CHRONIQUE AGRICOLE CHRONIQUE HORTICOLE Marchés 15 LA DÉVALUATION ET L'AGRICULTURE Prod. aliment. Prod. non aliment. Déc. 1929 879 920 Mars 1935 550 720 Les événements monétaires de ces der nières semaines marqueront, n'en pas douter, le début d'une ère nouvelle pour l'activité économique de notre pays. Sous la pression de circonstances d'une incon testable gravité, le nouveau Gouvernement a été acculé la dévaluation. Les obstacles auxquels s'est heurtée la déflation Certes ce n'est pas sans de sérieuses rai sons que nos dirigeants actuels ont rom pu avec la tradition des gouvernements précédents. Ceux-ci entendaient assainir l'économie nationale par un abaissement des prix de revient. Si le succès n'a pas récompensé l'effort méritoire qui a été fait dans ce sens, c'est que des difficultés de divers ordres ont contrecarré l'adaptation souhaitée. En matière d'impôts notamment, l'allégement des charges qui écrasent tant le producteur, l'intermédiaire que le con sommateur, n'a pu être réalisé. Cha que fois que, par une réduction des dé penses publiques, le Gouvernement croyait avoir ménagé l'occasion d'une réduction du taux des impôts, il s'en trouvait em pêché par le fléchissement des recettes. C'est que la crise provoquait une inquié tante contraction des ressources, compro mettant ainsi toute possibilité d'allégement. Dans d'autres domaines la politique de déflation se montra pareillement stérile. En matière de transport, les résultats des efforts tentés en vue d'abaisser les tarifs, ne furent que médiocrement satisfaisants. 11 convient cependant de reconnaître que l'index number des prix de détail enre gistra une certaine amélioration, ainsi que l'atteste la comparaison ci-dessous 329 200 décembre 1929 mars 1935 Index prix de détail 897 621 Baisse 276 On sait que cet index repose sur des produits de nature très différente mais que l'on peut répartir en deux catégories bien distinctes 1) les produits alimentaires, 2) les produits non alimentaires. L'index qui concerne le groupe des pro duits alimentaires a été fortement affecté au cours de ces dernières années tandis que celui des produits non alimentaires s'est montré beaucoup plus réfractaire la baisse. On en jugera par le rapprochement suivant Exprimée en pour cent, la baisse sur le premier groupe est de 37,5 tandis qu'elle n'atteint que 22 °/0 sur le second. Il est hors de doute que si tous les élé ments qui concourent au prix de revient (qu'il s'agisse de produits, de main-d'œu vre ou de tous autres services) avaient fléchi dans la même proportion que les produits alimentaires, la déflation eut abou ti des résultats suffisants pour que l'in- tangibilité du franc fût assurée. Que pareil résultat n'ait pu être atteint, il n'est personne qui ne le déplore. Mais maintenant que, par la force des choses, nous nous trouvons confrontés avec cette réalité nouvelle qu'est la dévaluation, il serait vain de se répandre en récrimina tions. Ne vaut-il pas mieux envisager avec calme quelles en seront les répercussions. II est incontestable que des intérêts très respectables subiront un certain préjudice, c'est le revers de la médaille. Perspectives Quant aux avantages, ils peuvent être substantiels si l'on s'en rapporte aux pers pectives optimistes que le chef du Gouver nement nous a fait entrevoir. L'exemple de ce qui s'est passé dans les Etats ils sont plus de 50 qui ont eu recours la même méthode d'assainissement économique, don ne de raisons d'espoir. Rénovation écono mique, c'est la formule de ralliement de la nouvelle équipe gouvernementale. Et pour quoi n'espérons-nous pas qu'il puisse en être ainsi Pourquoi douter que par des mé thodes appropriées, il soit possible de rendre notre activité économique dont l'anémie ne cessait de s'aggraver, un sang nouvaeu générateur de vitalité. De bons esprits nour rissent cette confiance. Pour le monde agricole en particulier, la nouvelle orientation ne justifie aucune ap préhension, bien au contraire. Elle aura pour résultat d'atténuer la concurrence des produits agricoles exotiques tout en favo risant l'agriculture belge sur le marché in térieur. Car, nous l'avons dit maintes re prises, une amélioration des conditions éco nomiques qui règlent la production agricole était devenue une nécessité urgente. Faut- il rappeler que, sur la base des prix en vi gueur en janvier 1935, le cultivateur belge n'obtenait pour ses produits que 66 de prix d avant-guerre, tandis que ses dépenses de production atteignaient encore 91 Faut-il préciser que ce coefficient qui se rap porte aux prix de vente, atteindrait peine Les soins annuels donner la vigne (Suite) B. L'Ebourgonnement. Chaque année, la vigne donne un nombre considérable de bourgeons, qui, en se développant, feraient confu sion et ne pourraient que se nuire mu tuellement. Pour obtenir donc des pousses vigoureuses, pouvant donner de beaux fruits l'année suivante, il faut en limiter le nombre en faisant l'ébour- g° armement. Supposons le moment arrivé où la vigne se met en végétation. Sur le ra meau de prolongement, on choisira les bourgeons les plus forts pour être con servés, tout en laissant entre eux un espace de 30 cm. Il est remarquer que l'année sui vante, lorsque les bourgeons gardés, devenus serments, se sont taillés sur deux yeux, l'espace de 30 cm. sera ré duit 15 cm. par le développement des nouveaux bourgeons. Les couron nes seront donc espacées de 30 cm. Lorsque dans la suite il pousse sur les couronnes plusieurs bourgeons, on n'en garde que deux, en choisissant les plus forts parmi ceux portant du fruit. Comme ce sont les bourgeons du sommet de la couronne qui sont géné ralement les plus vigoureux, il arrive qu'en les conservant, on allonge en quelques années, démesurément la branche fruits. Dans ce cas, si un bourgeon se développait près de l'in sertion de cette branche, on le respec terait et on favoriserait son développe ment par le palissage vertical. Ce rameau serait converti l'année suivante en couronne, pour remplacer la branche fruit trop longue. Cepen dant, comme la vigne repousse facile ment sur vieux bois, on obtient tou jours des bourgeons de remplacement en nombre en coupant la branche fruit tout près de son insertion. C. L'Edaircissage - le Cisellement - L'Egrenage. La vigne est généralement surchar- ihhéii ill'i 50 si des mesures de protection n'avaient été prises pour atténuer la concurrence des produits étrangers devenue singulièrement agressive depuis la dévaluation qu'ont réa- contrôle mondial du marché de la viande, du beurre et des céréales. (A suivre.) G. MULLIE, Sénateur. gée de fruits qui ne mûrissent pas et ne peuvent acquérir un volume conve nable si on les laisse sur l'arbre. On a donc soin d'en enlever une partie. Les bourgeons portent une, deux et même trois grappes. On n'en laisse qu'une, la plus belle, générale ment celle qui est la plus rapprochée du nœud. C'est ce qu'on appelle l'é- grappage. Dès que la floraison est ter minée et lorsque les grains ont la gros seur d'un petit pois, on se hâte d'é- claircir. On se sert de ciseaux fabriqués pour cet usage mais qui sont loin d'être parfaits. En règle générale, il faut en lever les 2/3 des grains. On commence par couper les plus petits, puis ceux de l'intérieur, et on finit par espacer convenablement les grains extérieurs. 11 s'agit naturellement ici du Frankenthal, qui a les baies gros ses et serrées. Les variétés grappes lâches, de même que celles grains petits, seront évidemment moins éclair- cies. On emploie une petite fourche en bois pour soutenir les grappes. (A suivre.) Ja. V. POPERINGHE, 19 avril. Beurre, 14- 17,œufs, 0,28 Pommes de terre, 30,Froment, 80,Seigle, 80, Avoine, 80, YPRES, 20 avril. Beurre, 15-16, œufs, 0,28-0,30 Pommes de terre, 25- 35,Froment, 60-65,Seigle, 64- 68,Avoine, 68-72, WAREGHEM, 20 avril. Beurre, 13- 15,50 œufs, 0,29-0,30 Pommes de terre, 42-45,— COURTRAI, 22 avril. Beurre, 17, œufs, 0,30-0,35 Pommes de terre, 30- 40,Froment, 80,Seigle, 80, Avoine, 85, DIXMUDE, 22 avril. Beurre, 14- 15,50 œufs, 0,28-0,30 Pommes de terre, 25,Froment, 65-68,— Seigle, 70, Avoine 70-72, ROULERS, 23 avril. Beurre, 14- 16,œufs, 0,30 Pommes de terre, 23- 40,— Froment, 75,— Seigle, 74,— Avoine, 88, DEINZE, 24 avril. Beurre, 14-16, œufs, 0,29 Pommes de terre, 35, FURNES, 24 avril. Beurre, 15-16, œufs, 0,28-0,32 Pommes de terre, 28- 32,Froment, 74-76,— Seigle, 75- 77,Avoine, 76-78, WERVICQ, 26 avril. Beurre, 16- 17,œufs, 0,30. No 67. par HONORE DE BALZAC Eugénie devait être toute la femme, moins ce qui la console. Son bonheur, amassé comme les -clous semés sur la muraille, sui- vant la sublime expression de Bos- suet, ne devait pas un jour lui remplir le creux de la main. Les chagrins ne se font jamais attendre, et pour elle ils arrivèrent bientôt. Le lendemain du départ de Charles, la maison Grandet reprit sa physionomie pour tout le monde, excepté pour Eugénie, qui la trouva tout coup bien vide. A l'insu de son père, elle voulut que la cham bre de Charles restât dans l'état où il l'avait laissée. Madame Grandet et Nanon furent volontiers complices de ce statu quo. Qui sait s'il ne reviendra pas plus tôt que nous ne le croyons dit- elle. Ah f je le voudrais voir ici, ré pondit Nanon. Je m'accoutumais ben lui C'était un ben doux, un ben par fait monsieur, quasiment joli, mouton né comme une fille. Eugénie regarda Nanon. Sainte Vierge, mademoi selle, vous avez les yeux la perdition de votre âme I Ne regardez donc pas le monde comme ça. Depuis ce jour, la beauté de made moiselle Grandet prit un nouveau ca ractère. Les graves pensées d'amour par lesquelles son âme était lentement envahie, la dignité de la femme ai mée, donnèrent ses traits cette es pèce d'éclat que les peintres figurent par l'auréole. Avant la venue de son cousin, Eugénie pouvait être compa rée la Vierge avant la conception quand il fut parti, elle ressemblait la Vierge mère elle avait conçu l'a mour. Ces deux Maries, si différentes et si bien représentées par quelques peintres espagnols, constituent l'une des plus brillantes figures qui abondent dans le christianisme. En revenant de la messe, où elle alla le lendemain du départ de Charles, et où elle avait fait vœu d'aller tous les jours, elle prit chez le libraire de la ville, une mappe monde qu'elle cloua près de son mi roir, afin dé suivre son cousin sur la route vers les Indes, afin de pouvoir se mettre un peu, soir et matin, dans le vaisseau qui l'y transportait, de le voir, de lui adresser mille questions, de lui dire Es-tu bien ne souf fres-tu pas penses-tu bien moi, en voyant cette étoile dont tu m'as appris connaître les beautés et l'usage Puis, le matin, elle restait pensive sous le noyer, assise sur le banc de bois rongé par les vers et garni de mousse grise où ils s'étaient dit tant de bonnes choses, de niaiseries, où ils avaient bâti les châteaux en Espagne de leur joli ménage. Elle pensait l'avenir en regardant le ciel par le petit espace que les murs lui permettaient d embrasser puis le vieux pan de muraille, et le toit sous lequel était la chambre de Charles. Enfin ce fut l'amour' solitaire, l'amour vrai qui persiste, qui se glisse dans toutes les pensées, et devient la substance, ou, comme eussent dit nos pères, l'étoffe de la vie. Quand les soi- disant amis du père Grandet venaient faire la partie le soir, elle était gaie, elle dissimulait mais, pendant toute la matinée, elle causait de Charles avec sa mère et Nanon. Nanon avait com pris qu'elle pouvait compatir aux souf frances de sa jeunes maîtresse sans manquer a ses devoirs envers son vieux patron, elle qui disait Eugénie Si j'avais eu un homme moi, je l'au raissuivi dans 1 enfer. Je l'aurais... quoi... Enfin, j aurais voulu m'extermi- ner pour lui mais... rin. Je mourrai sans savoir ce que c'est que la vie. Croiriez-vous, mademoiselle, que ce vieux Cornoiller, qui est un bon hom me tout de même, tourne autour de ma jupe, rapport mes rentes, tout comme ceux qui viennent ici flairer le magot de monsieur en vous faisant la cour Je vois ça, parce que je suis en core fine, quoique je sois grosse com me une tour hé I bien, mam'zelle, ça me fait plaisir, quoique ça ne soye pas de l'amour. Deux mois se passèrent ainsi. Cette vie domestique, jadis si monotone, s était animée par l'immense intérêt du secret qui liait plus intimement ces trois femmes. Pour elles, sous les planchers grisâtres dé cette salle, Charles vivait, allait, venait encore. Soir et matin Eugénie ouvrait la toilette et contem plait le portrait de sa tante. (A suivre).

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Le Sud (1934-1939) | 1935 | | pagina 15