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LE SUD, dimanche 2 juin 1935.
LE SUD DANS LE NORD
ABONNEMENT 18 francs français, i
LE GENERAL DENAIN DECLARE
QU'A LA FIN DE L'ANNÉE LA
FRANCE AURA UNE AVIATION
COMPARABLE AUX MEILLEURES
DU MONDE.
Sous ce titre nous trouvons dans le Jour
nal de Roubaix un compte rendu, que nous
donnons en entier, car il intéressera cer
tainement nos lecteurs.
La création d'un champ d'aviation Ypres
ne peut être ni un projet, ni un avantage.
Ce'st un devoir pour les autorités commu
nales et provinciales. Quand on compare
les débats du Conseil général du Nord
ceux du Conseil provincial de la Westflan-
dre, on est un peu gêné d'avoir participé
des élections provinciales, qui ont abouti
élire une assemblée peine supérieure
des comices agricoles
Le Conseil provincial de Westflandre
est-il la tête du mouvement de propa
gande touristique
Où sont ses grandes initiatives pour faire
connaître notre province l'étranger Et
dans le domaine si actuel de l'aviation, où
en sont nos conseillers provinciaux
Heureusement M. le gouverneur Baels
s'efforce de 'tirer de l'ornière ces braves con
seillers. Mais ceux-ci ne comprennent pas,
et s'étonnent que l'on puisse considérer le
tourisme, l'art ou l'aviation avec plus d'in
térêts que la sélection de la race caprine.
Voici comment, sous l'impulsion du géné
ral Denain, la France conçoit les progrès de
l'aviation
Le général Denain, ministre de l'Air ,a
présidé lundi, le déjeuner mensuel du Syn
dicat de la Presse hebdomadaire française.
M. Jean de Granvilliers, secrétaire gé
néral du Syndicat, souhaita la bienvenue
au Ministre de l'Air, la disposition du
quel il mit la force de la presse pour fami
liariser le public avec les mesures d'ordre
général que le développement de l'aviation
impose.
Le ministre de l'Air a pris ensuite la
parole.
Il a développé le thème que la rFance
ne pourrait avoir une aviation militaire
sans avoir derrière celle-ci une importante
et nombreuse aviation civile, sans que l'idée
aérienne ait pénétré profondément le pays.
Pour que l'idée aérienne se développe, il
faut qu'elle ait conquis l'opinion publique.
L'Etat peut faire un certain nombre de
choses, mais il ne peut pas faire tout. Il
faut que les collectivités locales entrepren
nent la construction de terrains. Hier,
Béthune, j'ai demandé la création de terrains
communaux de petite surface, pour permettre
aux petits avions d'arriver proximttê d'un
très grand nombre de localités françaises.
Notre aviation militaire sera alors améliorée
puisque nous aurons plus d'adeptes capables
de venir prendre rang dans nos escadrilles.
Nous sommes arrivés cette notion que
l'aviation constituerait un grave danger, un
conflit pouvant débuter par une agression
aérienne exercée par surprise, qu'un pays
comme le nôtre, essentiellement pacifique,
qui ne prendra jamais l'initiative d'une
guerre, risquerait d'être attaqué l'impro-
viste, de subir de graves dommages, non seu
lement dans ses moyens vitaux, politiques,
moraux, en créant un état psychologique
tel que la continuation de la guerre devien
drait difficile.
Qu'une guerre puisse être ainsi finie en
trois jours, c'est très discutable. Ce n'est
pas mon opinion. Mais, avec une armée de
l'air suffisante, on peut arriver compro
mettre la fin de la guerre.
Il faut avoir une défense aérienne. Devant
les événements extérieurs, nous avons fait
le nécessaire pour rattraper notre retard
vers la fin de cette année, au lieu de 1937.
A la fin de cette année, le pays aura une
aviacion comparable aux meilleures avia
tions du monde, supérieure sur certains
points, inférieure sur d'autres.
LE SUD
A RONCHIN ET A FLERS.
Afin d'étudier sur place les conditions
nécessaires la création d'un aérodrome
Ypres une délégation des Amis d'Ypres
a visité les champs d'aviatidn de Ronchin et
de Fiers au cours d'une excursion organisée
par Le Sud
Nous remercions cordialement l'Aéro-
Club du Nord pour son accueil, et pour
l'amabilité avec laquelle il nous donna tous
les renseignements utiles. Excursion pleine
d'intérêt, et d'autant plus que tous les ren
seignements techniques nous ont été fournis
par une compétence, Chaillou, monteur
l'aérodrome de Ronchin.
Nous avons eu le plaisir de constater que
l'initiative privée est capable de triompher
de l'inertie administrative. Le superbe
champ d'aviation de Ronchin situé la
porte de la ville existe depuis douze ans.
Il a fallu, il y a douze ans, que quelques
hommes entreprenants mendient l'autorisa
tion d'utiliser une plaine militaire des for
tifications de Lille. On leur donna une
mince bande de terrain, juste assez pour
décoller et atterrir. Comme subside peine
une aumône. Et douze ans après, les événe
ments donnent raison aux esprits entrepre
nants, les autorités accordent l'aérodrome
de Ronchin un terrain très spacieux et grâce
une main-d'œuvre mise la disposition
des organisateurs, en quelques semaines
Ronchin est devenu le grand champ d'avia
tion où s'est déroulé le beau meeting de
dimanche dernier.
Moralité l'initiative privée a réalisé ce
que jamais l'administration n'aurait pu faire.
Pourquoi Parce que l'initiative privée
veut faire de l'aviation, et l'administration
ne fait que de la politique.
Un champ d'aviation ne se conçoit qu'avec
une école de pilotage. L'école de pilotage
crée la clientèle du champ, et provoque les
subsides de l'Etat. Clientèle et subsides ali
mentent le champ d'aviation et provoquent
son agrandissement. Et l'aérodrome gran
dissant devient l'aéroport.
Tel est la filière suivre pour obtenir
un aéroport Ypres. Et pour cela il faut
que l'opinion publique comprenne que l'a
venir est l'aviation avenir commercial,
avenir touristique, et surtout, pour les jeu
nes, avenir comme carrière.
De Ronchin nous nous sommes rendus
Fiers. Aérodrome privé du Club d'Avions
légers des Flandres. Nous avons pu consta
ter qu'il y avait moyen de tirer parti de
tout terrain. Celui de Fiers comprend deux
longues bandes d'atterrissage de 450 m.
Ici comme Ronchin nous avons rencontré
l'accueil le plus cordial, et on nous a montré
les nombreux avions des membres du Club.
Avouons que nous sommes fameusement
en retard, et qu'il s'agit de regnagner le
temps perdu. Cette prise de contact a été
très utile pour notre documentation, et
nous a permis d'établir des relations avec
les aviateurs du Nord pour qui Le Sud
sera un organe de liaison ouvert toutes
les communications et tous les articles.
Nous aurons sous peu des communiqués
réguliers du cercle Avia de Bruges, de
l'aérodrome du Zoute et nous espérons
qu'ils voisineront avec ceux du Nord, de
Ronchin et de Fiers,
C. v. R.
LE PELERINAGE DE BOURBOURG
A ROOSEBEKE
OU LA TRADITION RENOUEE (1)
Le nom de Roosebeke a toujours brillé
dans les fastes de notre histoire de Bour-
bourg. On comprendra facilement qu'après
cinq cents ans le souvenir des événements
ait pu s'effacer partiellement mais voici
que le souvenir de la victoire de 1382
s'est particulièrement ranimé l'an dernier
l'occasion du pèlerinage qui célébrait son
anniversaire.
Nous tenons évoquer devant nos col
lègues du Comité Flamand cette vieille page
de nos annales en exposant la manière dont
cette tradition interrompue depuis près
de 50 ans fut heureusement renouée en
1934. Souhaitons qu'elle se poursuive tra
vers les âges dans une union faite la fois
de piété et de reconnaisance qui demeu
rent les caractéristiques de notre âme fla
mande.
En 1382, il y avait grande lute en Flan
dre le comte Louis de Mâle et les com
mun iers se rencontraient âprement dans des
combats fratricides. Le roi de France Char
les VI offrit d'autant plus volontiers son
concours au comte de Flandre que son ad
versaire Philippe d'Artevelde avait délégué
des émsisaires près du roi d'Angleterre. Et
les communiers gantois ne s'étaient-ils pas
vantés d'emmener le petit roi Gand pour
apprendre le flamand, la langue de la li
berté
Louis de Mâle résolut d'agir, suivant les
cas, soit par clémence, soit par intimidation.
Tandis qu'à Ypres les corps et les biens fu
rent respectés, la ville de Poperinghe fut
livrée au pillage. Ainsi se soumirent de
nombreuses villes de la Flandre maritime
et, parmi celles-ci, Bourbourg. Afin de
marquer cette soumission les petites villes
flamandes furent condamnées solidairement
une amende do soixante mille francs,
grâce laquelle tout dommage leur fut
évité.
Sans doute taxera-t-on nos ancêtres d'in-
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constance pour avoir abandonné si facile»
ment la cause de Philippe d'Artevelde.
Mais, ne l'oublions pas, ce n'est point au
lendemain d'une défaite que cet abandon
fut consommé, mais la veille d'une ba
taille dont l'issue apparissait indécise et où
les milices de Bourbourg s'exposèrent
grand péril. En outre la chronique de Frois-
sart nous rapporte que la population de la
Flandre maritime comprenait de nombreux
Leliaerts ou partisans du Lis. Le ratta
chement au comte de Flandre impliquait
de la sorte une soumission au roi de France i
aspirations généreuses et bien naturelles qui
ne devaient trouver que trois siècles plus
tard leur complète et définitive réalisation.
Les milices de Bourbourg se rangèrent
donc dans l'armée royale la guerre était
singulièrement dure dans cette saison, no
vembre souvent pluvieux, et la chronique
relate que dans ce pays argileux les routes
se trouvaient en bien mauvais état. Nous
n'en avons pas, depuis lors, perdu com
plètement l'habitude
L'armée d'Artevelde s'était postée pro
ximité de Roosebeke, sur la route d'Ypies-
Bruges, de manière défendre l'accès
de cette cité. Voici vingt ans, la même
région devenait encore une zone de com
bats et la fureur d'une artillerie, singuliè
rement en progrès depuis Philippe d'Arte
velde et ses bombardes, ne devait pas laisser
brique sur brique de Roosebeke.
Joseph BELLE.
(A suivre.)
(1) Bulletin du Comité Flamand det
France.
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