L'exemple Britannique Le problème du
Chemin de fer.
Les dépenses de luxe
et la crise.
2e ANNEE No 17.
Hebdomadaire 35 cent, le numéro.
DIMANCHE 28 AVRIL 1935.
Les peuples qui ne surent pas renoncer
leurs luttes intestines ont disparu de l'his
toire. Dr Gust. Le Bon.
I
ABONNEMENT 1 AN 18 FRANCS; JUSQU'A FIN 1335 12 FRANCS.
Direction-Administration Ch. van RENYNGHE,
19, rue Longue de Thourout, YPRES. Compte-chèques postaux 1003.43.
Un gouvernement qui ne sait pas révo
quer est un gouvernement qui ne gouverne
pas. de Jouvenel.
Le peuple britannique est un bien
grand peuple Nous devons tirer leçon
des manifestations qui se déroulent
chez nous. C'est par ses manifestations
l'étranger que l'on juge du degré de
civilisation d'un peuple.
Les membres de la British Lé
gion qui ont apporté dimanche der
nier Ypres les 400 L. du Comité
de Surrey nous ont vivement impres
sionnés. Ce qui caractérisait cette ma
nifestation, c'était son aspect intime.
'Nous recevions ici un groupement d'an
ciens combattants. Imaginez nne socié
té belge se rendant l'étranger... et
comparez I
D où provient cette différence De
ce que les Anglais ont un sentiment
-collectif, une volonté collective, une
fierté collective. Il n'est pas un pays
d'Europe où la personne humaine, l'in
dépendance de la personnalité soit
mieux respectée qu'en Angleterre. Mais
le citoyen britannique en est digne.
Il n'abuse pas de ce respect dans un
•esprit d'individualisme farouche. Il a
droit l'indépendance parce qu'il a
le sens de la discipline et le respect
des croyances.
Etre indépendant, en Belgique, si-
rgnifie être négatif, rouspéteur, et avoir
ce rictus sceptique qui prétend être la
caractéristique des esprits forts
Pour le Belge moyen, qui s'adjuge le
brevet d'indépendance d'esprit, il n'e
xiste plus aucune valeur morale objec
tive. Dans son langage comme dans
son attitude il prend tout moment
un air de supériorité, qui le rend tout
simplement ridicule. Suivez ce Belge
moyen l'Eglise, et analysez l'air dé
taché qu'il prend au cours de l'office
Teligieux. Devant Dieu il affirme sa
supériorité, mais au sortir de la Messe
il fera des courbettes devant le client
qui lui rapportera quelques francs le
lundi.
Regardez-le et écoutez-le quand on
parle de l'autorité, de la dynastie, ou
que l'on joue l'hymne national. Ce
Monsieur est au-dessus de tout cela
il vous répondra par une répartie vul
gaire si pas triviale il ponctuera par
un rire gTas une boutade grotesque sur
la famille royale, et au moment où se
joue 1 hymne national, vous verrez de
vant vous un paquet de chairs molles,
appuyé sur un parapluie, un bout de
cigarette aux lèvres, et un chapeau pen
dant dans la main comme une loque.
A force d'être sceptique le belge moyen
et indépendant, est fatigué de vivre.
Il fallait voir passer la British Lé
gion avec cette allure, cette cadence,
cette dignité. Il y avait des invalides
- parmi eux, des invalides s"appuyant sur
- deux cannes, boîtant et, malgré tout,
marchant au pas. De l'ouvrier I'aris-
tocrate, tous étaient avayt tout citoyens
de fempire britannique. Et ils en a-
- vaient conscience.
De loin on voyait dans le cortège,
Tallure et au flottement, où se ter-
- minaient leurs rangs et où commen
çaient les nôtres. Leur secret se décou
vrait dans le physique de leur chef de
musique, qui représentait lui seul tout
l'Empire Britannique C'est bien cela.
Quand un citoyen britannique est n'im
porte où l'étranger, il se dit qu'il re
présente toute la grandeur et la dignité
de l'Empire. Quand un belge est l'é
tranger, il ne représente qu'un comité
local, et souvent, en représentant ce
comité local, il n'ignore pas qu'il s'est
livré toutes sortes de manœuvres pour
être délégué plutôt qu'un autre de ses
collègues. Il existe, hélas un affreux
belgicisme, qui traduit complètement
cet état d'esprit il a profité des
sus C'est cela pour lui, représenter
la Belgique un voyage l'œil, boire
et manger
A la Porte de Menin la cérémonie
était profondément émouvante. Pour
quoi les Anglais trouvent-ils toujours
ces accents élevés, cette unanimité dans
leurs manifestations, cette dignité et
cette participation de tous Parce que
les anciens combattants britanniques ne
font pas de phrases ils prient. Le
patriotisme du respect aux morts se
traduit chez eux par des hymnes reli
gieux et des prières. Il n'y a pas les
discours d'un tas de présidents, qui
représentent un tas de comités. Il y a
pour diriger la cérémonie un prêtre,
et, dans une complète unité d'âmes, les
anciens combattants qui participent
l'Office. Ils ne doivent pas faire de
discours patriotiques pour dire qu'ils
ont accompli leurs devoirs. Puisqu'ils
sont citoyens britanniques, il est tout
naturel qu'ils aient servi sous leurs dra
peaux. 11 reste prier Dieu pour ceux
qui sont morts, et honorer leurs mé
moires.
C'est cette simplicité de l'héroïsme
et ce sentiment profondément religieux
qui rendait si émouvante la cérémonie
de la Porte de Menin.
Nous voudrions que nos concitoyens
l'aient compris.
Nous en arrivions dimanche cette
conclusion un peuple qui n'a pas de
sentiment collectif doit disparaître dans
l'Europe moderne. La décadence de
la race blanche exige une discipline
nouvelle. Les peuples qui se laissent
aller l'égoïsme et au scepticisme af
faiblissant ne pourront résister.
Il n'y a que deux disciplines possi
bles. La discipline consentie et la dis
cipline imposée. L'exemple britannique
nous prouve que la dignité de la per
sonne humaine est grandie par la dis
cipline consentie. Préférez-vous la dis
cipline hitlérienne Le peuple belge
doit répondre, ou disparaître.
Ch. van RENYNGHE.
Cette semaine dans notre Chroni
que Aéronautique deux articles re
marquables
L'Interview du pilote français de l'au-
togyre de La Cierva pris par Le
Sud
Un avis autorisé et pratique sur la créa
tion de l'aérodrome d'Ypres.
La Société Nationale des Chemins de
Fer est bien malade. Il est des chiffres qui
ne pardonnent pas. On pouvait espérer
que la réorganisation tentée en 1933 et
qui avait ramené la perte; 12 millions
au lieu de 168 millions procurerait en
1934 un redressement allant juqu'au bé
néfice. Il n'en fut rien. La perte est en
sérieuse augmentation environ 30 millions.
Mais les chiffres provisoires des deux
premiers mois de 1935 sont autrement in
quiétants janvier, perte 21 millions con
tre 4,7 millions en 1934 février, perte
36 millions contre 19,2 millions en 1934.
Dans ces conditions nous comprenons que
la Société veille comprimer les dépenses,
mais nous croyons que ce remède restera
inefficace.
Il s'agit moins de compression, que de
changement d'esprit ou de méthodes. Tout
l'effort doit porter sur le trafic marchan
dises,' et par conséquent il faut envisager
sous un angle nouveau le trafic des voya
geurs.
Voici quelques propositions que nous
exposerons plus largement dans un pro
chain article.
1) Le trafic marchandise appartient en
ordre premier au chemin de fer. Des me
sures légales peuvent en assurer la protec
tion.
2) Le trafic marchandise par chemin de
fer ménage nos routes et en facilite l'en
tretien. Il est par conséquent un avantage
pour la Société et une économie pour les
Ponts et Chaussées.
3) Une organisation commerciale intel
ligente du transport par rail doit avoir
son bureau dans chaque chef-lieu d'arron
dissement pour démarcher la clientèle et
fournir les renseignements. Nous insistons
sur les trois qualités de ces organismes ré
gionaux une documentation rapide, de
l'esprit d'initiative et une courtoisie prover
biale.
4) Pour favoriser le tourisme la Société
des Chemins de fer renonce pousser plus
avant la persécution l'égard des transpor
teurs par routes. Elle reconnaît que dans
le domaine du tourisme le moyen de trans
port doit favoriser et non enrayer le tou
risme.
5) La Société encourage la création de
lignes d'autobus partout où le chemin de
fer ne pénètre pas et veille coordonner
les transports. Elle multiplie considérable
ment le nombre des automotrices, seule uti
lisation pratique du rail sur les lignes se
condaires.
6) Elle ne paralyse pas une province de
tourisme comme la Westflandre pour le
seul agrément d'offrir des trains ordi
naires le plaisir de flâner entre deux prai
ries.
C. v. R.
un camouflet Ou bien fera-t-on
appel notre patriotisme
Nous comprenons l'attitude de M.
Petre, le Président de la Petite et
Moyenne brasserie, qui demande une
organisation corporative pour échap
per la tyrannie des gros.
par M. Fernand Baudhuin
Professeur l'Université de Louvain.
LE TABAC
Dans une étude précédente, nous
nous sommes efforcé d'établir quelle
avait été l'influence de la crise sur cer
taines de nos dépenses de luxe. Nous
avions porté notre attention sur les
spectacles, l'alcool et la chasse. Com
plétons aujourd'hui ces recherches, en
les étendant au tabac, au vin, la biè
re et quelques autres produits de
luxe ou de demi-luxe. Nous prendrons
comme base les chiffres de 1933,
sauf quand ceux de 1934 sont dispo
nibles. Nous ferons remarquer par ail
leurs que la situation actuelle est moins
bonne que celle d'il y a deux ans.
Le tabac est le plus coûteux et le
plus enraciné de nos besoins artifi
ciels. 11 a résisté la crise mieux que
la plupart des autres indices, bien que
la fiscalité ne l'ait pas oublié. En
poids comme en valeur de vente, au
détail, le tabac maintient quasi inté-
LISEZ DANS LE SUD
Page 2 De la tenue. Billet de Bru
xelles.
Page 3 Chronique aéronautique.
P&ge 4 Le Sud dans le Nord.
Pages 5- 6- 7- 10- 11- 12 Chro
niques de la région.
Pages 8 et 9 Pour la femme.
Page 13 Pour le tourisme. Un
ordre du jour du ministre Spaak aux
agents de son département.
Page 14 Progr. choisis de T. S. F.
Page 15 Chroniques agricole et hor
ticole. Feuilleton. Marchés.
Page 16 Cinéma. Annonces nota
riales.
APRÈS LA DÉVALUATION
Nous avons cité la semaine dernière
l'avis de M. Edm. Damiens parlant au
nom du Consortium des Brasseries
belges. Il affirmait que par la déva
luation les bières du pays devaient
automatiquement monter de 28 et
les bières importées de 40 Nous
avons blâmé cette attitude défaitiste
de la part d'une personnalité qui oc
cupe un poste de dirigeant.
Nous opposons cette attitude celle
de la Chambre syndicale des importa
tions de bières anglaises qui nous
transmet le communiqué suivant
Les Brasseries anglaises, voulant évi
ter la hausse du prix des bières
ses, ont pris leur charge le renché
rissement qui devait résulter de la dé
valuation du franc. C'est ainsi que les
bières anglaises se vendent aux prix
d'avant la dévaluation, sans aucune
augmentation.
s
s*
Verrons-nous le Consortium se pré
cipiter au Ministère pour demander de
la protection contre cette mesure, qui
nous paraît singulièrement ressembler