FOURRURE
F.Vandevoorde
YPRE/
La main-d'œuvre belge a droit
un régime d'exception en France
31, Rue au|Beurre
UN CRI D'ALARME DE NOS VOISINS ET AMIS.
6
LE REFUS DE RENOUVELLEMENT
DES CARTES DE TRAVAIL
POUR LES FRONTALIERS
SOULEVE DE VIVES
RECRIMINATIONS EN BELGIQUE.
Grand Echo du Nord.
LA QUESTION
DES OUVRIERS FRONTALIERS...
La Paix Sociale (Armentières).
Suit in extenso le texte de notre
appel avec comme conclusion
G. B.
AU CERCLE OUVRIER
A MOUSCRON.
Au cours de la fête de la Ste Cé
cile un discours excellent fut prononcé
au sujet de la question frontalière par
M. Alphonse Bleuzé, conseiller provin
cial, président du Cercle ouvrier.
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Qualité d'abord est sa devise.
La Presse belge s'émeut avec raison
depuis quelque temps de la situation
faite aux travailleurs étrangers en
France, car la Belgique risque d'être
durement touchée si les mesures pré
vues sont mises en application.
Il est nécessaire de rappeler la légis
lation qui régit le sort des ouvriers
étrangers travaillant en France et plus
spécialement des frontaliers.
Le traité de travail du 24 décembre
1924 spécifiait que les Gouvernements
français et belges s'engageaient lais
ser pénétrer librement les ouvriers ef
leurs familles dans le pays de desti
nation, y séjourner et en sortir moyen
nant l'observation de certaines forma
lités administratives.
Un accord du 4 juillet 1928 précisa
la situation des frontaliers, leur accor
dant le bénifice d'une carte.
Finalement une convention du 8
mai 34 donna une définition territo
riale précise de la zone dans laquelle
les cartes frontalières seraient valables.
En ce qui concerne notre région,
cette zone frontalière comprenait du
côté français les arrondissements de
Dunkerque, Hazebrouck, Lille, Valen-
ciennes, Avesnes, une partie du Pas-
de-Calais et des Ardennes.
Du côté de la Belgique, en Flandre
occidentale, les arrondissements admi
nistratifs de Furnes, Ypres, Courtrai,
Dixmude, Roulers et le canton judi
ciaire d'Oost-Roosebeke.
v" A titre provisoire, 'es titulaires d'u
ne carte de travailleur frontalier en
cours de validité, dont le lieu de tra
vail ou le lieu de résidence se trou
vaient en dehors de la zone envisagée
étaient autorisés conserver leur em
ploi jusqu'à expiration de la validité
de leur carte.
Il y avait donc un statut de réci
procité qui ne pouvait être méconnu.
Or, le Gouvernement français a dé
cidé qu'il ne serait plus délivré de nou
velles cartes de travail. Le renouvelle
ment des cartes données sera soumis
un examen très minutieux.
Aucune carte de durée réduite ne
pourra être renouvelée sauf si son ti
tulaire réside en France depuis deux
ans.
On est en droit de se demander si
cette modification unilatérale d'un ac
cord passé avec la Belgique est bien
légale.
Aussi on comprend 1 émotion qu elle
a suscitée chez nos voisins.
Dans les journaux belges, c'est un
concert de doléances. Des .meetings de
protestation s'élèvent un peu partout.
Il y a l'heure actuelle officielle
ment 42.000 travailleurs frontaliers.
Les mesures prises vis-a-vis de ceux-ci
risquent d'en éliminer 90 °/0.
Or, il ne faut pas oublier qu'il s'agit
surtout d'ouvriers spécialisés. Leur dé
part ne pourrait qu'être préjudiciable
l'industrie de notre région.
En dehors de ces raisons d'ordre
matériel, en dehors des raisons d or
dre juridique, qui militent en faveur
de la suppression ou tout au moins de
l'atténuation des mesures envisagées,
il est d'autres raisons d'ordre senti
mental qu'il convient de ne pas né
gliger.
Les Belges qui ont versé leur sang
en 1914 pour sauver la France ont
droit toute notre reconnaissance.
Ce serait bien mal reconnaître l'hé
roïsme et le sacrifice de ce petit peu
ple si grand par le cœur qui
nous devons tant, en le traitant comme
les autres nations.
Aussi nous voulons espérer que le
Gouvernement reviendra sur sa déci
sion, que les accords antérieurs seront
Tespectés, et qu'en tout cas si certaines
mesures doivent être appliquées, elles
le seront avec la plus large tolérance.
Notre confrère belge, Le Sud
qui est édité Ypres en langue fran
çaise et qui est, par conséquent, pour
nous un sympathique voisin, malgré
la frontière qui nous sépare, lance
dans son dernier numéro un émou
vant cri d'alarme au sujet des mesures
envisagées en France l'égard de la
main-d'œuvre qualifiée d'« étrangère
sans distinction d'origine.
Ces mesures sont de nature blesser
justement et profondément nos excel
lents amis de Belgique et nous décla
rons nettement, en ce qui nous con
cerne, qu'il est absurde et maladroit
de mettre sur le même plan la main-
d'œuvre Belge qui a toujours concou
ru notre vie économique et les in
nombrables étrangers de tout acabit
et de tous les ghettos du monde dont
la France est bon droit désireuse de
se débarrasser pour assurer le pain de
ses propres ouvriers.
Autant nous admettons que l'em
ploi de la main-d'œuvre étrangère,
même belge, exige une réglementa
tion, autant nous sommes d'avis que
la Belgique, avant toute autre nation,
a droit chez nous un régime de fa
veur, qui est, d'ailleurs, conforme
nos intérêts.
Notre distingué confrère d'Ypres,
M. Charles van Renynghe, dans son
journal LE SUD, fait appel aux senti
ments d'amitié de la Presse du Nord
de la France et la nôtre en particu
lier. Avec tous les journaux belges, il
s'est ému de certaines mesures tracas-
sières prises depuis quelque temps par
notre administration vis-à-vis des tra
vailleurs frontaliers, et il nous deman
de faire écho aux réactions de son pays
devant le problème angoissant soulevé
pour les populations de la frontière
qui risquent d'être durement touchées
si les mesures prévues par le gouver
nement français sont mises en applica
tion.
Il s'agit, dit-il, de faire comprendre
la France que sa politique économi
que actuelle est en train de glacer les
sympathies belges. Et de fait 1 amitié
franco-belge doit être autre chose
qu'un thème de beaux discours. Les
affinités qui lient les deux peuples
dans leur histoire, le geste héroïque de
1914, le sang versé en commun, la
contribution des travailleurs belges
la restauration rapide de nos industries
dévastées et, d'autre part, les raisons
profondes qui commandent de garder
pour toujours une Belgique et une
France indissolublement amies, méri
tent que nous ayons pour nos amis
belges, même en nos soucis, une con
sidération privilégiée sur celle que nous
accordons nos autres voisins.
Et les Belges sont d'autant mieux
fondés la réclamer que le traité de
travail conclu entre les deux gouverne
ments, le 24 décembre 1924. subsiste
toujours et que loyalement le gouver
nement français n'est Das autorisé
modifier de façon unilatérale cet ac
cord.
Il y a l'heure actuelle officielle
ment 42.000 travailleurs frontaliers.
Les mesures prises vis-à-vis de ceux-ci
risauent d'en éliminer 90 °/a.
Or, il ne faut pas oublier qu'il s'agit
surtout d'ouvriers spécialisés. Leur dé
part ne pourrait qu'être préjudiciable
l'industrie de notre région.
Aussi, nous voulons espérer que le
gouvernement reviendra sur sa déci
sion, que les accords antérieurs seront
respectés, et qu'en tout cas si certaines
mesures doivent être appliquées, elles
seront avec la plus large tolérance.
Certes, la détresse de la France qui
s'accentue de jour en jour, et dont
nos voisins ne se font peut-être pas
une idée bien exacte, réclame impé
rieusement l'attention vigilante de nos
gouvernants. Le chômage s'accroît
douloureusement et il est dur de ré
sister aux lames de fond successives
de la crise qui a déjà fait tant de vic
times. Mais, comme le dit notre
confrère belge, il y a entre nous une
solidarité que nous n'avons pas le
droit d'oublier et que nous n'oublie
rons jamais.
Que la France signifie leur congé...
aux autres d'abord, et avant tout
ceux qui furent des ex-ennemis et
ceux qui ne cessent de nous combat
tre encore chaque jour sur le champ
de bataille diplomatique.
Après ce nettoyage, la situation se
ra déjà bien changée et nos amis bel
ges pourront se rassurer.
Sous le titre Appel aux manda
taires et la presse du Nord de la
France notre confrère écrit
Oui, cet appel doit être entendu...
La Belgique, notre meilleure, notre
plus loyale amie, n'est pas pour nous
ce qu'on appelle d'un vilain mot l'é
tranger Nous sommes absolument
certain qu'il n'y aura jamais un gou
vernement Français pour l'oublier
n'est pas un vain mot, mais une réalité vi
vante, ne soit pas ébranlée.
Cet exposé écouté avec une attention
soutenue fut salué d'applaudissements cha
leureux.
Il félicita tout spécialement M. Coussens-
pour ses interventions la Chambre concer
nant cette question. Cette main-d'œuvre
pour la plupart qualifiée fut, dit-il, solli
citée par les industriels français, et c'est
elle qu'est due la richesse de l'industrie du
Nord de la France les mesures préconisées
par le Gouvernement français sont injus
tes ajouta M. Alphonse Bleuzé. Il décla
ra ensuite que les ouvriers frontaliers belges-
ne peuvent être comparés aux autres ou
vriers étrangers résidant en France qui,
pour la plupart ont déserté leur pays pour
différentes raisons que d'autre part ces
mêmes frontaliers supportent des charges
supplémentaires par la voie des assurances
sociales dont pour une très large part ils
ne seront jamais les bénéficiaires que ces
ouvriers furent recherchés par les indus
triels qui savent apprécier leur collabora
tion souvent indispensable l'essor de l'in
dustrie. Abordant la question de l'amitié-
des deux peuples, M. Bleuzé souligne en
core qu'elle ne se traduit pas seulement en
paroles, mais qu'elle fut scellée par le sang
au cours de la guerre et que c'est parce-
que la Belgique ne veut pas perdre cette
amitié qu'elle fait entendre sa voix. Il rap
pela alors les sacrifices consentis par la Bel
gique au cours de la guerre, et les craintes
des ouvriers de se voir acculés la misère.
Après avoir déclaré son accord quant aux
mesures prendre en raison de la crise,
M. Bleuzé demande que le Gouvernement
tienne compte de la différence qui existe
entre les frontaliers belges et les autres
étrangers, et que la France accorde une
priorité aux Belges en souvenir du sacrifice
consenti, et parce qu'ils viennent en France
apporter une collaboration loyale et sin
cère la prospérité du pays. Il termine en
souhaitant que l'amitié franco-belge qui