Jeu de Gosses
La Dynastie.
Hebdomadaire Catholique d'Intérêt Général
Organisation et aposioiat L'arbitrage fiscal
Ire ANNEE No 23.
PRIX 35 centimes le numéro.
DIMANCHE 10 JUIN 1934.
ABONNEMENT UN AN 15 FRANCS
Dûection Ch. van RENYNGHE, Ypres. Rédaction-Administration A. BREYNE, 16, rue d'EIverdinghe, Vpres. Compte chèques postaux 4086 97
Ils sont contents I Marcel-Henri Jas-
par est un grand homme il a fait tom
ber le ministère. Quelle gloire Grâce
aux divisions du parti libéral et l'ab
sentéisme de nombreux députés catho
liques, la petite manœuvre a été cou
ronnée de succès.
Et
après
Nous étions mercredi après-midi
Bruxelles. L'état d'esprit de la rue de
la Loi était paisible. A la Chambre les
chefs de groupes ne se doutaient de
rien. Tel ministre qui nous deman
dions des précisions sur un point de
son programme, nous répondait
Mon programme se réalisera en deux
ou trois ans et il n'envisageait mê
me pas la possibilité d'une chute du
ministère. Et comme nous demandions
un chef de cabinet, si vraiment la
stabilité gouvernementale lui parais
sait assurée, il nous répondit Rien
ne peu: survenir qui soit susceptible
de renverser le gouvernement. Nous
ne voyons pas de pelures d'oranges
sur notre chemin.
Il était quatre heures. Une heure
après le cabinet de Broqueville était
mis en échec.
Quand la grande presse vous parle
de l'atmosphère lourde depuis le dé
but de la séance, n'y découvrez que le
style romancé du journaliste. C est un
coup de hasard qui a provoqué le pre
mier vote. Et aussitôt ce vote a été
exploité par les adversaires, non pas
du cabinet de Broqueville, mais des
ministres Janson et Hymans. C est le
parti libéral qui a lavé son linge dans
la cuve parlementaire.
Voilà quoi s'amusent les gosses,
direz-vous Et comme il est probable
que la même équipe reviendra au pou
voir, peine modifiée, vous estime
rez que nous en sommes quittes pour
ajouter une fraction au mépris que
nous ressentons pour le régime.
Ce serait exact, si derrière cette
mise en scène enfantine, dans les cou
lisses agissaient de fins manœuvriers.
L'opinion du pays ne comprend pas
assez que deux clans se livrent une
bataille acharnée. Guerre sourde, com
plots. pièges, c'est une lutte âpre en
tre ceux qui prétendent défendre l'é
pargne et ceux qui songent l'infla
tion. L'armée des inflationnistes gros
sit chaque jour, et de nombreux trans
fuges passent dans ses rangs. Ne se
rait-ce pas la méthode la meilleure
pour donner certains organismes fi
nanciers du bois de rallonge Non,
Crockaert n'a pas tort, quand il pré
tend que les puissances occultes ne ces
sent de manœuvrer le pays.
Il ne s'agit pas de discuter des bien
faits éventuels de l'inflation. Nous
croyons être en contact direct avec
l'opinion publique, et nous sommes
convaincus que le gouvernement qui
irait l'inflation rencontrerait aussitôt
la révolution. Le pays ne vit pas
pour quelques millionnaires, mais
pour des millions d'hommes. Il
n'existe pas de phrase plus concise
pour traduire la volonté de vie d'un
peuple. N'accusons pas les hommes
qui pour défendre leurs intérêts nui
sent la collectivité, mais veillons
ce que le régime politique empêche
que de tels hommes puissent nuire. Et
de ces hommes il en existe dans les
rangs de tous les partis, et, peut-être
plus qu'ailleurs, chez les défenseurs de
la Banque belge du travail.
Espérons que par un rapide dénoue
ment de la crise gouvernementale, le
régime parlementaire se discréditera le
moins possible. Le pays en a assez de
ces jeux de gosses. La lutte économi
que est terrible. Pour beaucoup elle
est vitale. Que ceux qui, devant l'an
goisse qui étreint notre ,peuple, se li
vrent encore aux petites querelles des
clans et des fractions, prennent gar
de. A un moment donné la volonté
collective d'un peuple pourrait fort
bien renverser le jeu de marionnettes,
et substituer des intrigues de cou
lisse une volonté de vivre.
Ch. van RENYNGHE.
Avec joie le peuple belge salue
l'heureuse naissance du Prince Albert.
La famille royale demeure dans le
chaos de notre temps, le symbole pour
notre pays, du calme, de la douce
sérénité, du foyer chrétien, de la con
tinuité paisible de la famille. La Bel
gique vivra en tant qu'elle demeurera
avec les yeux fixés sur sa Dynastie.
Le peuple le comprend instinctive
ment, avec tout ce qu'il y a de bonté,
de sensibilité dans cet instinct. Que
la Nation entière comprenne l'exem
ple qui nous vient de haut Que les
vertus royales soient celles de nos
foyers Et que vive entouré de l'af
fection de son peuple le Prince Al
bert
USEZ DANS LE SUD
Page 2 Chronique d'Ypres.
Page 3 Suite Chronique a'Ypres
Cinéma.
Page 4 Chronique de Comines
L'Institution de Messines.
Page 5 Les Belges aux glaces po
laires.
Page 3 Page de la femme.
Parre 7 Chronique agricole. T. S.
F. (suite). Feuilleton.
Page 8 Page de la T. S. F.
Page 9 Chroniques de Wervicq -
Ploegsteert - Le Bizet.
Page 10 Annonces notariales Dé
flation et Salaires Ephémérides.
Page 11 Chronique sportive. Mar
di és.
Page 12 Chronique de Mouscron.
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Pour tous ceux qui se donnent
cœur et âme une belle cause, existe
le danger de s'y consacrer trop exclu
sivement, de ne plus voir que cela,
de tout considérer du seul point de
vue de cette cause. Il en sera facile
ment ainsi pour nos propagandistes,
pour les chefs de nos organisations
professionnelles et du mouvement so
cial chrétien. Ils doivent s'occuper
constamment de choses politiques et
économiques, de sorte que celles-ci de
viennent le centre de leurs préoccupa
tions. Regardez ce qui se passe dans
les bureaux de nos asociations ouvriè
res, écoutez les- conversations qu'on y
mène, jetez un regard sur la compta
bilité et la tenue des livres, et vous ver
rez que les chefs ont a s'occuper de
toute autre chose que des intérêts reli
gieux. Comme nous venons de le dire,
il y a un danger on attache trop de
valeur aux intérêts politiques et écono
miques, on a l'attention détournée de
ce qui devrait pourtant rester la préoc
cupation principale.
Ce danger est d'autant plus grand
que la plupart de nos propagandistes
n'ont pas un développement intellec
tuel suffisant. On a souvent du les
prendre où on les trouvait, longtemps
on a du se contenter d'hommes de
bonne volonté. Leur esprit de sacri
fice et de dévouement sont admira
bles et nous leur payons volontiers ici
le tribut de notre profonde admira
tion. Mais le sacrifice et le dévoue
ment ne suffisent pas. Beaucoup de
nos dirigeants d'œuvres ont suppléé
au manque de formation par des étu
des personnelles et la fréquentation des
cercles d'études leur mérite est énor
me. Mais qui veut conduire des hom
mes doit d'abord se former lui-même
par de longues années d'études et de
patiente initiation la science. Une
science livresque et purement con
templative ne vaut pas le dévouement
sans doute mais l'étude et le dé
vouement ne s'excluent pas l'un l'au
tre, bien au contraire, et la science et
le dévouement unis dans une même
personne, ne s'additionnent pas, ils se
multiplient. Je pourrais citer des noms,
mais j'ai peur d'en oublier.
Jamais le mouvement social chré
tien n'appréciera sa juste valeur les
services rendus par l'école centrale
pour ouvriers chrétiens et son fon
dateur, directeur et animateur, notre
ami tous le Père Perquy.
L'esprit matérialiste, a envahi égale
ment la conception du travail et a con
duit un abaissement de la conscience
professionnelle. Le travail n'est plus
considéré que comme une charge, que
les plus forts imposent aux faibles,
comme une iniquité sociale qui pèse
sur quelques uns en vue de l'enrichis
sement des autres. Qui songe encore
considérer le travail comme un devoir
moral, une action humaine significa
tion morale élevée, un acte de collabo
ration avec Dieu et d'imitation du
Nous lisons dans le XXe Siècle un ex
cellent article d'Etienne de la Vallée. La
mission du parlement est de dépendre le
contribuable contre les excès du fisc. Où en
est cette mission
L'arbitraire renaît, comme au plus
beau temps de l'ancien régime. Nous
avons cité ici même des cas typiques.
En voici un qu'on nous signale au
jourd'hui même. Il s'agit d'une asso
ciation sans but lucratif, qui fait cha
que année, comme la loi l'impose,
une déclaration de la valeur de ses
immeubles le fisc lui impose l'a
mende d'un double droit, sous pré
texte que la valeur de ces propriétés
est supérieure celle qui a été décla
rée, et exige en outre des intérêts de
retard pour la contribution supplé
mentaire, qui aurait été due. C'est en
vain qu'on établit qu'à la valeur dé
clarée, les biens en question ne rap
portant que du 3 p. c. et qu'on ne
pourrait pas les louer davantage. Vous
n'avez qu'à trouver des locataires
meilleur prix, répond le fisc. C'est
vous que ça regarde. Je prends ma
part.
Il faut avouer qu'au moment où le
ministre des Finances prêche la dé
flation il pourrait inviter ses agents
ne pas provoquer une hausse des
loyers.
Mais il y a tant de contradiction
dans notre régime politique actuel,
que nous n'insisterions pas sur cet in
cident, s'il n'avait un aspect bien plus
grave. C'est l'impossibilité pratique,
pour la majorité des contribuables de
se défendre contre les innombrables
abus de pouvoir du fisc. L'extrême
complexité des lois fiscales et leurs
modifications continuelles, les inter
prétations de plus en plus larges
qu'en donne l'administration des Fi
nances, les longueurs et les ennuis des
recours, qui découragent le contri
buable isolé, lorsqu'il ne s'agit pas de
sommes vraiment importantes, tout
cet ensemble de circonstances, contre
lesquelles le Parlement n'a pas su
réagir, ont pratiquement rétabli, et
même considérablement aggravé les
abus que l'on reprochait l'ancien ré
gime. Si le régime parlementaire, qui
nous vaut déjà des gouvernements pa
ralytiques, n a même plus le mérite
de sauvegarder les droits individuels
des citoyens, quel atout lui reste-t-il
encore E. V. P.
Christ, comme l'accomplissement d'u
ne tâche, d'une vocation au service de
ses frères et de toute l'humanité La
conscience de la dignité du travail s'est
perdue, le travail aussi est devenu la
proie de l'araignée tentaculaire, de la
conception matérialiste et antireli
gieuse de notre temps.
Chanoine A. JANSSEN,
professeur l'Université de Louvain,
dans sa leçon présentée la XX'. se
maine sociale de Louvain. en 1933.