le Port de
Pêche
d'Ostende
l'Affaire de Rifduons-Tout
i -r. jul;, aim. ^7 sepiemore 1 voo.
Il y a exactement un an que le nou
veau port de pêche d'Ostende a été
mis en exploitation et déjà nous pou
vons dire qu'il a rendu de très grands
services l'industrie de la pêche.
Le nouveau port de pêche qui oc
cupe la presque totalité de la rive Est
du chenal d'entrée du port d'Ostende,
a démontré, au cours de cette première
année d'exploitation, qu'il est d'une
importance capitale pour notre indus
trie de la pêche, trop longtemps privée
d'installations modernes.
En effet, de tout temps, les arma
teurs belges ont voulu marcher de
l'avant. Le pêcheur de notre littoral
n'est point aussi routinier qu'on aime
le penser généralement. Loin d'être
indifférent au progrès, il est constam
ment préoccupé perfectionner son
bateau et son matériel en vue d'amé
liorer le rendement de la pêche. Que ce
soit une simple transformation tendant
un modeste progrès ou une réforme
destinée révolutionner la pêche, l'ar
mateur belge est toujours un des pre
miers faire les essais, au risque d'un
revers toujours possible. On l'a vu, il
y a une cinquantaine d'années, lors de
l'emploi des premiers chalutiers va
peur. On l'a encore vu, après guerre,
nvec les bateaux propulsion motrice.
Les premiers aussi, nos pêcheurs ont
pourvu leurs bateaux d'installations de
T. S. F. et, ainsi, on pourrait citer de
nombreux exemples qui témoignent de
leur initiative et de leur audace.
A certains moments, cependant, l'ab
sence d'installations a arrêté complè
tement le développement de notre
flottille de pêche et, plus tard, les diffi
cultés résultant de la crise venant s'y
ajouter, le statu quo avait tout l'air
de marquer le commencement d'une
régression qui ne pouvait que devenir
désastreuse.
Sans doute, la crise éprouve encore
un peu l'industrie de la pêche et la si
tuation des armateurs, pêcheurs et né
gociants de poissons pourrait être plus
brillante, mais le fait est indéniable
qu'il y a un revirement heureux qui,
en partie, doit être attribué aux nou
velles installations mises la dispo
sition de l'industrie de la pêche. Le
nouveau port de pêche est, en effet,
spécialement aménagé pour la manu
tention rapide et la prompte expédition
des produits de la pêche. Au cours de
sa première année d'exploitation,
3,544 pêches de poissons et 836 pê
ches de harengs ont été débarquées
et vendues dans des conditions parfai
tes de facilité et de rapidité. Ces 4,380
pêches représentent environ 20 mil
lions de kilogrammes de poissons di
vers et plus de 12 millions de kilo
grammes de harengs. Des trains rapides
avec wagons isothermiques, transpor
tent ce poisson dans tous les centres
du pays, ce qui est un précieux appoint
l'arrivée en bon état de la marchan
dise. Il nous revient que, pour l'été,
le nombre de wagons isothermiques se
ra complété selon les besoins en vue
de conserver au poisson la fraîcheur
exigée par le consommateur.
Tout cela ne peut que contribuer
augmenter la consommation du pois
son en Belgique, qui n'est que de qua
tre kilos par tête et par an. Il est in
dispensable que le port de pêche d'Os
tende soit mis en mesure de remplir
son rôle de ravitailleur du pays. La
pêche industrielle, celle qui est seule
capable de prélever sur les richesses
de la mer un important tribut, ne peut
se développer qu'en se concentrant là
où est aménagé un port de pêche de
telle façon que les lourdes charges dont
l'industrie est grevée soient portées
leur minimum. En rendant plus floris
sante l'industrie de la pêche, on faci
lite son développement et le résultat
sera d'augmenter la production et la
consommation du poisson.
Autour du port de pêche se concen
trent, petit petit, toutes les indus
tries connexes, telles que fabriques de
glace artificielle, ateliers de réparation,
corderies, manufactures de filets, etc.
Les slipways servant de carénage
pour les bateaux ont déjà mis sec
quatre cents chalutiers pour y subir des
nettoyages ou des réparations.
L'état de défectuosité des écluses du
port s'accentue de jour en jour. Les
anciennes fissures se sont élargies et
de nouvelles se sont produites. Les
travaux de construction des écluses
nouvelles, qui sont placées plus au
Nord, sont menés avec activité et tout
fait croire que d'ici un an elles pour
ront être employées.
Au cours de cette première année
d'exploitation, on a pu constater éga
lement que le bassin flot est beau
coup trop petit. On vient d'apprendre
que ce bassin sera agrandi d'environ
500 mètres et qu'à l'extrémité seront
aménagés les chantiers de construction
des bateaux de pêche. C'est là une me
sure nécessaire et ercellente dont ne
peut que profiter l'industrie de la pê
che. C'est, dans tous les cas, du tra
vail utile et de l'argent bien placé, car
en essayant de relever l'industrie de
la pêche, on travaille dans l'intérêt gé
néral du pays. De tout temps, sous tou
tes les latitudes, la pêche a figuré au
nombre des premières industries et
l'estomac humain a toujours réclamé
du poisson. Que de millions d'hommes,
l'intérieur du pays, sont privés de
cet aliment essentiel Une industrie qui
possède la perspective de nourrir des
millions de bouches doit être soutenue.
iajwiib «ui 11 11-
L'IMPORTATION LIBRE
DE LA VIANDE DE PORC
Des licences seront accordées, sans
limitation, tous ceux qui en feront
la demande.
Le Gouvernement a décidé d'élargir
le contingent de viande de porc im
porter pendant le mois d'octobre.
A titre d'essai, des licences seront
accordées toutes les personnes éta
blies en Belgique, qui en auront fait la
demande écrite au Département de
l'Agriculture, Service des Licences, 32,
rue de la Loi, Bruxelles, avant le
1 er octobre prochain, et ce aux condi
tions suivantes
I La demande devra indiquer les
nom et prénoms ou la raison sociale
de l'importateur, l'adresse exacte, le
bureau de douane par lequel se ferait
l'importation et la quantité exacte pour
laquelle la demande est introduite.
Cette quantité sera de 1,000 kilos au
moins.
Des formules de demandes sont te
nues la disposition des intéressés par
le Service.
II y a lieu de joindre la demande
un timbre fiscal de 6 francs et deux
timbre-pote de 1 fr. 75
2) En même temps que l'introduc
tion de la demande, il sera versé,
ttre de caution, entre les mains de M.
Renders, receveur des contributions,
5e Bureau, rue Montagne-de-1 Oratoire,
1 4, Bruxelles, ou son compte chè
que postal no 2369, une somme de
1 franc par kilo de viande porcine dont
l'importat'on est demandée. La souche
du bulletin de versement portera la
mention Licence pour l'importation
de viande porcine. Cette caution ne
sera remboursée qu'aux intéressés qui,
la date du 31 octobre prochain,
auront réellement importé la quantité
de viande porcine pour laquelle une li
cence leur aura été accordée.
Le 20 mars, le général Fleury-Duray,
qui commandait la garnison de i our-
nai, ayant écrit au généra! Négrier,
commandant la place de Lille, pour lui
demander ce qu'il y avait c'e vrai con
cernant l'invasion de la Belgique par
une bar.de protégée par le gouverne
ment français, reçut de lui cette réponse
que c ela t un corite et une imposs-
bilité, vu le manifeste cîe M. de La
martine
Dans l'après-midi du 21 mars Fleu
ry-Duray mande Tournai au ministre
de la Guerre Ici Tournai tout est
parfaitement tranquille. La garnison est
trop forte pour que l'on cherche y
tenter quelque chose. Cependant des
gens de mauvaise mine pénètrent sou
vent en ville. La police locale est dé
testable. Elle ne fait son devoir qu'avec
mollesse et nonchalance, elle répète
avec les petits journaux de l'endroit
qu'il n'y a rien et qu'on prend des
mesures inutiles
Brusquement, la situation devient
inquiétante, le peuple Roubaix et
Tourcoing s'étant mis en état de ré
bellion. Au quartier-général de Tour
nai, on apprend le 21 mars qu'une
bande de 150 200 individus, précé
dés du drapeau rouge, a quitté Lille
avec l'intention d'entrer en Belgique en
tre Herseaux et Mouscron, par le Ha
meau de Mont-à-Leux (Mouscron). Ce
projet avait quelque chose de si bien
combiné pour se porter sur Gand en
passant entre Tournai et Courtrai que
le général Fleury-Duray se vit obligé
d'envoyer de la cavalerie pour surveil
ler les routes par où cette bande était
annoncée. Le général se rendit Coy-
ghem où était l'escadron afin de se
rendre compte de visu où en
étaient les choses. Un poste de cava
lerie qui était Belleghem fut déplacé
Aelbeke, commune qui était signa
lée comme menacée.
Le 26, en vue d'observer la route
de Roubaix Wattrelos, le détache
ment de Coyghem fut établi Dotti-
gnies.
A Roubaix, le 27 mars, des espèces
de racoleurs allèrent la mairie de
mander la permission d'afficher que
tous ceux qui voudraient prendre part
l'expédition, devaient s'enrôler de
suite. Le maire refusa. Ils revinrent
dans l'après-midi avec une autorisation
supérieure qui ne pouvait être don
née que par la préfecture et l'affiche en
question fut placée sur les murs.
Le 28 mars, une nuée d'ouvriers
belges et français sans armes fit irrup
tion dans Mouscron. Une trentaine de
ceux-ci furent arrêtés et expédiés au
Parquet de Courtrai, tandis que les au
tres s'enfuyaient.
Cependant la Légion avance dans
la nuit.
Laissons la parole l'un de ses mem
bres, le nommé Jules Carnel, commis
négociant Paris
De Seclin, dit-il nous sommes par
tis sur Lille, nous avons tourné la ville
en la laissant notre gauche et nous
avons longé une grande route jus
qu'au point où nous avons trouvé
trois chariots de fusils et, je pense,
deux fourgons de poudre, qui se
trouvaient placés au milieu de la
route, et qui indiquaient par leur
position qu'on les avait menés là com
me s'ils venaient de Lille. Deux élè
ves de l'école polytechnique sont mon
tés sur les chariots et ont fait la distri
bution des fusils et des cartouches.
Nous avons continué notre route le
long de la chaussée jusqu'au point où
nous sommes entrés dans un chemin
qui conduit vers Tourcoing et Rou
baix j'ignore quel était le guide de
la bande parce que je me trouvais
complètement en arrière. On nous a
fait passer par différents sentiers en
plein champ les chemins étaient telle
ment étroits que nous pouvions peine
y passer un un. Nous avons traversé
le faubourg d'une ville dont j'ignore
1: nom. Ensuite on nous a conduits
par de pcdts chemins vers un champ
de trèfle où tout le monde s'est reposé.
Les cnefs, la tête d'un bataillon, ont
marcné vers la frontière et là ont pris
r .'lien, j'étais complètement en ar-
r.èr? r'ss colonnes, et voyant qu'on
allait attaquer, je me suis porté gau
che de la colonne qui se trouvait déjà
rangée le long de la frontière c'est
cette colonne, composée en grande par
tie de Belges, qui se trouvait en tête
Carnel ajoute qu'il y avait 1 7 com
pagnies belges et 4 compagnies fran
çaise s, et il termine sa déclaration en
disant
Nous marchions en colonnes
Fosses et Blervacq marchaient en tête
avec un troisième. Trois élèves de l'é
cole polytechnique nous servaient aussi
de commandants j'obéissais même
un de ces élèves, parce que je com
mandais une compagnie composée
presqu'entièrement de Français
Les patriotes belges, on nous l'a dit,
formaient 1 avant-garde et leur costume
distinctif était une blouse grise et un
chapeau de même couleur. La seconde
partie composée des Montagnards, Pa
risiens et Français partisans de la Ré
publique universelle, avaient pour in
signes une cravate et une ceinture rou
ges. Une bande de papier fixée au
chapeau désignaient les chefs.
Leurs proclamations étaient prêtes
1 une d'elles, de format in 12, datée
de Paris le 29 mars, était ainsi con
çue
APPEL A TOUS LES BELGES.
Frères,
Dix-mille Belges, habitant la France,
viennent se joindre vous pour pro
clamer la république belge avec cette
devise Respect aux propriétés, liberté
entière des consciences et des opinions
religieuses, révolution pacifique et sans
effusion de sang...
Un Gouvernement provisoire est
constitué. Il est composé d'hommes in
tègres sans ambition personnelle, tous
dévoués au Pays. Leurs noms, vous
les avez deviné déjà I...
Vive la République Belge I
Ce fut un mendiant, qui le premier,
avisa le général belge de l'approche
certaine de la colonne expéditionnaire.
Aussitôt cette nouvelle connue, les
habitants de Mouscron se présentèrent
spontanément, armés de fusils, l'au
torité militaire pour servir d'éclaireurs
la troupe.
Il serait bon, affirmera le général
Fleury-Duray, que les journaux de
Bruxelles signalent cette particularité
Un détachement d'une vingtaine
d hommes envoyé en avant-garde par
les républicains pour éclairer le poste
de «douane belge de Risquons-Tout,
n'y ayant trouvé personne, fit signe
au gros de la troupe d'avancer.
C'est le mercredi 29 mars 7 heures
du matin, que le général Fleury-Duray
fut informé Mouscron, où il avait
établi son quartier-général, que les ban
des armées avaient pénétré sur notre
territoire par la route de Lille Cour
trai et avaient envahi le hameau de
Risquons-Tout, situé l'ouest de Mous
cron. Le général envoya aussitôt l'ordre
la colonne mobile de Courtrai, forte
de 600 hommes d'infanterie, 2 pièces
d artillerie et 100 cavaliers du 2me
régiment de chasseurs, et la colonne
de Menin, forte de 400 hommes, de
venir le joindre. En attendant, il se
mit en marche sur Risquons-Tout, avec
les troupes qu'il avait sous la main,
soit 200 hommes du 5e de Ligne, 2
pièces d'artillerie et 25 cavaliers du
2me régiment de chasseurs. Arrivée sur
le mont du Castert, sa colonne fut
reçue coups de fusils par des indivi
dus de la bande, qui se tenaient derrière
les haies et les murs et dans les maisons
environ 1 50 mètres de l'extrême fron
tière. Léon MAES.
(A suivre).