I
Le "Vingtième Siècle"
Après le Tour
de France
La Question
Ethiopienne
Lisez dans le
SUD
2e ANNEE No 31.
Hebdomadaire 50 cent. numeto.
DIMANCHE 4 AOUT 1935.
Pour qu'une nation soit, il faut qu'une
solidarité nationale existe et qu'elle se cris
tallise dans la volonté du pouvoir.
ABONNEMENT 1 AN 20 FRANCS JUSQU'A FIN 1935 10 FRANCS.
Direction-Administration Ch. van RENYNGHE,
19, nie Longue de Thourout, YPRES. Compte-chèques postaux 1003.43.
Nos aînés liquident le passé pendant
que nous construisons l'avenir.
Le lr août le Vingtième Siècle a fait
peau neuve. La presse indépendante a un
rôle énorme jouer dans notre pays. La
réorganisation du Vingtième Siècle
peut avoir une influence considérable sur
l'évolution du redressement de la Belgi
que.
Cet événement nous réjouit d'autant plus
que la direction du journal est confiée
notre ami Et. de la Vallée. Parisien, avec
qui nous avons collaboré si étroitement pen
dant tant d'armées l'Autorité La
jeune génération connaît et apprécie la gran
de intelligence, l'étonnante clarté de vue et
le sens politique du nouveau directeur du
Vingtième Siècle
La tâche est ardue. Le courant remonter
aurait détourné de cette mission, tout esprit
n'ayant pas l'énergie et le désintéressement
d'Et. de la Vallée.- Nous lui souhaitons de
triompher des innombrables difficultés que
les événements et la malice des hommes
accumuleront sur sa route, et nous ne pou
vons mieux faire que de reproduire son
article de tête, où nos lecteurs retrouveront
l'atmosphère créée par Le Sud
C. v. R.
Quelques personnalités en vue du
monde catholique, indépendantes de
toute coterie politique ou financière et
désireuses de propager la presse de
droite, d'étendre son influence et de
1 élever au-dessus des querelles des
■groupes, ont décidé d'entreprendre la
réorganisation du Vingtième Siècle et
m ont demandé d'en assumer la di
rection.
Pour reconstituer le capital du jour
nal, de gros concours financiers seront
nécessaires. Notre groupe n acceptera
que des appuis totalement désintéressés
et il se soustraira toute influence
qui pourrait directement ou indirecte
ment aliéner sa liberté. Un comité di
recteur sera créé par la suite et le nom
des personnes qui en feront partie sera,
■aux yeux du public, le meilleur gage
de l'entière autonomie du Vingtième
Siècle.
L indépendance du Vingtième Siè
cle est également complète l'égard
du gouvernement et de l'Union Catho
lique.
Le gouvernement, dont le rôle est
de défendre le bien commun, ne peut
remplir sa tâche sans l'appui des ci
toyens. Lorsque les ministres sont con
sciencieux et désintéressés, ils ont droit
un préjugé favorable. Rien de plus
contraire aux intérêts du pays qu'une
critique tracassière et une attitude per
pétuellement soupçonneuse. Mais la
presse a le devoir non moins strict de
surveiller avec vigilance les actes du
pouvoir afin de dénoncer les abus et
de condamner les erreurs de principe
auxquelles il pourrait se laisser entraî
ner.
L Union Catholique est une institu
tion indispensable. Elle doit mettre
fin aux fâcheuses querelles qui ont di
visé, non les électeurs qui ont donné
leur confiance la droite, mais les ca
dres politiques de la droite. L'opinion
exige qu'elle remplisse désormais con
venablement son double rôle d'arbitre
des conflits et d'inspiratrice du pro
gramme commun du parti. Le Ving
tième Siècle appuiera l'action du co
mité directeur de l'Union Catholique,
dans la mesure où celui-ci réalisera ce
programme et saura imposer une cohé
sion réelle ses cadres épurés et re
nouvelés. Par contre, toute faiblesse,
ou tout retour l'esprit de division
seront condamnés sans ménagement.
Rien n'a fait plus de tort au pays que
les excès de l'esprit de parti. Autant
les luttes d'idées, même très âpres,
peuvent être salutaires dans un régime
de libre opinion, autant le rôle des
partis devient néfaste lorsqu'ils de
viennent les défenseurs d'intérêts parti
culiers ou se transforment en vastes
agences de placement entre lesquelles
les emplois et les prébendes de l'Etat
doivent être équitablement répartis. Il
importe de réagir vigoureusement con
tre cette tendance. Il faut réduire les
partis leur véritable rôle et mettre
l'opinion publique en garde contre les
abus qu'entraîne leur prépondérance
actuelle.
La crise que nous traversons n'est
pas seulement d'ordre économique.
Elle est d'ordre culturel et moral. Les
meilleures recettes financières ne suffi
ront pas sauvegarder la place de la
Belgique dans le monde, si elle ne fait
elle-même tout ce qui est possible pour
accroître son potentiel humain. Tous
les efforts doivent tendre au développe
ment complet et harmonieux des quali
tés raciques du peuple belge. C'est en
multipliant et en élevant les élites et en
augmentant la valeur du travail des
masses que notre société pourra tra
verser la crise de structure actuelle et
sortir renforcée des épreuves d'aujour
d'hui.
Tels sont les objectifs capitaux vers
lesquels il faut orienter avant tout les
préoccupations de l'opinion publique.
Journal catholique, le Vingtième Siè
cle s'intéressera d'une façon primordia
le cette mission de progrès moral et
culturel.
E. de La Vallée Poussin..
o
Page 2 Chronique aéronautique.
Billet de Bruxelles.
Page 3 Marchés. Feuilleton.
Page 4 Le Sud dans le Nord.
Pages 5 - 6 - 7 - 10 - 11 - 12 Chro
niques de la région.
Pages 8 et 9 Le Sud au Littoral.
Page 13 Le Sud l'Exposition.
Pages 14 et 15 Pour la femme.
Page 16 Cinéma. Annonces nota
riales.
C'est avec joie et avec un sentiment de
fierté nationale, que les Belges ont suivi les
étapes de l'équipe victorieuse du Tour de
France les deux Maes et Vervaeke. Notre
pays a prouvé qu'il s'intéressait au sport.
Il reste créer chez nous côté de la
passion sportive son objet essenttiel l'es
prit sportif.
Le terme sport ne s'applique aux
exercices physiques et aux jeux que lorsque
ceux-ci sont pratiqués méthodiquement non
seulement en vue du perfectionnement du
corps humain, mais aussi de l'éducation de
l'esprit, dont ils tendent développer surtout
les qualités d'énergie, de persévérance et de
décision. La victoire sportive récompense
la discipine et l'entraînement qui ont su
créer le réflexe le meilleur. Elle couronne
la ténacité dans l'effort, la volonté de l'hom
me maître de sa force. La victoire sportive
n'est pas le triomphe du muscle, de l'impul
sion, de la puissance ou de la brutalité
c'est le couronnement de cette magnifique
harmonie de l'intelligence humaine utilisant
l'animal humain vers une fin déterminée.
L'homme sportif est son propre dompteur.
Les vainqueurs du Tour de France ont
pleinement réalisé la conception exacte de
la lutte sportive. Mais combattant et équipe
ils ont ajouté jusqu'à la perfection le sens
vrai de l'esprit sportif. C'est cela qui est
le plus beau dans cette victoire, car c'est
en général ce qui manque le plus chez nous.
L'esprit sportif c'est l'aristocratie du sport.
Savoir gagner sans jactance, et en féli
citant le vaincu savoir perdre avec le sou
rire et sans murmurer contre le vainqueur.
Etre gentleman dans le sport comme dans
les jeux rester objectif, bien se connaître
et bien se posséder. Ne pas jouer pour ga
gner, mais pour jouer le mieux possible.
Si vous avez réalisé cet esprit sportif il
faut qu'après la compétition, vainqueur et
vaincu, l'adversaire puisse dire de vous que
vous êtes beau joueur.
L'équipe belge du Tour de France a prou
vé qu'elle avait cet esprit sportif, et tous
ceux qui l'applaudissent nous disons Sui
vez leur exemple
Nous manquons en général de fair-play,
d'esprit d'équipes. Dans le sport, le Belge
est trop égoïste. C'est dans le sport que
notre peuple doit chercher et trouver les
occasions d'affiner notre race, qui en a tant
besoin d'éduquer notre volonté trop portée
des satisfactions de petite vanité ou de
molle paresse d'apprendre respecter l'ad
versaire autant que soi-même.
Dans le bureau de travail du Roi d'An
gleterre se trouve une inscription, que nous
pourrions traduire Quand vous entrez
en compétition veillez concentrer tous vos
efforts afin d'être vainqueur mais si vous
êtes vaincu, sachez l'être avec élégance.
C. v. R.
ROMAIN MAES
FÉLICIEN VERVAECKE
SYLVÊRE MAES
seront Poperinghe ce dimanche
4 août.
Voyez les détails dans la Page du
Littoral. 5
par le
Vte Charles Terlinden.
Nous constatons avec regret que depuis
que s'est posée la question éthiopienne no
tre grande sœur latine l'Italie a mauvaise
presse dans certains milieux belges. Cela
s'explique par le fait que chaque fois qu'un
conflit éclate entre une grande puissance et
un petit pays, la sympathie de nos compa
triotes va d'emblée, par suite d'une louable
générosité d'esprit, vers le petit pays, sans
même examiner si celui-ci en est digne.
Cela s'explique également par le manque
d'esprit international chez les Belges qui
ont l'habitude de juger les questions de po
litique étrangère en fonction de leur vie
politique interne et l'on sait que les partis
démocratiques ont créé l'égard du régime
fasciste un esprit d'hostilité que sont loin
de partager ceux de nos compatriotes qui
ont eu l'occasion d'aller étudier sur place
la merveilleuse transformation dont l'Italie
a bénéficié depuis treie ans. Ajoutons-y en
core l'ignorance du Belge moyen au sujet
des données exactes du problème et de U
véritable situation des parties en présence.
L'Ethiopie ou Abyssinie jouit encore au
près de beaucoup de gens de la réputation
légendaire qu'avait en Europe au moyen
âge le pays du Prêtre Jean seul royaume
chrétien existant au milieu de la barbarie
africaine. Bien que le christianisme copte
soit entaché de l'hérésie monophysite d'Euty-
chès ainsi que des plus grossières supersti
tions, il suffit faire croire beaucoup de
gens que l'empire du Négus est un Etat ci
vilisé, pouvant être placé sur le même pied
que les puissances européennes. Or, ni au
point de vue des institutions, ni au point
de vue des mœurs, l'Abyssinie ne se couvre
même pas d'un vernis de civilisation. En dé
pit d'un semblant de Constitution, octroyé en
1931 par Négus, l'unité gouvernementale
n'est qu'un vain met. L'empire est une ré
union de royaumes (Tigré, Amhara, God-
jam, Ouollo, Choa, Djimma, Kaffa) ou
de provinces, dont les chefs ou ras sont en
fait quasi-indépendants. Le Négus se trouve
dans une situation comparable celle des
souverains occidentaux lors de la dissolu
tion de l'empire carolingien en dehors de
son domaine direct, son autorité ne s'étend
aux diverses provinces que par l'intermé
diaire de véritables tyrans locaux, compara
bles aux grands feudataires du moyen âge,
maintenus dans une demi-soumission par
les avantages exorbitants qu'ils peuvent ti-
-er de l'exploitation éhontée de la popula
tion. Du reste il n'existe pas plus en Abys
sinie d'unité gouvernementale comme ja
dis, avant la conquête française, les Hovas
Madagascar, une minorité abyssine main
tient dans une effroyable sujétion la majorité
de la population appartenant diverses ra
ces et religions. Sur huit millions d'habitants
l'Ethiopie compte plus de deux millions d'es
claves, dont le commerce constitue une des
sources les plus importantes de revenus pour
les hobereaux qui gouvernent les diverses
provinces au nom du Négus. Le sort de ces
malheureux esclaves, sur lesquels Lady Si
mon a, il y a quelques années, en un livre
émouvant, appelé l'attention du monde ci
vilisé, est bien pire encore que celui des