LE SUD DANS LE NORD Léon Grillet LE SUD, dimanche 11 août 1935. ABONNEMENT 18 francs français.) AVIS IMPORTANT AUX TOURISTES FRANÇAIS SE RENDANT EN BELGIQUE Les touristes français qui se rendent en Belgique par la route, doivent leur pas sage la frontière déclarer la douane française le nombre de litres d'essence ou de carburant qu'ils emportent. Cette quan tité doit être notée en litres ou en centimè tres suivant le genre de compteur employé, sur la souche du carnet, en haut et gau che. Cette élémentaire précaution leur évitera bien des ennuis leur retour, et permettra aux agents des douanes, une heure où le trafic est généralement intense, d'activer le service', la satisfaction de tous. LES GÉANTS DE LA REGION DU NORD Un grand nombre de vieilles cités fla mandes possèdent leurs géants certaines même en ont toute une famille. Le peuple les aime et les acclame il est vrai qu'il ne les voit défiler qu'aux jours de fête. La pupart de ces inoffensifs colosses d'o sier et de carton tirent leur origine de quelque lointaine légende médiévale et na quirent en un temps où les plus graves questions sociales se résolvaient par des ri res gargantuesques et de gigantesques fan taisies. Peut-être aussi les géants, cette époque, n'avaient-ils pas, comme mainte nant, un caractère uniquement comique. Ils étaient aussi destinés, probablement, frap per l'imagination des foules et exciter l'enthousiasme populaire, au cours des fêtes et des carnavals. Jetons maintenant un rapide coup d'œil sur quelques-uns de ces étonnants fantoches. Le 6 juillet ou le dimanche suivant cette date quand elle tombe un jour de semaine, une curieuse fête se déroule dans la bonne ville de Douai. On promène travers les rues toute une famille de mannequins gé ants, les Gayant, revêtus de costumes du XVIe siècle. Ces imposants personnages, dont l'acte de naissance remonte plusieurs siècles, sont religieusement conservés dans un abri communal, d'où ils ne sortent qu'une fois l'an. C'est l'occasion d'un pittoresque défilé qu'une foule joyeuse, vient admirer. Gayant, casque en tête, lance au poing, bouclier au bras, haut de 22 pieds, se dresse fièrement côté de son épouse, un peu plus petite, Marie Cagenon, somptueusement vê tue en châtelaine de la Renaissance. Sui vent les Enfants Jacquot, Filliot, et Bin- bin. Le Sot des Cannonniers et la Roue de la Fortune complètent la famille. Le cortège passe triomphalement et danse avec grâce aux sons de l'« air de Gayant sorte d'hymne local approprié. L'origine de cette coutume est incertaine les uns prétendent que Gayant n'est autre qu'un seigneur de Cantin, Jehan Gélon, qui, au IXe siècle, délivra Douai, assiégé par les barbares ve nus du Nord les autres assimilent l'illustre géant au patron de la Cité, saint Maurant, auquel les habitants doivent plusieurs inter ventions miraculeuses. Quoi qu'il en soit, Gayant apparaît vers la fin du XVe siècle et reste célibataire pendant deux siècles. En 1685, il est enfin pourvu d'une épouse et, quelques années après, de ses deux pre miers enfants. Le troisième rejeton, le po pulaire Binbin, ne date que du début du XVIIIe siècle. A Bailleul, ville fameuse pour ses car navals de printemps et d'été, on promène le mardi gras, un immense mannequin fi gurant le géant Gargantua, au milieu de nombreux groupes bruyants et cocasses. A Cassel, c'est le lundi de Pâques qui, est le grand jour de^ sortie des géants tra ditionnels de la vieille cité Reuze Papa, Reuze Maman et leur progéniture. A Bergues, on promène le Barguenard personnage très 1830, avec le haut-de-forme poilu et le vieux riflard vert, tandis qu'à Busigny, dans le Cambrésis, un imposant nouveau-né d'origine très récente No tiot croquant fit l'admiration des connaisseurs. Aux fêtes des Louches de Comines, Guèloute et P'tite Sorcire se dandi nent fort agréablement en public. Hazebrouck est fière de son Roland et Lille de son Comte de Flandre Ly- déric ennemi mortel du brigand Phy- naert Faut-il citer aussi le Binbin de Va- lenciennes, Martin et Martine les vieux sonneurs quatre fois centenaires de la bonne ville de Cambrai Bâtisse et Laïte sym boles de l'industrie tullière de Caudry Mon sieur et Madame Goliath, qui président aux festivités d'Ath Jehan de Courgain et Jean le Calais, etc. D'autres géants, anciens ou modernes, plus ou moins humoristiques, sont exhibés dans de nombreuses autres villes du Nord, lors des fêtes de carnaval. Certains de ces car navals connaissent, juste titre, une haute renommée tels celui de Dunkerque (15 août), l'un des plus animés celui de Mau- beuge (1er avril), dit «Fêtes de Jean Ma- buse etc. etc. sans parler, naturellement, des innombrables kermesses et ducas- ses si caractéristiques des pays flamands et wallons. En ce qui concerne les géants il semble bien qu'il y ait une grande simi litude entre ces exhibitions traditionnelles et quelque peu naïves, où l'archaïsme le dispute la jeunesse d'esprit d'un peuple sain et gai, et les défilés de mannequins colossaux qui font encore la joie de cer taines villes espagnoles Fallas de Va- ence, groupes en cire de Murcie, pour ne citer que les plus connus. Ne faut-il pas voir, dans ce rapprochement, en dépit de quelques différences de détails, une trace de l'influence qu'exercèrent les Espagnols, dans nos régions, au cours de leur longue occupation Très probablement. MUSÉE DE CAMBRAI De nouveaux aménagements de salles ont permis des transformations heureuses. Des regroupements d'artistes ont été opé rés qui permettent de suivre d'une façon plus claire l'évolution de la peinture de puis un demi-siècle. En visitant les salles du Musée de Cam brai, on peut regretter l'absence de pein tres qui font la gloire de l'art 'français et qui ont nom Cézanne, Manet, Seurat, Cross, Pissaro Sisley, Renoir. Leur absence tient un passé ignorant de l'avenir et qui ne comprenait pas que l'art pur était fait d'autres choses que de représentations photographiques et pittores ques. Aussi approuvera-t-on sans réserves l'effort d'une commission administrative qui, parmi toutes les tendances qui se manifes tent, tente de rassembler les artistes les plus représentatifs du mouvement actuel. Une donation de 21 toiles d'un grand artiste décédé l'an passé, Antoine Villard, et de nouveaux dépôts de l'Etat qui suit avec attention et sollicitude les travaux du Musée de Cambrai, nécessiteront sous peu de grandes transformations. En attendant, le public qui se rend tou jours de plus en plus nombreux au Musée, pourra admirer dans les salles modernes du premier étage, des œuvres nouvelles et im portantes de Henri Martin et Henri le Sidaner, membres de l'Institut, et une très belle esquisse d'un jeune peintre d'avenir, Fontanarosa, qui la ville de Paris vient d'attribuer la bourse de voyage de 20.000 frs pour l'Afrique du Nord (sa plus haute ré compense) Tous les dessins, gouaches et aquarelles ont été groupés dans une salle du 1er étage, et les amateurs ne seront pas insensibles aux œuvres de Henri Matisse, Segonzac, Gro- maire, Signac, Herscher. Enfin une salle du rez-de-chaussée a été entièrement consacrée l'œuvre de l'ancien conservateur, Georges Maroniez. A côté des deux tableaux et des études de l'artiste, on a judicieusement rassemblé quelques œuvres de Demont Breton, Jules Breton et F. Fla- meng qui furent ses amis. Un très joli vitrail de Lecourt et Mazars représentant Notre-Dame de Grâce de Cam brai décore une des fenêtres de cette salle, que les Cambrésiens visiteront avec le plus grand intérêt. Parmi tous les soucis d'une époque comme celle que nous traversons, il est réconfortant d'aller se promener dans les salles d'un Musée au contact d'une œuvre d'art, on peut se reposer et se refaire, ranimer sa foi, exalter son idéal. Les œuvres que les artistes nous ont laissées, quand elles sont associées aux témoignages de l'histoire d'une ville, ne sont-elles pas le plus beau mes sage d'espérance LE SYNDICAT D'INITIATIVES DE CAMBRAI A YPRES. Nous avons lu la semaine dernière dans toute la presse du Nord et les périodiques du Cambrésis un compte rendu très flat teur pour notre région. Voilà de la propa gande vivante, efficace, et qui ne se paye pas de mots. Après avoir visité Cassel et été longuement piloté par M. Daniel Tack les Cambrésiens se rendent Ypres. A bonne allure, on gagne la cité si dou loureusement éprouvée par la guerre. Il est 15 heures, lorsque nos Concitoyens prennent avec MM. van Renynghe de Voxvrie, avocat, président des Amis d'Y- pres, et Gillioen un contact éminemment cordial. Les excursionnistes cambrésiens vont tour tour visiter, avec le maximum de profit dans le minimum de temps, les essentielles beautés d'une cité qui a relevé ses ruines en conservant aux édifices de même qu'aux de meures ce cachet artistique hérité du passé, et dont l'empreinte plaît toujours. Cette impression ressentie dès l'abord ne fait que se confirmer au cours de la visite qui est faite successivement de la Halle aux Draps, de la Cathédrale, de l'Hôtel des Postes et des divers autres monuments. Ici encore, les membres du Syndicat d'Ini tiatives de Cambrai tinrent aller s'incliner et se recueillir devant le Monument aux Morts de la Ville d'Ypres. Au moment de quitter la cité accueillante, M. Masson se fit l'interprète de ceux qui l'entouraient pour exprimer la gratitude de ces derniers et la sienne MM. van Re nynghe de Voxvrie et Gillioen en même temps qu'il les priait d'accepter une pla quette-souvenir. D'Ypres, le convoi se dirige vers le Mont Kemmel, témoin des plus durs et des plus héroïques combats et où un monument im posant perpétue la mémoire de ceux qui tombèrent en cet endroit. Des fleurs sont placées au pied du mo nument, les visiteurs observent une minute de silence, puis c'est le chemin du retour que l'on va emprunter. L'HONNETE DEBITEUR. Un Anglais de Liverpool, John Har- ry Martin, qui travaille dans une usine pour un modeste salaire, reçut l'autre matin une lettre chargée portant le timbre de South Tottenham. South Tottenham Il ne connaissait personne cet endroit. Il décacheta l'enveloppe et 1 y trouva un mandat de deux mille BOURSE CHANGE COUPONS 31Rue de Menin YPRES Téléphone 144. Bureau ouvert la semaine et le dimanche. LE SUD est en lecture dans plus de cent hôtels et cafés et vous recom mande DUNKERQUE Hôtel des Arcades. Au Brpve Jean Bart. Café-Restaurant du Vingtième Siècle Café du Commerce. BERGUES La Tête d'Or. PARIS Hôtel LUTETIA. HONDSCHOOTE Hôtel-Restaurant Corion. NIEPPE Estaminet Saint-Eloi. Café de l'Hôtel-de-Ville. au MONT-CASSEL Hôtel du Sauvage. Taverne Flamande. HAZEBROUCK Hôtel du Nord. Hôtel St Georges. Café du Centre. Hôtel Gambrinue. ARMENTIÈRES A la Douane Française. Café de la Bourse. Au Coq Gaulois. Café Moderne. Au Prophète. Estaminet du Bu eau. BAILLEUL Café-Restaurant de l'Epi de Blé. Café Français. Café de la Paix. Café de Belle-Vue. LILLE Hôtel-Restaurant Alcide. Hôtel Terminus. Hôtel Continental. Hôtel-Restaurant Taverne Lilloise. STEENVOORDE Hôtel de Flandre. livres avec une lettre ainsi conçue Votre père m'a prêté, il y a cin quante ans, "une somme qui, avec ses intérêts, représente aujourd'hui 2.000' livres. Je vous l'adresse sous ce pli... La lettre n'était pas signée, de telle sorte que John Harry Martin ne peut remercier 1 honnête débiteur de son pèrè.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Sud (1934-1939) | 1935 | | pagina 4