Gouverner.
Appel aux mandataires
et la Presse
du Nord de la France.
Aux Lecteurs
Ire ANNEE No 49. Hebdomadaire 35 cent, le numéro. DIMANCHE 9 DECEMBER 1934.
LE SUD s'adresse directement
aux mandataires politiques du départe
ment du Nord de la France, et tous
les journaux de cette région. LE
SUD lance un cri d'alarme et un
appel. Par quelques articles de jour
naux et quelques comptes rendus pris
entre cent nous mettons sous les yeux
de nos amis du Nord la situation pé
nible créée en Belgique par les mesu
res qui menacent nos frontaliers.
En pages 6 et 7 les Français qui
nous adressons ce journal, trouveront
l'expression de la douleur et de l'amer
tume que les Belges éprouvent devant
l'attitude du gouvernement français.
Nous aurions pu remplir les seize pa
ges de notre journal en découpant
dans toute la presse, de tous les partis,
des textes qui traduisent le même état
d'esprit.
Nous demandons que les journaux
du Nord fassent écho ces protesta
tions qui émanent de la Belgique en
tière, et qu'ils nous adressent un exem
plaire du numéro de leur journal dans
lequel paraîtra cette preuve évidente
de ce que l'amitié franco-belge est
autre chose qu'un thème de discours.
Nous insérerons avec plaisir ces décla
rations de la presse du Nord.
Nous demandons aux mandataires
politiques du Nord, aux vingt-quatre
La quittance d'abonnement au SUD
pour 1935 vous parviendra sous peu.
Lisez page 5 un article intéressant
directement tous les architectes de la
pro-ince. Cette profession subit les
contrecoups de son manque d'organisa
tion. II y a un remède. Lequel
Voyez page 5.
députés et aux huit sénateurs s'ils 'vont
laisser agir le gouvernement français
contre les droits de notre main-d'œuvre
belge, droits reconnus par l'accord du
4 juillet 1928, et la convention du 8
mars 1934. La France respecte sa si
gnature quand elle signe un traité. D
ne sera pas fait exception cette règle
l'égard de la Belgique. Nous en
voyons ce journal tous les manda
taires du Nord, les priant de nous
adresser une réponse, qui nous prouve
que les hommes politiques du Nord ne
permettront pas que nos amis belges
soient l'objet de mesures iniques. Pour
donner cette preuve de la solidarité
économique de nos régions un témoi
gnage public, nous insérerons égale
ment les lettres que nous recevrons des
mandataires du Nord.
Le gouvernement français ne per
mettra pas que certains bureaux conti
nuent refuser le renouvellement
des cartes de travail, et aura
cœur de répondre l'inquiétude de
nos ouvriers belges en leur prouvant
que la France n'a pas oublié ce qu'elle
doit la Belgique, et que l'industrie
du Nord est en grande partie née du
travail de nos frontaliers.
Cet appel sera entendu, nous en
sommes convaincus.
Ch. van RENYNGHE.
LISEZ DANS LE SUD
Page 2 Chronique d'Ypres.
Page 3 Cinéma. L'esthétique des
villes et des campagnes.
Page 4 Le Sud dans le Nord.
Page 5 Groupement des Architectes.
Page 6 Les Travailleurs Belges en
France. Le sort des Belges en
France. Un meeting de protesta
tion des frontaliers.
Page 7 Meeting de protestation des
frontaliers.
Pages 8 et 9 Pour la femme.
Page 10 Programmes choisis de T.
S. F.
Page 11 Chronique agricole. Feuil
leton.
Page 12 Chronique sportive. An
nonces notariales. Taxe sur les
constructions.
Page 13 Chroniques de Cantines et
de Wervicq.
Page 14 Chronique de Wervicq (sui
te). Marchés.
Page 15 Chroniques de Wameton et
de Ploegsteert
Page 16 Chronique de Mouscron.
L£i peuples qui ne surent pas renoncer M ABONNEMENT UN AN 18 FRANCS I Un gouvernement qui ne sait pas révo
leurs luttes intestines ont. disparu de 1 his- I Direction-Administration Ch. van RENYNGHE, I quer est un gouvernement qui ne gouverne
toire- Dr Gust. Le Bon. 19, rue Longue de Thourout, YPRES. Compte-chèques postaux 1003.43. pas. de Jouvenel.
Rien n'est plus mouvant que les cou
rants d'opinion, quand un régime est en
décadence. Il y a huit jours le gouverne
ment Theunis avait une très mauvaise
presse. Depuis lors il remonte rapidement
le courant. Pourquoi Parce que ce gouver
nement donne l'impression qu'il va gouver
ner. Qu'il prenne garde ne pas déce
voir le peuple de Belgique, car les nerfs
sont tendus.
Les quelques mesures prises depuis huit
jours méritent de retenir toute notre atten
tion. Nous ne discuterons pas de l'aspect
technique du projet sur la protection de la
petite épargne. Trop de passions se mê
lent ce débat. Mais en observateur objec
tif de l'opinion publique, nous devons faire
une constatation dont la portée est consi
dérable nous sommes frappés du discré
dit dans l'opinion du pays l'égard de
tout ce qui ressemble ces terribles orga
nisations économiques que l'on appelle
coopératives Quand nous recherchons
les causes de ce discrédit, nous découvrons
aussitôt la cause principale la coopérative
est devenue un instrument de la politique
des partis. Les économistes du dix-neuvième
siècle avaient raison, en théorie, quand ils
prétendaient que l'avenir appartiendrait
la formule coopérative. Un élément est
intervenu qui a renversé cette thèse l'é-
lectoralisme des partis. La fin politique a
supplanté le but économique des coopéra
tives, et a provoqué cette catastrophe les
coopératives ne sont pas gérées par des
compétences économiques, mais par des
militants politiques. Pour prouver ce que
nous affirmons il suffit que vous vous re
tourniez vers les coopératives qui n'ont pas
voulu devenir une puissance, mais demeu
rer un service. Celles-là n'ont aucune diffi
culté.
Le gouvernement est venu au secours des
organismes qui sous prétexte de remplir
leur rôle coopératif, ont assumé un rôle ban
caire et financier, et ont mis en péril l'ar
gent des déposants en détournant cet ar
gent de son objet réel. La mesure est uti
le mais, hélas les responsables s'en ti
rent trop bien
Mais le gouvernement a repris une par
tie de la confiance de l'opinion par d'au
tres mesures. Ne citons qu'en passant la
démission de M. Francqui de son poste la
Société Générale. Il était atteint d'ailleurs
dans quelques mois par la limite d'âge. Les
démissions de M. Theunis sont plus sub
stantielles, et nous espérons qu'il n'en sera
pas pour lui, comme pour tel Premier Mi
nistre qui, démissionnaire, réintégra tous
ses mandats et toucha les arriérés.
Des mesures comme la réduction des
tarifs postaux, la révision cadastrale, la
modification de l'impôt indiciaire prises
rapidement par le gouvernement ont fait
excellente impression. L'arrêté concernant
les prix de la viande est plein de sagesse
et d'habileté. C'est un coup de sonde donné,
dans l'espoir que la corporation des bou
chers fera d'elle-même l'effort nécessaire.
C'est un avertissement.
Quant l'arrêté concernant le marché du
charbon, nous faisons toutes nos réserves
son sujet. Il y a trop de puissances inté
ressées, et certaines d'entre elles sont telle
ment puissantes, que nous ne pouvons qu'at
tendre les résultats de ces mesures. Il faut
cependant que ceux qui tiennent en mains
la production charbonnière du pays com
prennent que s'ils ne collaborent pas au
redressement de notre vie économique par
réadaptation de leur production aux be
soins de l'intérêt général, une menace, ter
rible plane au-dessus d'eux la nationali
sation. Que celle-ci soit absurde nous en
tombons d'accord. Mais cela ne veut pas
dire que, publiquement, elle soit impossible.
Le même danger menace l'électricité, si
elle ne fait pa"s un sérieux sacrifice pendant
la période de crise.
De toutes les mesures prises par le gou
vernement la plus intéressante est certaine
ment l'emprunt contracté par l'Etat 4
Au point de vue de la confiance l'inté
rieur du pays, comme au point de vue de
notre réputation l'extérieur, cet emprunt
est une victoire pour le minâtère Theunis.
Trop longtemps notre pays a contracté des
emprunts des taux d'intérêts ridicules.
La baisse du loyer de l'argent et la con
version de nos rentes sont les éléments essen
tiels de la reprise de notre vie économique.
C'est la diminution de la charge fiscale
et du prix de ervient. L'emprunt contracté
4 est le point de départ de cette heu
reuse politique financière.
Il reste au gouvernement obtenir des
banques, que les fonds versés par 1 Etat
pour dégeler certaines créances, soient uti
lisés par les banques en crédit pour les pe
tites industries et les classes moyennes. C est
tout le nœud du problème par des négo
ciations multiples et continues avec tous les
pays du monde ouvrir des débouchés nos
producteurs indépendants et a notre petite
et moyenne industrie par 1 élargissement
du crédit et des taux d'intérêts qui n'étran-
g.t nt pas le débiteur au profit de la ban
que, donner nos producteurs l'occasion
d'utiliser cse débouchés, et de reprendre
dans l'Europe la place que la Belgique doit
avoir pays de transformation.
Nous croyons sincèrement que les hom
mes qui sont au gouvernement, font un
réel effort pour se libérer des entraves de
la politique des partis et des groupes, et
pour gouverner au nom du pays pour le
bien du pays tout entier. Notre régime po
litique ne peut survivre l'épreuve de la
crise, que si nos mandataires et tous les
gioupes font trêve leurs programmes élec
toraux. Et c'est pourquoi nous estimons
q,.' le leader socialiste M. Vandervelde
a commis une gaffe, qui est presqu'une fin
de carrière, quand il a ouvertement, diman
che dernier, déclaré la guerre au gouverne
ment Theunis. Cela signifie que si vrai
ment le gouvernement parvient opérer
un tedressement économique, le socialisme
belge doit se résigner mourir lentement
dans son opposition stérile.
Le gouvernement Theunis joue gros jeu.
T1 doir prouver qu'il est le premier gou
vernement d'un régime nouveau.
Ch. van RENYNGHE.
Nous vous prions d'y réserver bon ac-
ceuil afin d'éviter des frais supplé
mentaires d'encaissement.
Les abonnés qui ont déjà versé le
montant de leur abonnement pour
1935, voudront bien excuser l'admi
nistration des postes, si par inadver
tance une quittance leur était présen
tée.