Opinion française sur la Dévaluation
Le rôle des rois dans
les temps modernes.
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BILLET DE BRUGES
BILLET DE BRUXELLES
Paul REYNAUD,
UNE VISITE
DE LA REINE WILHELMINE
ET DE LA PRINCESSE JULIANA
A BRUXELLES
MADAME VANDENDRIESSCHE,
DENTISTE, 49, rue de Dixmude,
Ypres. Consultations tous' les jours.
Spécialité de dentiers perfectionnés et
garantis.
Le Roi Albert 1er avait acquis le même
prestige. Il avait du reste traversé sensible
ment les mêmes moments graves que le Roi
George V. L'un et l'autre avaient vu venir
la guerre... Si la situation de l'Angleterre
et de la Belgique n'est pas entièrement la
même, une aussi lourde responsabilité pe
sait sur l'un et l'autre souverain. Ce fu
rent, dans l'après-guerre, des souris pareils r
la question de l'Trlande pour George V,
la querelle des langues pour le Roi Albert,
et la crise économique et financière, tou
tes les questions sociales et la perspective
de profondes réformes de l'Etat, le chômage,
le développement du socialisme et ses ten
dances extrémistes, là renaissance de la me
nace allemande, là recherche de la sécurité
pour le pays...
gens se seraient-ils justifiés Sans doute,
on ne peut espérer de nos parlementaires
qu'ils excluent ou qu'ils blâment tel de
leurs collègues avec qui ils ont siégé, dis
couru, lutté même qu'ils tutoyent au
quel ils continuent serrer la main. Ce
serait de l'héroïsme et on ne le leur de
mande pas, pas plus qu'on ne leur deman
de de jeter en pâture la malignité publi
que celles de ces personnes dont la princi
pale faute fut de ne pas savoir résister aux
séductions de l'ambiance générale. Mais ce
que l'on peut exiger d'eux, c'est de purifier
cette ambiance, d'assainir cette atmosphère,
de faire en sorte qu'elle soit fermée aux
éléments délétères en un mot, de doter
le Parti de statuts qui lui assurent un re
crutement propre et le mettent l'abri des
grandes tentations qui prévoient aussi des
sanctions efficaces.
Et s'ils dosent pas s'ils ne savent pas
ou s'ils ne veulent pas qu'ils s'en ail
lent
(La Cité Chrétienne).
Un temps splendide a favorisé lundi der
nier la sortie annuelle de notre merveilleuse
Procession du Saint Sang.
Les bons brugeois n'auront pas eu l'occa
sion d'appeler définitivement leur êvêque
le wooterbiskop car le soleil fut géné
reux et permit Bruges de fêter son grand
jour dans une joie sans ombrage.
Dès le grand matin, partir de cinq heu
res déjà, l'animation régnent dans la ville,
car le beau temps des jours précédents avait
facilité bien des décisions par toutes les
portes c'étaient des files interminables de
cyclistes ceux-ci allaient garer leurs vélos
et, venus de très loin parfois, tenaient
faire d'abord le pèlerinage que font chaque
année des milliers de personnes.
Plus tard c'était l'invasion de cars et
d'autos le plus grand nombre, cette an
née, nous est venu du Nord de la France.
Ce fut une affluence invraisemblable de
visiteurs et Bruges sut les recevoir digne
ment comme il convient une hôtesse
de marque
La Procession elle-même avait été orga
nisée avec les plus grands soins et il est
permis de dire que, cette année surtout, les
absents ont eu tort-
Dimanche prochain ce sera le Pèlerinage
au Saint Sang après la Ste Messe célébrée
en plein air sur la place du Bourg, un im
posant cortège de pèlerins accompagnera le
St Sang sur le même parcours que la Pro
cession.
Ce jour-là aussi toute la campagne vien
dra Bruges l'après-midi tous iront se
divertir la foire qui a remplacé le
pand de jadis et qui se tenait aux Hal
les n'importe on F amusera comme de ce
temps-là et... les braves forains feront belle
recette. X.
La ruée vers l'Exposition a commencé.
Les Bruxellois ne sont plus tenir, et
cependant si l'aspect est déjà splendide
tout n'est pas achevé Chose pour moi
incompréhensible On travaille aux expo
sitions des années d'avanceet le jour même
de l'ouverture c'est inachevé. Grande la
cune laquelle on saura difficilement re
médier, c'est entré dans les mœurs Dans
ce brouhaha des visiteurs noms avons cepen
dant quelque chose d'unique c'est Voasis
délicieuse du Parc forestier Quelle trou
vaille d'avoir donné cela aux pauvres visi
teurs éreintés, abrutis d'avoir tant vu, les
pieds meurtris, la tête vide de fatigue
Ah un bancdu calme, de Fombre, de
vrais arbres, de la vraie verdure et dont
on a respecté le pittoresque et la beauté
Point de guinguettes, point d'accordéons,
point de haut-parleurs, mais des oiseaux
Oui, il faut cela pour reprendre haleine,
et avoir le goût de recommencer une heure
après.
ONCLE BEP.
Il est intéressant de donner sur la dé
valuation et ses conséquences l'avis d'un
homme qui s'est fait en France l'apôtre de
la dévaluation, M. Paul Raynaud. Nous
laissons l'ancien ministre de la Républi
que toute la responsabilité de ses apprécia
tions. Nous signalons simplement au lecteur
du SUD l'existence, en France, d'un cou
rant dévaluationiste.
Ce que je pense de la dévaluation
du belga C'est qu'elle était indispen
sable et qu'elle a été tardive.
On constate l'émoi qu'entraîne l'ap
plication du remède, mais l'on oublie
les dégâts d'une gravité croissante
qu'aurait entraînés l'évolution du mal
si ce remède n'avait pas été appliqué.
On parle beaucoup de spéculateurs
dont la fortune aurait été édifiée sur
la ruine de la monnaie belge on ne
parle pas de ces déserteurs de la ba
taille économique qui, pendant la pé
riode de déflation, s'enrichissent sans
risque, en thésaurisant. On ne parle pas
du propriétaire d'une maison, d'une
terre, d'une vache ou d'une valeur de
Bourse dont la déflation faisait un spé
culateur malgré lui, ruiné par la baisse.
On dit que l'opération a été faite
pour sauver les banques au détriment
de l'épargne. Tout cela m'apparaît
comme une vue singulièrement super
ficielle de la question.
Que la crise bancaire ait été, en Bel
gique, l'accident, comme la chute du
Kredit Anstaldt de Vienne a été l'ac
cident pour l'Angleterre et la révolte
des fermiers américains l'accident pour
les Etats-Unis, ce n'est pas douteux.
Mais ce sont là des phénomènes de
surface. Lorsque l'on déclare que c'est
la crise bancaire belge qui a rendu la
dévaluation nécessaire, on prend l'ef
fet pour la cause. Comment ne pas
voir que le monde entier a été at
teint, depuis cinq ans, d'une maladie
commune la hausse brutale du pou
voir acheteur de l'or C'est l'une des
plus grandes catastrophes qui aient
frappé l'humanité depuis que la terre
tourne. La seule manière de corriger
ce phénomène est de diminuer la
quantité <T or représentée par la mon
naie. Si personne n'avait voulu appli
quer ce remède, le monde entier se tor
drait dans des convulsions. Fort heu
reusement, il a été appliqué dans pres
que tous les pays du monde et c'est
la raison pour laquelle ils sont, pres
que tous, en état de renaissance éco
nomique. Le Bureau International du
Travail de Genève constatait, hier, que
quatre pays seulement font exception
la Belgique, la France, les Pays-Bas
et la Suisse. Or, ce sont précisément
les derniers pays constituant le bloc-
or, la lire italienne étant, comme cha
cun sait, hors de combat.
L'opération s'est-elle faite dans les
meilleures conditions en Belgique
L'opinion publique y était-elle psycho
logiquement préparée Nul n'oserait,
je crois, l'affirmer. D'autre part, les
bienfaits de la dévaluation agissent plus
sûrement sur les échanges intérieurs
que sur les échanges avec l'étranger.
C'est pourquoi j'indiquais mes amis
de Liège, il y a quelques mois, que
le bienfait de la dévaluation serait,
mon avis, moins grand pour la Bel
gique que pour la France. L'opération
réussira certainement si le peuple belge
garde son sang-froid et je ne doute
pas qu'il le garde. Qu'il songe, au sur
plus, qu'il a une lourde responsabilité
sur ses épaules car les résultats de l'ex
périence belge auront une influence
profonde ailleurs. Autant il est néces
saire que les prix des terres, des mai
sons, des valeurs de Bourse montent,
ainsi que les prix de gros, de l'agri
culture et de l'industrie, autant il est
essentiel que la hausse du coût de la
vie soit modérée car tout le problème
est de réduire l'écart mortel qui s'était
créé entre le prix de vente en gros
et le prix de revient, commandé par
le coût de la vie. J'ajoute qu'une hausse
modérée du coût de la vie est sou
haitable. Une hausse de 10 p. c. par
exemple, ramènerait le coût de la vie
ce qu'il était il y a quelques mois.
A supposer que les prix de gros et
le coût de la vie remontent, par hy
pothèse, ce qu'ils étaient en 1930,
le problème serait résolu et le rentier
belge ne serait pas plus malheureux
qu'il ne l'était en 1930.
Il aurait seulement, du fait de la
renaissance économique de son pays,
retrouvé une sécurité perdue. Peut-on
considérer que parce qu il a été invo
lontairement, depuis cinq ans. le pro
fiteur du malheur public, il s est ac
quis un droit définitif bénéficier d'un
coût de la vie anormal, précisément
entraîné par ce malheur public Peut-
on exiger que la Belgique ruinée de
1935 lui verse une somme ayant un
pouvoir d'achat plus grand que celle
que lui versait la Belgique prospère de
1930 Il en est de même de tous
les salariés, sous réserve des réductions
qu'ils ont subies et qui ne doivent être
letfîfacées que dans la mesure où la
hausse du prix de la vie serait telle
qu'elle les mettrait dans une situation
plus défavorable que celle dont ils
jouissaient en 1930, au temps de la
prospérité.
La discipline nationale belge impo
sera sûrement ces idées de bon sens.
C*est de leur application que dépend
la réussite de l'expérience van Zeeland.
Je n'ai pas besoin de dire nos amis
belges que les vœux de tous les Fran
çais les accompagnent. J'ai foi que 1 ex
périence laquelle se livrent les hom
mes énergiques et courageux qui gou
vernent la Belgique réussira pleine
ment.
ancien ministre.
La Reine des Pays-Bas, accompagnée de
la princesse Juliana, faisant nos Souve
rains une visite de famille dépourvue de
tout caractère officiel, ainsi qu'il a été an
noncé antérieurement, arrivera en auto le
mardi 14 mai, vers 12 h. 30, au Palais de
Bruxelles.
A 2 heures, le ministre des Pays-Bas
ira, au nom de la Reine, déposer une cou
ronne sur la tombe du Soldat Inconnu.
La princesse Juliana se rendra au Con
cours hippique.
Le soir, aura lieu, au Palais de Bruxelles,
un dîner auquel, en plus des familles sou
veraines et de leur suite, assisteront le mi
nistre des Pays-Bas et les membres de la
légation.
Le 15, dans la matinée, la reine Wilhel-
mine visitera le pavillon néerlandais l'Ex
position de Bruxelles. Une visite aura lieu,
le lendemain matin, la section belge, c'est-
à-dire au Pavillon du Commissariat général
et au Palais du Congo.
La Reine et la Princesse quitteront Bru
xelles ce même jour avant midi pour re
gagner la Hollande.
pourrait citer plusieurs cas dans les deux
pays.
Les deux pays doivent être fiers et heu
reux d'avoir possédé et de conserver encore
de tels conducteurs. Nous sommes une
époque où, dans les moments de désarroi,
il nous faut pouvoir en quelque sorte nous
attacher une personnification de la patrie.
C'est le plus grand honneur d'une dynastie,
de celui qui en est issu, de remplir sans
conteste ce rôle bienfaisant.
Pierre des SABLES
dans FIndépendance.
On ne peut considérer sans émotion le
rare spectacle que présente le loyalisme du
peuple anglais se manifestant avec force et
sans réserve l'occasion des vingt-cinq ans
de règne du Roi George V. Ce loyalisme
s'étend du reste aux Dominions, et ceci'
est particulièrement caractéristique du ren
forcement de l'union d'un grand empire
dans la confiance qu'il a dans celui qui en
est le souverain. On ne peut douter que, dès
lors, ce soient les qualités de George V
qui aient édifié sa popularité qui est peut-
être aujourd'hui sans exemple.
Il n'avait pas été préparé cependant
la lourde tâche qu'il devait assumer. IL
n'était que le second fils d'Edouard VII,
mais celui-ci qui, avant de régner, avait
appris connaître les hommes de près,
avait compris les qualités très différente»
qu'il faut, aujourd'hui, au souverain con
stitutionnel d'un Etat démocratique, pour
éviter les écueils que les tentatives déma
gogiques, les erreurs des gouvernements, une
certaine tendance libertaire des peuples font
naître devant la personnalité royale.
On ne peut pas dire que George V soit
un roi bourgeois la façon de Louis-Phi
lippe. Il ne serait pas Anglais alors, et la.
tradition dynastique a su du reste mieux
se conserver que partout ailleurs en Angle
terre. Mais le protocole qui entoure la per
sonne royale, l'isole un peu ou plutôt le-
hausse au-dessus des contingences vulgaires*
n'empêche nullement celui qui porte la cou
ronne de communier avec son peuple. II
faut, il est vrai, pour cela, que celui-ci ait
en lui une confiance totale, qu'il ne com
mette pas une faute, une erreur.
Il devient ainsi l'arbitre, des partis, celui
auquel on recourt quand se produit une ca
rence dans un domaine important de 1»
gestion du pays, celui qui, alors, conseille,
sinon tranche, en restant, bien entendu,,
dans la stricte légalité.
C'est une très belle chose, songez-y, sur
tout dans les temps troubles et difficile»
que nous traversons, de voir, certain»
moments, où les citoyens, les chefs eux-
mêmes sont pris d'angoisse, de voir le»-
regards se tourner ver le chef de l'Etat,
comme dans une ressource suprême.
Les deux souverains eurent largement
exercer leur autorité, chacun de leur côté,
en s'efforçant de préserver l'esprit tradition-
naliste qui était celui de deux grands partis,
sans heurter cependant de front la marche
des idées démocratiques. Il leur fallait éga
lement tous deux maintenir au moins
autour de leur personne le principe d'auto
rité et le respect de la monarchie, alors
que précisément l'idée d'autorité et de res
ponsabilité allait en s'affaiblissant chez ceux
qui avaient la charge d'administrer le pays.
Il est assez curieux qu'avec Georges V,
comme avec Albert 1er, le mouvement ré
publicain se soit arrêté. En le notant, c'est
rendre hommage aux souverains qui sont
ainsi parvenus rallier l'unanimité de ht
nation, ou tout au moins obtenir le si
lence de ceux qui, systématiquement, écar
tent le régime monarchique comme pouvant
servir le bonheur du peuple.
Que ce soit en Angletere ou en Belgi
que, il faut admirer que la valeur person
nelle du souverain ait pu intervenir au sein
du régime démocratique avec une discrétion
telle qu'on ne s'est même pas aperçu de
sa force secrète, pour rectifier parfois les
écarts et lès erreurs de ce régime. On et*