PAGE DE LA FEMME
Chapeux de
Printemps
Les Laines de l'Arsenal
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Le grand principe des chapeaux de
printemps est qu'ils dégagent toujours
une moitié de la tête. Mais laquelle
Est-ce le devant ou la nuque. Ceci est
la question que se posent de nombreu
ses femmes.
Le chapeau découvrant largement le
front, montrant jusqu'à mi-tête les che
veux, a fait son apparition la fin de
l'hiver, et pourtant les femmes élégan
tes le portent encore. Il fait jeune
et, de plus accompagne parfaitement
bien les encolures montantes. En un
mot il corrige la sévérité d'une robe
sombre, fermée, et c'est là le secret de
son succès.
Le petit chapeau très incliné sur les
yeux, très haut perché sur la tête der
rière, est, proprement parler, plus
nouveau. Il s'accommodera d'une façon
merveilleuse des grands décolletés poin
tus, des ruches, des jabots, de tous les
jolis détails bien féminins des robes de
demi-saison. Par contre il paraît un
peu sec avec un corsage net et sans
garniture.
Chaque femme devra donc assortir
son chapeau la forme de sa robe bien
plus qu'à sa couleur, découvrir le front
en couvrant le cou, et inversement. En
envisageant la mode sous cet angle,
on s'aperçoit que ces deux tendances
si contradictoires, ces deux coiffants
si différents se complètent au lieu de
se heurter.
Ce point une fois établi, voyons quel
les sont les matières nouvelles que nous
proposent les maisons de mode. Le pi
cot fin et léger semble destiné un
grand succès, non seulement dans les
couleurs sombres, mais aussi dans les
tons pastels. Le paillasson fin et les
pailles de fantaisie brillantes sont par
faites pour les canotiers. Une laize de
paille gaufrée comme une soirie est
utilisée pour les chapeaux auréolés,
ainsi que les rubans de gros grain. En
fin il y a toute la série des tissus de
laine, de coton, de lin, que l'on pique
ou que l'on apprête pour leur donner
la rigidité voulue, puisque les chapeaux
n'ont plus ni drapés ni mollesse d'au
cune sorte. Le taffetas, certains rubans
tissés de filets de couleur et de satin,
sont excellents pour les premiers cha
peaux de demi-saison. Quant aux gar
nitures, elles ont une importance de se
cond ordre on voit surtout des petits
rubans, quelques motifs de plumes et
des voilettes courtes.
SOUFFLÉ AU JAMBON.
Faites une béchamel, en employant
cinq grammes de beurre et une cuiller
soupe de farine par quart littre de
lait. Ajoutez-y hors du feu trois jaunes
d'œufs, deux cent cinquante grammes
de jambon haché et les blancs d'œufs
battus en neige, assaisonnez.
Versez dans un moule beurré, cuisez
au four ou au bain-marie d'après les in
dications données ci-dessus. Si vous le
démoulez, servez-le avec une sauce
tomate.
SOUFFLE AU MACARONI.
Faites cuire cent cinquante gram
mes de macaroni l'eau salée. Faites
un béchamel (environ un quart de li
tre) dans les proportions indi
quées plus haut. Mélangez-là au ma
caroni coupé en morceaux. Ajoutez
hors du feu, trois jaunes d'œufs, cent
grammes de fromage de gruère râpé,
et les blancs d'œufs battus pas trop
fermes. Goûtez et rectifiez l'assaison
nement.
Versez dans un moule beurré, cuisez
au four vingt minutes, et servez tout de
suite.
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No 8
par
HONORE DE BALZAC
Depuis longtemps l'avare distri
buait la chandelle sa fille et
la Grande Nanon, de même qu'il dis
tribuait dès le matin le pain et les
denrées nécessaires la consommation
journalière.
La Grande Nanon était peut-être la
seule créature humaine capable d'ac
cepter le despotisme de son maître.
Toute la ville 1 enviait monsieur et
madame Grandet. La Grande Nanon,
ainsi nommée cause de sa taille
haute de cinq pieds huit pouces, appar
tenait Grandet depuis trente-cinq ans.
Quoiqu'elle n'eût que soixante livres
de gages, elle passait pour une des
plus riches servantes de Saumur. Ces
soixante livres, accumulées depuis
trente-cinq ans, lui avaient permis de
placer récemment quatre mille livres
en viager chez maître Cruchot. Ce
résultat des longues et persistantes
économies de la Grande Nanon parut
gigantesque. Chaque servante, voyant
la pauvre sexagénaire du pain pour
ses vieux jours, était jalouse d'elle,
sans penser au dur servage par lequel
il avait été acquis.
A l'âge de vingt-deux ans, la pau
vre fille n'avait su se placer chez per
sonne, tant sa figure semblait repous-
santé et certes ce sentiment était bien
injuste sa figure eût été fort admi
rée sur les épaules d'un grenadier de
la garde mais en tout il faut, dit-on,
l'à-propos. Forcée de quitter une fer
me incendiée où elle gardait les va
ches, elle vint Saumur, où elle cher
cha du service, animée de ce robuste
courage qui ne se refuse rien. Le
père Grandet pensait alors se marier,
et voulait déjà monter son ménage.
Il avisa cette fille rebutée de porte en
porte. Juge de la force corporelle en
sa qualité de tonnelier, il devina le
parti qu'on pouvait tirer d'une créature
femelle taillée en Hercule, plantée ur
ses pieds comme un chêne de soixante
ans sur ses racines, forte des hanches,
carrée du dos, ayant des mains de
charretier et une probité vigoureuse
comme l'était son intacte vertu. Ni les
verrues qui ornaient ce visage martial,
ni le teint de brique, ni les bras ner
veux, ni les haillons de la Nanon n'é
pouvantèrent le tonnelier, qui se trou
vait encore dans l'âge où le cœur tres
saille. Il vêtit alors, chaussa, nourrit la
pauvre fille, lui donna des gages, et
l'employa sans trop la rudoyer. En
se voyant ainsi accueillie, la Grande
Nanon pleura secrètement de joie, et
s'attacha sincèrement au tonnelier, qui
d'ailleurs, l'exploita féodalement. Na
non faisait tout elle faisait la cuisine,
elle faisait les buées, elle allait laver
le linge la Loire, le rapportait sur
ses épaules elle se levait au jour, se
couchait tard faisait manger tous
les vendangeurs pendant les récoltes,
surveillait les halleboteurs défenda-t,
comme un chien fidèle, le bien de son
maître enfin, pleine d'une confiance
aveugle en lui, elle obéissait sans mur
mure ses fantaisies les plus saugre
nues. Lors de la fameuse année 1811,
dont la récolte coûta des peines inouïes,
aDrès vingt ans de service, Grandet
résolut de donner sa vieille montre
Nanon, seul présent qu'elle reçut ja
mais de lui. Quoiqu'il lui abandonnât
ses vieux souliers (elle pouvait les met
tre), il est impossible de considérer
le profit trimestriel des souliers de
Grandet comme un cadeau, tant ils
étaient usés. La nécessité rendit cette
pauvre fille si avare que Grandet avait
fini par 1 aimer comme on aime un
chien, et Nanon s était laissé mettre au
cou un collier garni de pointes dont
les piqûres ne la piquaient plus. Si
Grandet coupait le pain avec un peu
trop de parcimonie, elle ne s'en plai
gnait pas elle participait gaiement aux
profits hygiéniques que procurait le ré
gime sévère de la maison où jamais
personne n'était malade. Puis la Nanon
faisait partie de la famille elle riait
quand riait Grandet, s'attristait, gelait,
se chauffait, travaillait avec lui. Com
bien de douces compensations dans
cette égalité Jamais le maître n'avait
reproché la servante ni l'halleberge
ou la pêche de vigne, ni les prunes ou
les brugnons mangés sous l'arbre.
(A suivre).