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Rénommé pour ses hors-d'oeuvres variés.
Au Fil de l'Année Liturgique
Méditations et Prières,
par l'Abbé Jacques Leclercq.
Editions de la Cité Chrétienne 20 frs.
de
Louant un jour, l'œuvre de Franç. No-
liain, Alphonse Allais écrivit je me
considérais comme un bien sale voyou, si
je n'en faisais pas profiter mes charmants
lecteurs et mes toutes gentilles lectrices.
Le mot te semble violent abonné du
Sud Pour ne pas te faire de peine, je
veux bien ne pas le prendre en compte,
«t pourtant ces lignes me sont dic
tées par une préoccupation assez identique.
L'affaire n'est pas tu le penses bien
de comparer en quoi que ce soit l'« Année
Liturgique aux Flûtes aux Chan
sons des Nains et des Gars mais le
livre dont je veux te parler est un feu
une lumière Je me croirais coupable
de le garder pour toi sous le bois
seau. Qu'il soit sur le chandelier, qu'il
éclaire la maison.
Pour ma part, je l'ai lu comme un ro
man. Un bouquin qui porte, en sous-titre,
Méditations et Prières Eh oui
D'ailleurs l'auteur a hésité une minute
l'étiqueter roman. C'est vécu, cela se sent,
■et, si tant est qu'une œuvre est d'autant
plus universelle qu'elle porte davantage le
cachet de sa race [c'est Taine je
pense qui a orétendu ça, ou bien Ma-
ritainj je ne serais pas éloigné de le croire
d'autant plus humaine, qu'un homme
son auteur l'a vécue plus personnelle
ment.
J'ai lu d'une traite le roman, je compte
bien revenir aux méditations et prières.
C'est tout un. Ét déjà nous avons repris,
tout haut, la dernière veillée de Noël,
la plupart des pages consacrées l'ineffa
ble mystère.
L'anachronysme fut cultivé de tous
temps. Les chemins de croix du Moyen-
Age montrent des costumes de cette épo
que ignorance des peintres. De pâles mo
dernes ont copié les Pilate barbus, les pha
risiens en pourpoint. Idiot ça Mais le pu
blic bien pensant n'en est point cho
qué. Il n'a pas encore admis le gendarme
cheval au pied du Calvaire de Jacob
Smits, qui orne, Bruxelles, le prétoire
de police peine les personnages bibli
ques d'Anto-Carte, vêtus en paysans
houppelandes, casquettes, sabots et panta
lons. Cela pourtant était très bien... mais
les suiveurs n'eûssent pas dû multiplier
la formule, faire grincer des dents.
Beaucoup d'hagyographes contemporains
aussi donnent là-dedans, et d'assez vulgaire
façon, la plupart du temps. Jeu dangereux.
L'écueil, ici, est évité. A distance égale
de Savonarole et du Saint Evêque d'Anne
cy, Mr l'abbé Leclercq nous verse le récon
fort d'une doctrine saine, souriante, virile
sans jamais rien de déprimant et actuelle...
si actuelle Signalons Noël, St Etienne
Protomartyr, Cpiphanie, Jésus monte vers
Jérusalem, la Vie Publique de Jésus, Mois
de Marie, Pentecôte, le Bon Dieu la
Plage (que les habitués de la Panne, du
Zoute et de Duinbergen aimeront particu
lièrement), St Augustin, St Supplémen-
tain (Sanctus Adanctus), St Gomain (les
maris se feront un malin plaisir de lire le
passage leur femme... ce ne sera pas
gentil), Jour des Ames, vingt autres mor
ceaux encore.
Ajoutons que, la manière de l'offrir va
lant l'objet offert, le volume est présenté
de façon luxueuse et fait honneur la Cité
Chrétienne qui l'édite, comme J. Ducu-
lot, qui l'imprima.
Et voici un fragment d'« Epiphanie qui
fera sourire d'abord... et réfléchir ensuite.
Ils les Mages) entrèrent dans la mai
son, trouvèrent l'enfant avec Marie, sa mère,
et, se prosternant, ils l'adorèrent. Puis, ou
vrant leurs trésors, ils l^i offrirent en pré
sent de l'or, de l'encens et de la myrrhe
A leur place, nous n'aurions pas été
longs refermer tous les écrins, et rem
baller les vases précieux, préparés pour le
roi attendu, et nous aurions sorti tout notre
toc, ces verroteries et ces cuivres dorés dont
nous ornons nos églises...
Lecteur, tts ne l'aurais pas fait Pour
quoi le fais-tu maintenant Tu aurais bien
trouvé, alors comme aujourd'hui, tous ces
motifs légitimes qui nous permettent de
placer dans les églises des meubles dont
nous ne voudrions pas chez nous, des
fleurs de papier et des vases que nous ad
mettrions peut-être dans notre cuisine, mais
dont nous ne voudrions pas dans notre sa
lon.
Tu aurais bien trouvé, alors comme au
jourd'hui, que, pour Dieu, cela n'a pas
d'importance que des vases sacrés soient
d'or ou d'argent doré, que le rétable de
l'autel soit en marbre ou en bois blanc peint
en marbre, et qu'il vaut mieux donner
des œuvres l'argent que ce luxe coûte
rait... Judas a déjà trouvé cela, quand la
Madeleine a répandu un parfum précieux
sur les pieds de Jésus... D'ailleurs, après
avoir émis cet axiome, d'habitude nous gar
dons cet argent pour nous, comme Judas
l'eût fait.
Les Mages trouvent un enfant de pe
tites gens, où ils croyaient trouver un roi.
Mais, vrai dire, ils trouvent le roi dans
cet enfant, parce qu'ils comprennent, eux,
que cet enfant est l'Enfant. L'Evangile ne
mentionne pas un geste de regret. Tout
au contraire ils ouvrent leurs trésors, ils
lui offrent des cadeaux précieux. Ils ne
marchandent pas pour s'en tirer bon
compte. Au fait, l'Enfant ne leur deman
dait rien. Il ne nous demande rien non
plus, pas de cadeau, seulement un peu d'a
mour et de respect. Mais nous ne le lui ac
cordons pas, lorsque nous réservons les ors,
les bronzes et les marbres au palais des
rois, aux banques, aux cinémas et nos
propres maisons, et que nous lui accordons
lui, des ornements de stuc, de platras
et de sapin teinté. Roger KERVYN. k