Orientons nos productions.
René Schmidt-Acke
SCIERIE MÉCANIQUE
Justification de la protection.
ii y2 1933
Injustes griefs.
Faisons un inventaire.
IMPORTATIONS 1933
CELA POUSSE TOUT SEUL.
BOIS DU NORD ET D'AMÉRIQUE TRIPLEX - MULTIPLEX
SPÉCIALITÉ DE BOIS DE MENUISERIES
Marché au Bétail, YPRES Téléphone 154
HONORE DE BALZAC
CHRONIQUE AGRICOLE
De temps en temps, des protestations
s'élèvent contre les mesures de soutien qui
ont été prises en faveur de l'agriculture.
Quelques journaux quotidiens se sont joints
récemment ce concert de critiques. On
parle d'un favoritisme que le Gouverne
ment pratiquerait délibérément au profit des
populations rurales et aux dépens des autres
Belges.
Je ne puis croire que l'opinion éclairée,
consciente du rôle considérable que l'agri
culture joue dans l'économie du pays, se
laisse circonvenir par cette campagne.
Quand on pense que, maintenant encore
et nonobstant la baisse verticale des pro
duits annuellement pour plus de 9 mil
liards de francs quand on considère que
cette production donne du travail une
nombreuse main-d'œuvre et consomme des
matières premières dont la plus grande par
tie provient de notre sol ou de notre in
dustrie, on doit reconnaître que, par les
richesses qu'elle engendre, l'agriculture se
place au premier rang de toutes nos acti
vités.
Ceux qui critiquent les mesures prises
oublient de considérer que c'est grâce
ces mesures que la productivité agricole a
pu être sauvegardée et qu'ainsi notre pays
n'a pas dû accroître sa dépendance vis-à-
vis de l'étranger pour le ravitaillement de
sa population. En 1929, l'agriculture belge
assurait, de façon directe ou indirecte,
75.5 des besoins en produits alimen
taires. Cette proportion a été portée en
viron 77.5 pendant les années 1931 et
1932 et 80.5 pour 1933.
On a estimé que la valeur de la con
sommation belge en produits alimentaires
(y compris les boissons) c'est-à-dire ce
que certains appellent le coût du ménage
belge atteignait en 1929 quelques 20
milliards de francs. La déflation des prix
et, dans une certaine mesure, le fléchisse
ment de la consommation sous l'empire de
la crise, ont ramené ce budget
16 milliards pour 1931
13 1932
Que fût-il advenu si, comme d'aucuns
le suggéraient non sans insistance, le Gou
vernement s'était refusé prendre les me
sures propres mettre notre économie agri
cole l'abri des coups mortels que lui por
tait le dumping étranger Le coût de la
vie eût baissé, incontestablement, mais pas
dans la mesure que l'on croit, car d'une
façon générale la baisse des produits agri
coles dans le commerce de gros n'a pas de
répercussions fort sensibles sur les prix de
détail. L'index eût donc baissé de quelques
points, mais l'heure actuelle, il n'y aurait
que des ruines dans nos campagnes dont
la population représente le quart de celle
du pays. Désastre économique, dont il est
difficile de mesurer l'étendue, qui se fût
propagé toutes les classes de la société
qui entretiennent des relations commercia
les avec l'agriculture. Il ne fait pas de
doute que l'industrie elle-même en eût res
senti le rude contre-coup. D'autre part, p>our
parer au fléchissement de notre production
agricole, il eût fallu accroître jusqu'à
un point dangereux pour l'économie moné
taire du pays nos importations de pro
duits alimentaires. Toutes les réserves d'or
de la Banque Nationale eussent vite été
épuisées (1).
D'ailleurs, il n'est pas inutile de le sou
ligner, ces mesures de soutien dont le pays
a cru devoir faire bénéficier l'agriculture,
n'ont pas empêché un fléchissement très
satisfaisant des prix. Cette baisse s'est ré
percutée sur les prix de détail, peut-être
avec trop peu de vigueur. Mais la faute
n'en incombe pas aux agriculteurs.
En décembre 1929, l'index des prix de
détail atteignait 897, point culminant. En
août 1933, il revient 659, soit une baisse
de 28 Comme on le sait l'index repose
sur 2 séries de produits, les uns alimen
taires, les autres non alimentaires (indus
triels). Or les produits alimentaires qui
se trouvaient l'indice 870 en décembre
1929, sont descendus 587 en août 1933
soit une dépréciation de 33 5 déprécia
tion qui se rapproche de celle de la livre
sterling. On peut donc conclure que si l'in
dex montre si peu de propension baisser,
c'est surtout parce que certains produits,
mais non les produits agricoles, restent ac
crochés un niveau trop élevé.
Cette mise au point était nécessaire pour
montrer l'erreur que commettent ceux qui
imputent l'agriculture la responsabilité de
la vie chère. II ne faut pas se lasser de
le répéter, cette branche joue un rôle essen
tiel et fondamental que l'opinion publique
et certains de nos dirigeants sous-estiment
trop souvent. Aussi le souri de nos hom
mes d'Etat doit être de renforcer sa vita
lité dans toute la mesure compatible avec
le respect d'une bonne justice distributive.
Les mesures qui ont été prises jusqu'à
présent devraient être coordonnées et com
plétées sur certains points. C'est une tâche
qui ne souffre pas d'être différée. Dans un
précédent article, nous avons indiqué
que le premier objectif qui sollicitait l'at
tention des Pouvoirs Publics c'était l'abais
sement des prix de revient de façon ce
qu'ils s'adaptent aux conditions difficiles du
moment. Voilà un premier point.
Dans un autre ordre d'idées, il faut que,
tirant des statistiques tous les enseignements
qu'elles peuvent fournir, nous harmonisions
nos productions avec le besoins intérieurs.
Il importe que nous sachions, lorsque les
circonstances le commandent abolument,
réduire certaines de nos productions qui ex
cèdent la capacité des marchés intérieur et
extérieur (chevaux, œufs, chicorée café,
raisin, certains primeurs). Par contre il se
rait indiqué de dériver vers d'autres produc
tions ces activités devenues disponibles.
Ces considérations nous font penser que
le moment est venu de dresser un inven
taire général des besoins du pays et de re
chercher ensuite dans quelle mesure ils peu
vent être satisfaits par la production natio
nale. Le tableau ci-dessous indique, en quan
tités et valeur, quelques produits que nous
importons.
Valeur
Quantités millions
de frs.
Bovins 10.000 têtes 17
Chevaux 8.000 têtes 10
Chevaux de boucherie 3.000 têtes 25
Poules et poulets 700.000 têtes 7
Viande bovine frigo 15.000.000 kg. 41
Bêtes et viande ovines 2.000.000 kg. 8
Viande cheval 8.200 kg. 12.6
Beurre 12.700.000 kg. 166
Graisses animales
(sauf porc) 8.000.000 kg. 20
Graisse porc, saindoux 9 000.000 kg. 37
Fromage 21.000.000 kg. 170
Avoine 329.000 qx 16
Froment 11.468.000 qx 576
Seigle 1.900.000 qx 73
Maïs 7.052.000 qx 337
Orge et escourg.
4.000.000
qx
188
Pom. de terre
1.200.000
qx
35
Pois secs, haricots et
autres légumineuses
416.000
qx
30
Houblon
17.000
qx
45
Pommes
212.000
qx
28
Malt
146.000
qx
27
Gruau d'avoine
21.000
<1*
5
Son
1.000.000
qx
41
Nous n'avons pas la prétention de croire
qu'il soit possible de combler, d'une année
l'autre, le déficit qui ressort de ce tableau.
Mais ce que l'on est en droit d'espérer c'est
que, par des mesures appropriées, le Gou
vernement oriente l'agriculture dans un sens
conforme ces données.
Beaucoup de produits que nous livre l'é
tranger peuvent être demandés notre sol.
N'hésitons donc pas nous tracer un pro
gramme qui, tout en tenant compte de l'in
térêt de l'économie générale du pays, con
tribue entretenir parmi notre population
campagnarde le goût du travail qui est une
de ses plus belles vertus.
G. MULLIE, sénateur.
(1) En septembre 1934, l'encaisse-or de
la Banque Nationale était d'un peu plus de
13 milliards.
Les personnes qui s'en prennent l'agri
culture de la cherté de la vie n'ont pas
la moindre idée des conditions dans les
quelles nous exerçons notre métier. Pour
beaucoup d'esprits, si bas que soient les
prix de vente des produits agricoles, ils
ménagent toujours de plantureux bénéfices
aux fermiers. Cela ne coûte rien pour
produire du lait, de la viande. Il suffit de
laisser pâturer chevaux, vaches, cochons
et l'herbe vient toute seule. En hiver on
donne aux animaux un supplément de
grains qui ne coûtent pas davantage puis
qu'ils sont produits la ferme. Alors Tout
ce que le fermier touche de ses produits
c'est du bénéfice. Voilà, comment raison
nent bon nombre citadins.
Trois ou quatre fois, Eugénie alla écou
ter la respiration de son cousin savoir
s'il dormait, s'il se réveillait puis,
quand il se leva, la crème, le café, les
œufs, les fruits, les assiettes, le verre,
tout ce qui faisait partie du déjeuner
fut pour elle l'objet de quelque soin.
Elle grimpa lestement dans le vieil es
calier pour écouter le bruit que faisait
•on cousin. S'habillait-il pleurait-il
encore Elle vint jusqu'à la porte.
Mon cousin
Ma cousine
Voulez-vous déjeuner dans la
«aile ou dans votre chambre
Où vous voudrez.
Comment vous trouvez-vous
Ma chère cousine, j'ai honte d'a
voir faim.
Cette conversation travers la porte
était pour Eugénie tout un épisode de
roman.
Eh bien, nous vous apporte
rons déjeuner dans votre chambre,
afin de ne pas contrarier mon père.
Elle descendit dans la cuisine avec la
légèreté d'un oiseau. Nanon, va
donc faire sa chambre.
Cet escalier si souvent monté, des
cendu, où retentissait le moindre
bruit, semblait Eugénie avoir perdu
son caractère de vétusté elle le voyait
lumineux, il parlait, il était jeune com
me elle, jeune comme son amour au
quel il servait. Enfin sa mère, sa bonne
et indulgente mère voulut bien se prê
ter aux fantaisies de son amour, et,
lorsque la chambre de Charles fut fai
te, elles allèrent toutes deux tenir com
pagnie au malheureux la charité chré-
tiene n'ordonnait-elle pas de le conso
ler Ces deux femmes puisèrent dans
la religion bon nombre de petits so-
phismes pour se justifier leurs dépor
tements. Charles Grandet se vit donc
l'objet des soins les plus affectueux et
les plus tendres. Son cœur endolori
sentit vivement la douceur de cette
amitié veloutée, de cette exquise sym
pathie que ces deux âmes, toujours
contraintes, surent déployer en se trou
vant libres un moment dans la région
des souffrances, leur sphère naturelle.
Autorisée par la parenté, Eugénie se
mit ranger le linge, les objets de toi
lette que son cousin avait apportés,
et put s'émerveiller son aise de cha
que luxueuse babiole, des colifichets
d'argent, d'or travaillé qui lui tom
baient sous la main, et qu'ele tenait
long-temps sous prétexte de les exami
ner. Charles ne vit pas sans un atten
drissement profond l'intérêt généreux
que lui portaient sa tante et sa cousi
ne il connaissait assez la société de
Paris pour savoir que, dans sa posi
tion, il n'y eût trouvé que des cœurs
indifférents ou froids. Eugénie lui ap
parut dans toute la splendeur de sa
beauté spéciale. Il admira dès lors
l'innocence de ces mœurs dont il se
moquait la veille. Aussi, quand Eugé
nie prit des mains de Nanon le bol
de faïence plein de café la crème
pour le lui servir avec toute l'ingé
nuité du sentiment, et en lui jetant un
bon regard, ses yeux se mouillèrent-
ils de larmes il lui prit la main et
la baisa.
Hé bien, qu'avez-vous enco
re demanda-t-elle.
Oh ce sont des larmes de re
connaissance, répondit-il.
Eugénie se tourna brusquement vers
la cheminée pour prendre les flam
beaux.
Nanon, tenez, emportez, dit-
elle.
Quand elle regarda san cousin, elle
était bien rouge encore, mais au moins
ses regards purent mentir et ne pas
peindre la joie excessive qui lui inon
dait le cœur mais leurs yeux expri
mèrent un même sentiment, comme
leurs âmes se fondirent dans une mê
me pensée l'avenir était eux. Cette
douce émotion fut d'autant plus déli
cieuse pour Charles, au milieu de son
immense chagrin, qu'elle était moins
attendue. Un coup de marteau rappe
la les deux femmes leurs places. Par
bonheur, elles purent redescendre as
sez rapidement l'escalier pour se trou
ver l'ouvrage quand Grandet entra
s'il les eût rencontrées sous la voûte,
il n'en aurait pas fallu davantage pour
exciter ses soupçons.
(A suivre).