Léon Grillet LE SUD, dimanche 27 octobre 1935. ■ABONNEMENT 18 francs français. Une enquête. LA QUESTION FRONTALIERE Les manifestations patriotiques tour naient en fêtes de famille et il n'y avait pas de 14 juillet qui ne se terminât par une embrassade générale. Le 24 décembre 1924, les gouvernements de Paris et de Bruxelles signaient un trai té de travail par quoi ils s'engageaient la sser pénétrer les ouvriers et leurs familles sous réserve de menues for malités. Quittes préciser par la suite, le 4 juillet 1928, les situations respec tives des frontaliers et saisonniers. LA FIN DU REVE. Combien peut-il y avoir de fronta liers cette époque C'est impossi ble dire exactement, la République n'ayant pas songé encore les mettre en carte. Les premiers chiffres remon tent pir conséquent l'introduction de cette formalité, grâce laquelle, au 30 avril 1929, on repère dans le Nord 61.322 travailleurs belges itinérants dont 35.000 dans le textile, 10.000 dans la métallurgie et le reste pour le bâtiment. A la fin de la même année, 72.000 cartes frontalières se trouvaient en circulation. C'est le moment d'observer les da te*. A l'heure où la grande panique va quitter la Bourse de New-York pour ébranler le monde, il y a 83.000 fron taliers belges en France. En 1931, il n'y en a déjà plus que 76.500 et 56.800 en 1932, sans qu'une seule mesure spéciale eût été prise. Simple ment sous l'effet de la crise qui a fait sauter comme des quilles les entreprises non viables et obligé les autres émon- der leurs services dans la mesure stricte des besoins. Le chômage commence faire parler de lui. Aussi le gouvernement français fait-il comprendre au nôtre que des mesures s'imposent pour éviter des abus A partir de septembre 1 933, on distinguera dorénavant entre les fron taliers occupés en France avant le 1 er juillet 1929, qui continueront d'être traités comme des fils et les au tres, auxquels il semble déjà difficile de promettre une bienveillance parti culière. Cela revenait réduire 45.000 le nombre des nôtres que l'on consentait garder. C'était, sous une forme habile et mesurée, le déclenchement de la po litique contre quoi la Belgique se dresse aujourd'hui. Le 8 mars 1934, une con vention nouvelle s'attache cette fois délimiter assez largement la zone fron talière. ARMISTICE ET 14 JUILLET. Mais il faut attendre la fin de l'an née pour subir le grand choc. Le 10 novembre 1934,- la Commission de la main-d'œuvre française présidée par M. Herriot impose au Conseil des mi nistres le refus de toute nouvelle carte frontalière. Bien mieux, un maximum d'ouvriers étrangers est établi par pro fession et par département, sous le contrôle vigilant des inspecteurs du travail. Et comme si cela ne suffisait pas, un décret de décembre 1934 frappe d'une nouvelle taxe de 1 p. c. le* ouvriers qui gagnent moins de 18.000 francs. Ceux qui gagnent da vantage paieront 5 p. c. Joyeux Noël. Cette fois, c'était la guerre ouverte,' déclarée une population pacifique et sans défense, peu encline éclater en protestations, mais dont le cœur, pour être secret, n'en e*t pas moins sensi ble l'injustice et l'arbitraire. L'an nonce d'une telle mesure ne provoqua pas de cris sous les fenêtres, ni. de dé filés tapageurs. On ne vit même pas de pancartes vengeresses, mais le ton des propos devint grave entre les ou vriers flamands, et, lorsque l'on pous sait, le soir, la porte des cafés, la gaieté qu'on y rencontrait s'entrecoupait main tenant d'étranges silences. La réduction de salaires de V) p. c. qui maintenait encore une petite marge de dévaluation au bénéfice des nôtres, était également contraire aux conven tions en vigueur. Elle ne provoqua point cependant la réaction que l'on craignait, étant donné qu'elle ne chan geait rien aux situations acquises. Il n'en serait pas de même, par contre, de l'accord de mai 1935. Celui-ci non seulement réduisait la zone frontalière une bande de dix kilomètres en territoire belge, mais créait un distinction nouvelle et dra conienne entre les frontaliers admis jusque-là. Leurs cartes ne seraient plus renouvelées que s'ils justifiaient d'un travail en France, antérieur au 1 r janvier 1925. Des tolérances seraient admises pour les frontaliers d'avant- juillet 1929, condition qu'ils ne fus sent pas en chômage depuis plus de six mois, que leurs patrons eussent as sez de travail pour les retenir et que l'état du marché ne souffrît pas de leur présence. On ne pouvait pas dire plus élégamment que l'on avait assez d'eux et que l'on s'empresserait de leur re joindre le reste de la troupe, ceux d'après juillet 1929, que l'on ren voyait le jour même. La conséquence en fut que, des 83.000 frontaliers bel ges que comptait le Nord en 1930, il n'en restait plus que 39.000 au lr juil let 1935. Mais le 1 4 de ce même mois, les voyageurs de Lille, se rendant en Belgique l'occasion de leur fête na tionale, se voyaient accueillis par des A bas les Français peints la chaux ou au goudron sur les routes ou les murs des villages frontaliers... Max HODEIGE. NOTRE COMMERCE AVEC LA FRANCE. Un discours. L'EGLISE ET LE CHATEAU DE FLETRE. mswrr v "v- BOURSE CHANGE COUPONS 31Rue de Menin YPRES Bureau ouvert la semaine et le dimanche. LE SUD «*t do c«nt hôtels «t ARMENTIÊRES LE SUD DANS LE NORD Suite de la Ire page) (A suivre). Les termes du discours de M. Bonnet, ministre du Commerce français, Bruxelles, paraissent d'une telle conviction, que nous croyons utile d'en donner le texte nos lecteurs. Espérons qu'aux paroles succéde ront les actes. Nous reconnaissons égale ment l'exactitude de l'allusion l'accord de 1927. Voici les déclarations de M. Bonnet Je sais que des critiques ont parfois été dirigées ici contre la politique économique de notre pays. Certaines ont pu être justi fiées. Mais il est des faits qu'un souci de vérité et la confiance de notre amitié m'o bligent rappeler. N'est-il pas permis de penser que l'Union économique belgo-luxembourgeoise, en refu sant, la veille des grands accords commer ciaux que la France a conclus partir de 1927, d'unir sa politique commerciale la nôtre par des liens préférentiels, si limités fussent-ils, nous a empêchés de lui prêter un concours aussi efficace que nous l'eus sions voulu La France, en effet, a dû conclure une série de traités où la clause de la nation la plus favorisée était inscrite. La Belgique, de son côté, restait fidèle cette clause. Cest sur ces bases qu'à été négocié le traité de commerce franco-belge, qui constitue aujourd'hui la charte des rela tions économiques entre les deux pays. Et cet accord lui-même est loin d'avoir donné la Belgique des mécomptes. Il y a sept ans, la balance commerciale entre nos deux pays se soldait par une différence de près de 3 milliards de francs belges en fa veur de la France. Aujourd'hui, elle pré sente au contraire, un léger avantage au pro fit de la Belgique. Le marché français est demeuré le débou ché principal de l'industrie du Royaume. Les payements de nos importations comme d'ailleurs ceux des importations belges ont toujours été régulièrement assurés. Quand on songe aux difficultés de transfert, la comparaison, certes est en fa veur de nos deux pay^ Je reconnais volontiers que les échanges entre la France et la Belgique ont diminué comme ceux de tous les pays, par suite de la crise, dans des proportions importantes. 11 convient de rétablir un courant plus actif d'échanges entre les deux nations. Je ne négligerai aucun effort pour y arriver. Je chercherai par des actes précis ouvrir nos produits nationaux de nouveaux dé bouchés comme donner aux produits bel ges des facilités plus grandes d'être importés en France. C'est l'intérêt certain des deux pays de s'assurer l'un et l'autre le bénéfice des meilleures conditions de production et des avantages de leur sol et de leur climat. Mais il faut le reconnaître les bonnes volontés conjuguées de nos deux pays, si elles peuvent servir d'exemple, ne sauraient suffire elles seules créer une prospérité durable. Une rénovation économique concer tée de toutes les nations. J'ai eu l'honneur de l'affirmer Genève au nom de la délé gation française. Pas de solution durable de la crise dans un régime où régnent l'insta bilité quotidienne des monnaies et les con trôles de changes. Le gouvernement français a apporté Ge nève une proposition conciliante et réa liste il s'est déclaré prêt appliquer une politique plus libérale la double condi tion d'être assuré de trouver chez les autres nations, une égale volonté et une garantie de stabilité monétaire. Et votre premier ministre, M. van Zee- lind, avec qui j'ai depuis longtemps et amicalement collaboré dans les conférences internationales et qui poursuit avec tant de courage et d'énergie son œuvre de redresse ment économique a bien voulu donner une approbation précieuse et sans réserves la proposition de la France. Mais tous les efforts dans l'ordre écono mique resteront vains si les peuples n'avaient pas dans l'ordre extérieur la certitude du lendemain. M. van Zeeland l'a dit avec force du haut de la tribune de Genève. Et personne ne le comprend mieux que M. le président Laval, qui, avec vi gueur et ténacité poursuit au nom du gou vernement français, un effort inlassable au service de la paix. Dans ce domaine aussi la collaboration franco-belge est une nécessité. En participant avec éclat l'Exposition de Bruxelles, nous avons entendu, non seu lement tenir dans cette grande manifestation la place qui était due l'industrie française, mais surtout apporter au peuple belge un nouveau témoignage de notre fidèle amitié. (Suite) Vers la fin du XIV siècle ou au com mencement du XVe, un van Houtte, sei gneur de Flêtre, fit construire un nouveau manoir. Il voulut qu'il fut en harmonie avec la situation qu'il occupait dans le pays. En outre, la paix était loin de régner tou jours dans nos régions. Il fallait donc que ce manoir fut suffisamment fortifié pour s'opposer à-tout coup de main de quelque bande armée. A ce double point de vue, le nouveau château donnera toute satisfaction. Rien d'étonnant ce qu'il ne s'élève pas exactement au même endroit que l'ancien. La motte change de place, mais c*est toujours le foncier Des cas analogues se présentent un peu partout, même dans- la Flandre Maritime. Il y avait avantage faire ainsi. L'œu vre entreprise allait demander un temp* assez long. Le Seigneur pouvait attendre pa tiemment dans son antique manoir, le mo ment de prendre possession de sa nouvelle habitation. La gravure que nous trouvons dans la t Flandria Illustrata de Sandérus nous donne une vue du château de Flêtre tel qu'il était dans la première moitié du XVIIe siècle. On a dit c que architecture du château a fait supposer qu'il était d'une date posté rieure la tour dont la première destina tion doit avoir été de servir de refuge dès- gens de guerre C'est notre avis. Nous en dircns les rai sons plus loin. Le château lui-même a bien les carac tères d'une construction du XVe siècle. C'est une grande bâtisse carrée l'étage elle est couronnée de mâchicoulis et flan quée aux angles et sur les côtés, de tours ou tourelles. Quant la tour, telle qu'elle nous appa raît au XVIIe siècle, telle qu'elle est encore de nos jours, elle ne saurait remonter au- delà de la fin du XlVe siècle. Les mâchi coulis en pierre indiquent notoirement un travail de la fin du quatorzième siècle ou du commencement du quinzième Auparavant, on avait des échafaudages ou balcons en bois ils servaient de sup port aux soldats qui, par les ouvertures, je taient sur les assiégeants toutes sortes de projectiles, pierres, poutres, plomb fondu, huile bouillante, etc... Ces balcons de bois, ou hourds, allaient disparaître devant le» perfectionnements des engins de guerre. Leur plus grave inconvénient était d'être une proie facile des flammes. Des encor bellements en pierre ou mâchicoulis les rem placèrent. Mais la présence des mâchicoulis ne sau rait elle seule donner la date d'une tour ou d'un château. On en installa souvent sur des édifices plus anciens pour mettre ceux-ci au niveau des nécessités du temps. La tour du château de Flêtre devait jouer le rôle de donjon, c'est-à-dire de suprême réduit laissé la résistance, dans les cas dé sespérés. Le donjon faisait parfois corps avec le château assez souvent, il se dressait dans un fier isolement au milieu de la cour inté rieure. Ici, il se trouve l'écart, mais relié la vérité avec le bâtiment principal par un pont. D'où vient cette disposition Ne serait-ce pas le fait de la préexistence de la tour Cela n'est pas impossible. (A suivre). (d'après M. VANHOVE). Téléphone 144. A la Douane Française. Café de la Bourse. Au Coq Gaulois. Café Moderne. Au Prophète, Estaaainot du Bu «au. .13 A

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