ALBERT I, aux Moëres. Le Radiateur au FOURRURE F.Vandevoorde YPRE/ SERVICE DU GAZ YPRES Tél. 235. Hygiénique Economique Vite 31, Rue au Beurre chauffe en ventilant. ne brûle que lorsqu'on a besoin de chaleur. chauffe instantanément. OFFRE TOUTE SECURITE AVEC DES APPAREILS DESTINES A TOUS USAGES 1000 CALORIES PLACEES A PARTIR DE 300 fr. Nous accordons des tarifs réduits pour l'usage de radiateurs. DEMANDEZ-NOUS DES ESSAIS. SERVICE DU GAZ 7, Place Vanden Peereboom YPRES. Avant que le froid ne vous surprenne achetez votre chez le Maître-Fourreur Expert - Spécialiste du Manteau. Visitez ses Ateliers Modernes. Il ne fait que du BEAU et du BON aux meilleursjjprix, Grâce l'importation directe en grande quantité des pelleteries brutes. Qualité d'abord est sa devise. Ce n'est qu'un bout de sol dans l'infini [du monde, Ce n'est qu'un bout de sol avec la mer [au bord, et le déroulement de sa dune inféconde. (1) Verhaeren. Ce n'était pas assez. La Panne n'é tait pas suffisamment loin, pour le royal exilé. Le destin, quand il s'en mêle, et qu'il s'attaque aux souverains, va jusqu'au bout. Albert I fut forcé de quitter La Panne, cette plage qui valait encore par ses villas et le voisi nage de la mer. II se retira dans les Moëres, terre particulièrement rude, conquise uniquement sur des maré cages. C'est là qu'il se replie et qu'il prépare la merveilleuse résurrection de la victoire. Partout ailleurs il faut lutter contre la sécheresse, et faire passer dans la terre la bénédiction de l'eau. Ici, c'est le contraire il s'agit d'écarter le li quide et de s'en prendre l'élément le plus perfide et le plus envahissant. Mille canaux, dus l'industrie de l'homme, boivent l'eau, comme une éponge. A cet endroit, malgré les événe ments, va s'organiser la vie la plus simple et la plus régulière. La famille royale s'installe dans une maison, comme de quelconques bourgeois. On achète un poêle Fumes, on emprunte un bureau des voisins. Un salon, une salle manger, un cabinet de tra vail, forment le domaine royal. Dans les chambres coucher des lits de •camp, des meubles plus que sommai res. Le roi garde cependant jalouse ment dans son cabinet de toilette, une cage qui contient un canari. Ainsi voit- on de pauvres réfugiés, voiturer avec les débris de leur mobilier, une cage dans laquelle leur oiseau favori s'ébat et s'égosille. La cage et le canari que garde le roi, vient des tranchées. Des soldats le lui ont donné. Peut-on trou ver plus belle image de l'esprit et de la fantaisie, contenus il est vrai et em prisonnés, mais jamais abdiqués. Le matin, le roi fait une promenade dans le parc. Pendant la journée il se rend sa maison militaire qui se trouve dans une ferme non loin de là, ou bien au quartier général, Houthem. Il reçoit des généraux, des princes. Il travaille laborieusement, sa table de travail. De son passage, dans la maison qu'il a occupée, on ne conserve actuellement que les mar ques de ses souliers ferrés, en dessous de son bureau. Mais son esprit n'était pas là, où se trouvaient ses écritures. 31 est la ligne de feu, au milieu de ses soldats. Cet homme, qui n'aime pas les conversations et les intrigues du monde, se trouve l'aise au mi lieu des hurlements et des battements des obus. Sa figure s'éclairait, nous a confié un de ses familiers, chaque fois qu'il allait voir ses soldats, en premiè re ligne. Le roi possède une autre manière de fuir la médiocrité de la vie. Il se promène souvent dans la campagne. Mais il ne s'estime jamais assez affran chi. Il se fait conduire, au loin, dans une auto. Arrivé une certaine dis tance, il prend lui-même le volant et se livre l'ivresse de la course et de la vitesse. Puis il s'arrête, fait part de son intention au plus humble membre de son escorte, (il s'adresse toujours au même) et s'enfonce seul dans les champs. On le voit s'évader ici, dou blement. Dans l'espace d'abord. Dans la parole ensuite, qu'il veut la moins abondante possible, le plus loin des usages mondains, et qu'il confie au (1) Un de nos amis, littérateur bien connu nous adresse cet article. Nous l'en remercions vivement, d'autant plus qu'il nous promet de ne pas nous oublier l'ave nir. Il s'excuse de devoir utiliser un pseu donyme. plus innocent, avant de s'en rapporter au silence. Alors le dialogue s'engage entre lui et lui. C'est le signe de la grandeur de ne se complaire qu'en soi, et de ne pas être sa place dans la commune mesure. Il faut que nous en prenions notre parti. Quelques-uns l'ont pensé part eux, sans oser le dire. D'autres n'ont fait que l'insinuer prudemment. Pierre Daye, l'admirable historien de Léo- pold II, l'a dit carrément Albert I est un saint. C'est un mot très gros, mais qui s'applique admirablement cette figure ou tout est manifestement hors de proportion le renoncement, la vaillance, l'humilité. L'humilité sur tout, car les choses se passent en pro fondeur, avec une désinvolture splen- dide 1 égard de l'habit et du décor. Cette pièce ne pouvait que se jouer aux Moëres, où le panache d'aucun arbre ne surgit, où les voies d'eau n'existent que pour la régulière utilité du terrain. Le vide de la terre réclame grands cris l'infini du ciel. On com prend que cette tragédie ait échappé Clémenceau, habitué d'autres mises en scène. Poincaré, Foch entrevoient la chose. Mais l'univers passe, comme il passe côté de toutes les choses invisibles et qui pour cette raison, sont les seules vraiment efficaces. Les témoignages des habitants des Moëres concordent en ceci Le roi ai mait la promenade, il courait quelque fois, il aimait sauter au-dessus des fos sés. Quelqu'un me raconte que le roi passait de son cabinet de travail au jardin, par la fenêtre. Nous voyons donc le roi, s'esquivant volontiers, possédé par une allégresse physique, animé du désir du saut et de l'esca lade. Il est là, comme nous le retrou verons plus tard. Il est là tout entier avec les gestes qui l'accompagneront jusqu'à sa mort. Dans les plaines des Flandres, il songe grimper, et s'en prend, dérisoirement, une fenêtre. Est-il vrai que la moindre de nos atti tudes nous trahit, que nos goûts phy siques ne sont que le dédoublement de nos penchants moraux. Léopold II aimait les couloirs sous le sol, les tun nels, il en avait fait construire en des sous de son palais, et de ses villas. On sait combien sa politique affec tionnait l'ombre, et creusait ses déda les dans les régions souterraines. Al bert I aime l'air, la lumière, escala der des pics. La pureté des sommets, la candeur de la neige l'attirent. Je tiens d'Ensor le trait suivant que le roi lui a raconté lui-même. Un jour que le roi était dans les tranchées, il faisait le tour avec ses jumelles des terres qui se trouvaient de l'autre cô té, et il fut émerveillé des magnifiques champs de pommes de terre. Belle parole et qui ramène les choses leur admirable réalité. Tout ce qui est grand vient de la terre la nourriture, le travail qui l'a produit. L'héritage y trouve son fond, la no blesse et la royauté. Les saisons y apportent l'ampleur de leurs rythmes. Clémenceau a dit Ce sont les pay sans qui ont gagné la guerre Je con nais aux Moëres quelques cultivateurs ils ont la gravité de princes authenti ques. N'est-il pas providentiel que le roi se soit réfugié au milieu de pay sans, et que c'est a l'origine de toute souveraineté qu'il ait retrempé son pouvoir compromis. Au cacre, Reims, l'archevêque frappait trois fois de sa crosse la porte de la chambre où se trouvait le roi. On lui répondait chaque fois Le roi dort voulant signifier par là que la lignée princière n'avait jamais été éteinte, et que com me la terre en hiver, le roi dormait seulement. Albert I, dormit dans les Moëres ainsi que la semence pour écla ter, plus tard, en bouquet. Jean LEVENS. 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Le Sud (1934-1939) | 1934 | | pagina 7