Ce que dit
H. Doumergue
De Dinant Binche.
Ce que dit
M. SEGERS
1» ANNEE No 45.
Hebdomadaire 35 cent, le numéro.
EMMANCHE 11 NOVEMBRE 1934.
Les peuples qui ne surent pas renoncer
leurs luttes intestines ont disparu de l'his
toire. Dr Gust. Le Bon.
I
ABONNEMENT UN AN 18 FRANCS
Direction-Administration Ch. van RENYNGHE,
19, rue Longue de Thourout, YPRES. Compte-chèques postaux 1003.43.
I
Un gouvernement qui ne sait pas révo
quer est un gouvernement qui ne gouverne
pas. de Jouvenel.
Depuis la fin de mon septennat, j'ai
vécu pendant trois ans en simple citoyen,
comme vous, dans une province éloignée
de Paris. J ai pu me rendre compte, pen
dant ces trois années, qu'en dehors des
agitateurs professionnels, des politiciens,
de petits comités et des partisans du bou
leversement général, la presque unanimité
des Français, attachés au régime démocra
tique, souhaitait ardemment que ce régime
eût sa tête des gouvernements pourvus
d'autorité.
Vous comprenez tous que les dictatures
sont inexorables et catastrophiques.
Dès mon arrivée au pouvoir, au lende
main d un soir d'émeute sanglante qui
avait mis en déroute le gouvernement, il
m'est apparu très clairement que la crise
morale, la crise financière, la crise écono
mique et, il faut bien le dire aussi, la
^grave crise politique, étaient dues, pour une
grande part, la carence de l'autorité gou
vernementale.
Quant aux finances de l'Etat, si l'on veut
qu'elles demeurent bonnes, il conviendra de
préciser dans la Constitution que l'initiative
parlementaire, en matière de dépense, ne
sera recevable que si le vote de la dé
pense a été précédé dans les deux Cham
bres du vote d'une recette correspondante.
Mais il ne suffit pas d'avoir un budget
bien équilibré, il faut encore l'avoir en
temps utile. Je proposerai donc d'insérer,
dans la Constitution, une courte disposition
aux termes de laquelle le président de la
République aura le droit, par décret, rendu
en Conseil d'Etat, de proroger tout ou par
tie du budget en cours, si le budget de
l'année qui vient n'est pas voté la fin
du mois de décembre.
Comment l'attitude du Front commun ne
donne-t-elle pas réfléchir ceux qui, en
dehors de lui, m'attribuent des desseins té
nébreux et machiavéliques J'arrive diffi-
cilement le comprendre c'est sans doute
parce que je vis depuis longtemps très loin
des milieux politiques.
Comment agir pour le bien public, s'il
faut sans cesse se débattre au milieu des
intrigues politiciennes et des ambitions ré
veillées et d'autant plus impatientes qu'elles
ont depuis longtemps attendu. Comment
garder le pouvoir, surtout quand on ne l'a
pas désiré, si pour s'y maintenir, il faut
sans arrêt, répondre des questions oiseuses
et des demandes d'interpellation innombra
bles j'en ai reçu une centaine au cours
des vacances et perdre son temps, soit
réconcilier, soit rapprocher des partis
et des hommes qui, n'ayant rien appris, con
tinuent s'opnoser et se combattre, au
grand détriment de l'intérêt public.
Je ne saurais poursuivre cette tâche sans
risquer de défaillir, si les intrigues et les
passions inspirées par le malfaisant esprit
de parti accumulent trop d'obstacles devant
moi. Mais tant nue j'en aura la force phy
sique. rien ne me fera dévier de la voie
Comme un coup de clairon, il y a
un an, le Congrès de Dinant abordait
le problème de la Réforme de l'Etat.
Bon nombre d'idées lancées ce Con
grès, ont fait leur chemin. En France
comme en Belgique, l'opinion publi
que attend avec impatience, que les
chefs responsables appliquent les ré
formes exigées par les circonstances.
La bonne volonté ne suffit plus
le peuple exige de la volonté. Les com
missions et les comités d'études ont
fait leur temps. 11 s'agit de passer
l'action. Gaston Doumergue a voulu
faire la réforme en France. La poli
tique des partis s'y oppose. Quel se
ra l'homme politique belge qui
aura le courage de sauver no
tre pays de la médiocrité politique, de
l'égoïsme des comitards, du petit et
vulgaire profiteurisme qui empoisonne
l'esprit de ceux qui occupent les
places
Depuis dix ans nous avons mené
l'une campagne après l'autre, tant pour
obtenir l'assainissement de la politique
catholique, que pour demander aux
dirigeants une indispensable réforme
de nos institutions. Les circonstances
ont fait, que passant de la théorie
la pratique, nous sommes venus re
prendre une tradition politique dans
le pays d'Ypres. Nous avons constaté
que notre théorie était en concordance
complète avec la pratique. Nous avons
vérifié tout ce que depuis dix ans nous
écrivions sur les méfaits de la comitar-
dite et de l'esprit de chapelle.
Réagissant contre cet enlisement
de l'opinion publique, cette désagréga
tion de la volonté collective d'une ré
gion, cet oubli du bien général au pro
fit des intérêts de groupes ou de clas
ses, nous prétendons travailler avec le
concours de tous les hommes de bonne
volonté, au redressement matériel, in
tellectuel et spirituel de notre région.
Le combat est assez beau pour qu'il
vaille d'être engagé. C'est avec joie
que nous sentons de semaine en se
maine, se réveiller la volonté de faire
quelque chose de vivant, d'énergique,
d'utile. Tous les citoyens doivent
avoir ce sens civique, qui permet de
travailler avec un esprit d'union aux
destinées communes de leur région.
C'est dans cet esprit-là que nous
devons servir politiquement notre
pays. C'est dans cet esprit-là que nous
devons vouloir la réforme de 1 Etat.
dans laquelle je me suis engagé pour opérer
des redressements indispensables, au bien et
la prospérité du pays. Il ne faudra pas
s'attendre ce que je me laisse aller
la recherche de compromis entre ce que je
croirai bon et ce qui me paraîtra mauvais
pour vous et oublier les promesses que
je vous ai faites.
Et vous savez que je ne vous ai pas fait
ces promesses pour être élu ou réélu, ni
pour en retirer avantage d'aucune sorte.
Nous le disions, l'an dernier Di
nant, au cours d'un discours que la
presse a étouffé, car il -est des vérités
que l'on n'aime pas entendre.
Nous disions Dinant 11 est ab
surde de vouloir aborder la réforme
de l'Etat, si on se déclare disposé
subir les compromissions et les mar
chandages, tels que la politique des
partis les pratique. Nous faisons appel
tous ceux qui sont étrangers la
pensée catholique, mais qui sentent
parfaitement tout le vide et l'impuis
sance de leurs doctrines, nous leur
demandons de construire avec nous
l'état de demain, de travailler avec
nous au-dessus des partis et des inté
rêts de groupes nous devons faire ap
pel toutes les bonnes volontés, mais
après avoir affirmé avec vigueur et
avec audace que nous avons une vo
lonté et qu'elle est la bonne.
Cette unité d'esprit est condition de
toute autorité. Il n'y a pas d'autorité
sans fondement spirituel il n'y a pas
d'Etat sans autorité. Réformer c'est
substituer l'Etat neutre et médiocre,
l'Etat providence la merci des
coteries, l'Etat fantôme livré aux
puissances occultes des groupes, un
Etat qui soit viril, volontaire, même
rude, mais dont l'idéal soit suffisam
ment élevé pour qu'il puisse entraîner
l'enthousiasme de- la masse. Le simple
consentement du Contrat Social ne suf
fit plus pour constituer un Etat mo
derne il faut un vouloir collectif, une
volonté commune qui oriente en même
temps l'action des chefs, et la collabo
ration de la masse.
Les partis actuels n'ont plus de
contact réel avec la masse. Ils croient
leur puissance, la valeur de leurs
statistiques. Mais là où ne règne pas
l'esprit, il n'y a pas de réalité vivante.
Ces partis sont semblables aux grands
chênes l'automne. Toutes leurs feuil
les tiennent encore l'arbre, mais la
sève ne circule plus. Que souffle la
tourmente, les feuilles s'envolent et il
ne reste plus que la vérité des bran
ches dépouillées. La collaboration de
la masse requiert un courant profond
dans l'opinion, une puissante idéologie,
telle que seule l'idée catholique peut
la susciter dans notre pays. Quand les
chefs sentent derrière eux le vouloir
collectif de la masse, ils n'hésitent
plus, ils comprennent qu'ils détiennent
l'autorité.
Et nous terminions en disant Nous
exigeons de nos ainés qu'ils assument
le risque de la réforme de l'Etat, com
me ils ont assumé les responsabilités
de la déformation de l'Etat tel qu'il
végète actuellement.
Le sort en est jeté. Le problème
de la réforme de l'Etat ne peut trou
ver sa solution que dans un redresse
ment doctrinal complet. Quand on a
l'audace de le poser, il faut avoir l'au
dace de le résoudre.
Ch. van RENYNGHE.
Il ne faut pas s'y tromper, la cause de
la crise économique n'est pas seulement
d'ordre matériel. Elle est aussi d'ordre spiri
tuel et moral elle est, osons dire le mot,
d'ordre religieux.
La crise économique, en effet, n'est qu'un
des facteurs de la crise générale.
La crise est avant tout une crise de philo
sophie, de morale et de croyance. Toute
la théorie du passé n'a eu pour but que de
détacher l'homme de Dieu pour en faire
individu ou collectivité le centre du
monde.
La génération qui monte paye bien la
rançon de ce néfaste passé.
Le remède définitif la crise, consi
dérer les choses de haut, c'est le retour non
pas seulement la politique du pain quoti-
rien, mais une philosophie saine, une
morale stable, un régime qui établira
l'équilibre social dans la justice et dans la
charité, et pour tout dire en un mot, le re
tour Dieu.
La crise économique, d'ailleurs, ne se ré
soudra pas d'elle-même, car il ne s'agit plus
d'un phénomène purement cyclique, que les
événements et le temps peuvent naturelle
ment résorber. Elle ne se résoudra vraisem
blablement que par une vaste réaction,
la fois spirituelle, politique et économique,
que déjà réalisent dans des sens opposés la
Russie, l'Italie, l'Allemagne, l'Autriche, le
Portugal, et qui ne laisse le choix, rete
nez bien ceci, qu'entre deux méthodes,
la méthode conforme aux exigences de la
civilisation chrétienne, qui conduit l'ordre
par l'autorité et la paix par l'équilibre
des forces sociales, et l'autre, qui par la
haine et la destruction, conduit tout droit
au communisme et l'anarchie.
Un premier devoir s'impose nous. Il
faut nous libérer l'esprit, il faut libérer l'es
prit de la Nation, de toutes les fumées du
passé, fumée de l'humanisme, fondé sur
(Voir suite en page 2)
USEZ DANS c LE SUD
Page 2 Chronique d'Ypres
Page 3 Chronique d'Ypres (Suite).
Dijon.
Page 4 Le Sud dans le Nord. Sa
gesse tardive.
Page 5 Boudry, artiste poperinghota.
Page 6 La Bataille d'Ypres.
Page 7 Albert I aux Moëres.
Pages 8 et 9 Pour la femme.
Page 10 Programmes choisis de
T.S.F
Page 11 Chronique agricole.
Feuilleton.
Page 12 Chronique sportive. An
nonces notariales.
Page 13 Chroniques de Cotnines et
de Warneton.
Page 14 Chroniques de Wervicq, de
Ploegsteert et du Bizet.
Page 15 Chroniques du Bizet (suite)
d'Ypres/suite) Bizet-Ploeg
steert. Cinéma. Marchés.
Page 16 Chronique de Mouscron. j