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L'avidité du profit rapidement et facile ment réalisé, en faisant du gain une fin en soi, a bouleversé les notions d'honnêteté elle a engendré le mépris des contrats et la violation de la parole donnée, violation qu'une casuistique intéressée a vite fait de justifier par la loi de la nécessité. Mais la nécessité n'a pas de voix pour pouvoir pro tester contre l'abus hypocrite que l'on fait trop aisément de son pavillon pour couvrir, en contrebande, des intérêts camouflés. Et en cela les individus donnent l'exemple aux peuples, et les peuples aux individus (Revue des Deux Mondes, 15 mars 1932). Plus qu'on ne le sait, les pots-de-vin sous de multiples formes en viennent être considérés comme une pan due des traitements, émolûments, salaires ou hono raires concussion, trafic d'influence, di chotomie, commissions occultes, maquillage de devis, ne sont que les manifestations di verses d'abus qui, chez certains, sont en passe de devenir une règle. Dans cette ambiance, le sens moral de la masse insensiblement et inconsciemment s'émousse les frontières de l'honnêteté per dent la netteté de leur tracé et d'aucuns, parmi ceux qui les reconnaissent encore, se prennent se demander quoi il sert de les respecter lorsque tant d'autres les violent impunément. Et du coup voilà l'autorité ébranlée, alors que de tous côtés déjà, sur le plan fami lial et politique elle se voit de plus en plus discutée par l'impatience orgueilleuse des individus ou des collectivités qui s'y doi vent soumettre, et diminuée par l'abdica tion des pouvoirs qui ont mission de l'exer cer, mais admettent qu'on la discute ou la mendie faute d'oser la prendre ou la reconquérir. Dans le domaine moral, les règles tra ditionnelles sont supplantées par les fan taisies des caprices les plus bas. Et tandis qu'on prône et qu'on pratique le nudisme tandis que l'on s'abrutit des marathons de danse, les concours de beauté et les compétitions sportives féminines travaillent l'avilissement de la femme, par ailleurs objet d'un trafic vénal. Sur le plan religieux, la révolte contre l'autorité revêt un caractère que S.S. le Pa pe n'a pas craint de qualifier de diabolique. Ce n'est plus, comme jadis, contre l'Eglise c'est contre Dieu lui-même qu'elle se dé clare sous le signe de la négation abso lue, elle vise l'athéisme. Une proposition de loi comme celle du député socialiste Delvigne, tendant l'iinstauration de la neutralité philosophique dans toutes les écoles communales, et la recrudescence des activités de la Libre-Pensée dénotent un travail de la Franc-Maçonnerie, particulière ment marquant depuis six ou sept ans. Et du même coup que la croyance faiblit, se constate une recrudescence de la crédulité, pour le seul profit des chiromanciennes. Enivré d'indépendance et d autonomie, l'homme reste logique avec lui-même lors- qu'après s'être libéré de ce qui le domine, il entend ne pas se lier envers ce qui pour rait lui survivre et de plus en plus il fait de son égoïsme le meuble central de ce qu'on ne peut plus appeler un foyer, parce qu'on n'y trouve plus la chaleur du véritable amour, seul créateur, parce qu'il est essentiellement don de soi. Nos villes deviennent des tombeaux et les divorces se multiplient. Mais un nouveau train relie en 29 mi nutes Bruxelles Gand il reste bien en tendu que nous vivons une ère de pro grès... Non, ne nous leurrons pas. Toute illu sion serait tragique, car en nous détournant de l'examen des symptômes morbides et de la réparation des médications adéquates, elle précipiterait l'heure d'une issue cata strophique qui ne serait rien autre que la ruine de notre civilisation. Le monde est ulcéré dans son âme, et la crise est dans l'homme avant d'être dans les institutions et les régimes. Elle est dans l'homme, esprit et matière, mais qui oublie qu'il est esprit et en souffre jus que dans son corps. Ah certes, le drame visible est un dra me économique, et d'un paradoxe inoui, puisqu'on meurt de faim devant des gre- nieis regorgeants. Mais si Wèrner Sombart peut écrire que l'intervention des facteurs spirituels dans la vie économique est évi dente si Lucien Romier peut affirmer que la morale est la première loi de l'éco nomie politique ne pouvons-nous pas re chercher, a cette lumière, si le salut éco nomique ne doit pas être l'œuvre de me sures techniques, certes, mais inspirées d'un esprit qui les vivifie Comment ne pas se passionner pour cette recherche, lorsque des confins les plus re culés d'un horizon qui n'est pas toujours nôtre, nous entendons un Chautemps, Pré sident du Conseil, proclamer la Chambre française qu'il est temps de réaliser une réforme morale Lorsque nous voyons ufi Caillaux écrire qu'il n'est pas d'évolu tion sociale ou de révolution qui soit pos sible si elle n'a point pour support une évolution morale et qui ajoute que la culture de l'âme, l'accomplissement spiri tuel de l'individu conditionnent le progrès du monde Lorsque partout enfin nous constatons la nostalgie d'un paradis perdu, où l'homme serait intégralement humain Ne serions-nous pas les témoins de cette heure prédite par le vicomte d'Avenel, cette heure où le peuple vomira les religions laïques et pleurera pour avoir une âme et pour qu'on lui rende un Dieu Car voici que du lointain horizon d'au tres voix encore s'élèvent. Bon gré, mal gré, il va falloir qu'on recommence croire quelque chose. Il faut que notre société retrouve non seulement un ordre, mais les raisons profondes de cet ordre. L'insta bilité actuelle n'est pas seulement celle des cadres de la société, mais celle des idées sur ces cadres (Galsworthy G. Jean Aubru, suppl. litt. du Figaro 18 mars 1933). Croire, avoir des raisons d'existence qui dépassent les limites d'une pauvre vie ter restre s'accrocher une servitude et retrou ver l'équilibre avec la sérénité dans une Foi Et Masaryk répond, dans un appel aux prêtres de Tchécoslovaquie, en soulignant l'importance de la religion, une époque chaotique comme la nôtre, pour accentuer la moralité des nations. Mussolini, dans un article sur le Fascisme publié par l'En- ciclopedia italiana, écrit que le monde, plus que jamais, doit être porté par les forces morales, et que les gouvernants doivent considérer l'homme dans son rapport su blime avec la loi supérieure. Dolfuss, indi quant le sens de la restauration de l'Au triche, disait et répétait qu'il fallait qu'elle fut chrétienne. Il y a quelques jours peine, Justo, Pré sident de la République argentine, ne ré pétait pas autre chose Le catholicisme est la fraternité chrétienne. Aujourd'hui plus que jamais, le monde a besoin de resserrer ses liens spirituels afin de réta- blir la fraternité parmi les hommes acca- blés par les graves problèmes actuels Troublant concert, en vérité, et émou vante orchestration du thème de Léon XIII. écho de la voix éternelle de l'Eglise Si la société humaine doit être sauvée, elle ne le sera que par un retour la vie et aux institutions du christianisme (Rerum Novarum) Sagesse de l'Imitation Où que vous soyiez, de quelque côté que vous vous tour niez, vous serez misérable si vous ne re venez pas Dieu Nous croyons au salut de la société par le retour Dieu et la doctrine de son Christ. Notre civilisation désemparée est chrétienne. Or, pour reprendre Faguet, c'est ce qui a fondé qui conserve, et l'ou bli de ce qui a fondé qui détruit Notre civilisation s'anémie et meurt dans la me sure où elle abjure le christianisme de son origine. Pour vivre selon sa nature elle doit, suivant le mot de Machiavel, être ramenée son principe Mais dissipons les équivoques, et pré venons les déformations tendancieuses. Il ne s'agit pas de prétendre que le christia nisme, seul et comme tel, constitue le re mède la crise économique. Que des niais nous imputent cette bêtise, libre eux mais nous ne la disons. Le christianisme n'est pas une technique il transcende tou tes les formes de politique, d'économique et d'intellectualisme il n'est lié aucune son rôle est de les informer toutes. Nous nous bornons croire que le christianisme sauvera notre société dans la proportion où, par l'adhésion des hommes ses prin cipes, il rétablira la primauté du spirituel, c'est-à-dire de ce qu'il y a de supérieur, de spécifique et d'éternel dans l'homme. Et nous nous soucierons peu des querelles byzantines qui opposent les politique d'a bord aux économique d'abord s'ils se souvenaient, les uns et les autres du spi rituel toujours Il ne s'agit pas non plus de cléricalisme. Il n'est pas question d'une conversion for cée de l'humanité la foi chrétienne. Nous ne serions pas les fils de l'Eglise si nous ignorions que la Foi ne s'impose point de force, mais qu'elle est, fruit de la grâce, une libre adhésion de l'esprit la Vé rité reconnue et professée pour telle. Il ne s'agit pas davantage d'instaurer une théocratie qui plierait ses disciplines la vie individuelle et collective. Pareille tentative serait frappée de la stérilité con génitale de toute réforme résultant de la contrainte du dehors une réforme n'est profonde et durable qu'à condition de pro céder d'un mouvement intérieur et spon tané. La tâche individuelle. N'ayons crainte de préciser ayons le courage d'aimer assez la vérité pour aller là où elle aboutit, c'est-à- dire, avant tout, chacun de nous-mêmes. Le levier qui doit désembourber notre monde noé-païen, du matérialisme où il s'enlise, ce n'est pas un catholicisme éthéré, salué avec commodité et révérence comme- remède théorique ce n'est pas l'Eglise en visagée comme une hiérarchie et une au torité d'origine divine, mais abstraite ce ne sont pas les catholiques considérés de manière idéale comme le troupeau élu. Tout cela, ce sont des mots ce n'est pas-- par des formules que l'on se sauve. Le levier, c'est chaque catholique per sonnellement, par le rayonnement de sa. vie intérieure, dans chaque acte de son existence quotidienne. C'est chaque catho lique vivant sa foi, et défaut de la faire- partager, arrivant la faire admirer par les œuvres qui en sont la fleur. C'est chaque catholique, instruit fond des préceptes de- sa religion, et les appliquant dans toutes- les circonstances de sa vie privée et de sa vie publique, simplement, logiquement et intégralement Bref programme, mais difficile, parce- qu il exige pour nous la soumission aux: rigueurs du'ne véritable ascèse, et que sa réalisation ne requiert point l'habileté des- discours, mais la fermeté du caractère. Pro gramme d'exécution ardue, et l'accom plissement duquel nous nous évertuerions peut-être davantage si nous comprenions que le scandale n'est pas tant l'apostasie des; incroyants que la contradiction de beaucoup- de soi-disant catholiques qui compartimen tent leur vie, et pratiquent une religion éclipses. Nous nous prétendons détenteurs d'une doctrine de perfection il est normal, dès lors, qu on nous observe l'œuvre. Notre responsabilité envers cette doctrine est d'autant plus grande que la malice accusera plus vite nos principes que nos faiblesses, comme les esprits simplistes ont tendance - incriminer les institutions plutôt que les hommes qui les incarnent. La doctrine de perfection promulguée par le Christ, nul ne l'ignore et tout le monde l'admire c'est l'amour de Dieu, et l'amour du prochain dans le Christ. C'est la doc trine de charité chrétienne, antidote du mal dont nous dépérissons et qui meurtrit chaque jour la justice l'égoïsme païen. Nous devons être, avant tout, les restau rateurs de la Justice, de cette justice dont Mirabeau disait qu'elle est un besoin de tous comme elle doit commander le res- - pect, elle doit inspirer la confiance

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Le Sud (1934-1939) | 1934 | | pagina 6