CHRONIQUE AGRICOLE
CHRONIQUE HORTICOLE
Marchés
QUELQUES PRÉCAUTIONS
A PRENDRE EN VUE
DE LA MISE EN PATURE.
(Suite)
Vitamines et matières minérales. Mais
l'aliment vert, surtout quand il est jeune,
n'est pas seulement riche en eau et très
digestible il est également riche en vita
mines et pauvre en sels minéraux, deux
facteurs nouveaux qui interviennent leur
tour pour provoquer des troubles digestifs.
Les aliments verts sont relativement pau
vres en substances minérales et notamment
en chaux. SiS l'on ajoute cela qu'ils sont
en même temps riches ren éléments azotés
très digestibles, l'alimentation au vert ap
porte donc brusquement des albumines
en excès en même temps que la radon s'ap
pauvrit en chaux. Or, l'excès de l'albumine
et le manque de chaux sont deux causes
qui, elles seules, peuvent provoquer ou
déclencher les symptômes du rachitisme.
C'est le rachitisme du printemps. Pour l'évi
ter, il faut nourrir partiellement l'étable
et ne pas attendre que les pâtures soient
trop abondamment fournies pour en per
mettre l'accès, aux animaux.
Régime vitaminé de transition.
A côté de cela, la mise en pâture pro
voque encore des troubles par un autre mé-
-canisme que l'on a longtemps méconnu,
-et pour cause, et auquel il convient d'attrir
buer une sérieuse importance nous voulons
parler de l'apport brusque de vitamines.
Lorsque l'on parle de ces produits, on a
coutume de penser la vitamine D et au
rachitisme. Or la question est bien plus vas
te et plus complexe.
Pour en avoir une idée assez exacte, il
faut savoir que, d'une façon générale, on
entend par vitamines, des produits chimi
ques qui agissent en quantité très minime
sur des fonctions importantes de l'organisme
«elles par exemple, la croissance, la fixation
de la chaux dans les os, la résistance aux
maladies, la fécondité, l'équilibre nerveux,
etc.
D'un autre côté, il faut savoir également
que l'organisme animal serait incapable de
fabriquer ces vitamines dont il a besoin et
qu'il ne peut se les procurer dans les plantes.
Enfin autre point digne d'intérêt, une
quantité exagérée de ces vitamines admi
nistrée brusquement et pendant un temps
déterminé peut provoquer une maladie en
tout semblable celle qui est causée par
l'absence de cette même vitamine. C'est
donc une arme deux tranchants.
Pour fixer les idées au sujet de la com
plexité du problème, voici la liste des vi
tamines connues ce jour ainsi que leur ac
tion, nous en déduirons les conclusions qui
s'imposent.
Les vitamines. 1) Vitamines A. Action
antixérophtalmique (une maladie des yeux),
2) Complexe de la vitamine B qui com
prend plusieurs facteurs
a) Facteur B, antinévritique (nerfs)
B2 antipellagreuse
B3 indispensable pour la
croissance
B4
B5
R
V
3) Vitamine C Action antiscorbutique
4) Vitamine D Action antirachitique
5) Vitamine E Indispensable pour la
fécondité
6) Vitamine A Favorise la résistance
aux maladies infectieuses.
Or, la plupart de ces vitamines se trou
vent dans les fourrages verts jeunes. C'est
grâce elles, d'ailleurs, que l'aliment vert
a une action si favorable sur la croissance,
le développement corporel, la lactation, la
nutrition, la résistance aux maladies et la
santé en général.
Mais encore convient-il de ne pas en
faire un apport brusque et en quantité exa
gérée susceptible de jeter la perturbation
dans l'organisme des animaux.
On peut y remédier nouveau en pro
cédant la mise en pâture d'une manière
insensible et en nourrissant partiellement
l'étable.
Cette précaution trouve d'autant mieux sa
place que certains animaux sont plus sen
sibles l'action des vitamines. Parmi ceux-
ci il faut placer les jeunes de toutes les
espèces herbivores, poulains, veaux, agneaux,
etc.
Et pour avoir la certitude que ces vita
mines qui constituent des sortes de corps
étrangers auxquels l'organisme jeune n'est
pas habitué, ne provoqueront aucun trouble,
le mieux serait encore de préparer le tube
digestif sa nouvelle mission en distribuant
ces vitamines l'étable au cours des der
nières semaines de stabulation, quinze jours
trois semaines avant la mise en prairie.
Point n'est besoin pour cela d'avoir re
cours des produits spéciaux, car on peut
déjà obtenir certains résultats en utilisant
les grains germés qui renferment précisé
ment quelques-unes de ces vitamines... Evi
demment, les produits spéciaux conservent
tous leurs avantages, prix de revient rela
tivement bas étant donné leur composition,
facilité de manipulation, etc. et les grains
germés ne peuvent pas les remplacer com
plètement, mais ils constituent déjà un ap
point considérable si on leur adjoint des
substances minérales, la chaux notamment.
Prof. J. LAHAYE.
LES SOINS ANNUELS
A DONNER A LA VIGNE
(Suite)
D. Les Arrosages
En général, la vigne ne doit pas et même
ne peut pas être arrosée durant la période
du repos. Exceptionnellement, si le terrain
dans lequel elle est plantée était des plus
sabloneux et par trop sec, on pourrait don
ner deux ou trois fois de l'eau en hiver.
Pendant la période de végétation, il est
généralement indispensable d'arroser la vi
gne une fois par huitaine dans les terrains
secs et une fois pat quinzaine dans les
sols plus ou moins frais. Il est bien en
tendu que la première année de culture, les
plants n'étant pas bien enracinés, les arro
sages par semaine, lorsque le soleil darde
tous ses rayons, ne seront pas de trop.
Les eaux avec lesquelles on arrosera
auront peu près, la température de la
serre et seront chargées plus ou moins d'en
grais. Les meilleures eaux sont les eaux de
pluie que les gouttières amènent directe
ment l'intérieur de la serre, dans des
puits ou des tonneaux, ou bien que l'on
recueille dans des réservoirs en plein air.
Pendant les deux premiers mois de la
végétation, on se sert généralement d'en
grais liquide humain, dont on peut ajouter
1/10 l'eau d'arrosement. Plus tard, on
emploie l'engrais chimique pour vignes
raison de 250 grammes pour 100 litres
d'eau. On peut nemplader l'engrais chi
mique par des cendres de bois qui seront
délayées au vingtième dans l'eau.
Les vignes plantées l'extérieur, ne de
mandent que des arrosages très rares et
seulement par les temps très secs. On em
ploiera les eaux de pluie cet effet.
E. L'Incision annulaire
C'est une opération qui consiste en
lever un anneau d'écorce une branche,
on n'incise pas seulement cette branche,
mais on en détache une partie d'écorce
il eût été préférable d'employer le terme de
décortication annulaire.
Une fois cette opération terminée ,que
se passe-t-il dans la branche Les tissus
du liber étant enlevés par Fécorce, il
résulte que le transport des matières éla
borées venant des parties supérieures se
trouve entravé. Par conséquent, ces derniè
res profitent de ces matières nutritives re
tenues leur intention.
Pour les vignes, on pratiquera donc l'in
cision annulaire sur les bourgeois de vi
gnes, en dessous des grappes. Par cette
opération on fera grossir le raisin et on
hâtera la maturation.
Pour pratiquer cette opération, on se sert
de préférence d'un instramnet spécial nom
mé Inciseur.
Quand auront lieu les traitements
1) Quelques jours avant la floraison, ou
au début de celle-ci, si l'on désire favo
riser la fécondation.
2) Après la floraison et d'ordinaire après
avoir pratiqué le cisellement, pour faite
grossir les grains et hâter 'leur maturité.
Les sarments incisés sont cassants on aura
donc soin de les palisser avant l'incision.
(A suivre.)
Ja. V.
111 IDiiMÏ—IMII—IM BU II——
YPRES. Marché du samedi 4
mai 1935. Froment, 77-80,Sei
gle, 75-78,Avoine, 80-85,Or
ge de brasserie, 88-92,Orge four
ragère, 78-82,-Pois, 110-105,
Fèveroles, 82-87,Pommes de ter
re, 28-38,— Beurre, 14-14,50;
Œufs, 0,30-0,32 Porcelets, 125-
170,par tête, 5,le kil. Paille
de Froment, 12-16,Paille de Sei
gle, 15-17,Paille d'Avoine, 10-
13,Paille d'orge, 10-1 I,Foin
de prairie, 23-26,Foin de trèfle,
30-34,Foin de luzerne, 34-37,
Lin brut, 90-100,Graine de trèfle
violet, 16-18,Graine de trèfle
blanc, 1 7-1 9,Graine de trèfle bâ
tard, 15-16,Graine de trèfle in
carnat, rouge, 8-16,Graine de
trèfle blanc, 1 0,Betteraves fourra
gères, 82-88,les 1000 kg.
WAEREGHEM, 4 mai. Beurre, 13-
14,50 Œfus, 0,29-0,30 Pommes de terre,
36-40,—
POPERINGHE, 3 mai. Beurre, 12-
15,Œufs, 0,31 Pommes de terre,
30,Froment, 83,Seigle, 80,
Avoine, 78,
COURTRAI, 6 mai. Beurre, 15,
Œufs, 0,30-0,35 Pommes de terre, 45,
Froment, 78-80,Seigle, 88-90,
Avoine, 85-90,
DIXMUDE, 6 mai. Beurre, 14-
14,50 Œufs, 0,30-0,32 Pommes de
terre, 32-38,Froment, 80-82,Sei
gle, 78-80,Avoine, 80-85,
ROULERS, 7 mai. Beurre, 13-15,
Œufs, 0,31 Pommes de terre, 24-50,
Froment, 76,Seigle, 73,Avoine»
88,—
DEINZE, 8 mai. Beurre, 13-15,
Œufs, 0,33 Pommes de terre, 38,
FURNES, 8 mai. Beurre, 13,75-14,75;
Œufs, 0,30-0,34 Pommes de terre, 30,
40,Froment, 75-77,Seigle, 74-
76,Avoine, 84-86,
WERVICQ, 10 mai. Beurre, 15,50
Œufs, 0,30-0,33.
No 69.
par
HONORE DE BALZAC
Toujours gai, moi...
Gai, gai, gai, le tonnelier,
Raccommodez votre cuvier I
ajouta-t-il en entrant chez sa femme
tout habillé. Oui, nom d'un petit bon
homme, il fait solidement froid tout de
même. Nous déjeunerons bien, ma
femme. Des Grassins m'a envoyé un
pâté de foies gras truffés I Je vais aller
le chercher la diligence. Il doit y
avoir joint un double napoléon pour
Eugénie, vint lui dire le tonnelier
l'oreille. Je n'ai plus d'or, ma femme.
J'avais bien encore quelques vieilles
pièces, je puis te dire cela toi mais
il a fallu les lâcher pour les affaires.
Et, pour célébrer le premier jour de
Fan, il l'embrassa sur le front.
Eugénie, cria la bonne mère, je
ne sais sur quel côté ton père a dormi
mais il est bon homme, ce matin.
Bah I nous nous en tirerons.
Quoi qu'il a donc, notre maî
tre dit Nanon en entrant chez sa
maîtresse pour y allumer du feu. D'a
bord, il m'a dit Bon jour, bon an,
grosse bête Va faire du feu chez ma
femme, elle a froid. Ai-je été sotte
quand je l'ai vu me tendant la main
pour me donner un écu de six francs
qui n'est quasi point rogné du tout
Tenez, madame, regardez-le donc
Oh le brave homme. C'est un digne
homme, tout de même. Il y en a qui,
pus y deviennent vieux, pus y durcis
sent mais lui, il se fait doux comme
votre cassis, et y rabonit. C'est un ben
parfait, un ben bon homme...
Le secret de cette joie était dans
une entière réussite de la spéculation
de Grandet. Monsieur des Grassins,
après avoir déduit les sommes que lui
devait le tonnelier pour l'escompte des
cent cinquante mille francs d'effets
hollandais, et pour le surplus qu'il lui
avait avancé afini de compléter l'ar
gent nécessaire l'achat des cent mille
livres de rente, lui renvoyait, par la
diligence, trente mille francs en écus,
restant sur le semestre de ses intérêts,
et lui avait annoncé la hausse des
fonds publics. Ils étaient alors qua
tre-vingt-neuf, les plus célèbres capita
listes en achetaient, fin janvier, a qua
tre-vingt-douze. Grandet gagnait, de
puis deux mois, douze pour cent sur
ses capitaux, il avait apuré ses comptes,
et allait désormais toucher cinquante
mille francs tous les six mois sans avoir
payer ni impositions, ni réparations.
Il concevait enfin la rente, placement
pour lequel les gens de province ma
nifestent une répugance invincible, et
il se voyait, avant cinq ans, maître
d'un capital de six millions grossi sans
beaucoup de soins, et qui, joint a la
valeur territoriale de ses propriétés,
composerait une fortune colossale. Les
six francs étaient peut-être le solde d'un
immense service que la servante avait
son insu rendu son maître.
Oh oh I où va donc le père
Grandet, qu'il court dès le matin
comme au feu se dirent les mar
chands, occupés ouvrir leurs bouti
ques. Puis, quand ils le virent revenant
du quai suivi d'un facteur des Messa
geries transportant sur une brouette
des sacs pleins L'eau va toujours
la rivière, le bonhomme allait ses
écus, disait l'un. Il lui en vient de
Paris, de Froidfont, de Hollande, di
sait un autre. Il finira par acheter
Saumur, s'écriait un troisième. Il se
moque du froid, il est toujours son
affaire, disait une femme son mari.
Eh I eh I monsieur Grandet, si ça
vous gênait, lui dit un marchand de
drap, son plus proche voisin, je vous
en débarrasserais.
Quin I ce sont des sous, répion-
dit le vigneron.
D argent, dit le facteur voix
basse.
Si tu veux que je te soigne, mets
une bride ta margouktte, dit le bon
homme au facteur en ouvrant sa porte.
Ah I le vieux renard, je le
croyais sourd, pensa le facteur il pa
raît que, quand il fait froid, il entend.
Voilà vingt sous pour tes étren-
nes, et motus Détale I lui dit Gran
det. Nanon te reportera ta brouette.
Nanon, les linottes sont-elles la
messes
Oui, monsieur.
Allons, haut la patte l'ou
vrage, cria-t-il en la chargeant de sacs.
En un moment, les écus furent trans
portés dans sa chambre où il s'enferma.
Quand le déjeuner sera prêt, tu me
cogneras au mur. Reporte la brouette
aux Messageries. (A suit te).