CHRONIQUE AGRICOLE
Le devoir du moment.
"AU SUD"
7
A BONN E Z - VOUS
(Suite)
Perspectives du marché des céréales.
Car si la crise mondiale des céréales
peut trouver une cause d'atténuation dans
les événements de ces derniers temps, ce
serait se leurrer que de croire qu'elle est
résolue ou en voie de l'être. A lire cer
tains journaux on pourrait penser que la
sécheresse a mis un terme la surproduc
tion des céréales. Il est bien vrai que la
positioa du marché s'est sensiblement amé
liorée depuis un an, grâce au fait que les
deux dernières récoltes ont été déficitaires.
Mais pour que l'amélioration devienne dé
finitive, il faudrait que les prochaines ré
coltes soient, celles-là aussi, anormalement
réduites. Ce serait chimère que de nourrir
pareil espoir. En réalité, le potentiel de la
production mondiale reste excessif et la
menace de surproduction est loin d'être
dissipée. Sans doute de gros pays exporta
teurs semblent décidés assainir le mar
ché en adaptant leur production aux possi
bilités d'exportation et nous devons sou
haiter sincèrement que la tentative abou
tisse. Gardons-nous pourtant d'y trop comp
ter.
Tout cela nous permet de conclure que,
en Belgique, la nécessité d'une valorisa
tion des céréales reste entière. La surpro
duction des produits animaux, qui est res
ponsable du déséquilibre dont notre mar
ché intérieur souffre depuis un an, ne pa
raît pas encore sur le point de se résorber.
Aussi comprend-on que dans de telles con
ditions, il n'est pas permis de croire que
l'agriculture belge soit au bout de ses tri
bulations.
Nous devons bien constater que, chez
nous, les prix de revient restent plus éle
vés que les prix mondiaux en général tou
jours influencés par des dumpings divers.
Et même en supposant que ceux-ci se re
dressent plus ou moins brève échéance
jusqu'au niveau correspondant au prix de
revient des pays les mieux placés, même
dans cette éventualité, nos producteurs ne
seraient pas l'abri du déficit. Et c'est
pourquoi les Pouvoirs publics devront main
tenir les mesures de sauvegarde tant que
nous serons menacés par le dumping de
CULTIVATEURS, commandez l'avance
vos engrais potassiques, car la demande est
tellement forte, cette année qu'en achetant
tardivement vous risquez de ne pas être
servis en temps utile.
No 37
par
HONORE DE BALZAC
Mon cousin, ayez du courage
L'accent de la jeune fille avait glacé
Charles, qui suivit son terrible parent
en proie de mortelles inquiétudes.
Eugénie, sa mère et Nanon vinrent
dans la cuisine, excitées par une in
vincible curiosité épier les deux ac
teurs de la scène qui allait se passer
dans le petit jardin humide, où l'on
cle marcha d'abord silencieusement
avec le neveu. Grandet n'était pas
embarrassé pour apprendre Charles
la mort de son père mais il éprou
vait une sorte de compassion en le
sachant sans un sou, et il cherchait
des formules pour adoucir l'expres
sion de cette cruelle vérité. Vous avez
perdu votre père ce n'était rien
dire. Les pères meurent avant les en
fants. Mais vous êtes sans aucune
espèce de fortune I tous les malheurs
de la terre étaient réunis dans ces pa-
quelque ordre qu'il soit. Mais l'abri de
ces mesures de sauvegarde, nos producteurs
auront pour devoir de ne rien négliger
qui puisse améliorer leur prix de revient.
Ce doit être leur préoccupation domi
nante. Déjà en ces dernières années, des
résultats intéressants ont été acquis dans
cette voie. D'autres doivent suivre. C'est
en ce domaine que peut, le plus efficace
ment, se manifester l'influence du Minis
tère de l'Agriculture. Contribuer au pro
grès de nos méthodes, être l'animateur et
le vulgarisateur de ce progrès, telle est sa
mission première. J'ai l'impression que les
efforts de réalisation pourraient être lar
gement amplifiés. Il y a faire, il y a
beaucoup faire, il y a énormément
faire. Certes, il ne faut pas se dissimuler
que le programme est vaste et complexe,
qu'il faut et des crédits budgétaires et des
compétences. Mais j'ai la ferme conviction
qu'on peut trouver les uns et les autres.
Quelle économie rebours que de dé
duire de quelques millions le budget de
l'agriculture, lorsque cette réduction ris
que de compromettre ou empêche l'effort
d'adaptation dont dépend l'avenir écono
mique de nos activités agricoles.
Des hommes et des crédits budgétaires,
est-ce là tout ce qu'il faut pour réaliser
l'étape de progrès qui doit sauver nos pro
ducteurs de la déchéance Il faut aussi,
et surtout, un programme rationnel. A cet
égard nous nous souvenons des services
rendus par la Commission nationale de la
product» n agricole, créée l'initiative du
Baron Ruzette, alors ministre de l'Agri
culture. Tous les problèmes ayant trait
l'activité ou l'économie agricole de notre
pays étaient sérieusement mis l'étude
par des sections en contact étroit avec des
techniciens. Les praticiens dont les con
seils sont souvent si précieux étaient fré
quemment consultés.
Le moment paraît particulièrement pro
pice pour rétablir un nouveau contact entre
les compétences et pour les faire collaborer
la solution de ce problème vital l'abais
sement du prix de revient des produits
agricoles.
G. MULLIE, sénateur.
Pour profiter des bas prix de la POTASSE
appliquez dès maintenant sur chaumes les
sels de potasse destinés aux cultures du
printemps.
rôles. Et le bonhomme de faire, pour
la troisième fois, le tour de 1 allée du
milieu, dont le sable craquait sous les
pieds. Dans les grandes circonstances
de la vie, notre âme s'attache forte
ment aux lieux où les plaisirs et les
chagrins fondent sur nous. Aussi
Charles examinait-il avec une atten
tion particulière les buis de ce petit
jardin, les feuilles pâles qui tombaient,
les dégradations des murs, les bizarre
ries des arbres fruitiers, détails pitto
resques qui devaient rester gravés
dans son souvenir, éternellement mê
lés cette heure suprême, par une
mnémotechnie particulière aux pas
sions.
Il fait bien chaud, bien chaud,
dit Grandet en aspirant une forte par
tie d'air.
Oui, mon oncle, mais pour
quoi...
Eh bien, mon garçon, reprit
l'oncle, j'ai de mauvaises nouvelles
t'apprendre. Ton père est bien mal...
Pourquoi suis-je ici dit Charles.
Nanon cria-t-il, des chevaux de pos
te. Je trouverai bien une voiture dans
le pays, ajouta-t-il en se tournant vers
son oncle qui demeurait immobile.
BLOC D'OR.
(Suite)
l'effort que l'on accomplit en ce moment
en vue d'améliorer la situation économique
de certains pays de l'Europe et j'espère
bien que la nouvelle tentative que la Bel
gique va faire en vue de coordonner les
rapports économiques des pays du bloc-or,
sera bientôt couronnée de succès
D'autre part, M. B. de Jouvenel, a inter
viewé pour la République de plus
haute personnalité financière belge A
qualifier ainsi son interlocuteur, M. de
Jouvenel a désigné assez clairement M.
Francqui
Nous irions donc vers une conférence
monétaire des pays du bloc-or
A voir la situation italienne, il me
semble que M. Mussolini accueillerait fa
vorablement l'idée d'une telle conférence...
Bien entendu, cette monnaie commune que
nous pourrions garder par une opération
monétaire concertée, devrait, cette fois, de
venir le moyen d'organiser une économie
commune... Nos cinq pays constituent une
force non négligeable...
104 millions d habitants d'un seul
tenant
Et pensez au domaine colonial
France, Italie et Belgique tiennent toute
l'Afrique du Nord et de l'Ouest avec plus
de 45 millions d'habitants. Encore un do
maine qui n'a pas besoin d'être remembré.
Il est là, continu... Quant l'Asie, vous
y trouvez, près de l'Indochine française, les
Indes Néerlandaises. Faites le compte des
matières premières que nos possessions d'ou
tre-mer produisent. Il manque la France
le caoutchouc. Les possessions hollandaises
l'apportent.
Vous verriez donc la constitution d'un
véritable Empire latin économique.
Regardez ce qu'ont fait les Anglais
d'abord les pactes d'Ottawa avec leurs Do
minions ensuite les traités de commerce
avec les pays Scandinaves enfin, l'accord
avec l'Argentine. Accords monétaires, ac
cords commerciaux, ententes pour l'inves
tissement des capitaux britanniques dans
les pays avec lesquels on a conclu de vé
ritables contrats d'association économique...
Je ne m'étais pas rendu compte qu'il
y avait là un propos délibéré de constituer
une sorte de circuit fermé...
Regardez avec attention. Ayez cette
idée générale en tête et vous vous rendrez
compte... Pour en rçvenir nous, je vous
disais tout l'heure que nos cinq pays réu
nissaient un ensemble imposant de posses
sions d'outre-mer. J'ajoute qu'ils disposent
des ressources financières nécessaires pour
mettre en valeur ces territoires d'outre-mer.
France, Suisse, Hollande, Belgique sont des
pays très riches en capitaux, et qui, anté
rieurement la crise contribuaient très lar
gement au financement des pays moins fa
vorisés. Supposez-les reprenant leur rôle de
bailleurs de fonds...
Les chevaux et la voiture sont
inutiles, répondit Grandet.
Charles resta muet, pâlit, et ses
yeux devinrent fixes.
Oui, mon pauvre garçon, tu de
vines. Il est mort. Mais ce n'est rien.
Il y a quelque chose de plus grave.
Il s'est brûlé la cervelle...
Mon père
Oui. Mais ce n'est rien. Les
journaux glosent de cela comme s'ils
en avaient le droit. Tiens, lis.
Grandet, qui avait emprunté le
journal de Cruchot mit le fatal arti
cle sous les yeux de Charles. En ce
moment, le pauvre jeune homme, en
core enfant, encore dans l'âge où les
sentiments se produisent avec naïveté,
fondit en larmes.
Allons, bien, se dit Grandet.
Ses yeux m'effrayaient. Il pleure, le
voilà sauvé. Ce n'est encore rien, mon
pauvre neveu, reprit Grandet haute
voix, sans savoir si Charles l'écou
tait, ce n'est rien, tu te consoleras
mais.
Jamais jemais mon père
mon père I
Il t'a ruiné, tu es sans argent.
Qu'est-ce que cela me fait Où
LA RUSSIE DECLAREE
NATION CIVILISEE
(Suite)
raisons de vivre. Sans démocratie pas de
Suisse.
Notre opinion s'est nettement, déclare
M. Motta* prononcée contre l'admission
des Soviets, régime base de commu
nisme expansif et militant Ses concep
tions s'opposent avec le minimum de mo
ralité qu'on doit exiger des Etats civilisés.
L'orateur rappelle, avec une éloquence,
toute de simplicité, qui remue de plus en
plus l'auditoire, que le communisme combat
l'école religieuse et la spiritualité sous
toutes ses formes. Il dénonce les persécu
tions, il dénonce la dissolution de la fa
mille, il dénonce le travail forcé, il dé
nonce les visées persistantes de révolution
mondiale. Il rappelle le mot de Lenine, dé
finissant la S. D. N. une entreprise de
brigandage.
Cet implacable réquisitoire s'est poursui
vi pendant une demi-heure, dans un si
lence devenu haletant. Et quand l'orateur
termina en exprimant l'espoir que même
au lendemain de l'entree des Soviets dans
la S. D. N. des voix s'élèveront contre
cette propagande antireligieuse qui ne
connaît pas sa pareille dans les annales du
genre humain et qui plonge dans le deuil
et dans les larmes la Chrétienté, avec tous
les hommes qui croient en Dieu et invo
quent sa justice une longue ovation
salua sa péroraison. De nombreux délé
gués y prirent part et, en dépit des règle
ments, les tribunes de la presse et du public
s'y associèrent d'enthousiasme.
Tant qu'ils ne le reprendront pas,
ils ne trouveront point exporter leurs pro
duits fabriqués, car qui voudrait les ache
ter n'a pas les moyens de paiement néces
saires...
Exactement. Donc, supposons-les re
prenant ce rôle de bailleurs de fonds, mais,
pour éviter les mécomptes éprouvés par
suite d'un crédit trop largement consenti
des pays étrangers qui sont des débi
teurs assez désinvoltes...
Réfléchissez ceci les ouvertures de
crédit l'intérieur d'un Empire latin éco
nomique pourraient être faites avec un mi
nimum de risques lorsqu'une banque fran
çaise accorde un prêt une entreprise en
Algérie, elle est assurée que le gouverne
ment de l'Algérie ne gèlera point ce cré
dit en adoptant contre la France des me
sures de contrôle du commerce des de
vises... On peut généraliser cette sécurité
l'intérieur de notre bloc...
Et vous pensez que l'organisation
d'un tel bloc peut être mise en train dans
un prochain avenir
Si nous ne faisons rien, je vous le
répété, nous allons, les uns et les autres,
au fascisme...
est mon père ,mon père
Les pleurs et les sanglots retentis
saient entre ces murailles d'une horri
ble façon et se répercutaient dans les
échos. Les trois femmes, saisies de
Pitié, pleuraient les larmes sont aussi
contagieuses que peut l'être le rire.
Charles, sans écouter son oncle, se
sauva dans la cour, trouva l'escalier,
monta dans sa chambre et se jeta en
travers sur son lit en se mettant la
face dans les draps pour pleurer son
aise loin de ses parents.
Il faut laisser passer la première
averse, dit Grandet en rentrant dans
la salle, où Eugénie et sa mère avaient
brusquement repris leurs places, et
travaillaient d'une main tremblante
après s être essuyé les yeux. Mais ce
jeune homme n'est bon rien, il s'oc
cupe plus des mo:ts que de l'argent.
(A suivre).
j*>L