LE SUD DANS LE NORD Une Enquête La Question Frontalière. Léon Grillet 4 LE SUD, dim. 3 novembre 1935. ABONNEMENT 18 francs français, am LE CAS DE WERVICQ. UNE MESURE POUR RIEN. BOURSE CHANGE COUPONS LIGUE CANADIENNE-FRANÇAISE DU MONT-DES-CATS. UNE MAISON DU TOURISME BELGE A PARIS. o Elle s'ouvrira le lr janvier rue du Quatre-Septembre. L'EGLISE ET LE CHATEAU DE FLETRE. FORD ET LES ECOLES EN BELGIQUE. (Suite). On voit donc la menace qui pèse sut la subsistance de milliers de familles belges. Toutes les grandes communes proches de la frontière seront les premières visées. Mous- cron, qui en 1930 comptait 12.000 fronta liers et n'en a plus que 9-000 l'heure ac tuelle, en perdrait 3.000 de plus, si le dé cret 42 devait être appliqué, ce qui lui fe rait 4.000 chômeurs entretenir avec des ressources considérablement diminuées. Ploegsteert, qui a déjà 500 chômeurs sur 5.000 habitants, perdrait 1.500 frontaliers de plus. Herseaux, Dottignies, Courtrai, Co- mines, Neuve-Eglise, Wevelghem, Lauwe, Gheluwe, Luingne, Reckem, Warneton, Cuesmes, il n'y en a pas une qui ne serait frappée au cœur par la réglementation nou velle. Menin, par exemple, qui compte 7.000 frontaliers dont 1.300 chômeurs, ver rait le contingent de ceux-ci monter plus de 3.000 Mais nulle parc mieux qu'à Wervicq n'éclate l'iniquité d'une pareille mesure, fruit de l'arbitraire dans la délimitation de la frontière. La ville est littéralement cou pée en deux, depuis le traité d'Utrecht, les ouvriers, qui vivent en Belgique, n'ayant qu'un pas faire pour gagner leur usine qui se trouve en France. En 1848, déjà, au temps de la grande crise économique du XIXe siècle, nos compatriotes avaient eu souffrir de cet état de choses, les 500 pères de famille qui constituaient l'arma ture sociale de la ville ayant été congé diés par leurs patrons français. Les annales rapportent même qu'à cette époque une souscription avait été ouverte en leur fa veur, mais la condition qu'ils vinssent s'employer aux travaux de voirie de la ville. C'était là secours-chômage avant la lettre, et avec le moyen d'éviter les abus... Toujours est-il que depuis 1717, l'activité économique de Wervicq se traduisait sur tout par un va-et-vient permanent entre les deux parties de la ville, du logis l'u sine et vice-versa. 4.355 cartes frontalières ayant été distribuées de 1929 1931, Wer vicq (belge) en compte actuellement en core 3-500, dont 2.500 pour le textile seu lement. Sur les 2.300 ouvriers qu'emploient les usines de Wervicq (France) il y a 1.700 frontaliers belges. C'est de ce nom bre que le décret 42 soustrairait 1.100, alors qu'il n'y a que 30 chômeurs dans la com mune française Or il faut savoir que la commune belge dont les resources sont dérisoires, étant donné que les usines taxables se trouvent en France, doit décaisser déjà 400.000 francs de secours pour 430 sans-travail. Elle n'y parvient que grâce un régime sévère qui a fixé leur extrême limite ses re cettes et ses dépenses. On ne voit donc pas très bien comment elle pourrait faire face demain une charge nouvelle de 1.100 chômeurs... Telle était la situation de notre région frontalière au jour où nous menions cette 31, Rue de Menin YPRES Téléphone 144. Bureau ouvert la semaine et le dimanche. enquête avec l'aide inestimable de M. Char les van Renynghe, directeur du Sud, c'est- à-dire le vendredi 18 octobre, date de l'en trée en vigueur du décret 42. Nous en étions là de nos constatations quand nous apprîmes que M. Frossard, ministre français du Tràvail, avait bien voulu retar der jusqu'au lr novembre l'application de son décret. Il faut l'en remercier sans doute pour l'intention, mais il n'en reste pas moins que, dans la pratique, le plus gros est déjà fait Dès maintenant, les licen ciements préventifs sont en cours. A Armen- tières, où, sur 8.000 ouvrières, on comptait 2.000 belges, il n'y aura déjà plus grand' chose changer pour se mettre en règle avec le décret. On renvoie dans le tissage et dans la filature, dans le blanchissage et le crêmage. Près de 600 frontaliers de Mous- cron ont été remerciés depuis deux mois, et le débauchage continue raison de 60 hom mes par semaine. Il en est de même Halluin et Reckem, et, dans toute la ré gion, on ne renouvelle plus les cartes des saisonniers. La générosité de M. Frossard part sans doute d'un bon naturel, mais elle n'en a pas moins tous les caractères de ce qu'on appelle en solfège une me sure pour rien»... (A suivre). Max HODEIGE. Une assemblée générale et une réunion du Conseil d'Administration ont eu lieu récemment Paris et Lille. De ces débats, nous extrayons les intéressantes informations suivantes M. Pierre Tiberghien-Flipo, secrétaire, a fait un exposé précis et heureux des acti vités morales de l'Association en rapport avec le but poursuivi. Il a relaté les ini tiatives matérielles prises par le Conseil pour faire connaître davantage le lieu de pè lerinage qu'est appelé devenir le Mémo rial Canadien du Mont des Cats. L'inauguration officielle du monument canadien sur la crête du plateau de Vimy, attendue depuis plusieurs années, et qui aura lieu l'an prochain, amènera au Mont des Cats de nombreux Canadiens et leurs amis. Ce sera une excellente occasion de consacrer l'union qui existe désormais en tre ces deux sommets de l'héroïsme et du souvenir. Le général Weygand, l'illustre président d'honneur, a promis d'assister la réunion de l'assemblée générale de 1936. On lui prépare un accueil chaleureux et discret. Les comptes, présentés par M. Michel Scalbert ,ont été approuvés. Les pouvoirs expirés de quelques membres S. E. le car dinal Liénart, le colonel canadien Barré et P. Tiberghien, ont été renouvelés pour quatre ans. Le Conseil d'Administration a décidé de réserver une salle au siège social (Mont des Cats) pour les réunions du Comité, af fectée spécialement aux besoins de la Ligue, qui sera garnie d'objets et de souvenirs ca nadiens. Des parchemins, magnifiquement enlumi nés la main, avec portait de notabilités militaires et civiles canadiennes, françaises et alliées et vues des régions dévastées du Nord de la France et de Belgique, ont été créés au Canada et en France. Ce sont des œuvres d'art de premier plan destinées recevoir les autographes de personnalités marquantes. M. P. Tiberghien, avec le concours des dévoués secrétaires adjoints, MM. J. Van den Driessche, de Tourcoing, A. Fiche- roulle, de Bailleul, se préoccupe d'obtenir des adhésions morales, sur feuilles déta chées, qui constitueront des Livres d'Or. Les notabilités civiles et religieuses des can tons entourant le Mont des Cats, seront priées de donner leur signature. L'aménagement du terrain devant les pla ques commémoratives sera poussé avec toute la diligence désirée. Il est indispensable que la présentation soit irréprochable et de bon goût. Un écriteau placera cette terre sacrée sous la protection du public. M. A. Ficheroulle, voisin le plus proche de l'Abbaye du Mont des Cats, s'occupera de la réalisation de ces détails. M. Scalbert a fait part ses collègues du voyage au Canada de Mgr Régent. Le Prélat, très sympathique l'œuvre spiri tuelle que constitue le Mémorial canadien du Mont des Cats, a demandé une docu mentation sur l'activité de l'Association, qui fera l'objet de conférences avec projec tions au Canada et en France. (de La Bailleuloise) Peu peu s'impose, dans les milieux gou vernementaux, la nécessité d'organiser la propagande touristique de la Belgique et du Grand-Duché. A Londres, l'Office Touristique Belgo- Luxembourgeois, d'accord avec la Société des Chemins de Fer Belges, avait organisé, au. début de cette année, un bureau dont la porte donnait Regent Street. Il a rendu de grands services et envoyé nombre de visi teurs l'Exposition. Espérons qu'on le main tiendra. A Paris, les services touristiques étaient confondus également avec ceux de l'Office des Chemins de Fer. Le Gouvernement a compris que les uns et les autres étaient suffisamment importants pour fonctionner chacun de leur côté, tout en conservant la liaison qui s'impose. Aussi, le lr janvier prochain, s'ouvrira, 14, rue du Quatre-Septembre, c'est-à-dire côté de l'Office des Chemins de Fer Belges, une succursale de l'Office Belgo-Luxem- bourgeois qui vient de recevoir Bru xelles, comme on sait, un statut officiel, tout en maintenant la direciton générale du Colonel Pulinckx. Bien entendu, il ne suffira pas de créer cette Maison du Tourisme Belge Paris, il faudra qu'elle ait les moyens d'organiser en France la plus large propagande. Un très grand nombre de visiteurs français, grâce l'Exposition, ont appris le chemin de la Belgique. Ne le leur laissons pas oublier. (Suite) La demeure des seigneurs de Flêtre tra versa plus de quatre siècles sans rien perdre de son cachet originel. La Révolution lui sera fatale. Elle fut en effet, livrée la démo lition, soit sous le premier Empire, s'il faut en croire M. Bonvarlet, qui a dû prendre ce détail dans les notes de M. Dancoisne, soit, plus probablement, vers 1799, comme l'affirme M. l'abbé Van Costenoble, qui a pu puiser ses renseignements auprès de té moins oculaires. Il se peut, d'ailleurs, que les deux avis renferment une part de vé rité. Le travail, commencé vers 1788, ne fut achevé que quelques années plus tard. On démolissait une église ou un château pour en utiliser les matériaux. On procédait cette œuvre au fur et mesure des be soins. Ainsi, ce fut sous la Révolution que l'on se mit démolir la belle maison de campagne, S'Abshof, que l'abbaye de Ber- gues-St-Winoc possédait Quaedypre. Les derniers débris n'en disparurent qu'en 1900 On renonça l'attaque de la tour. Les murs ont quatorze pieds d'épaisseur, a-t-on dit, et leur ciment est tellement dur qu'il a été impossible de la démolir Il faut s'entendre. Ce mur, et non ces murs, car la tour est ronde, avait déjà cédé sous la pio che pour le percement des grandes fenê tres qui y furent ouvertes, sans doute au XVIIIe siècle. Mais ne perdons pas de vue que l'on cherchait surtout utiliser les bri ques provenant de la démolition. Alors tout s'explique. C'est cette heureuse circon stance que nous sommes redevables de la conservation d'un des plus anciens témoin» de l'architecture militaire dans notre pays au moyen âge. Avant la guerre, la tour dont les mâchi coulis ne marquaient pas les limites de sa hauteur, était couronnée d'un toit conique en charpente recouverte d'ardoises. Aujour d'hui, elle se termine par une terrasse. La visite de son intérieur est très inté ressante. On se rend parfaitement compte que, derrière cette muraille épaisse d'envi ron quatre mètres, une petite troupe d'hom mes courageux, pourvus de vivres et de munitions, pouvaient braver impunément les assauts les plus terribles. Il y a deux étages. La salle de ce que l'on pourrait appeler le rez-de-chaussée, est ma gnifiquement lambrissée. On y voyait ja dis les portraits l'huile des seigneurs de la faimille de Wignacourt. De celle-ci on descend par un escalier en spirale -dans le sous-sol, qui plongeait presque entièrement dans l'eau. C'est proba blement ici qu'en temps de guerre on en tassait vivres et munitions. D'ordinaire, c'é tait la geôle seigneuriale. Fixés la voûte en brique, on voit encore les gros anneaux en fer destinés retenir la chaîne laquelle étaient attachés les prisonniers. Après la disparition du château, la tour resta longtemps inhabitée. Avec le temps un honnête industriel la flanqua, entre les deux petites tourelles, l'endroit même où aboutissait jadis le pont de communica tion avec le château, d'une modeste dépen dance destinée servir de maison d'habita tion. La belle salle du rez-de-chaussée, dont il a été question, servait de salon de ré ception. Plus tard M. Edmond Vanuxem, originaire de Flêtre et brasseur Ardre» fit commencer les travaux du château mo derne. Il ne fut terminé qu'en 1872, par suite de l'interruption des travaux pendant la guerre 1870-1871. En briques, aujour d'hui masquées par un placage en ciment pour dissimuler les cicatrices de la guerre, il est de style agréable c'est la maison de campagne classique de cette époque. On a voulu reproduire la disposition de l'ancienne demeure seigneuriale en reliant par un pont la tour l'édifice moderne. Mais ce dernier n'occupe pas l'emplace ment du manoir primitif. Il est, au con traire, d'équerre avec le château des sei gneurs de Flêtre, la tour marquant le som met de l'angle. Tour et demeure ne plon gent plus dans l'eau des larges fossés pro tecteurs mais portes et fenêtres du sous- sol donnent sur une pelouse en contre-bas du parterre. (A suivre). La Ford belge met la disposition des établissements d'enseignement, cer cles d'études, etc., une série de dia positives et le texte d'une causerie trai tant de la fabrication des automobile» en Belgique. Adresser les demandes la Ford Motor Company, Boîte Postale, 37,. Anvers.

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