Léon Grillet
LE SUD DANS LE NORD
ABONNEMENT 18 francs français.
LE ROI DE FRANCE
ET LE PRINCE D'ORANGE
DANS LE NORD 1
A peine arrivé Valenciennes en sep
tembre 1827, le Roi de France a reçu les
diverses autorités, et les officiers de la garde
nationale pied et cheval. Sur la demande
de la commission des prisons le Roi a fait
remise huit malheureux condamnés pour
fraude, qui ne restaient plus détenus que
pour l'amende et les frais. Le Roi a reçu en
audience' privée MM. Casimir Périer, le
comte Hocquart, Taffin d Heursel et Re
nard, régisseur des mines d'Anzin.
Pendaht le dîner, on a été admis cir
culer devant la table de Sa Majesté. A
neuf heures le Roi est allé pied la salle
de Bal. II partit le lendemain de Valen
ciennes 7 h. du matin pour Douai en
passant par St Amartd et Orchies. Il s'ar
rêta en passant l'établissement des mines
de charbon Anzin et la fonderie de
Resmes.
La population de Valenciennes avait re
çu le Roi avec enthousiasme. Vivement ac
clamé S. M. a parcouru, pied, les diffé
rents quartiers de la ville, la citadelle, I'at1-
senal et une partie des remparts qui ve
naient d'être restaurés. Le Roi manifesta sa
satisfaction pour l'ordre complet qui régnait
l'hôpital général. C'est au milieu des ac
clamations de la foule qu'il se rendit au
bal.
Le Roi fut reçu son arrivée Lille par
le Dauphin. Il fit son entrée en ville
11 heures du matin.
Une foule innombrable accourue de
tous les environs, se pressait des deux côtés
de la chaussée au faubourg, la route de
Douai couverte de guirlandes entrelacées
formait un vaste berceau sur le passage du
Roi. Une vive émotion parut se peindre
sur les traits de Sa Majesté, la vue des
ornements, des draperies, des branches qui
décoraient les rues, des drapeaux qui pa
voisaient les maisons, et surtout aux témoi
gnages de joie et d'affectoin que les habi
tants faisaient éclater aux cris de Vive le
Roi -■ i' uVr »;oV
La rue des Vanneliers, la grand'place,
la rue Esquermoise, ornée d'un bout l'au
tre de tentures blanches produisaient un
effet vraiment admirable. midi lé roi
reçût les autorités. S. M. a ensuite visité
l'exposition des objets d'arts et d'industrie,
la fabrique de, Mr Lethierry-Virnot celle
de Mr Scrive, la filature dp Mr Mille-Des-
mons et l'hôpital général. Le soir, le roi a
assisté la fête qui lui avait été préparée.
Oji cite comme un des'objets les plus
intéressants de l'exposition les machines pré
paratoires et les métiers filer lé lin, de
l'invention de MM. Godefroid de Villers
et Cie, constructeurs et filateurs brevetés
de S. M- Ces machinas qui produisent le
fil en 5 minutes de temps chaque pièce,
peuvent fournir deux cents livres de fil en
gros par jour. On y remarque encore un
métier de l'invention des mêmes construc
teurs filant des étoupes communes en fil
de lin de belle qualité ainsi que du linge
de table de lin damassé, fait avec du fil
de lin mécanique de leur filature
Arrivé Lille le 8 septembre, le roi
quitta cette ville pour se rendre St Orner,
où il assista des manœuvres en compa
gnie du Prince d'Orange. Et propos du
camp de St Omet nos lecteurs du Nord li
ront, avec plaisir çette petite note parue
cette époque sur les, .environs de St Orner.
Il existe auprès de St Orner deux villages
l'un appelé Haut-Pont, le second Lisel, le
premier s'étend sur la rivière d'Aa, qui
forme le canal jusqu'à Dunkerque. Les ha
bitants sont des constructeurs de navires
marchands l'extrémité de ce faubourg,
se trouve l'tle flottante, si célèbre dans les
géographies elle se trouve au milieu d'un
étang, et plusieurs gros arbres la couvrent
de leur ombrage on la manœuvre sur cet
étang comme on le ferait d'une barque.
En 1782, lors de -la naissance du dau
phin, fils de Louis XVI l'on couvrît cette
île de fleurs, de feux de joie, et on la con
duisit de l'étang dans le canal on la para
également lorsque Madame, duchesse de
Berry, vint la visiter en 1825.
Les habitants de Lizel sont tous jardi
niers, de mœurs fort douces et ont conservé
de larges pantalons moitié jambes, tel que
César nous dépeint les vêtements des an
ciens MORINI, dont ils descendent.
(A suivreC. v. R.
(1) Voir «LE SUD» du 7 juillet.
NOTES SUR LE TOUQUET (1
(Suite)
tième anniversaire de Le Touquet Paris-
Plage.
On le voit, par la ténacité des habitants,
l'excellente organisation municipale, le tra
vail inlassable des sociétés régionales sa
voir Société des Grand Etablissements,
Syndicat d'Initiative et autres groupe
ments, Paris-Plage peut être considéré com
me l'une des plages les plus en vogue en
France.
(1) Voir LE SUD du 7 juillet.
Le nom de Paris-Plagp fut prononcé,
pour la première fois en 1893, la station
d'Etaples, et reconnu ainsi officiellement
par la Compagnie, du Nord.
En 1894, une société anglaise acheta le
domaine Le Touquet la famille Daloz
pour la somme de 870.500 frs.
Palais de Sport et de Jeux furent con
struits, et même un Casino. Nombreux fu
rent les touristes anglais et français qui y
vinrent chercher la distraction, le repos, et
aussi admirer la beauté du site.
Le premier golf fut inauguré en 1904,
par M. Balfour, premier ministre. Depuis
lors, les links de Le Touquet, agrandis
par deux fois, sont le rendez-vous des
joueurs du monde entier.
En 1906, en dehors de la société anglaise
Touquet Syndicale Limited fut formée,
une société française appelée Société Gé
nérale ayant pour but l'exploitation de
225 hectares de terrains..
De nouvelles avenues furent créées, des
conduites d'eau et d'électricité furent pla
cées, Ja vente des terrains fut activement
poussée, la construction de grands hôtels
fut facilitée, une ligne de tramways créée.
Grâce une collaboration étroite entre les
deux sociétés Le Touquet prit vite une ex
tension considérable, et devint une plage
de plus en plus fréquentée.
En raison de leur constant développement,
Le Touquet et Paris-Plage furent réunis,
et ne formèrent plus qu'une seule ville. Les
dunes furent supprimées, une digue fut con
struite, et enfin le 12 mars 1912, la nou
velle cité balnéaire fut officiellement érigée
en municipalité.
En deux ans Le Touquet Paris-Plage de
vint l'un des endroits les plus fréquentés
du littoral.
La guerre interrompit l'essor de cette
belle station balnéaire. Les hôtels, les salles
de fête et de jeux furent réquisitionnées
et transformées en hôpitaux. Blessés er ré
fugiés les Yprois notamment y reçu
rent le plus chaleureux acceuil et une large
hospitaiité.
Après la guerre, Le Touquet-Paris-Plage,
reprit petit petit son essor. Le 22 juillet
1922, on y inaugurait une superbe digue.
Grâce un emprunt contracté par le
Conseil Municipal, un pont fut construit
sur le Canche et inauguré le 6 juin 1926.
Le. sport jouit de la vogue Paris-Plage
les courses y sont renommées, le polo et
la chasse attirent chaque année, de plus en
plus de touristes parmi lesquelles des per
sonnalités en vue et notamment le prince
de Galles.
Un hippodrome a été édifié, un très
luxueux palace, le Westminster a rem
placé le casino en bois, et la cité compte
actuellement de nombreux hôtels munis de
tout confort moderne.
En juin 1931, a eu lieu l'inauguration
du magnifique hôtel de Ville, une vraie
merveille d'architecture anglo normande,
conçu d'après les plans des architectes De-
brouwer et Drobecq.
En 1932, a été commémoré le cinquan
LE PEINTRE J. JOETS
Le peintre J. Joëts, de Saint-Omer,
a reçu en même temps que M. le cha
noine Détrez, les honneurs de la Rose
d'Or. L'éminent critique d'art, Ca
mille Màuclair nous trace en ces ter
mes le caractère de Joets, dans Art
et Artistes
L'artiste dont je vais parler est un hom
me de forte volonté, de vie noble et sé
vère, toute au travail donnée. Il ne sera pas
inutile de préciser, parce qu'elle a une haute
valeur d'exemple, sa biographie.
Jules Joets est né en 1884 dans le Pas-
de-Calais, Saint-Omer, où il n'a cessé d'ha
biter et de travailler. Par ses parents, il des
cend de vieilles familles de la Flandre fran
çaise. Il y eut des Joets venus d'Y près,
échevins ou conseillers au présidial et au
bailliage royal, au XVIIIe siècle. Le père
de Jules Joets était entrepreneur de pein
ture en bâtiments, et sa mère confection
neuse en lingerie. Ils disputèrent son en
fance la maladie. L'adolescent gagna d'a
bord sa vie comme aide-comptable dans
une imprimerie, puis il revêtit la blouse
du peintre en bâtiments, et débuta dans la
peinture par le badigeonnage des façades,
auprès de son père. Cependant, dès l'âge
de neuf ans, aimant le dessin, il suivit les
cours du soir de l'Ecole des Beaux-Arts de
Saint-Omer, et le vieux peintre flamand Au
guste Pollet le conseillait, l'initiait Rem
brandt. Désigné comme boursier à- l'Ecole
des Beaux-Arts de Paris, Joets préféra res
ter dans celle de son pays, où, ayant obtenu
tous les prix, i! fut nommé professeur et
enseigna durant six années. Mais il fallait
vivre et assurer les vieux jours de ceux
qui, force de sacrifices, avaient fait de
l'enfant chétif un homme et un artiste. Ju
les Joets vint Paris, l'Ecole des Arts
décoratifs, obtint en quelques mois le di
plôme de professeur dans les çqUèges et
écoles normales, puis le diplôme supérieur
des lycées, dans les années 1911 et 1912.
11 n'avait pas attendu ces dates pour ex
poser. Ses premiers envois figurèrent en
1906 au Salon de l'Ecole française, en
1908 la Société des Artistes français, In
térieur de cathédrale, en 1910, Pensifs,
étude de vieillards artésiens. Il fit alors
Saint-Omer la connaissance du peintre Ga
briel Guay qui fut pour lui, après Pollet,
un conseiller, un maître et un ami dévoué.
En 1912, ayant encore exposé au Salon
une toile intitulée La Soupe, Jules Joets
hésita entre une rentrée dans l'enseigne
ment et la carrière exclusivement picturale.
Il choisit cette dernière et, très ému par
une visite aux vieillards hospitalisés par les
Petites Sœurs des Pauvres, il exécuta, sans
une esquisse préalable, le Benedicite qu'il
envoya au Salon de 1913, et dont le succès
fut grand. L'Etat acquit cette œuvre pour
le Musée de Valenciennes. Jïlle valut de
plus Joets le prix Marie Baskirtseff, une
bourse de voyage, et une médaille d'ar
gent. Les temps de pauvreté digne et si
lencieuse étaient finis. L'artiste eut alors la
joie de faire son premier voyage d'art en
Hollande et en Belgique, un court séjour
Londres, puis il revint Saint-Omer et y
peignit, pour le Salon de 1914, la grande
toile de l'Enterrement de sept heures la
chapelle des Petites Sœurs des Pauvres), que
toute la presse louangea et qui le fit com
parer Courbet. Une médaille d'or, le Prix
national et un nouvel achat de l'Etat récom
pensèrent Joets.
La guerre vint. Mobilisé durant quatre*
années, il fut quelque temps peintre aux
armées et fit en 1918 le portrait équestre
du maréchal Douglas Haig. Puis les Salons-
le revirent avec la Table faune en 1919;
le portrait du musicien-poète Claude Du-
boscq en 1920, une Femme en noir en 1921,.
et enfin, en 1922, le grand tableau Public
de concert en province, l'œuvre capitale de
ce Salon. Joets a exposé aussi des pastels et
des aquarelles, il fait de la gravure sur bois
et de l'eau-forte il a écrit des brochures
sur l'Ecole de dessin de Saint-Omer, sur
les Tailleurs d'Ymaiges et les Maî
tres d'Œuvres du XlVe au XVIIIe siècle-
Lettré, mélomane, sa curiosité passionnée
s'étend de Villon Mallarmé et Verlaine^
de Rameau et de Bach Debussy et Mous-
sorgsky. Ce réaliste est un songeur, ce plé
béien s'est formé et raffiné par la puissan
ce de ce que Watts appelait the dweller
in- the inner most l'habitant du plus
profond. Cet isolé vit loin des coteries, des
théories, des marchands, du faux et du vrai
monde, dans sa petite cité natale, avec les
livres, la musique, le travail acharné, l'a
mour des maîtres, le respect d'eux et de
soi-même, ainsi que tout artiste digne de
ce nom doit vivre.
WESTROOZEBEKE
Le pèlerinage annuel aura lieu le 21
juillet, et comme chaque année le*
Français du Nord et de Bourbourg s'y
rendront très nombreux.
BOURSE CHANGE
COUPONS
31Rue de Menin YPRES
"Téléphone 144.
Bureau ouvert la semaine et le
dimanche.
LE SUD est en lecture dans plot
de cent hôtels et cafés et vous recom»
mande
a DUNKERQUE
Hôtel des Arcades.
Au Brave Jean Bart.
Café-Restaurant du Vingtième Siècle
Café du Commerce.
NIEPPE
Estaminet Saint-Eloi.
Café de l'Hôtel-de-Ville.
HONDSCHOOTE
Hôtel-Restaurant Coriorî.
STEENVOORDE
Hôtel de Flandre,
au MONT-CASSEL
Hôtel du Sauvage.
Taverne Flamande.
HAZEBROUCK
Hôtel du Nord.
Hôtel St Georges.
Café du Centre.
Hôtel Gambrinus.
ARMENTIÈRES
A la Douane Française.
Café de la Bourse.
Au Coq Gaulois.
Café Moderne.
Au Prophète.
Estaminet du Bu eau.