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le culte du moi, qui a détruit le culte de
Dieu fumée du libéralisme, fumée du
scientisme, fumée du socialisme, fumées,
en un mot, que nous ont léguées l'idéolo
gie et le droit nouveau de la Révolution
de 89 et qui n'ont consacré que d'éloquents
mensonges.
Un deuxième devoir nous incombe.
Nous devons voir avec une entière luci
dité, quel régime nouveau nous entendons
substituer ce passé.
Ce régime, nous devons le voir claire
ment, pois le vouloir fermement.
Il ne suffit pas de béter comme des
moutons de Panurge Nous voulons un
nouvel Etat nous devons savoir ce qu'il
doit être.
Nous sommes d'accord pour qu'il soit
organisé de telle façon que le bien com
mun puisse dominer les intérêts particuliers
que la collaboration des classes résolve
le problème du travail
que le pouvoir d'exécution, pénétré de
sa responsabilité, soit rapide et mis aux
mains des plus experts, n'ayant en vue que
le bien de tous
que le pouvoir de contrôle soit conféré
aux plus capables qui, au lieu de satisfaire
des appétits de parti, de clan ou de classe,
se mettront exclusivement au service de la
Patrie.
Ceci implique des changements profonds
dans le législatif, dans l'exécutif, dans le
régime du travail,, dans la structure de l'Etat
et des pouvoirs subordonnés.
Messieurs, mettons-nous bien ceci dans la
tête ces changements, si nous ne les opé
rons pas nous-mêmes, par voie d'autorité,
dans l'ordre et l'évolution, d'autres les ac
compliront contre nous dans la révolution
et le désordre.
Si nous n'avons pas la prudence et l'éner
gie de conduire les événements, nous serons
dominés par eux. Ne pratiquons donc pas
la politique du chien crevé. Prenez garde,
évitez de jouer un jour le drame des illu
sions perdues.
LA SORCELLERIE
EN JUSTICE.
La statistique judiciaire, si peu consul
tée, sinon par les chers maîtres, présente
cependant de l'intérêt plus d'un point
de vue, notamment sur la courbe ascen
dante ou descendante de telle ou telle ca
tégorie de crimes ou délits. Il est vrai que
la chronique judiciaire des grands quoti
diens se charge, sous une forme moins
sèche, de nous fournir des renseignements
de ce genre.
De ces différentes lectures il résulte que
la civilisation moderne tend faire accroî
tre certains délits de genre de crimes et
délits dans des proportions inquiétantes,
tandis que d'autres sont en régression com
plète. Qui, parmi nos lecteurs, a jamais
entendu parler d'une affaire de sorcellerie
appelée en justice Beaucoup hausseraient
les épaules, répondant que des procès de
ce genre n'étaient possibles qu'au temps
jadis.
Chacun sait, cependant, que dans les fer
mes isolées dans les vastes campagnes, au
cours des longues veillées d'hiver, les ré
cits de sorcellerie occupaient naguère en
core, une place prépondérante, côté des
aventures de brigands, et surtout des équi
pées des bandes de Baekelandt, de fan de
Lichte et d'autres d'une date plus rappro
chée de nous. Ce goût prononcé de nos
campagnards flamands pour les récits de
sorcellerie n'est qu'une survivance de
croyances ancestrales que la religion même,
en stigmatisant les superstitions, n'avait pu
déraciner de l'imagination populaire.
Dès lors, rien d'étonnant si, passé deux
ou trois siècles, de graves magistrats eux-
mêmes ajoutaient foi l'existence de la
sorcellerie, puisqu'ils n'hésitaient point
sévir contre leurs prétendus auteurs, ceux-
ci fussent-ils même des animaux.
Loin de chercher ridiculiser les hom
mes d'une époque révolue, disons plutôt
que nous serions ridicules nous-mêmes si
nous envisagions les événements du passé
avec les idées du présent. Soyons donc
plus indulgents qu'on ne l'est généralement
l'égard des magistrats de jadis ils su
bissaient fatalement l'influence des idées
en cours leur époque, et personne ne
pourrait affirmer que nos juges actuels ne
subissent pas l'influence de certaines idées
que l'avenir est appelé modifier. Les
idées, comme toutes choses, subissent la
loi du progrès et de l'évolution.
Ce n'est pas dans le cadre restreint d'un
article de simple vulgarisation historique
qu'il est possible de traiter une matière
étudiée par des historiens au cours de nom
breuses années et condensée en divers ou
vrages. Bornons-nous affirmer que ce
n'est pas sur des légendes, mais bien sur
des documents d'archives irrécusables que
ces auteurs.ont pu procurer toutes les abo
minations commises jadis par suite de
la croyance stupide la sorcellerie.
A en juger d'après des documents encore
existants, c'est par milliers que se comp
tent les procès intentés aux sorciers et sor
cières, notamment au XVIle siècle. On
est saisi d'horreur quand on lit le récit des
peines infligées pour ces faits, et, généra
lement. après des raffinements de torture
de tout genre, c'est le bûcher, l'horrible
mort par le feu. qui attend ces malheureux.
Le côté bizarre de ces croyances, d est
que ce pouvoir magique d'ensorceler n'é
tait pas attribué seulement aux hommes ou
aux femmes, surtout aux femmes vieilles
et laides, mais aussi aux animaux. Gra
vement, et avec la conscience et la sérénité
du devoir accompli, on a vu des magistrats
condamner être brûlés vifs, des porcs,
des truies et autres animauxaccusés d'avoir
jeté des maléfices sur telle ou telle per
sonne. Enlisantes sentences, ce mot histori
que vous vient la bouche O sancta sim-
plicitas
Le XVIIIe siècle, au fur et mesure
que l'instruction se propageait, vit dimi
nuer progressivement la croyance la sor
cellerie, la révolution française semblait de
voir lui porter un coup fatal. Cependant,
de même que certaines épidémies laissent
parfois subsister pendant longtemps encore,
des foyers latents en certaines régions, de
même ces préjugés, si fortement enracinés
dans la population campagnarde, ne s'ex
tirpent que lentement et difficilement. Le
fait suivant, survenu en nos régions, en est
une preuve, et nous en garantissons l'abso
lue authenticité.
Il y a trente ans peine, dans une pe
tite commune du Sud de l'arrondissement
d'Y près, habitait un échevin, grosse lé
gume de l'endroit, et passant pour un
esprit fort, ne croyant ni Dieu ni dia
ble. Or, il advint que sa fille étant tombée
malade, aucun médecin ne parvint la gué
rir. Il se fit qu'une vieille femme, qui pas
sait journellement avait pris l'habitude de
regarder la maison de l'échevin, croyant
peut-être voir la jeune malade la fenêtre.
Pris de soupçons, il pria un jour la bonne
femme d'entrer, et, sans autre entrée en
matière, lui enjoignit d'enlever le sort
Lisez page 7
LE ROI ALBERT AUX MOERES
qu'elle avait jeté sur sa fille. Etonnée, la
vieille se rebiffa, mais ses protestations fu
rent vaines. Inutiles menaces, rien n'y fit.
Perdant littéralement la tête, l'échevin
menaça la prétendue sorcière de lui brûler
les pieds si elle ne retirait pas le sort jeté
sur sa fille. Déjà, il commençait jeter
des bûches dans l'atre pour activer le feu
La malheureuse, voyant ce commencement
d'exécution, poussa des cris d'effroi qui at
tirèrent des voisins.
Lintervention inopinée de ceux-ci mit
fin cette scène tragico-comique. Ce fut
une vraie levée de boucliers contre cet esprit
fort, et la justice fûtsaisie de l'affaire.
Me Colaertavocat Ypres. plaida f ort
spirituellement pour la soi-disant sorcière,
et une juste condamnation frappa l'échevin.
C'était le cas de dire que ces grands incré
dules sont souvent les plus crédules.
Cette affaire est probablement la dernière
de ce genre dont nos tribunaux auront été
saisis. Tous les sorciers et sorcières réunis
en sabbat, ne sont plus représentés que par:
(Voir suite page 3)
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