LE SUD, dim. 22 septembre 1935.
POUR VOIR L'EXPOSITION
EN UN JOUR.
AU PAVILLON DE L'EGYPTE
AVEZ-VOUS VU A L'EXPOSITION
Avez-vous vu l'Exposition
L'ART NEGRE
dans le Hall du Tourisme Colonial
LA FERMETURE DU SALON
DE L'ART ANCIEN.
L'ELECTION DE MISS UNIVERS
L'AERONAUTIQUE
A L'EXPOSITION.
LA SEMAINE GASTRONOMIQUE
AU VIEUX-BRUXELLES.
Bl*
Le Sud l'Exposition.
II faut des journées entières pour détail
ler les merveilles de la WORLD'S FAIR.
Quel est d'ailleurs le Bruxellois qui, après
s'être rendu deux ou trois fois par semaine
I'EXPOSITION depuis son ouverture,
pourrait se targuer d'avoir tout vu
Mais il est des visiteurs qui ne peuvent
disposer de plus d'une journée et qui dési
rent emporter une vision d'ensemble de la
WORLD'S FAIR. C'est leur intention
que nous dédions ces lignes.
Dès l'ouverture des portes 10 heu
res du matin le visiteur pénétrera dans
l'enceinte par la Place du CENTENAIRE.
II s'engagera dans l'Avenue du CENTE
NAIRE, d'où il jouira déjà de la magni
fique perspective des GRANDS PALAIS.
Il prendra, en face du Pavillon du GRAND
DUCHE DE LUXEMBOURG, le train
Lilliput qui, en une demi-heure, lui per
mettra de faire le tour des boulevards exté
rieurs de I'EXPOSITION.
Revenu son point de départ, il re
prendra le Boulevard du CENTENAIRE,
visitera successivement le Pavillon de la
VILLE DE BRUXELLES, le Pavillon de la
VILLE DE PARIS et le Palais de la
FRANCE Métropolitaine puis, les Pavil
lons de l'ALIMENTATION, du CUIR, de
la PARURE et de l'AUTOMOBILE.
Sa promenade l'amènera ainsi sur l'ES-
PLANADE DES GRANDS PALAIS, dont
il admirera l'ensemble d'une beauté si im
pressionnante.
Il visitera la GARE MODELE située dans
le Hall principal et jettera un coup d'oeil
rapide sur les deux Halls latéraux.
Et ce sera l'heure du déjeuner.
L'après-midi, une visite au SALON
D'ART MODERNE, une autre l'Exposi
tion d'ART ANCIEN s'imposent. Puis le
visiteur se dirigera vers le Palais du CON
GO, celui de la Province de BRABANT
et au Pavillon de l'ELECTRICITE, il se
reposera pendant quelques instants dans
le cadre adorable de la ROSERAIE
il entrera l'ALBERTEUM, visitera
encore les Palais de la HOLLANDE,
de la ROUMANIE, les Pavillons de la TE
LEVISION, du CHILI et du BRESIL, ce
qui le ramènera au Palais du GRAND-
DUCHE DE LUXEMBOURG qu'il ne
manquera pas de parcourir.
Au sortir de ce Palais, il s'engagera dans
l'admirable PARC FORESTIER, où il s'ac
cordera quelques minutes de repos.
De là, il dirigera ses pas vers le Pavillon
du COMMISSARIAT GENERAL qu'il vi
sitera puis, successivement, les Pavillons
du GAZ, des ARTS GRAPHIQUES, de
k VIE CATHOLIQUE, la FERME-MO
DELE, la Maison de la FONTAINE, l'A-
GRICULTURE BELGE, l'AGRICULTURE
FRANÇAISE, les SOUKS, le Palais de la
FRANCE d'OUTRE-MER retiendront son
attention.
Enfin, tour tour, les Palais de la GRE
CE, de la SUISSE, de la FINLANDE, de
k TURQUIE, de la BULGARIE, de l'AU-
TRICHE, de l'ANGLETERRE, du DANE
MARK, de la SUEDE, de la LETTONIE,
de la NORVEGE, de la POLOGNE, de l'I-
TALIE, de la HONGRIE, de la TCHECO
SLOVAQUIE le ramèneront, à-nouveau,
son point de départ du matin.
Ce sera l'heure du dîner.
Mais la soirée ne fait que commencer.
Une rapide visite au PARC des ATTRAC
TIONS s'impose, puis l'heure aura sonné
de parcourir le VIEUX-BRUXELLES en
pleine atmosphère de joie et d'entrain. A
k Place des BAILLES, le visiteur prendra
place dans le Carrosse qui le conduira,
nouveau, par les Allées de I'EXPOSITION,
pour lui permettre d'admirer la féérie des
ILLUMINATIONS.
Le pavillon de l'Egypte érigé en bordure
de l'Avenue Charlotte, a proximité du hall
International est un des joyaux de l'Expo
sition. Son architecture signée par Sharta:
wi et Minen est d'une conception très heu
reuse, et sa décoration s'inspire d'un cha
toyant et lumineux orientalisme. Ses hauts-
reliefs aux dessnis délicats, chaudement co
lorés évoquent la splendeur des temples de
1a vallée du Nil.
Dans les stands se trouvent réunis des
pièces d'art incomparables, des meubles
précieux incrustés de nacre, des paravents,
des fauteuils, des tables, des tabourets aux
lignes élégantes où les ivoires et les ors
éclairent l'ombre des bois finement ajou
rés. On peut y admirer un petit salon en
ébène garni de figurines dorées, réalisé par
des élèves des écoles professionnelles âgés
seulement de 13 ans, un superbe tapis fa
briqué par des étudiants de l'école des Arts
Appliqués du Caire qui a nécessité 2 années
de travail. De grands plats en cuivre cise
lés, des lampes de plafond minutieusement
découpées, des tentures, des poteries aux
peintures pittoresques, des bijoux, y susci
tent la plus vive curiosité.
Le département de la chimie y a installé
un stand de démonstration du poinçonnage
des bijoux selon la méthode volumétrique
égyptienne pour l'analyse de l'or.
Quelques moulages de statues et de têtes
découvertes par le professeur Selim Hassan
au cours de ses fouilles, ainsi que les der
nières œuvres du sculpteur M. Mouktar y
sont également exposés.
Les produits de l'agriculture de ce pays
dont la fertilité est légendaire bénéficient
d'une très intéressante présentation.
Ce pavillon mérite de retenir l'attention
des visiteurs de la World's Fair car il fait
revivre intensément les choses antiques et
les visages modernes si captivants dans leurs
contrastes de l'éternelle Egypte.
au Salon d'Art Ancien, la magnifique
collection de porcelaines de Bruxelles
Il y a là des pièces rares d'un coloris in
comparable, telles celles fabriquées par la
Manufacture de Monplaisir (de 1786
1790) et dont le décor est composé de fleurs
polychromes, de guirlandes et de rinceaux,
d'oiseaux, de paysages l'encre de chine
telles aussi celles sorties de la Manufacture
d'Etterbeek (de 1787 1803) vases, ai
guières, bassins, tasses, cafetières, théières
décorés les uns d'animaux, d'oiseaux de fan
taisie, de fleurs et de guirlandes, de per
sonnages chinois, de paysages, de jeux de
cartes. Des manufactures de F. Faber (1815
1849) et de Cappellemans (1846
1869) un ensemble de pièces d'une richesse
sans égale.
Bref c'est l'évocation somptueuse d'une
industrie nationale qui connut une période
de splendeur où elle pouvait rivaliser avec
les fabriques les plus célèbres du monde
entier.
La prestigieuse rétrospective de l'Art An
cien, qui constitue une des réalisations les
plus sensationnelles de l'Exposition de Bru
xelles, fermera ses portes le 13 octobre pro
chain.
Il ne reste donc plus que quatre semai
nes pour aller en admirer les merveilles.
Jamais plus sans doute le public n'aura
l'occasion de voir réuni un ensemble aussi
impressionnant de chefs-d'œuvre, prêtés ex
ceptionnellement par les grands musées du
monde et les riches collections particulières.
Sans nul doute, vous êtes déjà entrés
dans le Hall du Tourisme côté du Pavil
lon du CONGO Mais vous êtes-vous arrê
tés devant les quatre vitrines dans lesquelles,
sous les auspices de la COMMISSION
POUR LA PROTECTION DES ARTS ET
METIERS INDIGENES sont exposés des
spécimens choisis de l'Art des Noirs
Ces objets, curieux et variés, méritent vo
tre attention. Ils constituent les seuls mes
sages directs des populations autochtones de
notre colonie. Ils décèlent l'âme mystérieuse
de l'AFRIQUE CENTRALE et témoignent
du sens esthétique remarquable de ses ha
bitants.
L'ART NEGRE, dont l'influence a été
marquante sur maints artistes européens mo
derne, trouve ici son expression la plus pure
et la plus caractéristique.
Il ne s'agit pas de collections de musées,
mais d'ouvrages anciens et contemporains,
prêtés par des missionnaires et des particu
liers, ouvrages réunis par leurs qualités ar
tistiques.
On constatera de la sorte que les ivoires
sculptés par certains artisans congolais, tout
en se différenciant par la technique des piè
ces inestimables présentées dans le Hall
International, constituent également de véri
tables réussites surtout si l'on songe aux
outils sommaires dont dispose l'ivoiriste
noir. Signalons, notamment, une pointe d'en
viron 30 kilos minutieusement taillée et cou
verte de figures folkloriques une négresse
pilant le manioc, une série de masques ri
tuels du Kasaï, des accessoires de la vie
villageoise mêmes les images d'un cou
teau de traite et d'une bicyclette s'y ren
contrent, interprétées suivant la conception
africaine.
Des fétiches d'un cubisme puissant voi
sinent avec ces jolis appuis-nuque ou oreil
lers de bois que STANLEY comparait
ceux découverts dans les sarcophages égyp
tiens. Ailleurs, des masques de danseurs ou
de féticheurs, d'une plastique étonnante ou
d'un expressionisme la Modigliani, sont
accrochés près de maternités statuettes
touchantes par leur humaine signification.
Plus loin, des boîtes fard, des coupes, des
herminettes, un appareil de médecine indi
gène, le sceptre d'un des derniers rois nè
gres, montrent des motifs décoratifs im
prévus. Une copie de la statue équestre de
LEOPOLD II, LEOPOLDVILLE, prouve
que, dans l'imitation d'œuvres occidentales,
l'accent nègre perdure.
Bref, c'est encore un des centres d'inté
rêt que les artistes européens visiteront avec
profit.
Elle empruntera au cadre prestigieux de
I'EXPOSITION UNIVERSELLE et INTER
NATIONALE un éclat particulier.
Devant trente peuples rassemblés dans la
WORLD'S FAIR, au milieu d'une affluence
de foules accourues des quatre coins du
monde, trente ambassadrices de Beauté pren
dront part ces olympiades.
Du 24 au 29 septembre, la capitale leur
fera fête.
Dans le programme de réjouissances et
de réceptions qui a été élaboré, figure no
tamment un fastueux gala dans la Salle
des Fêtes, au cours duquel seront présentées
au Jury les MISS des diverses nations
et défileront les mannequins des grandes
maisons de couture, présentant les modes
d'automne et d'hiver.
Le dimanche 29 septembre l'occasion
d'une fête populaire au STADE, il sera pro
cédé au couronnement de MISS UNIVERS.
Une féerie nocturne, accompagnée d'un
feu d'artifice, s'y déroulera ensuite.
Pour la première fois, depuis l'ouverture
de I'EXPOSITION, le feu d'artifice sera
tiré le dimanche au lieu du samedi. Afin de
permettre aux visiteurs qui habitent la pro
vince d'y assister, il aura lieu au début de
la soirée.
La journée du dimanche 29 SEPTEMBRE
sera sans conteste, l'une des plus mémo
rables de I'EXPOSITION.
Cette compétition qui ne doit pas être
confondue avec de multiples concours de
beauté est la troisième qui a lieu depuis
l'époque laquelle elle fut organisée pour
la première fois Rio de Janeiro devant
un jury présidé par Mr Maurice de Wa-
leffe. La deuxième élection se tint Spa en
1932 avec la participation du même jury.
Les lauréates de ces véritables olympiades
de la beauté appartenaient la plus haute
société. Ce qui distingue, en effet, cette
sélection, c'est d'une part, son caractère es
sentiellement ethnique et, d'autre part, la
qualité des participantes. Celles-ci viennent
uniquement défendre leurs couleurs natio
nales dans un tournoi d'ordre esthétique et
moral.
Les jeunes filles choisies par les artistes
de leur pays respectif qui prennent part
cette compétition, ne s'exhibent pas en pu
blic en maillot de bain, mais sont présen
tées dans leur costumes nationaux pour
mettre en valeur la beauté caractérisant 1a
population de leur patrie.
Dans la section de l'aéronautique du Pa
lais de la France métropolitaine, la Salle
Historique, où se trouvent évoquées avec
une simplicité impressionnante les fastes de
l'aviation française
La présentation est un chef d'oeuvre d'ori
ginalité et de bon goût. Une série de livres
d'or gigantesques dont les pages ont
plus d'un mètre de haut relatent les
exploits héroïques des ailes françaises.
Voici, rappelée en quelques mots d'une
noblesse incomparable, la traversée de la
Manche par Blériot en 1909. Voici évoqué
le survol de l'Atlantique le premier
voyage Paris-New-York par Costes et
Bellonte en 1930 bord du Point d'in
terrogation
Voici encore la liste des records battus
par les aviateurs français, avec pour cha
cune de ses victoires une carte géographique
et une légende décrivant l'itinéraire par
couru.
D'autres volumes rappellent les grands
faits de l'histoire coloniale aérienne. Une
page souligne le fait que la France vient
en tête des records d'aviation avec 43 re
cords internationaux sur 76.
Surmontant chaque tome de cette Histoire
fastueuse, un appareil en miniature repro
duit fidèlement l'image de l'avion victo
rieux.
C'est un vrai pèlerinage travers un
quart de siècle de gloire et d'héroïsme.
Une Semaine Folklorique de la Gastro
nomie Belge aura lieu au Vieux-Bruxelles,
du 22 au 29 septembre les pâtisseries et
les confiseries locales, les plats régionaux,
seront débités par différents concession
naires. Le jury, présidé par M. Frans THYS,
dégustera tous les mets la gamme ira des
choeses au Madère, gloire des estaminets
bruxellois, la dorée liégeoise sans
oublier la tarte maton et la tarte al
djotte régal traditionnel des Nivellois
nous en oublions...
Tous les gourmets et c 'fj»7 pro
vinciaux, fidèles aux plus Si vès des
traditions, seront en cette semàlie gastro
nomique les visiteurs fervents du Vieux-
Bruxelles.