Les Valeurs Economiques de la FL Occidentale L'agriculture i MISSION, AVENIR ET POSSIBILITE DE L'AGRICULTURE BELGE. METHODES A SUIVRE A CET EFFET PAR L'ETAT ET PAR LES ASSOCIATIONS. V (Suite) Quelle période invraisemblable est celle que nous traversons Il y a du blé en abondance des stocks énormes des années antérieures, ensilés au Canada ec aux Etats-Unis, pèsent encore lourdement sur le marché. Grâce la production actuelle de Java si développée et aux récoltes toujours plus abondantes de Cuba, la réserve de sucre de canne atteignit et dépassa les nécessités de la consommation et pourtant la betterave sucre continua être plantée on en déve loppa même la culture par l'application de droits protecteurs qui atteignaient dans cer tains pays 1000 francs les 100 kilos, jus qu'au jour où une convention fut conclue pour restreindre cette culture. (Chadbour- ne). En présence de ces constatations il faut reconnaître que la théorie Malthusienne, ba sée sur la crainte de l'insuffisance des vi vras, apparaît comme une utopie ridicule. Quoi qu'il en soit, le libre-échange a été partout abandonné. Il a fait place une politique protectionniste en vue de défen dre les frontières et des mesures de dum ping destinées forcer les frontières du voi sin. II est facile de comprendre que notre agri culture belge eut fort souffrir de ces res trictions économiques Nos spécialités sur tout vivent de l'exportation. D'autre part nos produits indigènes sont littéralement comprimés par l'afflux de produits étrangers introduits des prix dérisoires. Le protectionnisme des autres nations qui jadis n'entravait pas l'entrée de plusieurs denrées, apparaît l'évidence la lumière des précisions qui suivent L'Angleterre elle-même, jadis réputée pour sa politique de libre-échange, a pris des mesures sévères. Sa politique actuelle s'inspire du principe que l'agriculture doit être aidée par le relèvement des prix un niveau qui les rende rémunérateurs. Sans exclure totalement l'importation, on réserve la première place aux produits nationaux, la seconde ceux de l'Empire Britannique, la troisième ceux de l'étranger. De là l'application de droits douaniers certains produits horticoles, même avant la publi cation de l'« Import Duties Act De là l'accord d'Ottawa. De là finalement le sys tème de la rationalisation, dont les principes furent appliqués dans les Agricultural Marketing Acts de 1931 et 1933 et l'oc troi de subsides. Il est fort intéressant de passer en revue les éléments de cette politique d'interven tion étatiste. En vertu du Hops Marketnig Sché ma du 2 septembre 1932, la vente du houblon ne peut se faire qu'à l'interven tion du Hop Marketing Board qui a le droit de contingenter. Les brasseurs sont obligés de prendre livraison du houblon raison de 9 livres le cwt En suite de la fondation du Marking Board pour la production du lard bacon et après con tingentement de l'importation du lard et du jambon, les importateurs préalablement inscrits un registre, peuvent seuls vendre des porcs destinés la fourniture du ba con sur le pied d'accords conclus un an d'avance. La production laitière soutenue par un Subside de 3 millions et demi de livres sterling, se vend sous le contrôle du Joint Milk Comptoir établi le 6 octobre 1933. Le Wheat Act de 1932, garantit la vente du blé au prix de 10 shillings par cwt Les meuniers sont obligés de pren dre livraison des récoltes. Des règlements analogues régissent la ▼ente des pommes de terre, des betteraves sucre, des animaux d'élevage. En Hollande et en Allemagne des me sures de protection furent édictées sur la base de prinles l'exportation. La France dont la politique protection niste est connue depuis toujours, offrait ce pendant un large débouché presque tous les produits de nos fermes. Mais en ce mo ment elle a renforcé tel point ses tarifs et multiplié ses contingentements, qu'il en est résulté un danger réel pour notre agri culture. La valeur des principaux produits agri coles exportés en France s'élevait en 1931, 473.241.000 fr., en 1932 254.473-000 fr. Elle est tombée en 1933 167.974.000 fr., soit une diminution, de 1931 1933, de 65 Le tableau qui suit donne le détail pour les divers produits. qui sera étendue, dans quelques semaines, la culture du seigle. On peut se rendre compte de la situation actuelle en ce qui concerne la perception des droits et des taxes, en consultant le Moniteur du 9 septembre dernier. Ces droits spéciaux sont perçus l'occasion de la re mise des autorisations d'importation, accor dées en vertu des lois du 30 juin 1931 et du 30 juillet 1934. Les voici Bovins sur pied 1 fr. le kilo. Ovins sur pied 0 fr. 90 le kilo. Porcins sur pied 0 fr. 75 le kilo. Principales exportations agricoles belges vers la France en francs belges, d'après lès statistiques belges. 1931 1932 1933 Chevaux 93.884.000 50.472.000 24.555.000 Porcs vivants 17.571.000 14.331.000 12.583.000 Volaille et lapins 49.584.000 23.945.000 16.503.000 Œufs 127.568.000 12.554.000 8.794.000 Pommes de terre 54.403.000 47.162.000 604.000 Rac. de chicorée 8.970.000 5.268.000 4.070.000 Légumes frais 68.348.000 58.208.000 64.366.000 Légumes secs 10.694.000 10.195.000 12.304.000 Légumes conservés 15.471.000 6.852.000 4.477.000 Fruits du pays 12.351.000 11.715.000 6.853.000 Plantes vivantes et fleurs 14.397.000 13.771.000 10.865.000 POURCENTAGE 473.241.000 254.473.000 167.974.000 100 54 35 Le marché français est de première im portance pour notre agriculture, car il ab sorbe 29 de nos exportations, soit 254.473.000 fr. sur un total de 877.057.000 fr. La dépression de nos exportations vers la France est causée par les mesures désas treuses prises par nos voisins méridionaux après 1928. Telles sont entre autres les droits de douane de 2000 fr. par tête sur l'introduction des chevaux, de 225 fr. par 100 kilos sur celle des porcs, de 42 fr. par 100 kilos sur celle des pommes de terre, de 200 fr. par 100 kilos sur celle des asper ges, etc. Mettons en regard de ces chiffres la po litique belge qui n'entrave presque en rien l'importation des produits agricoles fran çais, tel point que les importations fran çaises en Belgique ont atteint 257.062.000 fr., soit plus que le montant de nos expor tations vers ce pays huit fois plus grand que le nôtre. II semble cependant qu'un nouvel accord tendance plus favorable, puisse être espé ré d'ici peu. L'exportation est donc entravée, sinon totalement impossible. De' plus, notre production nationale était menacée par des pays exportateurs qui inon daient nos marchés de denrées agricoles livrées des prix infimes. Par exemple, dès 1931, le beurre danois se vendait en Belgique 12 fr. le kilo, alors que le beurre indigène coûtait au producteur en viron 18 fr. Les primes l'exportation per mettaient cette anomalie. La Hollande agis sait comme le Danemark. Pour éviter la ruine de notre agriculture er la misère de nos populations rurales, il fallut pren dre des mesures énergiques, organiser la défense de notre marché national. Ce qui s'était fait pour des centaines d'ar ticles de l'industrie, devait: se faire dans une même mesure pour l'agriculture C'é tait l'application de la justice distributive toutes les branches de notre activité na tionale. Dès la période de 1928 1931, cette rè gle fut appliquée par l'augmentation des droits sur le sucre et sur l'avoine, par la défense d'importer du blé par voie de dumping, par l'addition obligatoire de blé indigène au blé exotique pour la confection du pain. En 1931 et depuis lors, suivant les exigences du moment, la Belgique, agis sant l'exemple des autres nations, appli qua des mesures d'un protectionnisme avéré, en augmentant des droits de douane, en décrétant des contingentements, en payant aux fermiers une prime par hectare pour la culture du froment et de l'orge, mesure Viande bovine fraîche 2 fr. le kilo. Viande ovine fraîche 1 fr. 75 le kilo. Viande porcine fraîche 1 fr. le kilo. Viande bovine, ovine et porcine conge lée 1 fr. le kilo. Préparations de viandes reprises sous les rubriques ci-anrès des droits d'entrée 209 B, 210 et 214 3 fr. le kilo sous les ru briques 212 et 213 2 fr. le kilo Saindoux 1 fr. le kilo. Lait entier frais 0 fr. 10 le litre. Lait battu ou petit lait 0 fr 05 le litre. Crème de lait fraîche, condensée, en blocs ou en poudre 4 fr. 25 le kilo. Caillebotte 0 fr. 10 le kilo. Beurre 8 fr. 50 le kilo. Pommes de terre 5 fr. les 100 kilos. Froment, orge, escourgeon, seigle, en grains ou en flocons 10 fr. les 100 kilos. Orge mondée, perlé ou pelée 10 fr. les 100 kilos. Malt de froment, d'orge, d'escourgeon, de seigle, même torréfié ou moulu 13 fr. 30 les 100 kilos. Flocons de malt, de froment, d'orge, d'es courgeon, de seigle 13 fr. 30 les 100 kilos. Farines de froment autre que fourragères, gruaux et semoules de froment 14 fr. les 100 kilos. Farines, gruaux, semoules d'orge et d'es courgeon 12 fr. 50 les 100 kilos. Farines, gruaux, semoules de seigle 16 fr.y 70 les 100 kilos. Farines de malt de froment, d'orge, d'es courgeon, de seigle 19 fr. les 100 kilos. Vous constatez que notre politique agri cole a pris la voie du protectionnisme. Il ne pouvait en être autrement c'était notre uni que défense. Mais la question de savoir si le protectionnisme constitue pour l'agri culture le salut, s'il mène sa prospérité, il faut répondre négativement. Dans les pays qui n'avaient pas de me sures protectrices comme le Danemark, la Hollande et la Belgique, la production des céréales et l'élevage aussi bien que l'évolu tion technique et la prospérité des agricul teurs. sont supérieurs ceux des pavs pro tectionnistes comme la France et l'Allema gne. L'agriculture n'est pas progressiste, elle recherche uniquement l'appui de l'Etat. Mais nous sommes en période anormale. Et dans ces temps troublés la seule plan che de salut se trouve dans la défense des industries nationales encerclées d'un réseau de droits douaniers et privées de toute ex portation. Cette période est particulièrement néfaste pour la Flandre Occidentale si proche de la France et de l'Angleterre, débouchés na turels pour un si grand nombre de pro duits agf' "l de spécialité». Les contingences actuelles sont anormales. Les relations économiques entravées par les droits de douane et les restrictions l'im portation, sont malsaines. Elles amènent la surproduction. Elles suppriment une source d'activité le commerce, qui représente ou plutôt représentait jadis dans l'économie générale, un facteur de 30 Le commerce libre est de l'essence de notre nation, car la Belgique ne peut vivre sans exportation. C'est pour cette raison qu'elle accueillit avec* faveur la convention d'Oslo et celle d'Oudiy, c'est pour cette raison qu'à Ge nève elle fut au premier rang des pays qui tentèrent d'abolir les entraves au commerce. Hélas, tous ces efforts restèrent vains, ils- ne furent pas consacrés par les décisions des parlements. Et l'erreur du protection nisme déchaîné ne sera pas abandonnée de- si tôt. Les moyens de défense quoique biea regrettables, s'imposeront encore notre gouvernement pendant une longue période. Cependant en ces temps difficiles aussi bien qu'en période économique normale comme celle qui existait il y a quelques années, notre agriculture garde le devoir de s'adapter toutes les situations en vue de procurer le bien-être un million de cultivateurs environ, voire même toute la population car, sans une agriculture pro gressive et florissante, la vie bon marché qui fut toujours une caractéristique de la- Belgique, aurait bien vite disparu. Il entre dans la mission de l'agriculture belge, en ce pays population très dense, d'alimenter nos marchés, non seulement en période de surproduction, mais en tour temps, de denrées alimentaires afin de main tenir ainsi un standard de vie très bas, tra ditionnel en Belgique. Sans agriculture prospère, nous sommes exposés des importations massives, dés astreuses pour la balance commerciale, source de prétentions excessives de la part des pro ducteurs étrangers et spécialement des cour tiers. Il ne faut pas sous-estimer le fait que l'agriculture peut trouver un débouché fa cile dans les limites de nos étroites fron tières, où les distances sont réduites, où huit millions d'hommes vivent très rapprochés. Quant aux spécialités, si elles sont parti culièrement soignées et de qualité excel lente, les grands pays d'Europe en seront toujours preneurs. Les marchés de Bilingsgare et de Haymarket Londres, accessibles en quelques heures grâce quatre lignes de navigation fréquentant régulièrement nos- ports, achèteront toujours plusieurs de nos produits, spécialement les produits maraî chers de notre province située la côte. L'avenir de notre agriculture me paraît- plein d'espoir. Le cultivateur belge s'est dé veloppé, en force et en puissance de pro duction, au point d'être l'un des meilleurs cultivateurs de l'Europe il n'est pas exclu d'espérer que dans toutes les branches de nos cultures, il pourra atteindre des résultats encore plus favorables. A ce point de vue, il faut viser la récolte de produits de qualité meilleure, ou plus abondants. Ce sont là les éléments de la rationalisation dont le résultat doit être l'abaissement du prix de revient et l'élévation du prix de vente. L'Etat d'une part, les Associations Agri coles d'autre part, ont ici une tâche rem plir. Le pouvoir central et les provinces doi vent suivre une politique qui s'abstienne de tour excès de fiscalité celle-ci entre ac tuellement dans le calcul du prix de re vient raison de 20 Ils doivent en outre, instruire et éclairer. (Suite dans le prochain numéro)

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