Dieu, des ordres Com
ment Chambres et Gouvernement ré
pondaient-ils aux vœux du peuple
Que faisaient-ils, que disaient-ils dans
ces conjonctures critiques?... Pour le
savoir, nous n'avons qu lire les Mé
moires de M. Poincaré.
Disputes, insinuations, ambitions sor
dides, mesquines jalousies, ruses, intri
gues... Ces Messieurs, dont beaucoup
étaient en âge de se battre comme tout
le monde, se faisaient la guerre entre
eux, leur manière. Dans le cabinet
des ministres, dans les couloirs de la
Chambre, et jusque dans les salons de
l'Elysée, une odeur âcre et vénéneuse
se répandait, empoisonnant les propos
viciant les sentiments, corrompant les
desseins. Au milieu des nécessités les
plus pressantes que la France eût con
nue depuis la guerre de Cent ans, le
personnel dirigeant s'obstinait dans ses
mœurs et persévérait dans ses folies.
La politique caricature d'une belle
chose, continuait faire son œuvre
Entre ces hommes, il n'était ques
tion que de majorités, de sièges, d'hon
neurs, d'intérêts électoraux, de grandes
rancunes et de petites brigues. Non qUe
les politiciens fussent tous de méchan
tes gens ou de mauvais patriotes. Beau
coup étaient tout le contraire, et quatre
ou cinq des hommes remarquables.
Mais s'ils pouvaient sentir et penser
souvent comme des êtres raisonnables,
comme des Français soucieux du salut
de leur pays, ils ne connaissaient qu'une
seule façon d'agir, celle que leur mé
tier leur avait apprise. Ainsi les voit-
on, dans les Mémoires de M. Poin
caré, apparaître régulièrement comme
des obstacles, comme des empêche
ments, comme des jeteurs de mauvais
sorts et des porteurs de mauvaises nou
velles. Cette impression est d'autant
plus forte que l'ex-Président s'applique
colorer le rôle de ses interlocuteurs
il essaye, aussi souvent qu'il peut, de
leur prêter de bonnes intentions ou
d'honorables sentiments. C'est malgré
lui que MM. Pams, Loucheur, Pichon,
Painlevé, Renaudel, Briand, Thomas,
Dubost ne nous laissent guère que le
choix, d'après la peinture qui nous en
est faite, de les tenir pour des ca
nailles, des étourdis ou de pauvres sires.
Heureusement, c'est vers cette der
nière hypothèse qu'il est le plus facile
de pencher. Dire que, durant la guerre,
la censure aidant, et aussi certain be
soin humain de s'accrocher dans le dan
ger, d'avoir confiance en quelqu'un,
l'opinion française en était venue
se représenter les dirigeants comme
des personnes puissantes et sages Au
plus fort de l'inquiétude civique, on
voulait leur supposer des desseins pa
tients, de vastes pensées, une énergie
lucide et calme Quelle bonne fortune
que cette illusion S'échappant de»
nuages où ils se trouvaient inespéré-
ment enveloppés, si ces chefs, sous-
«■vvlivîj v. v -cv> cr«ttu»lmncuvin. rdo
ce moment-là au peuple dans leur
égarement, leur agitation et leur inco
hérence, Dieu sait s'il n'aurait pas perdu
1 espoir et lâché prise. Ces politicien»
falots, tour tour astucieux et dénués,
passant avec une rapidité enfantine des
sommets de l'optimisme chimérique
aux profondeurs du pessimisme rabâ
cheur, désorientés par les événements,
sincèrement préoccupés du sort de la
patrie, mais mille fois plus encore de
leurs petites affaires, de la figure qu'ils
font, de leur situation dans le monde,
ces êtres profondément inférieurs aux
circonstances, pygmées dans un trem
blement de terre, il vaut mieux qu'on
n ait achevé de les connaître que par
les Mémoires de M. Poincaré.
Nous serons battus, c'est certain
dit le premier. Et ne suis-je pas tout
désigné pour présider la défaite Je
fais déjà mon plan. Les chefs mili
taires sont en dessous de tout ri
cane le deuxième. Tant qu'on n'aura
pas donné le commandement suprême
a mon candidat, qui donne toutes ga
ranties au point de vue républicain...
Faire la guerre c'est très joli
reconnaît un troisième. Mais que de
vient dans tout cela le parti radical
L'essentiel, c'est de préparer
loisir la prochaine élection présiden
tielle. D'ores et déjà, je fais travailler
les couloirs ainsi parle un quatrième.
Et un cinquième C'est dégoûtant
L'armée refuse d'acheter les soulier»
confectionnés dans mon département f
Est-ce un succès des droites aux pro
chaines élections que 1 on souhaite
Etc. Permet-on aux anciens combat
tants de dire que cela leur lève le
cœur
Que Dubost, Pams, Deschanel, Re
naudel, Thomas, Pichon et même Poin
caré aient fait des gaffes, soit Que
même quelques-uns d entre eux aient
tiré parti de la catastrophe qu'ils se
soient crus des hommes d'Etat quand
ils n'étaient que des hommes politi
ques... Mais ce qu'il est difficile de
leur pardonner, c'est d'avoir eu le
cœur si pauvre, d'avoir si souvent per
du la foi. A ce point de vue. il n'en
est pas un qui se soit haussé l'âme
la hauteur d'un sous-cuistot ou d'un
aide-ambulancier.
pas un, sauf Clémenceau.
C'est ainsi que s'exprime M. Robert
Poulet dans la Revue Catholique des
Idées et des Faits. Nous aurons souvent
l'occasion de citer nos lecteurs cette
revue si intéressante.