Novembre.
Le Miracle de
l'Inondation.
Lisez dans le
SUD
Le Parlement et les
finances publiques.
Ire ANNEE No 43.
Hebdomadaire 35 cent, le numéro.
DIMANCHE 28 OCTOBRE 1934.
Les peuples qui ne surent pas renoncer g ABONNEMENT UN AN 18 FRANCS S Un gouvernement qui ne sait pas révo
leurs luttes intestines ont disparu de I'his- I Direction-Administration Ch. van RENYNGHE, I quer est un gouvernement qui ne gouverne
toire. Dr Gust. Le Bon. g 19, rue Longue de Thourout, YPRES. Compte-chèques postaux 1003.43. g pas. de Jouvenel.
Il fait gris. Gris toute la journée, et si
triste. Novembre est là avec sa chape de
pluie. La ie se retire des grands arbres
elle rentre sous terre. Les dernières fleurs
ne sont plus que des boules pourries. Là-bas
les branches pleurent des feuilles sur les
tombes du cimetière. Comme Novembre
doit être triste pour celui qui n'est pas
chrétien.
Nous avons la Toussaint, la fête de tous
les Saints, des Saints innombrables. Car il
y a tous ceux que l'on connaît, et ceux que
l'on ne connaît pas. Jour de piété calme et
sereine lour d'union avec ceux qui dans
l'Eternité ont conquis la grandeur de l'im
muable bonheur. On ne 1réfléchit pas assez
toute l'ampleur de cette fête de Toussaint.
Ou plutôt quand on y réfléchit, on est
écrasé par le sens profond qu'elle donne
cette communauté des chrétiens, du temps
qui communie avec les chrétiens de l'Eter
nité. Il vaut la peine que vous vous arrê
tiez au seuil de Novembre, et que vous
trouviez dans cette pensée tout le récon
fort dont vous avez besoin au moment où
la Nature pleure son déclin, et va vers son
sommeil.
Mais l'Eglise, au lendemain de la fête de
tous les saints, joint la fête de tous les
morts. J-e jour de tous les morts, de tous
ceux qui ont accompli leur pèlerinage sur
terre, les uns plus ou moins bien, les autres
plus ou moins mal mais tous avec cette
énorme consolation, de ce que. si les juge
ments humains sont sévères, la miséricorde
.divine est infinie. Et toujours, même pour
le plus grand des pêcheurs, doit luire dans
notre cœur l'espoir de la miséricorde de
Dieu. Le jour des morts nous pleurons
trop souvent sur nous-mêmes, sur notre
égoîsme de survivant. Demandons, plutôt,
très simplement Dieu, sans trop de phra
ses pour nous étourdir, et sans trop de
fleurs peur éblouir les autres, d'accorder
ses serviteurs outre le salaire de la divine
justice, la charité consolante du divin
amour.
Avec les Saints et les Morts, nous les
Vivants, unis en ce début d'hiver dans une
communion de prières, utilisons ces fours
de recueillement pour nous améliorer, nous
perfectionner, arracher de nous, par touffes,
l'égoîsme envahissant.
La pluie fine tisse dans l'air un rideau
gris. Le ciel est uniforme. La bruine nous
transperce. Que Novembre doit être triste
pour ceux qui ne sont pas chrétiens
C. v. R.
AH SI LE ROI SAVAIT
Exclamation proverbiale oui remon
te aux temps où le peuple avait a
souffrir continuellement les exactions,
les injustices, l'oppression, les mauvais
traitements. Persuadé néanmoins que
le Roi ignorait toutes les cruautés dont
il était victime, il n en faisait Doint re
monter jusqu'à lui la responsabilité, et,
lorsqu'un des petits tyrans abusait de
son autorité le peuple faisait entendre
ce cri naïf Ah Si le Roi savait
par M. PIERLOT,
Ministre de l'Intérieur
AI. le Ministre Pierlot est une person
nalité politique, qui n'a pas subi l'em
prise et la déformation du régime. Avec
méthode il travaille la réorganisation du
Ministère de l'Intérieur. Déjà un tout autre
esprit règne dans les bureaux. Admirable
ment secondé par son chef de cabinet, M.
Daniel Ryelandt. le Ministre Pierlot pourra,
espérons-le, défendre énergiquement au
Conseil des Ministres, ces excellents princi
pes qui'l énonçait dans L'Autorité en
juillet 1931. Il est utile de connaître les
idées des hommes au pouvoir, et dans cet
article vous trouverez avec toute sa droi
ture et sa sincérité l'infatiguable Ardennais,
Hubert Pierlot.
Après le sauvetage du franc, en 1926,
après le grand effort fiscal que le pays fit
cette occasion, nos finances ont connu
une série d'années brillantes, se clôturant
par des boni. En même temps nous nous
sommes interdit tout emprunt ;nous avons
amorti notre dette publique d'un dixième
environ de son montant, la réduisant une
cinquantaine de milliards.
A y regarder de près cependant, la si
tuation ne laissait pas d'offrir un sujet
d'inquiétude: l'augmentation croissante des
dépenses. En 1927, elles étaient de 8 mil
liards en 1928, elles atteignent 9 mil
liards 300.000.000 frs en 1929, 10 mil
liards 800.000.000 francs en 1930, 11
milliards 800.000.000 francs. La progres
sion est de plus d'un milliard par an.
Ainsi, l'équilibre de nos finances procé
dait moins de la prudence de la gestion
que des énormes plus-values de recettes
dues une période d'exceptionnelle pros
périté. telle que. vraisemblablementnous
n'en reverrons pas d'ici longtemps.
Après le temps des vaches grasses, voici
celui des vaches maigres. La crise indus
trielle et agricole bat son plein et l'on n'en
prévoit pas encore la fin. Entre autres con
séquences, elle a pour effet de rétrécir l'as
siette des impôts et les recettes de l'Etat
ont diminué dans de fortes proportions.
Augmentations des dépenses, diminution
des recettes le résultat est fatal c'est le
déficit.
Comment va-t-on y parer. Par l'impôt
et, chose plus regrettable, par l'emprunt
1.300.000.000 francs d'impôts nouveaux,
1.300.000.000 francs d'emprunts, quoi
l'on espère ajouter 300 millions de francs
d'économies voilà de quoi équilibrer, si
tout va bien, les comptes de 1930 et le
budget de 1931.
En soi. ces chiffres n'ont rien d'affolanr.
Le problème budgétaire qui se pose peut
être aisément résolu, moyennant quelques
sacrifices. La Belgique a une grande ouis-
sance de relèvement dont le secret est dans
son travail. Les épreuves, même les olus
dures, v sont vite surmontées. Encore laut-
rl. Pour nue cette loi de notre histoire con
tinue se vérifier, au'il ne s'agisse que de
perteaccidentelles et que Von ne se trouve
pas en présence de causer de ruine mena-
Voir la suite page 5)
Nous sommes heureux de pouvoir don
ner nos lecteurs ce remarquable article,
qu'a bien voulu nous adiesser un officier
l'Etat-Major ayant participé personnellement
la manœuvre qui devait arrêter définiti
vement l'invasion allemande. Vingt ans
après, jour pour jour, pareil témoignage est
d'un particulier intérêt. Nous remercions
vivement, au nom de nos lecteurs, notre
aimable collaborateur.
Ce ne fut rien moins qu'un miracle,
bien qu'on l'ait appelé ainsi. Ce fut le pro
duit de l'audace, de la ténacité et du rai
sonnement humains et l'inondation qui
sauva l'Armée belge en octobre 1914 n'exi
gea le secours d'aucune divinité.
Depuis le 16, l'Armée, réduite 50.000
fusils et 200 canons, lutte avec les héroï
ques fusiliers marins de l'Amiral Ronarc'h,
sur un front de 40 Klms. de Nieuport
Ypres, contre des forces très supérieures en
nombre et en armement et qui ne leur
laissent aucun instant de répit. Nuit et jour
le bombardement est effroyable, les pertes
sont sévères, les hommes sont exténués. On
leur avait promis du repos en France après
leur pénible retraite d'Anvers et l'arrivée
sur l'Yser.
Le 18, le général Foch, commandant l'Ar
mée Française du Nord, avait dit au G.
Q. G. belge Nous vous demandons de
tenir encore 48 heures, d'ici là nous vous
amènerons des renforts importants
Et l'on avait encore tenu quatre jours.
Ainsi le voulait le Roi.
Le 22 seulement, le général Grossetti
avec sa division de fer, la 42ème (6.000
7.000 fusils tout au plus) arrive Furnes.
Encore l'envoie-t-on, non pas au centre qui
vient de craquer, les Allemands ayant en
vahi la boucle de Tervaete, mais vers Nieu
port, où les Français comptent prendre l'of
fensive.
Se méprenant sans doute sur la situation
de l'Armée belge et plus encore sur la va
leur des forces qui leur sont opposées, le
commandement français n'envisage la pos
sibilité de dégager l'Yser, que par une tri
ple attaque débouchant, simultanément d Y-
pres, de Dixmude et de Nieuport. Mais le
24, cependant, sur les instances réitérées
du Roi, il décide de porter la moitié de
la division Grossetti vers Pervyse pour aider
les Belges enrayer l'avance allemande, ce
qu'elle ne réalise d'ailleurs qu'avec peine,
malgré son admirable acharnement.
A ce moment les Allemands ont porté
sur la rive gauche du fleuve la 5me Divi
sion de Réserve, toute l'infanterie de la
6me et la moitié de la 44me.
Le bombardement de Nieuport Dix
mude. ces deux points compris, augmente
d'intensité. Des projectiles des calibres les
plus impressionnants (170, 210. 420 même)
pleuvent sur les faibles tranchées que nos
hommes ont construites hâtivement. Nous
tenons encore la corde de la boucle de
l'Yser, c'est-à-dire le chemin de fer en rem
blai de Nieuport Dixmude. Mais l'Armée
a perdu plus du tiers de ses effectifs en
tués, blessés et prisonniers et elle est
bout de force. La moitié de l'artillerie est
hors d'usage, car nous avons dû utiliser des
munirions françaises dont la charge plus vive
et plus forte que celle de nos projectiles et
le tir rapide et incessant ont brisé ou
détérioré nos canons. Toutes nos réserves de
munitions sont épuisées, il n'y a plus 100
coups tirer (quelques heures) par pièce.
A l'infanterie, des fusils surchauffés écla
tent dans les mains des hommes. Que notre
centre vienne être enfoncé et c'est la re
traite inéluctable.
Le G. Q. G. h prévoit, l'organise même
et prévient de son éventualité le comman
dement français.
Aussitôt le Général Gouverneur de Dun-
kerque (place forte et port de guerre) que
le repli de l'Armée menace de découvrir,
annonce qu'il va tendre autour de sa place
au moyen de l'eau de mer, les inondations
prévues son plan de défense.
Cette manœuvre aura pour effet de rendre
inutilisables certaines routes vers le S.-O.,
aussi le G. Q. G. envoie-t-il immédiate
ment des officiers d'Etat-Major reconnaître
tous les chemins vers Poperinghe, Rous-
brugge, Hondschoote, etc... et délègue-t-il
aussi le Commandant Nuyten auprès du
chef des Wateringues Furnes, Cogge, pour
se renseigner au sujet des routes que cette
inondation pourrait épargner.
C'est au cours de son entretien avec
Cogge que germe dans l'esprit de Nuyten
l'idée d'inonder le terrain en avant de nos
lignes et il lui pose .la question. On peut
inonder, dit Cogge et je m'étonne que vous
ne l'ayez pas fait depuis longtemps.
On a beaucoup épilogué au sujet de
l'inondation et ici quelques remarques s'im
posent.
D'abord tout le monde sait bien que des
plaines basses enchevêtrées de fossés et de
canaux communiquant avec la mer, sont
(Voir suite en page 2)
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Chronique de Ploegsteert (suite).
Page 5 Le parlement et les finances
publiques (suite).
Page 6 La Bataille d'Ypres.
Page 7 L'éclairage public de la Ville
de G and sous Marie-Thérèse.
Service d'autobus.
Pages 8 et 9 Pour la Femme.
Page 10 Programmes choisis de
T.S.F.
Page 11 Chronique agricole. An
nonce notariale. T.S.F. (suite).
Feuilleton.
Page 12 Chronique Sportive. An
nonces notariales. Suite Chroni
que de Mouscron.
Page 13 Chronique de Comines.
Page 14 Chroniques de Wervicq et
Ploegsteert. Marchés.
Page 15 Chronique d'Ypres (suite).
Page 16 Chroniqqp de Mouscron. I